Bientôt, il respire à nouveau la terre et voit défiler les paysages familiers : ici, le hameau blotti dans une oasis de verdure et de potagers dans un creux de montagne, là, des vergers ou des ruisseaux qui se perdent sous la terre. Au loin, sur la gauche, la Corniche des Cévennes déroule ses crêtes de velours bleuté, dévoile les niches sombres de ses vallées.
Je suis maintenant dans le TGV pour Lyon. Beaucoup de monde, des bagages, de l'agitation. Des enfants qui pleurent et puis tous ces jeunes avec des cordons reliés aux oreilles et à leur téléphone - j'ai vu cela dernièrement au café du village, un peu étonné tout de même, certains gamins avaient les yeux fixés sur cette petite machine. Ce n'est que la deuxième fois que je prends ce train à grande vitesse. J'ai pris un livre pour me distraire. Avec mon bouquin sur les genoux, j'ai l'impression d 'être un extraterrestre car toutes les personnes autour de moi sont hypnotisées soit par la petite machine qu'elles tapotent ou leur ordinateur.
- Il est mignon ce village, tranquille, pas trop de voitures, c'est bien.
- Oui, un petit village qui n'a guère changé depuis des années mais qui a tout pour s'approvisionner, peut-être pas pour se distraire tellement, mais c'est la campagne. Nous sommes au cœur du pays cévenol, c'est un peu austère, je vous le concède. Il y a beaucoup d'anciens qui restent, les jeunes s'enfuient et vont étudier en ville puis travailler loin d'ici. Mais, bon, certains reviennent bien plus tard quand ils ont vu le monde en folie et expérimenter ce qu'on appelle la civilisation moderne... je sais que je fais un peu croulant, vioque quand je dis ça, mais bon, moi aussi, j'ai vu et j'ai compris ce que cette évolution peut parfois apporter de négatif, de dangereux pour notre mode de vie, pour l'harmonie du monde, en cohérence avec la nature, cette nature que nous détruisons un peu plus tous les jours.