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Citation de Cielvariable


Pourtant, n’importe quel observateur superficiel aurait affirmé de bonne foi que ce mariage se nouait sous les meilleurs auspices. Le jeune époux napolitain, le duc Corrado di Ferragosto, appartenait au plus proche entourage de la reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence et de Forcalquier. À la suite de méticuleuses tractations financières, il avait été accepté comme gendre par le capitaine de la Montezane, qui devinait en lui un excellent parti, bien en cour, et aussi noble que fortuné.

Au mois de février 1348, comme la reine Jeanne avait quitté Naples pour venir visiter les terres provençales dont elle venait d’hériter, Corrado di Ferragosto avait suivi sa souveraine et était venu se présenter au mas du Butin. Peu après, il avait été convenu qu’il épouserait Azalaïs de la Montezane à la fin de l’été, selon la coutume camarguaise qui veut que les mariages soient de préférence célébrés en cette période aussi chaleureuse que paresseuse, qui suit les récoltes et précède les semailles.

Le duc Corrado était donc resté quelques jours au mas du Butin, le temps de rencontrer et d’apprivoiser sa douce promise. Il en avait aussi profité pour découvrir les terres de Camargue, sur lesquelles il régnerait un jour, si le Capitaine l’y autorisait.

Mais déjà, l’on pouvait lire dans le regard d’Azalaïs tout l’amour qu’elle éprouvait pour ce fiancé lointain et inespéré. Lorsqu’elle l’accompagnait à cheval le long des chemins de Saint-Trophime, elle interrompait fréquemment leur trot pour prendre le temps d’expliquer au duc Corrado les souvenirs qu’elle gardait de cette venelle-ci ou de cette fontaine-là. Certains matins, elle lui laissait admirer les reflets bleutés d’un martin-pêcheur posé sur la branche basse d’un arbuste, le bec en arrêt, prêt à traverser le Rhône. Souvent, Azalaïs descendait de sa monture pour cueillir à son fiancé les herbes les plus parfumées de la région, comme si elle tenait à partager avec lui son amour pour Saint-Trophime. Ou bien, elle l’obligeait à s’embusquer un moment, le temps de guetter l’envol bruyant et enfiévré des flamants roses, à l’heure où ils égaient subitement le ciel camarguais de toute la vigueur flamboyante de leur plumage…
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