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4.1/5 (sur 15 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Stratford, Essex , le 28/07/1844
Mort(e) à : Dublin (Irlande) , le 08/06/1889
Biographie :

Gerard Manley Hopkins était un prêtre jésuite et poète anglais de grand renom.

Fils d'un agent d'assurance, il étudie les humanités au Balliol College de l'Université d'Oxford, où il est proche du Mouvement d'Oxford de "l'Eglise haute" anglicane.

Comme d'autres avant lui (tels John Henry Newman), cette réflexion théologique l'amène à demander à être reçu dans l'Église catholique (1866).

Deux ans plus tard, le 7 septembre 1868, il entre dans la Compagnie de Jésus. Hopkins est ordonné prêtre en 1877.

Source : Wikipédia
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Gerard Manley HOPKINS – Hommage de Jean Mambrino (France Culture, 1977) Une émission spéciale animée par Jean Mambrino diffusée le 29 avril 1977 sur France Culture. Présences : André Dhotel, Diane de Margerie, Jean Mambrino, François-Xavier Jaujard, Patrick Reumaux. Lecture : Jean Topart, Catherine Sellers et Jean Faubert.


Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
PRINTEMPS ET AUTOMNE

À UNE JEUNE ENFANT

Marguerite, mènes-tu deuil
Sur le Bois-Doré qui s'effeuille ?
Ainsi, de feuilles, comme humaines,
Voici tes frais pensers en peine?
Ah! quand le cœur vient à vieillir
C'est, peu à peu, pour s'endurcir
Sans plus gratifier d'un soupir
Un monde effeuillé de bois mort;
Alors pourtant tu pleureras
Sans laisser de savoir pourquoi.
Mais quelque nom qu'on donne aux peines,
Enfant, leurs sources sont les mêmes.
L'âme a deviné, le cœur ouï
Ce qu'esprit ni lèvres n'ont dit:
Si l'homme naît, c'est pour qu'il meure,
C'est Marguerite que tu pleures.

(Ecrit entre 1876 et 1880)
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C'est affreux à dire, mais, en un sens, je suis communiste. Leur idéal, à quelques réserves près, est plus noble que celui d'aucun des hommes d'État séculiers que je connaisse (...). En outre, il est juste. - Je ne veux pas dire que les moyens d'y atteindre le soient aussi. Mais c'est chose atroce pour la fraction la plus nombreuse et la plus nécessaire d'une nation très riche que de mener une vie pénible, sans dignité, sans connaissances, sans confort, sans plaisir, sans espoir, au milieu de l'abondance - une abondance dont ils sont les artisans. Ils professent que la vieille civilisation et le vieil ordre doivent être détruits, quand bien même ils devraient pour cela tout dilapider et tout brûler. C'est là une perspective terrible, mais qu'est-ce que la vieille civilisation a fait pour eux? Telle qu'elle apparaît aujourd'hui en Angleterre, elle est elle-même fondée dans une grande mesure sur la dilapidation. Cependant ils n'ont eu en partage aucune des dépouilles, ils n'ont jamais fait qu'en souffrir préjudice. L'Angleterre est devenue immensément riche, mais cette richesse n'a pas atteint les classes ouvrières; je crois qu'elle a rendu leur condition pire.

(Extrait d'une lettre écrite le 2 août 1871)
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46.
Patience, que c'est dur ! et dure affaire de prier,
Mais prétendre à, là c'est Patience ! Patience à qui cherche
Veut la guerre, veut du sang ; peinent ses jours, ses tâches ;
A faire sans, on prend des coups, et l'on s'incline.
Rare patience s'enracine là, car, en-dehors,
Rien d'autre. Lierre inné de l'âme, Patience masque
La débâcle de nos plans révolus. Et elle exhibe là
Ses yeux injectés ses océans de feuilles diluées tout le jour.

46.
Patience, hard thing ! the hard thing but to pray,
But bid for, Patience is ! Patience who asks
Wants war, wants wounds ; weary his times, his tasks ;
To do without, take tosses, and obey.
Rare patience roots in these, and, these away,
Nowhere. Natural hearts's ivy, Patience masks
Our ruins, of wrecked past purpose. There she basks
Purple eyes and seas of liquid leaves all day.
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I wake and feel the fell of dark, not day.
What hours, O what black hours we have spent
This night ! what sights you, heart, saw ; ways you went !
And more must, in yet longer light's delay.
With witness I speak this. But where I say
Hours I mean years, mean life. And my lament
Is cries countless, cries like dead letters sent
To dearest him that lives alas! away.

I am gall, I am heartburn. God's most deep decree
Bitter would have me taste : my taste was me ;
Bones built in me, flesh filled, blood brimmed the curse.
Selfyeast of spirit a dull dough sours. I see
The lost are like this, and their scourge to be
As I am mine, their sweating selves ; but worse.

Traduction de Pierre Leyris.
Réveil : je sens le chu du noir, non pas le jour.
Quelles heures, déjà, ô quelles noires heures
De nuit ! Mon coeur, quelles visions ! Par quelles voies !
Et quelles à subir tant que tarde encor l'aube !
J'ai témoin pour ce que j'avance. Or, quand je dis
Heures, j'entends années, j'entends vie. Et ma plainte
Est cris sans nombre, cris lancés comme des plis
Perdus vers le très cher qui vit las ! hors d'atteinte.

Je suis fiel, aigreur. Dieu, selon sa loi profonde,
M'a fait goûter l'amer : mon goût propre : os, chair, sang
Ont charpenté, rempli, comblé le maléfice.
Self-levain de l'esprit, sûrit une pâte aigre.
C'est le lot des damnés, et leur fléau doit être
Comme je suis le mien, leur moi suant ; mais pire.

Traduction de Bruno Gaurier.
Dès l'éveil je ressens la tombée de la nuit, non le jour.
Ces heures, O quelles heures noires aurons-nous endurées
Cette nuit ! quelles visions mon âme ; quels chemins sous tes pas !
Plus encore à venir, et plus longues qu'attente du jour.
J'en témoigne j'en parle. Mais où je compte en
Heures, je dirais en années, tout à longueur de vie. Et ma plainte
N'est que clameurs sans fin, clameurs lancées en lettres mortes
Vers lui que j'aime il vit hélas ! au loin.

Tout m'est rancoeur, l'âme me brûle. Dieu par décret intime
M'a fait goûter l'amer : ce goût était tout moi ;
Mes os ont engoncé, ma chair m'a gavé, mon sang m'a débordé de malfaisance.
Levain-au-coeur lève une lourde pâte rance. J'y vois
Le sort des fils perdus, leur châtiment sera
Comme le mien je suis, leur être en suintera ; en pire.

Une autre encore :
Eveillé, je vis la nuit brute, non l'aube.
Quelles heures, O quelles noires heures subies
Cette nuit ! Mon coeur, quelles visions vues, détours suivis !
Avant d'autres encore, le jour encore tardant.
Je parle avec témoin. Mais quand je dis
Des heures, ce sont des ans, ma vie. Et ma plainte
Multiplie ses cris, cris comme lettres en pure perte
A lui, l'ami aimé, qui vit hélas ! ailleurs.
Je suis fiel, brûlure d'âme. le décret de Dieu, si profond,
A voulu pour moi ce goût amer ; ce goût était moi :
Mes os bâtis, ma chair emplie, mon sang gorgé d'opprobre.
Le propre-levain d'esprit une pâte lourde aigrit. Je vois
Que les damnés sont tels, et leur enfer d'être,
Comme je suis le mien, leur être suant ; mais pire.
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Inversnaid.
... What would the world be, once bereft
Of wet and of wilderness ? Let them be left,
O let them be left, wildness and wet :
Long live the weeds and the wilderness yet.

Qu'adviendrait-il du monde, une fois dévêtu
De sa nature et de ses eaux ? Laisse-les là,
O laisse là, le naturel et l'eau ;
Vivent l'herbe et sauvage la nature là.
(Trad. Bruno Gaurier)
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44.
To seem the stranger lies my lot, my life
Among strangers. Father and mother dear,
Brothers and sisters are in Christ not near
And he my peace my parting, sword and strife.
England, whose honour O all my heart woos, wife
To my creating thought, would neither hear
Me, were I pleading, plead nor do I ; I wear-
y of idle a being but by where wars are rife.

I am in Ireland now ; now I am at a third
Remove. Not but in all removes I can
Kind love both give and get. Only what word
Wisest my heart breeds dark heaven's baffling ban
Bars of hell's spell thwarts. This to hoard unheared,
Heard unheeded, leaves me a lonely began.

Traduction de Pierre Leyris.
Paraître l'étranger, tel est mon lot, ma vie
Parmi les étrangers. Père et mère chéris,
Frères et soeurs, sont dans le Christ non proches
Et Lui ma paix, mon désunir, glaive et discord.
L'Angleterre ô mon coeur en quiert l'honneur ! épouse
De mon penser créant, ne m'écouterait pas
Si je plaidais, ni ne plaidé-je : combien las-
sé d'être là, oisif, où les guerres abondent.

Me voici en Irlande à présent : c'est ma tierce
Eloigne. Non qu'à chaque éloigne je ne donne
Et ne reçoive amour. Mais à toute parole
De mon coeur le plus sage, ou le ban confondant
Du ciel noir, ou l'enfer, met barre. Ce garder
Inouï, ou ouï sans plus, me laisse à zéro, seul.

Traduction de Bruno Gaurier.
Passer pour l'étranger tel est mon lot, mon lait
En terre étrangère. Père et mère chéris,
Frères et soeurs ne sont plus proches en Christ
Lui et ma paix et ma rupture, mon fer mon désaccord.
Angleterre, que je me voue O de tout coeur à honorer, épouse
De mes créations, jamais n'écoutera
Ma plainte, aussi ne me plaindrai-je : je suis
Las d'être là sans rien faire quand les guerres font rage.

Je suis en Irlande à présent ; c'est mon troisième
Eloignement. Non pas que je ne sache à chaque départ
Amour tendre donner recevoir. Seul ce mot
Sage de mon coeur délivré des nuits du ciel vouant aux gémonies
L'attrait des antres de l'enfer. Mon cri non reconnu,
Entendu non reçu, me laisse à plat ébauche solitaire.

Autre version des trois derniers vers :
Mais la parole
La plus sage née de mon coeur, le non brut du ciel obscur
L'arrête ou l'emprise d'enfer l'empêche. La tenir inentendue
Ou, entendue, inécoutée, me laisse seul, inabouti.
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HAVRE DE GRACE

J'ai désiré aller
Où ne tarit l'eau vive,
Aux champs que nulle grêle acérée ne fustige,
Où s'ouvrent quelques lys.

J'ai quêté d'habiter
Où nul vent ne fait rage
Là où la houle glauque est muette dans les havres,
A l'abri du roulis des mers.

(p.31)
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[L'art de lire et de critiquer.]
On dit que les vaisseaux qui partent du port de Londres emportent (ou avaient coutume d'emporter naguère) de l'eau de Tamise pour la traversée : impure et putride à l'appareillage, peu à peu ses impuretés se déposaient, et en quelques jours elle devenait pure et suave, meilleure et plus saine qu'aucune eau du monde. Authentique ou non, ce fait sert mon propos. Quand on nous présente une chose aussi nouvelle que le sont les tentatives du Deutschland [poème écrit par Hopkins], nos premières critiques ne sont pas les plus justes, les plus profondes ni les plus durables, mais tout bonnement celles qui nous viennent le plus aisément. Elles sont barbares et ressemblent aux propos du vulgaire ignorant. C'est ce qui vous est arrivé. Le "Deutschland", à sa première traversée, roulait beaucoup : il a dérangé votre assiette, épaississant et troublant votre esprit de vase vulgaire et de communes vidanges (j'ai besoin de suivre l'image) et c'est malheureusement le moment que vous avez choisi pour "soutirer" vos critiques toutes puantes (c'est l'image qui veut cette expression) et toutes fangeuses ; tandis que, si vous aviez laissé vos pensées décanter, elles se seraient trouvées clarifiées et mieux à mon goût. Aussi n'y ai-je pas prêté grande attention, voyant bien qu'elles n'étaient qu'un premier soutirage. Idem pour "L'Eurydice" [autre poème] - qui est bref et facile et que je vous prie de lire plus d'une fois...
Pour rendre justice à l'Eurydice, vous ne devez pas le lire négligemment avec les yeux, mais avec les oreilles, comme si le papier était en train de vous le déclamer. Par exemple, le vers "She had come from a cruise, training seamen", lu sans accentuation ni déclamation, n'est qu'un rapport de la Lloyd's ; convenablement lu, c'est une toute autre affaire. C'est l'accentuation qui en fait la vie.

[Lettre à Robert Bridges, 13 mai 1878, p. 156]
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C'est vrai qu'il va beaucoup plus loin que Shakespeare dans l'étrange en pressant, en forçant comme il le fait les virtualités de la langue. Certaines de ses expressions, même une fois maîtrisées par le lecteur, ne s'acceptent qu'en fonction de l'ensemble de son système verbal, et encore en manière d'idiotismes. Celle qui a le plus tardé à nous devenir familière est sans doute ce "leaves me a lonely began" (littéralement "me laisse un esseulé commençai") qui termine le poème "To seem the stranger ..." (Paraître l'étranger) Le poète a dit qu'à toute parole de son coeur le plus sage, ou le ban confondant d'un ciel noir, ou l'enfer, mettait barre. C'est le fait de garder cela pour lui non communiqué, non entendu, ou entendu sans plus, sans qu'on y prenne garde, qui le "laisse un esseulé commençai" ou, comme nous avons traduit très lointainement, "me laisse à zéro, seul". Employer substantivement un parfait paraît proprement aberrant, le serait sans doute de la part de tout autre que lui. Et, pourtant, il faut avouer que "débutant" ou "commençant" n'exprimerait pas l'idée d'avoir débuté, de s'être déjà efforcé et de se retrouver dans la position de, d'être essentiellement non seulement un débutant, mais un /ayant débuté/. On peut penser que nous aurions dû garder le même tour en français, n'ayant pas à corriger Hopkins. Notre excuse est qu'une forme aussi extrême ne s'accepte qu'à l'intérieur d'un système cohérent, lequel ne saurait être transposé en bloc d'une langue à l'autre, leurs génies s'y opposant.
(Note 1 : Lorsque, Dans King Lear 3-6-109, Edgar constatant que le vieux roi est persécuté par ses filles comme lui-même l'est par son père, s'écrie : He childed as I fathered, cela sonne comme du Hopkins.)

Préface p. 12.
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41.
No worst, there is none. Pitch past pitch of grief,
More pangs will, schooled at forepangs, wilder wring,
Comforter where, where is your comforting ?
Mary, mother of us, where is your relief ?
My cries heave, herds-long ; huddle in a main, a chief
Woe, world-sorrow ; on an age-old anvil wince and sing -
Then lull, then leave off. Fury has shrieked "No ling-
ering ! Let me be fell : force I must be brief."

O the mind, mind has mountains ; cliffs of fall
Frightfull, sheer, no-man-fathomed. Hold them cheap
May who ne'er hung there. Nor does our small
Durance deal with that steep or deep. Here ! creep,
Wretch, under a comfort serves in a whirlwind : all
Life death does end and each day dies with sleep.

Non de pire, il n'est rien. Douleur extrême plus qu'extrême,
Affres plus encore, à l'aune d'affres du passé, leurs brutales torsions.
Où est Consolateur, où ta consolation ?
Marie, mère de nous, où est-il ton recours ?
Montent mes cris en longs-cortèges ; drainés par une grande, majeure afflic-
tion, monde-en-larmes ; sur une enclume hors d'âge ils gémissent, se tordent,
Puis renoncent, et lâchent prise. La furie rugissait "point de
Répit ! soyons cruelle : force n'est que de couper."

O la pensée, pensée a ses montagnes ; des hauts à-pics
Horreur, vertige, de vie d'homme-insondables. Ne le tiendra pour rien
Que celui qui jamais n'y fut pendu. Et ne saura notre longue ou légère
Endurance maîtriser cette escarpe ou cet abysse. Ici ! rampe,
Pauvre hère, il est un réconfort très bas dans la tourmente : à toute
Vie la mort met fin, dans le sommeil meurt chaque jour.
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