Poésie - Vite à l'école - Gérald BOCHOLIER
Les enfants de la Terre
"S'il vous plait, disait l'étoile,
Laissez-moi briller encore,
Il n'y a que mille siècles
Que j'ai bondi dans un rêve.
Laissez-moi bien regarder
Cette planète aux cieux bleus,
Ces beaux enfants de la Terre
Qui ne veulent pas dormir.
Lorsque je me sens trop seule
Dans le noir désert des astres,
J'aime errer sur leur sourire
Et m'apaiser dans leurs yeux."
Plus fidèle que la brise
Au jasmin les senteurs d'ombre
Aux vergers après l'automne
Tu ne quittes pas ma main
Chaque instant que je reçois
Bel inconnu comme un hôte
Porte en secret ton visage
De grâce penché sur moi
Art poétique
Un sentier s'aventure
La nuit parmi les dunes
Pour tenter ce que j'ose
A ma table immobile
S'orienter sur un phare
Prendre un relais d'images
Avancer d'un poème
Se trouver pour se perdre
Semer quand le vent souffle
Un sable de lumière
(" Les étreintes invisibles")
Au temps des bergers
Soupirent les chênes
On comprenait tout
Sans bouger beaucoup
Le destin des sources
Les folies du vent
Dans l’amour des belles
Et nos présages
Du bout des branches
Glanés au ciel
Le chemin tombe des collines
Sur l’herbe verte comme un fou
Se roule sur la terre humide
Ronronne au soleil déjà roux
Se cache derrière les saules
Suit la rivière pour rêver
Et puis la quitte d’un air drôle
Pour se perdre au ciel étoilé.
Il s’acharne à bâtir
Sur l’infime et le frêle
Les tourmentes bientôt
Noieront son ouvrage
Le temps de dire adieu
On ne distingue plus l’image
Qu’il peignait sans relâche
À la poursuite du jour
Instant sublime…
Instant sublime que le plus simple événement
nous réserve dans son surgissement d’arc-en-ciel !
Je songe à ce commencement qui étincelle dans un regard
rencontré,
dans une lueur qui fraie son passage parmi les feuilles,
à ce qui annonce la venue du Vivant
d’un parfum d’herbe, d’un chant d’oiseau,
à ce qui chante la Présence
sans jamais prononcer de nom.
Il faut que le poète accepte cette présence
« auprès de laquelle la sienne n’est rien »,
comme l’écrit si justement Daniel-Rops.
Il faut lui laisser toute la place, qu’elle illuminera.
Il faut si peu de choses…
Il faut si peu de choses
pour qu’il y ait un signe :
éclair de soleil,
échappée de vent,
frisson d’herbe sur un tertre.
Extrait 6
Il suffit de si peu
Retrouver la clairière
Savoir qu’attendait là
Une source perdue
Accueillir son absence
Se serrer dans sa peur
Les feuilles quittent l’arbre
Peut-être pour mieux vivre
Pour sentir d’autres souffles
Tenter d’autres lumières
Retrouver leur demeure
De terre et de mémoire
Sans rien perdre du ciel
J’écrivais des poèmes
Serait-ce un peu pareil ?