AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de cici899


Ce n'est décidément pas un dimanche comme les autres : madame Istasse s'avance jusqu'au banc de communion.
Personne ne peut cacher sa surprise. Même Marco sait que l'ancienne institutrice est une “rouge”, qu'elle n'a jamais mis les pieds à la messe, qu'elle n'entre dans l'église que pour la faire visiter, parce qu'elle s'y connaît en histoire et en architecture, et que le tourisme est important pour les commerçants du village.

Elle tapote le micro, déplie un papier, toussote pour s'éclaircir la voix. Un grand silence se fait. C'est, dit-elle, un texte du siècle dernier. Un poète célèbre, qui visitait la région avec sa jeune femme. Elle se met à lire. Il y est question de l'église et des halles, bien sûr, mais aussi de paysage délicat, de bois, de prairies, et même du ruisseau. Puis le poète raconte : sa voiture a cassé un essieu, le maréchal-ferrant a dû en forger un nouveau, et tout le temps qu'a duré la réparation, des fermiers ont hébergé le couple. Ils ont partagé leurs repas, ils ont dormi dans la chambre des fils qui sont allés loger dans le fenil. Et ces braves gens n'ont rien accepté en paiement : c'était la loi de l'hospitalité, on n'abandonnait pas des étrangers dans le malheur! Le poète ne donne pas de nom, mais Marco pense que c'est sûrement la ferme des Latons, et il se sent tout fier d'être assis à côté de la fermière.
Madame Istasse replie son papier. Elle élève la voix, darde sur l'assistance un regard de défi: nos ancêtres, pourtant, étaient pauvres; en nous enrichissant, serions-nous devenus moins bons qu'eux?
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}