Gérard Lefort - Le commun des mortels
La maman dit, a toujours dit, "le jardin c'est mon domaine", mais en fait elle s'en occupe à tort et à travers, "comme un manche", dit le papa (...).
Aux aguets perpétuels, je suis tout ce que je vois et pas seulement les autres lorsque, l’oreille plaquée au tronc d’un arbre par grand vent, j’entends des craquements, des gémissements, des douleurs, preuve qu’il souffre comme n’importe qui.
"Aux aguets perpétuels, je suis tout ce que je vois et pas seulement les autres lorsque, l'oreille plaquée au tronc d'un arbre par grand vent, j'entends ses craquements, des gémissements, des douleurs, preuve qu'il souffre comme n'importe qui .Et même la forêt dans sa totalité, et le ciel, les nuages, les pierres, les rochers, et les galets au bord de la mer, leur endurance à l'usure, leur durée malgré tout ,leur indifférence..........."
Écoute-moi bien, petit guignol, le régionalisme en chaleur. le culte des racines, la religion des traditions et toute cette sorte d'enculeries en sabots de bois, c'est comme les écolos margino-sincères, ça m'a toujours paru flirter avec les vilaines manières de papy Pétain. À part ça, je sais pas si t'as noté, mais, question racines profondes, le français, c'est un truc dément qui fait que le connard de Basque peut discuter avec l'andouille de Guéménée qui lui-même peut s'empailler avec le taré d'Ajaccio. Alors, question patrimoine, tu me lâches la bombarde et on se cause entre adultes consentants.
Le fait divers
Dans la nuit de jeudi à vendredi, près de Pont-Croix (Sud Finistère), au lieu-dit Trémaria, Michel Gourlaouen, 38 ans, célibataire, ouvrier électricien domicilié à Beuzec, a été assassiné au volant de sa voiturette électrique par un tir d'arme lourde non encore identifiée.
Ouest-France
"Non, un gusse qui se fait éparpiller à l'arme lourde sur une vicinale du bout du diable, ça n'est pas une navrante affaire, c'est au mieux, un coup très pourri."
Aux aguets perpétuels, je suis tout ce que je vois et pas seulement les autres lorsque, l’oreille plaquée au tronc d’un arbre par grand vent, j’entends des craquements, des gémissements, des douleurs, preuve qu’il souffre comme n’importe qui.
Bref, l'expérience finit par nous briser les illusions. Et l'on apprend qu'on est plus un enfant, qu'il faut toujours recommencer à zéro, qu'une lettre chasse l'autre, qu'un sens avance toujours sous le masque d'un autre, à l'infini.
Jean-Luc aurait dû être CRS à Redon ou matelot à bord de la Marie-Connasse. Eh bien même pas, le destin en avait causé à sa vieille copine Fatalitas, et Jean-Luc était simplement Jean-Luc, la trentaine agonisante, plus large que haut, le visage teinté de ce mauve sacerdotal qui n'est pas sans évoquer, à condition d'être complètement bourré, la couleur des bruyères au printemps.
A temps partiel : bon à rien-bon à tout faire. À temps plein : fier pilier des nombreux bars à soif aux patronymes en forme de pléonasme géographique -Au Virage, le Bas de la Côte, le Carrefour- qui égayaient la riante campagne du cap Sizun.
La lumière parle, les pierres jubilent. Je respire le fumet qui s'exhale du granit je perçois la palpitation des cristaux qui le composent, leur pacte, leur désaccord, la radioactivité. J'ai l’impression de glisser, les sens tellement à vif que le rideau qui sépare la vie de la mort s'est levé. Je marche sur les algues froides et desséchées, je sens l'odeur douloureuse de la pourriture. Et le bleu du ciel, cristal fragile qui doit bien se cacher quelque part derrière les nuages de plomb. A cette condition d’abandon à plus fort que soi, on peut se rendre compte de ce que fut ma vie.
Dans ce qu'on pourrait appeler la parabole des Dupon(d)t, il est démontré que la ligne droite est souvent le meilleur moyen de tourner en rond, ou encore, ce qui revient pratiquement au même dans un autre registre métaphorique, que la courbe est le plus court chemin d'un point à un autre.