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Critiques de Gérard Pirlot (7)
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T.E. Lawrence, le désert, l'avers du désir

Quelles similitudes y a t-il entre le fameux Lawrence d'Arabie, so british, et le célèbre journaliste français Albert Londres? Ont-ils eu une liaison inavouable? Ont-ils conspiré au sein d'une société secrète comme les Illuminati? Faisaient-ils du trafic d'armes, comme Rimbaud? Etaient-ils alcooliques comme Hemingway ou crypto-communistes comme l'Abbé Pierre?

Le fait est qu'ils sont morts accidentellement dans des circonstances étranges, après une vie héroïque et mouvementée qui les conduisit à révéler certaines forfaitures commises au nom de la Raison d'Etat.

Oui, je sais, ça fait un peu réchauffé comme scandale, l'un est mort d'une funeste sortie de route en moto dans la campagne anglaise en 1935, et l'autre a fait naufrage au large de la Somalie en 1932. Etaient-ils sur le point de publier des révélations accablantes qui auraient permis de renverser le gouvernement et d'éviter la deuxième guerre mondiale? La vie de Lawrence, écartelé entre sa loyauté à l'Empire britannique et son désir de libérer les peuples du Moyen-Orient est un échec, mais son destin est celui d'un héros immortel, dont les exploits vivront longtemps après lui.

Quand à notre ami Albert, nul doute qu'il a inspiré à Hergé les aventures de Tintin, qui combat les trafics d'esclaves, et déjoue les complots des trafiquants d'opium, d'armes et de pétrole. Un héros de l'information, un lanceur d'alerte qui a laissé sa vie pour son métier, comme le raconte Régis Debray dans "Sur la Mort d'Albert Londres".

Deux idéalistes mais aussi hommes d'action, de courage et d'esprit, qui méritent qu'on aille au-delà de leur mythe.
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T.E. Lawrence, le désert, l'avers du désir

Comment, lorsqu'on pense à Lawrence d'Arabie, ne pas entendre les accords emblématiques du film éponyme, et ne pas visualiser le regard bleu de Peter O'Toole, dans un visage brûlé par le désert ? Car Thomas Edward Lawrence, entré dans la postérité sous le nom de Lawrence d'Arabie, est pour nous autant une personne réelle qu'une figure historique, mais surtout qu'un "personnage conceptuel", une création sur laquelle est projetée des idéaux et valeurs, un romantisme simplifié mais aussi contesté, qui en masque la complexité et les contradictions... De son vivant, T.E. Laurence a été à la fois l'acteur et la victime de sa propre légende, personnalité complexe et cultivée, ascétique, animée d'un profond idéal de chevalerie que son destin le mènera à trahir.

Il y a beaucoup à dire -et beaucoup l'a été, en bien comme en mal- sur la vie et les choix de T.E. Lawrence, sur la trajectoire et les forces internes qui le menèrent de l'Angleterre aux champs de batailles et aux déserts du Moyen-Orient durant la première guerre mondiale, puis le pousseront à expier le reste de sa vie sous un pseudonyme, en temps que simple soldat...

"T.E. Lawrence, le désert, l'avers du désir" se veut une biographie passée au crible de l'analyse appliquée Freudienne, jetant autant que faire se peut les lumières de la psychanalyse sur la vie, les névroses et certains aspects des plus complexes de la personnalité de l'homme.

Gérard Pirlot a l'intelligence de ne pas chercher à réinventer la poudre et se base largement sur l'extensive littérature existant sur Lawrence d'Arabie, entre les différentes éditions des Sept piliers de la Sagesse et les travaux de ses biographes complaisants comme de ses détracteurs, retraçant les événements de manière assez précise et n'hésitant pas à signaler les épisodes dont le déroulé ou la véracité sont sujets à controverse pour y apporter l'éclairage de sa discipline. Ces analyses m'ont globalement paru intéressantes voir pertinentes, malgré l'emploi parfois excessif du jargon psychanalytique.

Le choix par contre de comparer longuement la trajectoire de Lawrence à celle de Freud aura peut-être de l'intérêt pour le lecteur plus versé en psychanalyse que moi, mais pour la part, sans en juger la justesse ou non, j'ai trouvé que cette mise en parallèle n'apportait finalement pas grand chose de plus au portrait de Lawrence.

On regrettera également la répétition insistante de certaines citations que l'on retrouve jusqu'à cinq à six fois dans l'ouvrage, parfois avec des traductions différentes, et qui pèsent un peu sur le rythme.



Au final ce n'est pas forcément l'ouvrage par lequel aborder le personnage pour la première fois, mais un ajout intéressant à la bibliographie pour qui veut approfondir.

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Psychanalyse des addictions

Gérard Pirlot est l'un de ces psychiatres qui trouvent dans les découvertes des neurosciences la confirmation stricte et bienvenue de la pensée de Freud : dans l'étiologie – et par conséquent dans la prise en charge psychothérapique des addictions (qui n'est pas traitée ici) – il utilise et préconise la psychanalyse. De plus, dans cet essai, sont mis en évidence les rapports étrangement enchevêtrés entre addictions et pathologies psychosomatiques, sous forme non seulement de parallélismes mais aussi de substitutions des unes aux autres.

Cet ouvrage est d'un grand technicisme, il s'adresse aux spécialistes en opérant une synthèse exhaustive du paradigme psychanalytique tout entier – dans la grande complexité de ses notions –, de la recherche neuroscientifique actuelle (non sans quelques intrusions pharmacologiques), ainsi que de certaines observations cliniques siennes et d'autrui (cf. les « vignettes cliniques » incluses dans le texte). Je ne suis parvenu à le suivre que dans une certaine mesure et serai incapable de résumer les découvertes propres à l'auteur et même les principales acquisitions que je lui dois. Les cit. ci-dessous m'ont paru, tour à tour, de flamboyantes illuminations ou des révélations qui attendent une maturation par des approfondissements et réflexions ultérieurs.

Je relève et apprécie l'originalité de la structure de l'ouvrage : de l'Introduction, « Généralités sur les addictions », je retiens l'ampleur du phénomène addictif, la pertinence épistémologique de la psychanalyse, l'excitation comme antidote à la dépression, et les addictions comme remèdes aux blessures narcissiques et aux problèmes liés aux émotions ;

Chap. 1, « Prémices conceptuelles de l'addiction : la psychanalyse freudienne » - d'après les premiers travaux de Freud, en passant par le concept d'« homéostasie psychosomatique », jusqu'à ceux d'« incorporation », de « dépendance du nourrisson » et d'« oralité » ;

Chap. 2, « Modèles métapsychologiques de l'addiction : défaillances des autoérotismes, du narcissisme et de la représentance pulsionnelle » : similitude entre addictions et états-limites, autoérotisme et narcissisme, le défaut de holding et la fréquence de l'alexithymie, les fonctions du rêve, le cauchemar et les hallucinations ;

Chap. 3, « L'apport de la psychosomatique psychanalytique » : « le rapport psyché/soma dans les addictions », similitude entre addictions et troubles compulsifs alimentaires (TCA), la topique du clivage, addictions, jeux, perversion, images ;

Chap. 4, « Des concepts neurobiologiques à la passion addictive » : « neurobiologie de l'addiction », similitude entre l'amour passionnel, l'amour maternel et l'amour du toxique, traitements médicamenteux de l'enfant hyperactif aux États-Unis (avec dérivés amphétaminiques) et leurs dangers.

Conclusions comportant quelques indications sur les limites des prises en charge actuelles, notamment en psychiatrie hospitalière où les addicts ne sont pas nécessairement consentants.
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Qu'est-ce que l'alexithymie ?

L'alexithymie, « incapacité à exprimer ses émotions », est un concept psychologique utilisé désormais tant en neurobiologie qu'en psychanalyse pour définir une pathologie dont la validité clinique est prouvée dans de nombreux troubles somatiques et psychiques, et notamment en corrélation très forte avec les addictions – d'où une grande partie de mon intérêt. Cet essai de psychologie clinique, extrêmement dense, s'adresse à un lectorat de spécialistes, et sa lecture est particulièrement ardue. Il tend à faire pencher la balance de la définition de la pathologie davantage vers son côté psychanalytique voire métapsychologique et philosophique que du côté neurobiologique, ce qui contribue encore plus à la complexité du texte. Enfin, si les cas d'alexithymiques souffrant d'addictions sont souvent cités, il n'y a pas d'analyse spécifique les concernant.

Je retiens de cette lecture un faible nombre de connaissances, hormis des éléments de définition assez clairs, dont certains ont fait l'objet de ma sélection de cit. Deux idées-phares émergent cependant, qui me semblent très importantes :

1. la caractérisation de l'alexithymie comme maladie sociale, liée à la « culture du narcissisme », de la consommation et de la performance : l'alexithymie constitue une stratégie adaptative contre l'anxiété sociale et le stress.

2. le corps constitue dans ce livre l'origine des affects, et ceux-ci, avant même le verbe, fondent le processus de sémiotisation. le défaut au niveau de la perception, de la transmission et de l'élaboration des affects-émotions qui constitue l'alexithymie part donc du corps et, d'un point de vue psychanalytique, a pour origine le « non-échange des émotions mère-enfant » et pour conséquence une certaine « fissure psychosomatique » ainsi que la « mentalisation ».

Dans le dernier chap. intitulé : « Données évolutives et incidences thérapeutiques », les spécificités de la prise en charge psychothérapique de ces patients, comparés aux névrotiques, psychotiques etc. sont établies.
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La colère de Rimbaud

Livres très documenté : j'ai découvert un pan de l'histoire intime de Rimbaud qui m'a permis de redécouvrir sous un autre angle sa poésie. Par contre, les analyses continuelles psychologiques de la famille de Rimbaud, sont un peu barbantes à force. J'aurai préféré un livre plus axés sur sa poésie avec un rappel des poèmes complets en fin de livre par exemple. J'ai eu l'impression de lire une analyse sur des morceaux de textes, comme on ferait une analyse hors contexte, alors que l'auteur s'est très bien documenté sur Rimbaud. Livre passionnant avant toute chose, je le recommande
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T.E. Lawrence, le désert, l'avers du désir

Comment aborder l'état d'esprit d'un homme sans parler d'approche freudienne? Cela paraît difficile pour l'auteur le Pr Gérard Pirlot qui reprend dans cet ouvrage l'approche de Freud pour approcher la psychologie d'un grand homme connu sous le nom de Lawrence d'Arabie mais qui fut bien plus que ça. Thomas Edward Lawrence était un officier et un écrivain fuyant les reconnaissances comme pour échapper au monde et se réfugiant ainsi dans le désert. C'est d'un personnage fascinant dont nous parle l'auteur, un héros parfois contesté dont la vie agitée et la mort accidentelle en font un personnage passionnant.



Cet homme d'action serait, d'après l'auteur et à la lecture de ses écrits, un homme névrosé:

Alors que Lawrence est connu pour son engagement dans l'action (militaire) et son esprit pratique, parfois même opératoire, qui à priori l'éloigne de la névrose, il apparaît à la lecture de ce qu'il nous a livré que tout, dans ses actions comme dans son esprit, relève d'une dynamique névrotique.

Je doute quand même du bien fondé de cette affirmation notamment à cause de tous les détracteurs qui veulent que T. E. Lawrence ne soit qu'un affabulateur, que sa place dans les opérations lors de la grande révolte arabe soit bien moins importante que ce qu'il prétendait. Mais l'auteur va plus loin en comparant T. E. Lawrence et Sigmund Freud:

Dans leurs ouvrages respectifs, les deux hommes assument le risque, l'audace, l'indécence et la douleur d'exposer une bonne part de leur vie personnelle, au prix de certains déguisements. Lawrence et Freud paient ensuite le prix fort d'avoir défié le destin: isolement, souffrance masochique auto-analytique puis cancéreuse pour Freud; solitude, perte de l'idéal et souffrance masochiste d'humiliation pour Lawrence.



Dans cet ouvrage c'est donc le mythe de Lawrence d'Arabie qui est décortiqué: son engagement militaire, son aide auprès des arabes, son amour du désert, sa reconnaissance qui lui a fait rechercher l'anonymat, ses blessures intérieures, en s'appuyant sur son oeuvre "magistrale" Les Sept Piliers de la Sagesse.



Un livre intéressant pour ceux qui s'intéresse à ce grand homme.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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André Green. Les grands concepts psychanalyti..

Ce livre met en lumière les apports d’André Green, l’un des principaux théoriciens de la psychanalyse contemporaine, tant sur le plan théorique que du point de vue de l’approche clinique.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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