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Citations de Gérard Streiff (54)


HISTOIRE SANS PAROLES :

Le 28 janvier 1946, lors de la 44e journée du Procès contre 24 des principaux responsables nazis, une belle jeune femme française de 33 ans, résistante et rescapée des camps de la mort, avant de se rendre à la barre des témoins se dirige vers le banc des accusés et dévisage, dans un silence absolu, un à un, les 24 monstres.
Cette première femme à témoigner à ce procès pour crimes contre l’humanité s’’appelait Marte-Claude Vaillant-Couturier (1912-1996).

(Adaption libre de l’introduction du livre)
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"J'ai été rédacteur en chef de La Nouvelle Critique pendant dix ans, les dix premières années [1947-1957]. Et pendant pas dix ans mais au moins cinq ou six, j'ai réécrit tous les articles que les camarades donnaient à la revue. Non pas pour des raisons de style mais pour des raisons de fond, pour des raisons que je croyais justes. Je corrigeais ce qu'ils écrivaient, d'une part ; d'autre part, sans leur demander leur avis. Troisièmement, en essayant même le plus souvent de les mettre devant le fait accompli, pour être sûr qu'ils ne protesteraient pas. Quatrièmement, et cela fait partie de cette période, ils ne protestaient généralement pas. Il ne leur venait pas à l'idée de protester. [...] Et bien, pour moi, le stalinisme c'est ça, c'est la substitution du commandement à la conviction, c'est le remplacement de l'adhésion des masses par le commandement des masses."

[Kanapa, en 1968]
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François Mitterrand : « L’ Algérie, c’est la France. Et la France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne. Le seul arbitre des différents entre les citoyens, c’est l’État. Le seul responsable de l’ordre, c’est l’État. Les meneurs ont-ils cru que l’opinion française se diviserait et finalement les laisserait agir à leur guise ? Ils ont alors oublié que derrière le gouvernement tous les Français, qu’ils soient de la Métropole ou de l’Algérie, se grouperaient pour défendre le bien commun, la terre commune, la République enfin.»

(François Mitterrand est alors ministre de l’intérieur, il réagit officiellement en tant que tel)
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L'homme intrigue pareillement Washington : un fonds d'archives intitulé "Opération Aquarium" montre comment la CIA, espionnant alors le siège du PCF, l'immeuble de la Place du colonel Fabien, est alors tout particulièrement intéressée par le personnage de Kanapa. La centrale américaine demandait à ses agents le maximum d'informations sur son aspect physique, avec l'idée de fabriquer un sosie. Elle comptait utiliser ce doublon pour fouiller son appartement privé.
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Un mouvement très important se développe en France, et il est nécessaire que l’opinion française et internationale en soit mieux informée, au moment où le nouveau tournant de la guerre d’Algérie doit nous conduire à voir, non à oublier, la profondeur de la crise qui s’est ouverte il y a six ans.

De plus en plus nombreux, des Français sont poursuivis, emprisonnés, condamnés, pour s’être refusés à participer à cette guerre ou pour être venus en aide aux combattants algériens. Dénaturées par leurs adversaires, mais aussi édulcorées par ceux-là mêmes qui auraient le devoir de les défendre, leurs raisons restent généralement incomprises. Il est pourtant insuffisant de dire que cette résistance aux pouvoirs publics est respectable. Protestation d’hommes atteints dans leur honneur et dans la juste idée qu’ils se font de la vérité, elle a une signification qui dépasse les circonstances dans lesquelles elle s’est affirmée et qu’il importe de ressaisir, quelle que soit l’issue des événements.

Pour les Algériens, la lutte, poursuivie, soit par des moyens militaires, soit par des moyens diplomatiques, ne comporte aucune équivoque. C’est une guerre d’indépendance nationale. Mais, pour les Français, quelle en est la nature ? Ce n’est pas une guerre étrangère. Jamais le territoire de la France n’a été menacé. Il y a plus : elle est menée contre des hommes que l’État affecte de considérer comme Français, mais qui, eux, luttent précisément pour cesser de l’être. Il ne suffirait même pas de dire qu’il s’agit d’une guerre de conquête, guerre impérialiste, accompagnée par surcroît de racisme. Il y a de cela dans toute guerre, et l’équivoque persiste.

(Manifeste des 121)
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Arthur Kriegel raconte cette anecdote qui situe assez bien Kanapa en 1956 : "On n'est pas venu au communisme pour pratiquer ce terrorisme (stalinien)" dit le premier. "Parle pour toi" lui répond Kanapa.
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Au total, sur cette période [avril à novembre 1963], Kanapa consacre une demi-douzaine de papiers à la déstalinisation. Cela représente un dixième de ses correspondances ; c'est peu mais si l'on considère le chemin qu'il vient de parcourir, si l'on mesure les réticences qu'il peut rencontrer à la rédaction de L'Humanité, le choc que cela représente pour le lectorat du journal, le caractère inédit de ces critiques pour le parti de Thorez, ce n'est pas négligeable.
Tout indique que, de l'été 1963 à l'été 1964, Kanapa prend mieux la mesure de l'ampleur de la répression stalinienne. Cette question l'occupe, le préoccupe, beaucoup. D'ailleurs il conservera chez lui, jusqu'à sa mort, quantité d'extraits de presse soviétique à ce sujet. Non seulement il évalue mieux le poids de la répression mais il commence à déceler différentes facettes du stalinisme (collectivisation, incompétence, mythologie).
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"Nous ne voulons pas d'un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s'échange contre la certitude de périr d'ennui"
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On peut penser qu’il a été renversé par une alliance des technocrates et des nouveaux privilégiés du régime, ceux qui lui reprochent d’être trop populaire et ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont plutôt riches qui lui reprochent d’être trop populaire, trop à gauche, de n’être pas assez précis, technique dans ses décisions politiques.

(au sujet de Ben Bella)
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- Je ne suis qu’un soldat, un rouage de la machine, je suis aux ordres, je n’ai rien demandé. Mais objectivement, je me sens complice d’un immense crime, je suis complice, tu comprends ce que je veux dire ? Cette guerre ressemble à un crime organisé par le régime nazi et moi j’y tiens ma place. Même s’il faut bien obéir, non ?
Il se tait, il espère peut-être un encouragement de l’artisan qui pourtant ne dit rien. Heisel reprend, la voix légèrement enrouée :
- Je ne veux pas jouer ce rôle, tu entends. Je ne veux plus ! Je ne sais pas comment te le dire mais je te le dis tout de même : il faut faire quelque chose. Il faut que je fasse quelque chose. Mais quoi ?
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- La chasse aux morts ? s'étonna Alexis.
- Les Maures, répondit son père, épelant le mot : M.A.U.R.E.S. C'est un terme très ancien qui désignait, en Espagne, les gens venus du nord de l'Afrique. Aujourd'hui, c'est devenu une insulte.
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Le scélérat retire son casque. On dirait qu'il porte un masque tant il est hideux: le crâne chauve et bosselé, la face émaciée, d'une maigreur maladive, une bouche ondulante, comme tordue par la méchanceté, et surtout il est borgne.
A la place de l'oeil droit, une vilaine cicatrice lui balafre cette partie du visage, la peau mal couturée recouvrant son orbite.
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Il les initie surtout aux secrets de la forêt. Il semble connaître chaque arbre, l'aubépine odorante et le bouleau blanc, le hêtre massif et le haut platane mais c'est le chêne qu'il chérit tout particulièrement.
(...) - Cela doit se passer le sixième jour de la Lune. Absolument le sixième jour. Le gui coupé tombe dans un drap blanc. On pend ensuite les branches à l'entrée des étables pour assurer la santé des bêtes.
- D'où sais-tu tout cela, Diviacos? s'étonnent les enfants.
- Je n'ai pas toujours été aveugle! Savez-vous que c'est aussi l'hiver, quand la sève ne circule pas, qu'il faut couper ces chênes pour en faire les planches les plus solides, pour ton bouclier par exemple. C'est du bois très dur, très résistant.
Il leur apprend à pénétrer dans la forêt comme on entre dans un temple, il dit d'ailleurs que les bois constituent son sanctuaire, que les arbres font le lien entre la terre où ils plongent leurs racines et le ciel qu'ils touchent de leur cime.
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Marike papote avec les deux autres collègues de Chloé, Armand Villemin, un quinqua aussi trapu que bougon, et Christian Traore, longiligne Franco-Malien, l’élégance faite homme. Pourquoi sont-ils devenus des « privés » ? Villemin aime fréquenter le mal, la face noire du monde. Traore se prétend défenseur de la veuve et de l’orphelin (il a un petit faible pour les veuves, c’est vrai), c’est « mon côté missionnaire ». Quant à Créac’h, elle fait des affaires. Point.
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(Le quartier de la goutte d'or)
Le quartier est en plein chambardement, pris d'une furie de rénovations. Il y a des travaux partout.
C'est plutôt bien, non, tous ces chantiers ? Se félicite la privée. Ça va redonner sa dignité à un quartier pauvre.
Ou préparer le retour des riches dans le centre ? C'est pas ça, le grand remplacement ?
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Hans Heisel change. Sa façon de regarder les "siens", ses chefs singulièrement, sa manière de les écouter parler devient de plus en plus critique ; de plus en plus souvent, maintenant, leurs remarques le troublent, l'indisposent. (p.25)
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Les Américains voudraient aimer plus la France.
Et qu’est-ce qui les empêche ?
C’est que les Français ne sont pas assez américains.
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Duras : […] On avait du mérite parce qu’à Saint-Germain, entre les réalistes prolétariens et les bavards existentialistes, il n’y avait pas beaucoup d’espace. Et pourtant, on l’occupait.

Le jeune journaliste : Vous parler du groupe de la rue Saint-Benoît ?

Duras : Oui, il y avait une petite ruche d’amis qui se retrouvaient régulièrement dans mon appartement de la rue Saint-Benoît (elle sourit). Quelle équipe : Claude Roy, Edgar Morin, Jean-Jacques Rolland, Raymond Queneau, Michel Leiris, George Bataille, Francis Ponge, Jean-Michel Atlan, Clara Malraux, Jean Duvignaud, Romain Gary parfois, ou encore Lacan... et j’en oublie.
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Les enfants n'ont jamais vu pareille foule. Si bagarrée. La troupe, à leurs pieds, est bruyante, colorée, diverse. C'est dans sa masse, une armée de paysans, pauvres et fiers. Des combattants, torse nu, portent des braies. D'autres des capuchons de laine. Les uns ont un sagum, d'autres un sayon.
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Des policiers qui dénoncent le massacre, qui distribuent en douce un tract dans les casiers de pandores ? Cela paraît tout simplement impensable. »
Chloé comprend les doutes de la « patronne » ; elle ajoute cependant qu’il y a quelque chose de plus insolite encore.
Dans le tract figure le nom de Leglay. Elle lit : « Les tortionnaires jetèrent des dizaines de leurs victimes dans la Seine qui coule à quelques mètres.(…) M. Papon, préfet de police, et M. Leglay, de la police municipale, assistaient à ces horribles scènes ».
Elle laisse passer un ange noir avant de poursuivre :
— On se souvient des conditions dans lesquelles le père de mon client est mort.
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