Les ateliers henry dougier présentent... le roman d'un chef-d'oeuvre.
Mêlant récit romanesque et enquête historique, chaque auteur raconte la véritable saga d'un tableau en le mettant en scène à l'époque et dans le lieu où il a vu le jour.
Comment Gérard Garouste, cérébral, inventif et mystérieux, parvient-il à représenter un grand sujet de la mythologie grecque : la rencontre dramatique de Diane et Actéon ? Depuis l'atelier où le maître multiplie les esquisses jusqu'au mur du musée de la Chasse et de la Nature où elle est désormais exposée, la toile nous fait partager ses inquiétudes, ses tribulations, ses surprises et finalement sa fierté.
Un podcast conçu et réalisé par Margot Grellier et Gaëlle Bidan.
Plus d'informations sur le livre :
http://ateliershenrydougier.com/vengeance_divine.html
Lire un extrait : https://fr.calameo.com/read/005553960fba0c22eaf5b
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Je conçois la peinture comme la mise en scène d'un mensonge : si je vous dis que je suis un menteur, est-ce que je suis du côté de la vérité ou du mensonge ? Dans l'art figuratif, il y a une ambiguïté fondamentale, que l'on ne trouve pas dans l'art abstrait.
La marginalité de l'artiste peut devenir une convention sociale.
Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions. Aujourd'hui, j'ai soixante trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre.
Le délire c'est une manière de se jeter dans le vide quand on a peur du vide.

J’ai peint 600 tableaux, ils portent ma signature mais pas de dates. Rien ne trahit les longs moments passés à ne pas peindre. Sur les toiles terminées, j’écris des lettres et des chiffres, un code secret qui m’amuse et que j’emprunte à un vieux système d’écriture babylonien, ça me permet de les classer et de les situer dans le temps. Ces signes mis bout à bout formeront un jour une phrase de cinquante lettres, que je ne dis pas, elle sonne comme une métaphore de ma vie. Il y a sûrement, derrière ce petit jeu, ce bon vieux fantasme de l’artiste qui veut croire que tout prendra du sens après la mort, qu’il laissera une trace. J’ai d’ailleurs glissé sous certaines toiles, Adhara notamment, bien des repentirs, c’est ainsi qu’on appelle les corrections des peintres, elles apparaissent au fil du temps quand la couleur s’use et laisse voir ses premières couches (…) Les repentirs me font penser au lapsus, à l’acte manqué. J’en ai glissé sous les couleurs, autant qu’il y en a dans la vie. Ils apparaîtront quand je ne serai plus là, ainsi je parlerai encore.
« Je suis peintre. Et fou, parfois. » (p. 133)
"Je cogitais sans cesse, comme s'il me fallait me justifier, me situer, ça m'épuisait, l'envie de peindre m'abandonnait puis elle revenait, plus brûlante encore. Où était le courage artistique désormais ? Fallait-il brûler les toiles ? Certains essayaient. Mais l'avant-garde c'est une bataille, pas une surenchère. Il faut un risque à la peinture. Je n'avais pas envie de prendre le train en marche. J'allais peindre, quitter le magasin, prendre un nouveau départ ! L'originalité était morte avec Picasso ? Bon débarras ! On allait pouvoir s'intéresser au sujet plus qu'au style, raconter des histoires, joué avec les sens, les émotions, j'en avais tant des émotions. Je voulais renouer avec la peinture, quitte à être jeune et classique, quitte à revenir en arrière. Je ne voulais pas d'une peinture nostalgique, je voulais déjouer l'avant-garde avec mes pinceaux et mes couleurs. L'art doit, de toute façon, tendre des pièges."
Un enfant qui se noie a le reflexe de bouger les bras. Faire une oeuvre d'art, c'est bouger pour qu'il se passe quelque chose. Et la magie se produit. Comme je l'ai vécu, il m'était facile de le transmettre.
C'est justement le but de La Source, la transmission. Tous les artistes sont des enfants qui ont oublié de grandir.
J'aime bien l'histoire des trois rabbins dans un taxi new-yorkais. Le plus vieux dit son ignorance, son éternelle humilité devant le texte, le deuxième en âge dit : Mais non, je suis bien plus ignorant que vous. Le plus jeune intervient : Mais vous êtes mes maîtres, c'est moi l'ignorant !
Alors le chauffeur se retourne en rigolant : Arrêtez le concours, s'il y a un ignorant, ici, c'est moi.
Les trois rabbins se regardent alors, l'air de dire : Mais pour qui se prend-il celui-là ?
Les psychanalystes ont creusé mon enfance fragile, cette pression insupportable et pourtant si peu visible qui me brisait, j'étais dans la lune, je me retirais du monde, j'aurais pu avoir des tendances suicidaires, j'ai dérivé vers les délires.
Pas envie de mourir, juste de ne pas vivre.