Gérard Bonal

Ce « cahier » dirigé par Gérard Bonal et Frédéric Maget est une mine de renseignements et de découvertes pour ceux qui aiment Colette.

Constitué de sept chapitres, il permet de découvrir l'auteur sous différents aspects. Ce parcours nous emmène à travers les épisodes fondamentaux de ce qui constitue l'écrivain. De Sido, sa mère, évoquée dans « La Maison de Claudine », en passant par Willy le premier mari, suivi du passage de Colette par le music-hall, du second métier qu'elle tenta de pratiquer, de sa relation avec le cinéma, du triangle amoureux, des animaux,etc... autant de mondes dévoilés par les études et analyses de tous ceux qui ont participé à la conception de cet ouvrage.

On retiendra la lettre de Simone de Beauvoir qui nous livre une évocation étonnante de Colette et un entretien avec Walter Benjamin qui fera réagir beaucoup de femmes...

Des lettres de Colette à Musidora, celles de Sido envoyées à la demi-sœur de l'écrivain viennent compléter ce livre fourmillant de révélations et de regards neufs.

Un réel bonheur, un « apprentissage » de plus pour les aficionados.

1913 voit la naissance de Colette de Jouvenel, fille de l'écrivain Colette et de l'homme politique Henry de Jouvenel.

Il y a donc cent ans que naissait celle qui passa à la postérité sous le surnom de Bel-Gazou.

Hommage lui est donc rendu dans ce "Cahiers Colette N°34" édité par la Société des Amis de Colette, sise à Saint-Sauveur en Puisaye, village natal ô combien chanté par l'écrivain.

Livret très émouvant surtout lorsque l'on découvre les notes écrites talentueusement par Colette de Jouvenel et qui éclairent de façon édifiante les rapports mère/fille qui n'étonneront pas ceux et celles qui ont lu les "Lettres à sa fille" précédemment publiées.

On se prend à rêver... si Colette de Jouvenel avait également écrit... que de belles pages profondément pensées n'aurions-nous pas eues?

Ce livre est une galerie de portraits dont le point commun est de représenter des Américaines installées à Paris durant la Belle Epoque. Sont ainsi évoquées de nombreuses personnalités, le plus souvent issues du monde des arts et des lettres comme les peintres Mary Cassatt, un temps associée au mouvement impressionniste, Anna Klumpke, Romaine Brooks, la danseuse Isadora Duncan, source de la danse moderne, la poètesse Renée Vivien, la romancière Edith Wharton, Natalie Barney connue pour son salon littéraire. D'autres, dotées de moyens financiers considérables, se sont distinguées par leur activité de mécène et de soutien aux artistes comme Anna Gould, Gertrude Stein ou Winnaretta Singer devenue princesse de Polignac.

Le livre retrace la fin d'une époque : celle des salons aristocratiques ou littéraires où planent l'ombre de Marcel Proust et de Colette. Il retrace surtout le destin de femmes pour la plupart issues de milieux aisés et animées par une soif de liberté, notamment celle de vivre leur homosexualité, qu'elles ne trouvaient pas dans leur pays d'origine et qu'elles pensaient obtenir en vivant dans une ville perçue alors comme le centre culturel du monde. Et c'est lorsqu'il illustre cette quête de la liberté dans un monde dominé par les hommes que ce livre est le plus intéressant. J'ai ainsi trouvé particulièrement édifiant l'exemple d'Augusta Klumpke, la première femme à devenir interne des hôpitaux dans un milieu totalement machiste. Gérard Bonal consacre ses plus longs chapitres à la richissime Winnaretta Singer, animatrice du salon Polignac, à l'artiste Romaine Brooks, notamment à son amitié avec le poète italien D'annunzio, au couple formé de Gertrude Stein et d'Alice Toklas, et à Edith Wharton, très active pendant la première guerre mondiale dans les activités caritatives au profit des blessés de guerre.

Soit dit en passant, j'ai découvert l'épisode consternant de la vie de Georges Clémenceau où il s'est honteusement débarrassé de son épouse Mary Plummer.



Voilà un livre dont les hommes ne sortent pas grandis et qui est une ode à la liberté des femmes.

Pour parodier une célèbre chanson : Tout tout tout, vous saurez tout sur Colette. Le vrai le faux sur la séparation d'avec Willy. Le laid le beau sur ses relations avec les Jouvenel père et fils ou avec sa fille Bel-Gazou. Vous saurez des choses savantes sous la plume de Julia Kristeva (qui n'est pas la plus légère), des choses amusantes sous celle de Guy Ducret ou de Christine de Rivoyre, des tendres sous celle de J.-M. G. Le Clézio. Bien sûr, il y a l'érudition de Gérard Bonal et Frédéric Maget. Et puis, il y a le cahier iconographique comme une cerise sur le gâteau !

Voilà un modèle de biographie réussie car parfaitement ancrée dans son époque. Une époque particulièrement douloureuse et dramatique. Le journaliste Gérard Bonal fait ici oeuvre d'historien et nous propose de suivre (et pour les plus jeunes de découvrir) le destin éclatant de Gérard Philippe en l'intégrant dans une France meurtrie qui traverse la Deuxième guerre mondiale et l'Occupation, puis la Libération et l'épuration, les débuts de la décolonisation, le stalinisme...

Autant de symptômes d'un temps troublé que Gérard Philipe symbolise à sa manière -du jeune homme insouciant peu préoccupé par les événements de 40-44 au Résistant de 45 qui participe aux côtés de Roger Stéphane et des FFI à la prise de l'Hôtel de ville de Paris, alors que son père, collaborateur notoire est condamné à mort par contumace et s'enfuit en Espagne -du militant de gauche, compagnon de route des communistes au citoyen désenchanté de 1956 après que le stalinisme a montré son vrai visage à Budapest.

L'homme de conviction fut d'abord un acteur prodigieux, engagé dans l'aventure du Théâtre national populaire de Jean Vilar et que son succès au cinéma ("Fanfan la Tulipe sera un triomphe mondial) ne fera jamais se détourner du théâtre, sa grande passion. Ses prestations magnifiques dans Le Cid, le Prince de Hombourg ou Lorenzaccio ont marqué des générations.

Gérard Bonal, en dressant ce portrait très documenté et émouvant du plus célèbre comédien français des années cinquante, trop tôt disparu à 37 ans, offre un panorama éclairé de la vie intellectuelle de l'après-guerre

Sur un thème ancien adapté à l'époque contemporaine (dans les années 70), l'auteur réinvente les héros de la Grèce antique. Icare et Ariane rêvent de s'échapper de l'emprise de Dédale et de Pasiphaé. Dans l'île de Kallisté, ils évoluent sur un rythme ébouriffant et décident de monter une affaire commerciale. Abondance de mots, lyrisme des phrases, un jeu subtil de l'esprit.

Ce livre nous donne les détails de sa vie d'artiste, de sa vie de résistante, assez peu sur sa vie conjugale, ni de sa vie d'enfant. Mais qu'importe, l'auteur nous emmène avec émotion dans cette destinée incroyable, encore une femme hors du commun. Comment ne pas aimer se plonger dans cette épopée historique ? On est parfois un peu perdu dans le tourbillon des mariages, des amants, de tournées sans fin, mais ce tourbillon n'est sans doute que la réalité de cette vie bouillonnante.

Le contrat est rempli pour une biographie : se replonger dans l'oeuvre de Colette à la lumière de ces instants de vie que nous venons de découvrir.

Décevant. Les biographies sont rarement exaltantes; celle-ci est ennuyeuse et ne dépasse guère le niveau d'un article de Paris Match ... l'acteur méritait mieux !

Aux hommages qui lui ont déjà été rendus par tant de talentueux essayistes, s’ajoute aujourd’hui ce "Cahier de l’Herne" qui éclaire Colette sous ses multiples facettes, saluée par des dizaines de contributeurs, parmi lesquels Daniel Arsand, Julia Kristeva, Christine de Rivoyre et J.-M.G Le Clézio.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..

Colette avait une tête triangulaire de chatte angora, mais elle avait mille visages, que L'Herne expose dans sa jolie galerie de papier.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..