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Critiques de Géraldine Muhlmann (9)
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Du journalisme en démocratie

Si je n'avais pas opté pour une carrière européenne, je serais très probablement resté journaliste, mon tout premier job, que je combinais, au départ, avec mes études. "Du journalisme en démocratie" doit par conséquent fatalement m'intéresser. Ce qui m'a fait légèrement hésiter à entreprendre la lecture de l'ouvrage de Géraldine Muhlmann c'est sa date de parution : 2004. Bien avant donc qu'un nouveau vent en provenance des États-Unis n'en change scandaleusement les donnes avec le "fake news" ou la construction de "faits alternatifs" chers à des sites comme Breitbart et des personnages comme Steve Bannon et un certain Donald Trump. Dans la deuxième édition de son livre, publié l'année dernière, l'auteure, dans sa préface aborde cette calamité, mais un peu trop sommairement à mon goût.



Je me souviens parfaitement de la consigne, lors de mon entrevue de bienvenue à "Spectator" (un hebdomadaire en Néerlandais, style L'Express), du rédacteur en chef, un vieux professeur : "Fais gaffe à l'orthographe, mais les fautes peuvent être corrigées, avec les faits c'est nettement plus compliqué de rectifier les erreurs !" D'où ma hantise de l'exactitude des faits, ma manie de vérifier et re-vérfier justement les faits (Je viens de prendre un abo sur Le Monde, un de plus) et mon indignation devant les faits maquillés ou trafiqués consciencieusement, et à plus forte raison les purs mensonges qui nous sont servis actuellement ! Si dans une oeuvre autobiographique l'auteur "embellie" un peu, passe encore...nous sommes tous humains, mais là aussi il y a des limites.



Même avec cette petite réserve le livre est instructif, car Géraldine Muhlmann n'est sûrement pas par hasard professeur à l'université de Paris 2-Panthéon-Assas, après une agrégation en philo et sciences po, ainsi qu'un diplôme de l'école de journalisme de l'université de New York.

Elle est aussi l'auteure de 2 autres ouvrages sur ce thème : "Une histoire politique du journalisme. XIXe-XXe siècle ", en 2007 et "La liberté d'expression" en 2015.



C'est à la page xviii du préface que l'auteure pose le fond du problème en ce qui concerne l'orientation américaine dernier cri des informations.

"Tous les spécialistes du phénomène le disent : vous avez beau, journalistes ou autres, faire ce qu'on appelle, en France aussi désormais, du 'fact checking', cela ne sert pas à grand-chose puisque la notion de 'fait' a changé de critères (et donc de sens, même). Quoi qu'ils fassent, les journalistes racontent n'importe quoi." Et d'ajouter non sans un certain cynisme : "Bienvenue dans l'ère de la 'post-vérité".



Dans ce passage, Géraldine Muhlmann met le doigt sur la plaie : on ne sait plus qui ou quoi croire ! Si dans des pays où la presse est sous contrôle gouvernemental, comme c'est le cas en Russie par exemple, on en est réduit à vérifier sur internet la pertinence de certaines informations semi-officielles- ce qui est le cas de jeunes intellectuels russes - les hackers à la solde de Poutine et de son FSB (successeur du KGB) essaient même d'influencer cette réalité en lançant à travers les réseaux sociaux, comme "VKontakte", le Facebook ou Twitter russe, des contre-vérités. Ce réseau, avec plus de 276 millions d'utilisateurs, a vu, en 2014 l'éviction de son fondateur, Pavel Dourov, et un an après son remplacement par des potes de Poutine, messieurs Igor Setchine et Alicher Ousmanov.



C'est d'une ironie bien amère qu'à une époque où, grâce aux progrès électroniques considérables, les sources d'information se soient tant multipliées, qu'il n'ait peut-être jamais été aussi problématique de savoir ce qui se passe réellement et de faire la part des choses ! Puisque même chez nous, la confusion se trouve accrue par la surenchère de politiciens et partis politiques populistes pour interpréter et divulguer leur vérité, et ainsi contribuer allègrement au chaos déjà inquiétant. Que ce soient les hommes et partis de droite qui excellent dans cet art. avec leurs "spin doctors" (conseillers en communication) royalement payés, peut difficilement être contesté.



Que cette évolution m'inquiète sérieusement et que je sois loin d'être un cas isolé semble confirmé par les réactions de nombreux lecteurs à ma chronique du livre de Tom Nichols "The Death of Expertise" (la fin de l'intelligence) du 10/09/2017, dans lequel il était entre autres question du parallèle entre l'ignorance grandissante et alarmante d'un nombre croissant de gens aux États-Unis et la place prise par une presse tendancieuse au profit de riches conservateurs d'obédience républicaine, au détriment d'une presse traditionnelle de qualité, qui doit lutter pour survivre.

En Europe on en est, heureusement, pas encore là, mais quand un parti politique français invite à son congrès l'horrible mauvais génie de Steve Bannon, grand maître en matière de faits alternatifs, il s'agit de doubler de vigilance !



J'ai pu constater comme tout le monde que pendant la dernière campagne présidentielle américaine, vulgaire comme jamais avant, aussi la critique chez nous en Europe à l'adresse de journalistes qui faisaient comme d'habitude honnêtement leur travail a considérablement augmenté. Il suffit de lire les lettres des abonnés à la rédaction de leurs journaux et magazines, sans nuances et agressives envers les journalistes, dont certains jouissent d'une réputation de qualité depuis de nombreuses années. Une belle aubaine pour les "spin doctors" de la droite, qui ont eu ainsi la partie facile de s'attaquer à tout journaliste qui s'était montré sceptique à leurs mandataires.



Je peux recommander l'ouvrage de Géraldine Muhlmann à tous ceux qui s'intéressent à cette problématique. Ses chapitres intitulés "La confusion des critiques actuelles du journalisme" et "L'énigme démocratique et le rôle du journalisme", j'ai trouvé particulièrement inspirés.

Je me vois, toutefois, dans l'obligation d'indiquer qu'il s'agit d'un ouvrage académique, dont certains passages sont loin d'être simples.



Je termine par les paroles de la célèbre chanson de Guy Béart :

" Le premier qui dit la vérité

Il doit être exécuté. "



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Du journalisme en démocratie



Ne sachant pas comment m’y retrouver dans les informations et les différents médias mais avec le désir d’acquérir un peu plus de discernement sur ce sujet crucial, j’ai demandé à recevoir ce livre. J’ai lu une douzaine de pages de la seconde introduction puis deux ou trois de la première avant de me plonger dans le vif du sujet.



Les deux premiers chapitres commencent par définir le champ de la critique du journalisme. Pour cela Géraldine Muhlmann cite différents penseurs en particulier Kant, Bourdieu, mais aussi le marxisme. J’avoue que tout n’est pas clair pour moi. Je n’ai retenu que quelques idées.

Le troisième propose une définition de journaliste idéal, le journaliste-flâneur totalement en accord avec la vision kantienne d’une pluralité de regards. J’espère trouver enfin une lecture enrichissante pour moi.

Hélas elle convoque outre Kant, Foucault déjà rencontré et Baudelaire.

J’abandonne.

Le quatrième chapitre propose le journaliste en lutte.

Tant pis ! Je me suis fourvoyée. Il ne s’agit nullement d’un livre sur la façon de pratiquer le journalisme face aux contraintes, pression, audimat, que sais-je. Et surtout comment pour le citoyen exercer son esprit critique. C’est une réflexion de philosophe, j’aurais dû mieux me renseigner.

Voilà je n’aurais lu consciencieusement que le premier chapitre espérant que la suite serait plus digeste. Bienheureux ceux qui y trouveront réponse à leurs attentes. Mais si comme moi vous cherchez un ouvrage sur comment comment être un citoyen éclairé sur les médias, cherchez ailleurs.



Je suis désolée de ne pas rendre un compte plus fidèle du contenu de l’ouvrage mais de toutes façons, il me dépasse et je n’aurais su l’analyser. J’ai du moins défini le lecteur auquel il s’adresse, le familier des penseurs qu’elle évoque pour soutenir sa thèse quelle qu’elle soit.



Merci tout de même à Masse critique et aux éditions Klincksieck.



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Pour les faits

La quatrième de couverture commence par ces mots : « Nous n’arrivons même plus à nous mettre d’accord sur les faits. » La première question que je me suis posée fut, en commençant ce petit opus de 158 pages : Mais avons-nous jamais été d’accord sur les faits ?



Il me revient à l’esprit une discussion avec une amie de confession juive lors des massacres de Sabra et Chatilla en 1982. Pour mémoire, voici ce qui s’y était passé, selon Wikipédia : « Le massacre de Sabra et Chatila a été perpétré du 16 au 18 septembre 1982 envers des Palestiniens du quartier de Sabra et du camp de réfugiés palestiniens de Chatila situés à Beyrouth-Ouest par les milices chrétiennes des phalangistes lors de la guerre civile libanaise et l'intervention israélienne au Liban. Selon les estimations, le massacre fit entre 460 et 3 500 victimes. » La discussion qui fit rage dans les médias d’alors était de savoir si Israël pouvait être tenu ou non pour co-responsable de ces massacres. Et sans surprise, selon le « camp » des uns et des autres, Israël était naturellement co-responsable ou totalement en dehors du coup. La discussion avec mon amie d’alors refléta sans surprise ce différend. Je compris alors qu’il n’existe pas de faits, mais « seulement » des opinions sur des faits.



Et nous voilà entrés de plain-pied dans cet essai.



L’objectif de ce petit opus de Géraldine Muhlmann (GM) est de réfléchir à la façon dont opère la fabrication de l’information (le journalisme, pour faire court) dans notre pays et dans le monde occidental pour tenter de rapporter des « faits » aux citoyens, aux lecteurs, aux spectateurs, aux internautes, d’en comprendre les évolutions et de saisir quels sont les impacts de la multiplication des supports d’information qui envahissent nos vies (ce qu’elle nomme la virtualisation du monde). Il ne traite pas de ce qui se passe dans les systèmes politiques illibéraux ou dictatoriaux.



L’auteure est diplômée d’écoles de journalisme française et américaine et agrégée de philosophie de Normal sup. Elle est enseignante à la Sorbonne, journaliste, écrivaine et anime depuis des longtemps diverses émissions à la télévision et à la radio. Elle anime en particulier avec un immense talent l’émission « Avec philosophie » chaque jour sur France Culture. Voilà pour les présentations.



Quelques remarques sur la forme d’abord : GM consacre de très nombreux passages à l’histoire du journalisme américain (en 1830 à nos jours) et notamment à l’invention du concept de reporter : ce « témoin des faits ». J’ai trouvé que l’auteur avait la main très lourde sur ce point. Les citations, les ouvrages et références américaines viennent obérer la pertinence du propos s’agissant de la presse telle qu’elle existe dans notre pays. Trop d’exemples sont tirées de l’histoire américaine et semblent peu transposables à l’analyse appliquée à la situation française. A l’inverse, lorsque l’auteure « décortique » l’émission de Cyril Hanouna, TPMP, (p. 76) le passage est extraordinairement éclairant. Même chose pour les grands JT de la télévision (p. 61). J’aurais vraiment aimé d’autres exemples de ce type.



De surcroît, le recours systématique à de très nombreux mots, expressions, citations en américain m’a semblé exagéré. Non, que je ne comprenne pas l’anglais (j’ai passé 7 ans aux États-Unis), mais l’auteure semble nous dire que notre langue n’est pas en mesure d’exprimer avec exactitude la complexité du propos. Prisme étonnant.



Sur le fond : De très nombreux concepts importants sont étudiés avec une certaine minutie et un salutaire recul historique. Et c’est heureux : notion de « matière factuelle » ou factualité, « d’observateur impartial » -- beaucoup plus complexe qu’on ne le pense généralement --, de confiance (dans la vérité d’un témoignage), de l’idée que se fait une rédaction de son « public » et de ses centres d’intérêt, notion d’usage de l’outil statistique pour construire des faits en matière d’étude des phénomènes du vivant, comme on dit en biologie, enfin l’opposition de nature entre « récit » et « discours ».



On le voit, les concepts abordés sont nombreux et naturellement extrêmement importants lorsqu’on se propose d’étudier de tels sujets. La formation philosophique de l’auteure est d’un grand secours en la matière. C’est en cela que l’ouvrage est intéressant.



Mais ce prisme philosophique est aussi une grande faiblesse.



GM ne fait aucun recours aux travaux des scientifiques qui ont déjà alimenté ce débat complexe : je pense au physicien Boltzmann, longuement repris pas l’immense Ilya Prigogine, et qui a puissamment montré que seul l’outil statistique permet de rendre compte de certains phénomènes non pas comme une approximation construite mais comme seul outil scientifique compatible avec la complexité du phénomène observé. Et je pense naturellement aux travaux du sociologue Gérald Bronner et à ses fameux biais cognitifs. Difficile de comprendre ce qui est à l’œuvre sans une connaissance de ces biais.

Et puis lorsqu’on parle de « virtualisation du monde », il est quand même étonnant de ne pas citer Ray Kurzweil et le fameux postulat de Moore. Dès 2005, tout ou presque a été dit sur les conséquences inévitables de la numérisation du monde et notamment des processus de production numérique de l’information. Étonnant !



GM voit juste lorsqu’elle dit que « la souffrance sociale [naît souvent] du désir de « simple » ». Oui, le monde est atrocement complexe, c’est pourquoi le désir de vérités simples n’y trouve jamais son compte. « Je me demande, écrit GM, si ce n’est pas plutôt, ou avant tout, la détestation du monde tel qu’il va ; avec son incertitude, qui s’épanche jusqu’à produire une incessante difficulté à juger ; aves ses « matériaux factuels » qui inquiètent tout raisonnement simple, [et qui créent] cette « souffrance » […] ».



L’auteure termine sur ce facteur explicatif majeur de la « crise » du journalisme actuelle qu’est la notion de « monde hostile ».



Réfléchissant aux mêmes sujets, Alain Duhamel, dans son dernier ouvrage propose l’explication suivante : le monde évolue à très grande vitesse. Chacun est soumis à un torrent planétaire d’informations instantanées que personne ne peut vraiment absorber à l’exception des esprits bien « préparés », écrit-il. Seuls ceux-ci semblent en mesure de faire face à ce phénomène sans en conclure que le « monde est nécessairement hostile ». Une explication que GM aurait pu fournir tant elle connaît bien ces sujets.



En conclusion, un ouvrage un peu curieux, touffus, riche, utile par ces temps de réseaux sociaux envahissants, mais qui se perd quelque peu dans les méandres de considérations philosophiques très – trop ? – nombreuses et dans une absence de considération – ou de connaissance ? – des outils scientifiques mis à notre disposition par les chercheurs des deux derniers siècles.

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Pour les faits

Une personne disait avoir une autre perception des faits après voir vu un "bout à bout" assemblé par l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre. Elle avait ressenti corporellement la réalité factuelle auparavant perçue en mots seulement. Voir lui avait permis d'être "touchée" par un fait qui maintenant s'imposait à elle.

Ce témoignage énoncé à la radio intervenait dans un débat sur la scène politique belge à propos de la diffusion possible de ces images choc au parlement fédéral.

Deux points de vue différents étaient exprimés sur cette question, qui jamais n'a été élargie à la possibilité de montrer aussi des images de Gaza, ce qui aurait élargi la matière factuelle. Il est plus simple de réduire le débat afin de centrer la discussion sur un énoncé simple; un propos complexe nuit à l'audience.

Ces deux exemples mettent en jeu plusieurs notions abordées dans l'essai essentiel de Géraldine Muhlmann : importance du corps dans la réception d'une information, prédominance du discours sur le récit ; simplification; impartialité, sources plurielles ... La notoriété de l'énonciateur du transmetteur-rice des faits importe également : est-il/elle digne de confiance ?

Le journaliste que je suis a apprécié les nombreuses références à la presse anglo-saxonne, puisées dans Une histoire politique du journalisme XIXè-XXè siècle, autre ouvrage de l'auteure. Exactitude, objectivité, honnêteté, curiosité, telles sont les qualités d'une information curieuse et soucieuse de saisir le sens commun d'un fait, son "human interest ". La philosophe s'attache longuement à cerner l'impartialité, difficile à poser si l'on admet qu'un fait est toujours construit !

La tendance à privilégier la discussion au récit, amène subjectivité et dépréciation des faits, phénomène amplifié sur les réseaux sociaux où des montagnes d'avis, réactions etc... relèguent la matière factuelle à l'arrière-plan. Les faits deviennent un sujet de conversation, surtout les informations bidon (fake news), monnaie courante à l'ère nouvelle de l'intelligence artificielle et du complotisme péremptoire. La fragilisation du fait guette !

Le regard de l'essayiste brasse large, invite les penseurs à préciser la dimension sensible de la factualité, puisque nos sens captent l'information en premier. C'est d'abord au corps que la vie s'impose, disait Nietzsche.

Le sérieux de l'ouvrage force le respect, rebute parfois, relance souvent l'intérêt grâce aux expériences vécues, aux études résumées - notamment sur la personnalité autoritaire -, aux histoires croustillantes sur la récolte de faits, leur traitement et leur impact.

Géraldine Muhlmann est assez pessimiste sur l'avenir de l'information au sens large. Elle constate un rétrécissement de la curiosité et un recul de la réflexion au bénéfice de l'immédiateté. Son propos élude une conclusion espérée ; elle regrette finalement un trop de réalité et moins de réel sensible. La productrice de l'émission "Avec philosophie" sur France Culture déplore la mise en danger de notre nuit mentale celle qui désigne notre obscurité intérieure, profonde, dispensatrice d'une liberté d'inventer.

Ma question sur le fait de la semaine, l'hôpital de Gaza est-il une base du Hamas ?





Lire à ce sujet l'excellent numéro (469) de le 1 Israël-Palestine : La guerre des opinions, notamment les propos du directeur de l'information de l'Agence France Presse. (https://le1hebdo.fr/).







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L'imposture du théologico-politique

Ce livre critique l'idée que le religieux, le rapport au sacré, soit l'explication ultime de l'Histoire politique. Présente dans plusieurs courants de Philosophie politique, cette idée se retrouve en France chez des penseurs comme Luc Ferry, Régis Debray et Marcel Gauchet. Tous admettent le "théorème de la sécularisation" qui affirme que la modernité politique, dans sa diversité, n'est jamais que du religieux transformé. Pourtant, cette idée viole indûment l'un des acquis de la modernité philosophique (Spinoza, Nietzsche, Arendt) et sociologique (Durkheim, Weber), pour lequel le religieux est plutôt un produit du sociopolitique, et non l'inverse.

Alors, pourquoi ce retour du théologico-politique? C'est qu'après la perte de crédibilité des grands systèmes absolutistes (Marxisme, Subjectivisme, Culturalisme), et pour absorber le Totalitarisme, la dimension religieuse vient combler la nostalgie d'une connaissance absolue de l'évolution historique.

Le théologico-politique assouvit ainsi un double désir d'absolu, historique et sacré. C'est pourquoi cette idée, d'une grande complexité, est si difficile à destituer. Comment faire entendre sa critique, se demande Géraldine Muhlmann, et avec quels arguments philosophiques? On peut suggérer alors deux arguments supplémentaires, l'un de logique et l'autre d'épistémologie.

En accord avec "l'air du temps" absolutiste, la pensée théologico-politique "rêve d'un savoir absolu sur l'Histoire", dit l'autrice. Or l'absolu n'est logiquement pas pensable, car dès qu'on le pense, on le rend relatif à soi. Alors, penser un savoir théologico-politique absolu, c'est se contredire en le relativisant : L'imposture logique réside ici dans la contradiction entre ce qu'on pense et le fait de le penser.

D'une façon générale, on peut considérer que la Connaissance n'est purement ni absolue ni relative, mais qu'elle relève de "l'absoluité relative", sous forme de pluralisme de vérités relatives dans tous les domaines, y compris les Maths et l'Histoire (c'est son "inventivité"). En effet, la pensée rationnelle est "relativement absolue" : Absolument vraie, mais toujours relativement au référentiel dans lequel on se place pour penser ( Principes, axiomes, hypothèses de base, valeurs...).
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Du journalisme en démocratie

J'ai trouvé que "Du journalisme en démocratie" était intéressant dans l'ensemble, l'auteure développant plusieurs points avec de nombreuses références à l'appui (elle a d'ailleurs une bibliographie très riche). Elle a mêlé à ses opinions moults aspects philosophiques, citant par exemple fréquemment Kant. Il semble y avoir un vrai travail de rechetches.

Cet ouvrage est cependant assez complexe et se lit à tête reposée. J'ai eu quelques difficultés à comprendre et ne m'attendait pas exactement à cela. Je pensais qu'il traiterait peut-être plus clairement ou plus simplement du sujet. Attention donc, c'est un ouvrage scientifique, et non de vulgarisation.
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Pour les faits

La journaliste et professeure de philosophie interroge notre rapport contemporain aux faits, à l’heure du flux d’opinions circulant sur les réseaux sociaux et de la défiance généralisée envers l’information.
Lien : https://www.telerama.fr/deba..
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Pour les faits

Le titre, "Pour les faits", indique d’emblée son objectif : plaider pour l’impartialité, valeur qui a construit le journalisme des temps modernes.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Du journalisme en démocratie

Je viens de terminer la lecture du livre "Du journalisme en démocratie" de Géraldine Muhlmann. Nous étions intéressés, avec Camille, par cette ouvrage, passant moi le CELSA et elle étant en double licence Lettres, éditions, médias audiovisuels / anglais. Dans l'ensemble, le livre est intéressant sur plusieurs points avec beaucoup de référence (merci à la bibliographie qui est enrichissante). L'auteure donne ses opinions. Même s'il y a un véritable travail de recherches en amont, ce livre n'est pas assez "vulgarisé". J'ai trouvé que l'on se perd facilement, que la tête nous fait rapidement mal. Je ne m'attendais absolument pas à cela et j'ai été légèrement déçu...
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