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Citations de Géraldine Schwarz (52)


Je n'étais pas spécialement prédestinée à m'intéresser aux nazis. Les parents de mon père n'avaient été ni du côté des victimes, ni du côté des bourreaux. Ils ne s'étaient pas distingués par des actes de bravoure, mais n'avaient pas non plus péché par excès de zèle. Ils étaient simplement des Mitläufer, des personnes "qui marchent avec le courant". Simplement au sens où leur attitude avait été celle de la majorité du peuple allemand, une accumulation de petits aveuglements et de petites lâchetés qui, mis bout à bout, avaient créé les conditions nécessaires au déroulement de l'un des pires crimes d'État organisé que l'humanité ait connu. Après la défaite et pendant de longues années, le recul manqua à mes grands-parents comme à la plupart des Allemands pour réaliser que sans la participation des Mitläufer, même infime à l'échelle individuelle, Hitler n'aurait pas été en mesure de commettre des crimes d'une telle ampleur.
Le Führer lui-même le pressentait et prenait régulièrement la température de son peuple pour voir jusqu'où il pouvait aller, ce qui passait et ne passait pas, tout en l'inondant de propagande nazie et antisémite.
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Cette quête de pureté et d'essence, je la retrouve au plus profond de l'âme allemande, dans son dégoût pour la légèreté, son inclination pour l'absolu, dans l'infâme comme dans le beau. Dans sa vision de l'amour aussi, où Goethe et les romantiques allemands ont laissé un héritage indélébile, un amour mystique et prédestiné, unique, torturé et irrationnel, une valeur absolue qui se passe de réciprocité pour exister, quitte à mener au désespoir et à la mort. (...)
Quel contraste avec la "manière d'aimer" à la française, inspirée de l'écriture libertine du XVIIIe siècle puis revisitée par Stendhal, Flaubert et Balzac, où la séduction est érigée en art psychologique et stratégique, où le jeu et la sensualité jouent une part essentielle, où l'on pense avant de ressentir.
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De manière générale, les Français avaient acquis la réputation d'être la puissance d'occupation la plus magnanime envers les anciens responsables nazis. Le fait que la France avait étroitement coopéré avec le IIIe Reich et que son administration après la guerre était encore truffée d'anciens collaborateurs de Vichy qui redoutaient que les accusations contre les nazis ne se retournent contre eux a certainement pesé sur cette mansuétude.
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" Avant, nous ne mangions que des pommes de terre et après l'annexion nous avions de la viande dans notre soupe. "

Géraldine Schwarz citant une vieille dame d'origine tchèque à propos de l'annexion de son pays par les nazis en 1938, et d'ajouter : "Je fus frappée... à quel point le motif d'une adhésion à un régime peut être simple : "de la viande dans notre soupe."

(page 119)
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Il fallut se rendre à l'évidence: le travail de mémoire du national-socialisme, si central dans la construction de l'identité des Allemands de l'Ouest, avait été négligé en RDA, laissant à l'Allemagne réunifiée un héritage explosif.
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Or, à se convaincre pendant cinquante ans que « Vichy, ce n’est pas la France », la France n’a pas creusé certaines questions fondamentales : Comment passer d’une dictature à une démocratie ? Jusqu’où remontent les racines de l’extrême droite et de l’antisémitisme français ? Comment changer la mentalité d’un peuple, des Mitläufer français ?
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Pendant des décennies, les Italiens vécurent dans le déni d’avoir été des bourreaux et se nourrirent du mythe que la majorité d’entre eux avaient résisté au fascisme, alors que le mouvement de résistance armé avait compté environ 300 000 personnes et, surtout, il ne s’était constitué qu’après l’invasion allemande, en 1943. Auparavant, une majorité écrasante d’Italiens avaient soutenu Mussolini et ses guerres criminelles. « C’est ainsi qu’est née la légende des Italiens brava gente, comme l’a décrit l’intellectuel Angelo Del Boca : des braves gens qui ne font pas de mal à une mouche, contrairement au mal absolu, le nazisme, explique Giovanni Donfrancesco. Le cinéma aussi a joué un rôle dans ce mythe. »
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Je me demande souvent ce que j'aurais fait. Je ne le saurai jamais. Ce qui importe, je l'ai compris en lisant ces lignes de l'historien Norbert Frei : que nous ne sachions pas comment nous nous serions comportés "ne veut pas dire que nous ne sachions pas comment nous aurions dû nous comporter". Et comment nous devrions nous comporter à l'avenir.
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Ces experts, en rupture avec l’historiographie classique, affirmaient que l’assassinat des juifs d’Europe était le résultat d’une multitude d’initiatives criminelles individuelles, prises à la fois sur le terrain et dans les labyrinthes de la bureaucratie prolifique du Reich. Leur thèse était dérangeante puisqu’elle ne permettait plus de rejeter toutes les responsabilités sur les représentants de l’État et forçait à imaginer des centaines de milliers de coupables.
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Karl Schwarz n’était pas un nostalgique du IIIe Reich, contrairement à 40 % des Allemands qui à la fin de 1951 affirmaient préférer l’ancien régime au nouveau.
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Les Français n'ont pas besoin de vérité, ils ont besoin d'espérance.
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Toutes les femmes ne vénéraient pas Hitler. Car pour celles qui avaient goûté aux prémices de l’émancipation pendant les années vingt, le régime nazi équivalait à un cinglant recul. En septembre 1934, le Führer dit : « Le terme d’émancipation de la femme est un mot inventé par l’intellect juif. Nous n’estimons pas correct qu’une femme se mêle du monde de l’homme, pour nous il est naturel que les deux mondes restent séparés. » En revanche, les femmes artistes avaient une place à part dans le cœur de celui qui avait toujours rêvé être un peintre reconnu.
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Par une ordonnance du 9 août 1944, le général de Gaulle décréta « nul et non avenu » le régime de Vichy, considérant que ce dernier n’avait jamais représenté la France puisque « la République n’a jamais cessé d’être » incarnée par « la France libre, la France combattante, le Comité français de libération nationale ». Cette interprétation avait l’avantage de débarrasser la France d’après guerre d’un encombrant héritage, comme si Vichy avait été imposé de force par un petit groupe de criminels à une population qui lui était farouchement opposée car majoritairement résistante. Même la police nationale fut célébrée comme « résistante » alors qu’elle avait organisé des rafles et la surveillance de camps.
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Comme j'aime cette ville. Parfois, le soir, en rentrant d'un dîner, je flâne à vélo dans le centre historique de Berlin, déserté à cette heure tardive, pour saluer les lieux à l'histoire tourmentée dont je connais les blessures comme si c'étaient les miennes.
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Géraldine Schwarz
"Mes parents avaient de très bons amis non juifs, qui, lorsque la situation s'aggrava, venaient tard le soir en cachette pour savoir si tout allait bien et nous apportaient des choses qu'on n'avait plus le droit de se procurer. Iles prenaient beaucoup de risques." Le drame, c'est qu'en pensant bien faire ces bonnes âmes encouragèrent sans le savoir les juifs à continuer d'y croire alors qu'il était encore temps de s'arracher d'un piège dont personne ne pouvait soupçonner à quel point il serait mortel. J'ai réfléchi au signe de solidarité qui avait pu réchauffer le cœur des Löbmann et je pense que c'était la fidélité de leur clientèle. J'ai retrouvé une liste de plusieurs pages qu'Opa a récupérée lorsqu'il a acheté leur société. Ce long défilé de noms raconte une autre Allemagne, celle de ceux qui n'ont pas renoncé à leur loyauté, malgré les appels au boycott. p.61
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en 1973, lorsque l’Américain Robert Paxton révéla dans son livre La France de Vichy que la Résistance active n’avait jamais rassemblé plus de 2 % de la population française, soit quelques centaines de milliers de personnes, des combattants au courage souvent exemplaire qui payèrent un lourd tribut à la répression des forces de Vichy et de l’armée allemande. À eux s’ajoutaient des sympathisants au sein de la population dont le chiffre est difficile à estimer, disposés à prendre quelques risques, comme mentir aux Allemands ou lire des journaux clandestins.
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Une partie importante de l’élite éduquée adhéra au IIIe Reich, séduite par la mission exaltante de faire renaître un pays de ses cendres pour en construire un nouveau, militarisé, économiquement puissant, respecté dans le monde, lavé de l’humiliation du traité de Versailles. Quant aux commerçants et aux industriels, ils voyaient dans le Reich l’occasion de faire des affaires grâce à la relance de l’économie et étaient rassurés de voir s’éloigner le danger du bolchevisme avec un régime qui proposait d’unir les entrepreneurs et les ouvriers, et non de les opposer
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Adenauer voulait « resocialiser » les anciens nazis pour rassembler les Allemands dans un pays uni, et il avait le soutien des Alliés, pressés de voir s’établir une Allemagne solide face à la menace communiste. Or, pour se reconstruire, le pays avait besoin de ses anciens fonctionnaires. Aussi le gouvernement intégra un nouvel article à la Loi fondamentale pour permettre la réintroduction de 160 000 fonctionnaires qui avaient été licenciés par les Alliés après la guerre, y compris ceux issus de la Gestapo et des Waffen-SS, à condition qu’ils ne soient pas des « impliqués majeurs ». Au 31 mars 1955, les bénéficiaires de cette loi représentaient environ 77 % du ministère de la Défense, 68 % du ministère de l’Économie et 58 % de l’Office de presse et d’information du gouvernement.
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Un autre obstacle majeur à l’émigration des juifs était que personne ne voulait les accueillir. Parmi les nations si promptes à dénoncer les persécutions, quasiment aucune n’était prête à ouvrir ses portes aux victimes.
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"Le fascisme sommeille toujours en nous. Il y a toujours le danger de l'éducation, d'une éducation catholique qui ne connaît qu'un but : conduire l'homme à une dépendance morale, réduire son intégrité, lui dérober tout sentiment de responsabilité pour le garder dans une immaturité qui n'en finit pas." Federico Fellini, Amarcord, 1973. p.273
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