Gérard Sévérin

N'oublions pas que nous allons vers ce que nous regardons et que notre inconscient nous entraîne vers ce que nous lui montrons, bonheur ou malheur.

Une naissance n'est jamais anodine !

Beaucoup d'hommes vont se séparer ainsi d'une portion de leur vie. Jamais plus le compagnon ou l'épouse ne sera seul avec sa femme ; un enfant va arriver dans leur existence, pour toujours.

Ce bébé bouleverse. Beaucoup d'hommes prennent alors congé de leur vie d'enfant-adolescent. Ils se séparent de leur famille d'enfance. Ils deviennent adultes. Pour certains, en revanche, changer ainsi de famille pour édifier la leur présente une insurmontable difficulté.

Car une femme qui devient enceinte n'est plus pour l'homme la m^me femme. Il en est qui ne se reconnaissent pas futurs pères, ils éprouvent un arrêt, un inhibition dans leurs rapports avec la future mère.

Les relations sexuelles s'espacent et même cessent ; leur compagne va devenir mère. Leur femme est mère. Inconsciemment, ils retrouvent leur mère en elle. Ils ne sont pas futurs pères mais...... enfants ! Leur femme devient intouchable.

De plus, nous savons que chaque femme qui accouche est reliée à sa propre mère qui l'a accouchée.

Si chaque future maman pouvait dire et redire à son compagnon, à des amies, à une sage-femme, sa propre naissance et exprimer les facilités ou les difficultés qu'a rencontrées sa propre mère pendant la grossesse et pendant la naissance, elle se délivrerait ainsi de l'image de sa mère.

Elle se rendrait compte en racontant que sa mère et elles sont deux personnes différentes et qu'elle n'est pas obligée de reproduire les malheurs de sa mère ou de sa grand-mère ni programmée à revivre leurs complications.

L'enfant devient homme par la parole ; une parole qui le met sur le chemin de vérité. Au lieu d'un dressage imposé par des fessées ou des récompenses, une parole juste apprend à l'enfant le sens de ses gestes ou des événements qu'il vit.

Il découvre ainsi la réalité, les épreuves, les joies qu'il est capable de rencontrer,. Ce n'est pas du laisser-aller. C'est nommer le sens des limites.

La mère qui bavarde avec son bébé et lui raconte ses émotions le conduit à comprendre ses sentiments, mais le bébé, de son côté, par ses rires, ses gestes, ses pleurs, conduit aussi par sa mère à ressentir ses émotions à lui.

Une connexion s'établit. Ils comprennent leur mutuel bien-être ou malaise. Car l'enfant entend les modulations de la voix de sa maman et vice versa

Ce livre concerne le jeune enfant (0 à 5 ans) mais pas seulement, car "parler juste", "parler vrai", comme le disait Françoise Dolto, devrait être le principe de relation de tous les adultes qui prennent soin des enfants, petits ou grands.

Parler à l'enfant, lui exprimer notre affection, lui révéler sa vérité, le fait naître, grandir, progresser. En lui parlant, nous l’aidons à dépasser un privation, un désappointement.

Le peintre chemine à travers les êtres et les choses en leur donnant un désir de lumière, une curiosité d'ombre, une avidité de construction. René Char