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Critiques de Gérard de Cortanze (256)
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Le roi qui voulait voir la mer

Le voyage de Louis XVI à Cherbourg en juin 1786, au lendemain du procès consécutif à « l’affaire du collier », m’était connu depuis « Les hommes de la liberté » où Claude Manceron s’attarde longuement sur la rencontre du Roi et de Charles François du Perrier du Mouriez, plus connu sous le patronyme Dumouriez, héros de Valmy.



Gérard de Cortanze adopte une narration plus intimiste, moins historique, centrée sur le Roi, qui sort de Versailles pour découvrir son royaume et ses habitants, se rend en Normandie, à Cherbourg, pour voir l’avancement des travaux du port destiné à protéger la cote normande des incursions de la perfide Albion.



Nous suivons le cortège royal traversant Caen, visitant Valognes et arrivant sur le littoral, permettant au monarque âgé de 36 ans de découvrir la mer. Cultivé, fort bien renseigné grâce aux fiches de son frère Artois, Louis XVI stupéfie ses interlocuteurs par sa grande connaissance des vaisseaux et des projets cherbourgeois.



Ce voyage multiplie les rencontres informelles avec les normands et permet au monarque de découvrir la misère d’une partie de la population et l’attachement des paysans à sa personne, au grand dam de ses ministres et conseillers. Le retour à Versailles est marqué par contre à partir de Mantes par des manifestations hostiles et des bousculades avec la garde.



Roman passionnant pour qui s’intéresse à l’histoire, à la Normandie et à la Royale. L’auteur évoque la Révolution, la chute de Louis XVI et l’abandon du rêve cherbourgeois.



Ce projet stratégique sera repris sous l’empire, et en 1813, Marie-Louise, alors régente, se rendra à Cherbourg du 26 au 31 aout pour voir son achèvement, un an avant la fin de l’Empire.



De là à penser que les étapes à Cherbourg signent les fins de règne …

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Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre

Troisième roman de Gérard de Cortanze que je lis. Après Laisse tomber les filles roman assez léger, j'ai eu le très grand plaisir de découvrir Femme qui court (Prix Historia 2019) qui retrace l'épopée de Violette Morris. Et voilà que je découvre à ma médiathèque favorite son dernier roman Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre, qui comme le titre l'indique, va suivre, cette fois la vie de Tina Modotti, que, grande lacune de ma part, j'avoue ne pas connaître.

Le livre débute en 1896 par un mini résumé de la situation un peu partout dans le monde, pour arriver en Italie, à Rome, au Frioul, faire escale à Udine, ville située au coeur de cette région et s'arrêter enfin au numéro 113 de la via Pracchiuso, où le 17 août 1896, une femme accouche. le bébé est le troisième enfant de Assunta et Giuseppe Modotti. Il s'agit d'une fille prénommée Assunta Adelaïde Luigia, vite surnommée Tina. La mère est couturière et le père, mécanicien, fait partie des 10 à 15 000 activistes qui répandent la théorie marxiste.

Des raisons économiques et politiques poussent la famille à partir et à s'installer à Klagenfurt, Tina est à peine âgée de deux ans. Ils y resteront jusqu'en 1905 puis la vie en Carinthie devenant de plus en plus difficile, plutôt que de souffrir loin de leur patrie, ils rentreront à Udine. Mais Giuseppe pense comme beaucoup d'autres que la solution ultime pour échapper à la misère est le départ aux Amériques, d'autant qu'il est surveillé de près par la police, eu égard à ses activités politiques.

Il décide donc de partir rejoindre son frère Francesco aux Stati Uniti, le 19 juin 1905. Ce n'est pas une fuite mais un projet. Il partira et fera venir le reste de sa famille dès qu'il aura pu réunir la somme nécessaire au voyage. En 1911, Mercedes, l'aînée sera la première à le rejoindre. Tina se retrouvera en quelque sorte soutien de famille. Elle doit quitter l'école et s'engager dans des ateliers de filatures et travailler douze heures par jour. "Cette lutte incessante contre la pauvreté va la marquer à jamais." Petite lueur d'espoir avec l'oncle Pietro, photographe réputé, qui lui apprend les rudiments du métier. C'est avec lui "qu'elle vit ses premiers contacts avec cet art si particulier." mais cela ne suffit pas au bonheur et à l'équilibre de Tina, épuisée par le travail. Elle décide, un matin de 1913, d'embarquer pour Gènes avec pour destination finale : l'Amérique.

Après une traversée infernale de deux semaines, jusqu'à New York, un voyage de huit jours en train la conduira à San Francisco où l'attendent son père et sa soeur Mercedes. Elle trouve rapidement un emploi de couturière puis de mannequin. D'une beauté légendaire, elle devient une vedette du cinéma muet puis photographe. "Tina vécut pleinement ses turbulentes années de jeunesse avec fougue et liberté." Elle devient amante du photographe Edward Weston qui la fera poser pour lui (À noter le détail d'une de ces photos, magnifique, imprimé sur le bandeau du livre : l'iris blanc).

Elle voyage, se rend au Mexique, côtoie de nombreux intellectuels et artistes dont Diego Riviera, Frida Kahlo et tombe amoureuse de Julio Antonio Mella, révolutionnaire cubain en exil, avec qui elle vivra quelques mois intenses et dont l'assassinat bouleversera sa vie. Elle deviendra alors une militante révolutionnaire à part entière. Expulsée du Mexique, elle se rendra à Berlin, Moscou, Paris, en Espagne...

J'ai été complètement époustouflée par la vie intense de cette femme inclassable, tellement forte et talentueuse, qui s'est cherchée sa vie durant et qui a connu à la fois les montées en puissance du communisme et du fascisme, fascisme qu'elle a combattu toute sa vie. Elle a par ailleurs, toujours défendu sa propre liberté et celle d'exercer son art. J'ai vraiment été fascinée par cette forte personnalité, toujours en recherche d'esthétisme et qui n'a jamais dissocié la politique de la photographie.

Gérard de Cortanze, dans ce livre formidablement documenté où les éléments de la vie de Tina font très souvent référence à des lettres ou à des citations de ses contemporains met en lumière, une fois encore une femme d'exception !

Tous les titres de chapitre sont extraits de lettres écrites ou de propos tenus par Tina Modotti, pour exemple, les deux premiers :

1 - J'aime me balancer du haut du ciel.

2 - Je sens qu'il doit exister quelque chose pour moi, mais je ne l'ai pas encore trouvé.

J'ai lu ce roman avec une grande curiosité, tant il retrace une vie trépidante, hors du commun et menée à une allure plus que soutenue.



À noter qu'une minisérie télévisée de six épisodes sur la vie de Tina Modotti est en développement, avec Monica Bellucci dans le rôle principal et que quatre pièces de théâtre sont également en préparation.


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Femme qui court

Femme qui court, de Gérard de Cortanze, retrace la vie ou plutôt l'épopée de Violette Morris et le titre est particulièrement représentatif du roman. Quelle sportive, quelle femme et quelle époque !

Violette est née en 1893. Elle découvre très jeune une passion pour le sport. Elle va devenir une sportive polyvalente de haut niveau, une athlète hors normes. Elle excelle dans tous les sports qu'elle explore : lancer de poids, du javelot, du disque, natation, cross-country, boxe, football, water-polo, cyclisme, course automobile, aviation. Elle a accumulé victoires et exploits et elle est l'une des sportives françaises les plus titrées de l'histoire. C'est une championne toutes catégories. Sa devise était « ce qu'un homme fait, Violette peut le faire ».

Cette extraordinaire carrière sportive, à une époque où le sport est le symbole de la virilité, de la force propre des hommes, l'auteur nous permet de la comprendre en nous faisant vivre sa vie de femme. En effet, quelle femme elle fut !

Violette, une allure de garçonne, anticonformiste, était avant tout éprise de liberté et affichait ouvertement sa bisexualité. Elle s'habillait en homme : complet, gilet, veston avec cravate et portait les cheveux courts à une époque où ceci n'était pas toléré par l'usage.

La bonne société était terrifiée par cette personne capable de donner de mauvaises idées d'émancipation à la gente féminine et les hommes, eux, ne supportaient pas qu'une femme leur tienne la dragée haute et les batte sur leur propre terrain.

Violette Morris pensait qu'elle avait droit à la liberté mais, malgré ses victoires prestigieuses, elle finira par être interdite de stade et exclue en 1930 de la Fédération française sportive féminine. Sa carrière sportive sera définitivement stoppée.

Elle va alors faire une brève carrière dans les cabarets des Années folles où elle tombera amoureuse de Joséphine Baker et Yvonne de Bray grâce à qui elle rencontre Cocteau et Marais. Mais la guerre est là et Violette, criblée de dettes, va tenter de se refaire dans la collaboration, en participant au marché noir, notamment pour répondre à sa passion pour l'automobile. Elle finira abattue dans une voiture, le 26 avril 1944, à l'âge de 51 ans, alors qu'elle conduisait une famille à Paris. Elle devait, au retour, partir avec Annette, son dernier amour, rejoindre Alain Gerbault, à Bilbao. Cet homme était pour elle le symbole de la liberté. Elle ne savait pas qu'il était décédé depuis déjà trois ans. Qu'importe, elle ne le saura jamais.

J'ai été véritablement passionnée par cette vie si riche, si héroïque, si extraordinaire que Gérard de Cortanze retranscrit d'une façon admirable. Je ne connaissais Violette Morris que de nom et, tout au long du roman, j'ai été constamment captivée, me demandant comment cette héroïne qui suscitait tant de crainte et rejet, avait pu aller de l'avant.

L'auteur a su redonner à cette femme remarquable qui s'est battue toute sa vie pour simplement se faire respecter et vivre libre, une place d'honneur qu'elle mérite amplement. Elle a su faire entrer dans les esprits que les femmes, elles aussi, avaient le droit de pratiquer la compétition sportive, n'en déplaise à Monsieur de Coubertin.

Un excellent roman !

Un siècle plus tard, il ne faut toutefois pas pavoiser et ne pas baisser les bras. En effet, le sport féminin, même si maintenant il est accepté, reste néanmoins beaucoup moins bien retransmis et commenté par les médias et je ne parle pas de la différence de salaire entre les professionnels.

Pour ce qui est de l'homosexualité, rien n'est gagné. Bien sûr, les mentalités ont évolué mais nous devons toujours rester vigilants. Il faut sans arrêt prôner la tolérance.


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Le roi qui voulait voir la mer

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages ...

Et, comme le le sous-préfet alla aux champs, le roi vint à la mer, avec curiosité, délice et gourmandise ...

"Le roi qui voulait voir la mer" est un roman historique de Gerard de Cortanze, publié en 2021 aux éditions "Albin Michel".

En juin 1786, au grand dam de son entourage et de ses conseillers, le roi Louis XVI a décidé d'aller à la rencontre de son peuple.

Mais pas de n'importe quel peuple, non !

Et pas n'importe où ... En Normandie !

Où ça ?

En Normandie ... mais ma parole, vous débarquez !

le bon roi Louis le seizième voulait embarquer.

Il voulait voir la mer ...

A la lecture de ce livre de Gerard de Cortanze, irrésistiblement l'on sent remonter son âme de bon peuple, l'on a envie d'aimer ce roi, de protéger cet homme des dangers et de l'orage dans lequel va le précipiter L Histoire.

Nous avait-on d'ailleurs déjà présenté ce roi comme l'a fait ici Gérard de Cortanze ?

Cet homme curieux, plein d'esprit, pétri de culture et empreint de générosité, avait-il été vraiment présenté à la République naissante ?

Serait-ce un inconnu que cette dernière a guillotiné ?

Sinon quoi ? Ne lui aurait-elle pas fait merci ?

Prospective, analyse fidèle à L Histoire, ou les deux à la fois ?

Ce livre est magnifique.

Il fait d'abord le portrait d'un homme.

Cet homme est le roi, mais il a perdu la puissance que possédaient ses aïeux.

C'est que les temps ont bien changé, ma pauv' dame !

Le roi est isolé à Versailles, entouré de courtisans qui ne lui veulent pas tous que du bien.

Il ne peut compter ni sur le clergé, ni sur la noblesse qui sont arcboutés sur leurs privilèges.

Mais la vieille société s'effrite.

Le roi le sait tant et si bien qu'il a imprimé à son règne de nombreuses réformes, toutes généreuses et tournées vers l'avenir.

Le roi est épris des choses de la mer, le roi qui s'entoure aussi de livres, de bons livres.

Il s'est passionné pour l'expédition de la Pérouse dont il est partie prenante.

Le roi veut donc voir la mer.

A Cherbourg, en Normandie, là où le parler grasseye ; là où il fait toujours beau, au moins quelques minutes, quelques heures par jour, entre deux averses, deux orages, deux tempêtes ; là où flotte encore cet esprit superstitieux et magique qui a soufflé même sur le livre de Gérard de Cortanze un tout petit air d'oracle fantastique.

Il faudra passer par Caen, Sainte-Mère-Église, Valognes et même Saint-Vaast la Hougue ...

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?

Valognes ... le carrosse royal arrive en vue du Versailles normand, où la rue principale qui menait au couvent des bénédictines ne comportait pas moins d'une centaine d'hôtels particuliers.

Quel beau voyage, mes aïeux !

Avec au bout de la terre, la mer qui attend patiemment l'arrivée du roi et la marée qui, pour lui, sera à l'heure ...

Ce livre est d'une richesse étonnante.

C'est d'abord un portrait étonnant, inséré dans un récit presque surprenant.

Mais c'est aussi une pertinente analyse enchâssée dans une plausible prospective, une évidence imbriquée dans une fiction.

La part de réalité se sera arrêtée là où a commencé l'imagination du romancier.

C'est l'arbitrage de l'historien qui en situera la frontière.

Le plaisir de la lecture n'en sera pas modifié.

L'ouvrage viendra se clore sur la tragédie que l'on sait, sur la triste fin d'un roi qui aurait pu être grand et glorieux s'il n'avait pas été si humain et miséricordieux.

Et à Cherbourg, les flots en vinrent à recouvrir aussi les cônes visités par Louis le seizième ... jusqu'au dernier qui aura quelques temps servi de vigie pour embouquer la passe orientale du port ...







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Femme qui court

L'historienne, Marie-Jo Bonnet, avait déjà rétabli la vérité en 2011 avec Violette Morris, histoire d'une scandaleuse, et son livre est maintenant adapté en bande dessinée. Cela permet de couper court aux jugements hâtifs, aux procès bouclés d'avance. Voici que Gérard de Cortanze (Laisse tomber les filles) s'invite dans la danse avec Femme qui court, un roman passionnant que j'ai pu apprécier grâce à Babelio et aux éditons Albin Michel.

En 1903, Violette Morris (10 ans) dont les parents - père indifférent, mère hostile - se sont débarrassés en la mettant en pension au couvent de l'Assomption, à Huy (Belgique), est encore sous le choc de l'abandon. L'amitié puis l'amour de Sarah lui seront un précieux réconfort.

Avec un talent de conteur indéniable, Gérard de Cortanze déroule une vie peu ordinaire avec d'infinis détails, ceux qui expliquent certains choix, et un sens du roman bien utile lorsque des sources ont disparu.

C'est dans ces années de pensionnat que Violette Morris trouve dans le sport, une façon de s'affirmer et de s'épanouir. Elle y apprend aussi à aimer les filles et se dégoûte de certains hommes lorsqu'elle est agressée et violée par le jardinier du couvent.

Aucun sport ne rebute Violette. Elle excelle partout : courses, lancers, sauts, avant d'essayer haltérophilie et boxe. C'est dans cette dernière activité qu'elle commence à se faire des relations douteuses mais qu'importe, Violette veut s'affirmer, prouver à tous qu'une femme peut pratiquer tous les sports malgré l'hostilité de la société.

À 20 ans, Violette va au bal et rencontre Cyprien Gouraud : « Violette, qui avait tant manqué d'amour dans son enfance, était en réalité ce que personne ne pouvait deviner : une géante aux pieds d'argile, que la plus petite attention, le moindre signe d'intérêt faisaient vaciller, éperdue d'amour et de reconnaissance. » Avant d'épouser cet homme, elle participe, seule femme, à des courses cyclistes et finit toujours avec les meilleurs, ce qui indispose beaucoup de monde.

Ambulancière, messagère motocycliste durant la Première guerre mondiale, elle bat ensuite tous les records en athlétisme, se lance à fond dans le football. Violette ajoute le sport automobile et la moto à sa palette mais elle est méprisée, trainée dans la boue dans les journaux de l'époque.

Le pire, c'est quand la Fédération du sport féminin lui retire sa licence. Elle fait un procès, le perd, se met au music-hall sous la houlette de Joséphine Baker, côtoie Jean Cocteau, l'actrice Yvonne de Bray puis c'est la seconde guerre mondiale, l'occupation et Greta, cette amie allemande, connue sur les stades, qui l'entraîne…

Pourquoi ne résiste-t-elle pas, elle qui aime profondément son pays ? La mécanique infernale est bien démontée. Violette Morris est le bouc-émissaire idéal pour endosser les plus vils traits de l'âme humaine.

Violette m'a rappelé, par certains traits, le destin tragique de Pauline Dubuisson, si bien raconté par Philippe Jaenada. C'était une femme courageuse, forte, trop en avance sur son temps. Elle s'est battue, a lutté, s'est laissée entraîner, n'a pas su vraiment choisir le bon camp mais elle reste une grande sportive et une femme héroïque.


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Frida Kahlo, le petit cerf blessé

À travers plusieurs « tableaux », Gérard de Cortanze dresse le portrait de Frida Kahlo, le petit cerf blessé. Une vie de souffrance sublimée par la peinture, la politique, l'amour de la vie et des autres.

Si certains événements sont répétés c'est pour les voir sous différents angles avec d'autres personnes qui gravitent autour du couple Rivera-Kahlo, ces fils s'entrecroisent tissant la toile de sa vie. Une vie difficile faite de lutte pour vivre, de pertes avec ses fausses couches, des amours malheureuses avec son mari et de nombreuses aventures avec des hommes et des femmes : « L'amour dure autant de temps qu'il donne du plaisir ». Une vie que Frida mord à pleines dents.

C'est aussi un témoignage passionnant sur le Mexique de la première moitié du vingtième siècle, ses traditions, l'art, la politique, la vie intellectuelle avec de très nombreuses personnalités, une période fertile de ce pays.

C'est un livre magique, j'ai été subjuguée par la luminosité de Frida Kahlo. Un livre qui m'a portée grâce à la jolie plume de Gérard de Cortanze. Une vie transcendée où la porteuse de cette beauté terrible s'est vue au fond d'elle-même et a puisé ses forces les plus profondes pour nous donner cette oeuvre magnifique à voir et à revoir.

Un grand merci aux éditions Libretto.

#Frida Kahlo, le petit cerf blessé#NetGalleyFrance

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Laisse tomber les filles

J'ai tardé à écrire une critique car ma lecture a été laborieuse, hésitante et sans beaucoup de relief.

Je me suis retrouvé en conférence de rédaction à balayer les sujets divers avec la ferme recommandation de ne pas dépasser cinquante caractères pour tel ou tel sujet. J'ai ressenti une certaine frustration. Pas d'angle d'attaque. Peu de profondeur. Un projecteur sans éclat!

Pourtant ce sujet m'interpellait car l'actualité des années 60/70 a éveillé mes tous premiers questionnements d'enfant, a accompagné mon adolescence et ma prime jeunesse. Des changements forts, mêmes radicaux ont bousculé le ton poudré des échanges entre les jeunes et leurs parents, faits de non-dits, de sujets tabous et de codes imposés, quels que soient les milieux auxquels ils appartenaient me semble- t-il. Au moment où j'écris je pense au Petit Nicolas de Goscinny qui reflète si bien l'ambiance, la place de la femme et ses préoccupations, le sens de la famille, la hiérarchie dans l'entreprise, les priorités, l'école, la morale dans les années 60. .

Evolution, révolution, mutation, rupture, des événements en chaîne, des coups de pieds magistraux, ont fait voler en éclat les règles établies. Dans la vie d'un jeune il y a : avant 68 et après 68. de cela je reste convaincue.

Tout est consigné dans cet ouvrage. Une véritable encyclopédie où chaque soubresaut sociétal ou politique, qu'il se manifeste en France ou à l'étranger alterne avec l'histoire de quatre jeunes gens représentant des milieux différents, Lorenzo, Antoine , François et Michèle. Les trois garçons sont amoureux de Michèle…. évidemment et représentent ce qu'il était de bon ton dans ces années là, le changement. Ils incarnent presque mot à mot, fait pour fait, ce que la jeunesse de cette époque comptait dans ses rangs : le blouson noir « prêt à arpenter la terre à pied par amour de l'humanité » est incarné par François. Antoine lui « voudrait changer par l'action la société ». Quant à Lorenzo, « confiant, réfléchi » il fait du théâtre et rejoins plutôt, sans prendre de risques inutiles, le camp des intellectuels. Michèle est préoccupée par la place de la femme dans la société, la régulation des naissances.. le compte est bon ! le tour est joué…

Alors tout est parfait semble-t-il. L'Histoire se mêle généreusement aux personnages, seulement voilà ! il m'a manqué ce petit supplément d'âme qui fait qu'un ouvrage ne ressemble à aucun autre surtout pas au magazine « 24 heures d'actualité »diffusant à l'époque les têtes de chapitres que l'on devait absolument savoir pour avoir l'air de tout savoir sans donner l'impression de se tromper.

Il m'a manqué cette fougue des étudiants au quartier latin lors des manifestations les plus cinglantes. Je n'ai pas pu lire le caractère dramatique de la guerre du Vietnam. Je n'ai pas ressenti cette insouciance mêlée d'enthousiasme et d'insolence lorsque Françoise Sagan, Brigitte Bardot, Vadim et tant d'autre portaient en étendard les couleurs de St Tropez. Je n'ai pas eu de creux à l'estomac ni de fourmis dans les jambes lorsque l'auteur nous parle du rock and roll, de twist ou de madison ! La vague des hippies et leur philosophie complètement inédite, colorée, inattendue quelque peu utopique m'a laissée de marbre. Je n'ai pas imaginé une seule seconde les français scotchés devant leur petit écran en noir et blanc pour voir ébahis, Amstrong marcher sur la lune. Pour résumer je suis restée collée à terre !

Et pourtant j'ai tant éprouvé de bien-être lorsque Jean-Michel Guenassia évoquait cette période (Le club des incorrigibles optimistes) avec la précision d'un métronome, mais avec des petits nuages qui calaient les événements et les rendaient souples, mobiles, digestes, bien dessinés et terriblement évocateurs. Je sais bien qu'un écrivain peut nous parler de la grande Histoire avec le plus grand sérieux et l'édulcorer avec une romance (au choix) sympathique, prenante, oppressante, surprenante, violente mais toujours imaginative. Tout cela est possible ! je l'ai lu. J'en suis certaine.

Alors je referme ce bouquin que m'ont si aimablement offert Babelio et les éditions Albin Michel que je remercie avec une légère amertume. Celle de ne pas honorer un cadeau. Celle d'être passée à côté d'une mine de documents, une mine de connaissances, une mine d'informations. D'avoir fermé les yeux sur un travail colossal de documentation, d'avoir mis de côté la chronologie, l'exactitude des faits relatés.

Cependant, je les remercie bien chaleureusement.

Je terminais « Laisse tomber les filles » lorsque j'ai appris le décès de France Gall. Alors le titre m'a titillée. Une voix tour à tour cristalline et acidulée est venue rôder près de moi et m'a rappelé les passages en boucle de certains morceaux. Il m'a rappelé que j'ai vécu ces années 60 avec une « pêche » incroyable ! j'ai beaucoup chanté, beaucoup dansé, beaucoup espéré, beaucoup aimé la vie et pour cela, au fond, je remercie vivement Gérard de Cortanze d'avoir écrit ce texte.





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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Femme qui court

Femme qui court de Gérard de Cortanze est un ouvrage consacré à la sulfureuse Violette Morris, qualifiée généralement et pour faire bref , de sportive lesbienne collabo, et surnommée "affectueusement" par Auguste Le Breton la « Hyène de La Gestap' ». On l'a croisée dans Ronde de nuit de Modiano, dans Histoires de ma vie de Jean Marais, et plus récemment dans une bande dessinée signée Kris, Violette Morris. A abattre par tous les moyens.

Violette, fille du baron Pierre Jacques Morris, vécut loin des siens dans un couvent, où elle prit goût à l'exercice physique. Elle s'illustra dans de nombreux sports, devint l'une des Françaises les plus titrées, battant des records nationaux et mondiaux. Athlète infatigable, aucune discipline ne lui résistait, l'athlétisme, la natation, la boxe, la course automobile… Sa maxime: « Ce qu'un homme fait, Violette peut le faire. » Elle se porta donc volontaire au cours de la première guerre comme estafette.

Dotée d'un caractère ombrageux, elle n'hésitait pas à se battre, refusa de porter des jupes à la demande de la fédération française, ce qui lui valut de ne pas être qualifiée aux Jeux Olympiques d'Amsterdam. Figure des années folles, icône féministe, elle fut la maitresse de Joséphine Baker, se fit faire une ablation de la poitrine (qui la gênait pour conduire), porta costume et cheveux courts, s'essaya à la chanson... Maîtresse de l'actrice Yvonne de Bray, elle fut aussi l'amie de Marais et surtout de Cocteau qu'elle et Yvonne hébergèrent sur sa péniche. ll s'inspira de leur relation conflictuelle pour écrire sa pièce Les monstres sacrés.

Violette Morris fut toujours considérée comme un monstre, une anomalie, une lesbienne rivalisant avec les hommes, une dangereuse harpie (elle avait abattu un cambrioleur), une aberration de la nature, une hommasse très moche.

Là où les choses se corsent, c'est à partir de 1936, lorsque Violette est une invitée d'honneur aux Jeux Olympiques de Berlin. Dès lors, la légende noire de la Morris prend forme, car elle va devenir pour la postérité une espionne au service du Reich ainsi q'une auxiliaire zélée de la Gestapo française pour laquelle elle torture rue Lauriston, raison pour laquelle elle est abattue avec d'autres personnes en 1944 par des membres du réseau Surcouf..Ses titres tombent dans les oubliettes, elle devient l'équivalent féminin de Jacques Cartonnet l'ancien champion de natation collaborateur notoire.

Ce n'est pas l'ouvrage de Gérard de Cortanze qui a éclairé ma lanterne dans cette affaire. L'auteur veut réhabiliter Violette Morris, et consacre la grande partie de son ouvrage aux années de formation de l'athlète, à la première guerre, aux années folles . La seconde guerre mondiale n'occupe que cent petites pages, où il n'entre pas dans la polémique, et dont quatre seulement sont consacrées au "dossier Morris ». Gérard de Cortanze focalise son livre sur la personnalité d'une femme sans doute née trop tôt, refusant toute compromission, vivant comme elle l'entend, et on comprend qu'elle exerce sur lui une certaine fascination. Dans Femme qui court, elle est le bouc émissaire d'une époque qui ne lui pardonne ni son ambivalence, ni son indépendance.

Violette Morris est en effet un personnage singulier, atypique, sur lequel d'ailleurs les historiens n'accordent pas leurs violons. La Gestapo et les Français de Dominique Lormier, Violette Morris, histoire d'une scandaleuse de Marie-Jo Bonnet, ou bien Violette Morris, la hyène de la Gestapo de Raymond Ruffin en dressent des portraits contradictoires. Je prends donc Femme qui court comme une l'incroyable itinéraire d'une garçonne et d'une grande championne puisque la partie biographique qui m'intéresse le plus n'est pas au coeur du récit.

Je remercie les Editions Albin Michel pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Femme qui court

J'ai découvert par hasard avec « Zazous »Gérard de Cortanze et l'on m'a proposé à la médiathèque « Femme qui court», un ouvrage mi- historique , mi- roman , en fait une biographie romancée, qui retrace et tente de réhabiliter Violette Morris .



Beaucoup de choses ont été dites déjà, je tenterai de faire court ....



Née en 1893 , fille du conte Pierre Jacques Morris qui l'ignora superbement , dans une indifférence glacée et de la baronne Morris , de dix plus jeune qui rejeta sa fille , ne lui donna aucun amour : elle avait perdu un petit Paul , quelques années avant.



Mal aimée, âgée de 17 ans , en 1910, Violette est élève au couvent de l'assomption à Huy.



Encadrées par des professeurs d'éducation physiques , les jeunes pensionnaires y découvrent le sport . Violette, indépendante , ignorée par ses parents y vit un moyen de «  mettre sa violence en cage. »

Les années passant devenue une championne exceptionnelle elle enchaîne les championnats d'athlétisme , se passionne pour le cyclisme , remporte de nombreuses courses , bluffant les hommes , parfois la seule femme.

Elle pratique le poids , le javelot, le disque, le football , la boxe , le water polo et surtout la course automobile ...

Quand la guerre de 14 éclate elle est ambulancière puis motocycliste de liaison .

Dévoreuse de femmes, assoiffée d'amour constamment ,elle fut l'amante de Sarah, sa compagne de couvent , de Josephine Baker, d’Yvonne de Bay , comédienne, l'amie de Jean Cocteau et Marais, contemporaine de Colette ,admiratrice d'Alain Gerbault, célèbre navigateur disparu en mer en 1941....

Elle s'habillait en homme, garçonne aux cheveux courts ,pantalon et monocle, elle alla jusqu'a pratiquer une mastectomie par pure provocation ....



Boulimique de vie, vilipendée par les journaux, constamment rejetée , elle prend la direction du

garage Pershing , réquisitionné par la Luftwaffe et pratique le marché noir .



Elle meurt au volant d'une voiture traquée par les résistants ....



Dotée d'un caractère ombrageux , Fascinante et scandaleuse , atypique et ambivalente, insolite et superbe, visionnaire dans le milieu des sports , audacieuse , amoureuse folle, désirant toute sa vie être reconnue , considérée comme une anomalie , un monstre , une lesbienne, une espèce de harpie violente, acharnée, culottée , impatiente, provocante , qui n'hésitera pas à abattre un cambrioleur , ancien jardinier qui l'avait violée...



Elle cristallise tous les regrets , les fantasmes ,les conflits culturels , les fureurs , dans lesquels notre époque peut se reconnaître ....

De son enfance à sa mort elle sera jugée , honnie , farouchement détestée dans une France corsetée dans son conformisme, incarnant tous les démons refoulés ..



Il fallait le talent extraordinaire de conteur de Gérard de Cortanze pour retracer la vie de cette sportive de haut niveau , de sa naissance à sa mort, au sein de ce roman entraînant ,passionnant , riche , flamboyant.



Un dernier livre parut plus de quarante après sa mort «  La sorcière de la Gestapo » qui décrivait une Violette perverse dès l'enfance ....Je n'en dirai pas plus....



Cette femme libre , hors du commun, inclassable, extraordinaire est née soixante ans trop tôt ...bien trop en avance sur son temps ..



J'ai été emportée par les témoignages, les développements intellectuels, les recherches minutieuses, les pistes proposées, l'ambiance des époques évoquées avec justesse par le travail de documentation de l'auteur , son esprit pétri d'humanité , son écriture fluide, imagée son souci des détails , parfois poétique..

Il restaure avec dignité le parcours d'un femme à la légende noire , celle d'une femme libre, féministe ,insolente , trop en avance sur son temps .

Je conseille ce roman qui emporte dans la tourmente, que l'on ne lâche pas...

Il peut ne pas plaire à tout le monde !



Un Merci chaleureux à Claire de la médiathèque de me l'avoir conseillé .



Bien sûr je n'avais jamais entendu parler de la «  Scandaleuse », hors de son temps , née trop tôt ...

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Zazous

L'auteur nous livre un roman mi- historique , mi- frictionnel qui nous plonge en plein coeur de la deuxième guerre mondiale, du début de l'envahissement ennemi jusqu'à la libération sous un angle original.: chaque jour, au café Eva, une bande de zazous se retrouve pour écouter du jazz.

Être Zazou, jeune et libre mais peut - on être sérieux quand on a Quinze Ans ?

Être Zazou ? :

Ils portent des vêtements originaux, vestes longues à carreaux , toupets frisottés et cheveux longs pour les hommes , jupes très courtes , maquillage appuyé pour les femmes .....



Comment vivre sous l'occupation?



Josette, .Pierre et Jean sont lycéens , Sarah, coiffeuse, Charlie trompettiste , Marie , danseuse, et Lucienne apprentie mannequin , Henri revenu du stalag XIII. ....



Le monde est à feu et à sang mais eux se passionnent pour le nom d'un batteur ou d'un clarinettiste , écoutent les airs les plus Hot, c'est leur façon de résister , ils aiment la musique, dansent le swing , lisent des livres interdits , chaussent des lunettes de soleil sans cesse, privés de leur Jeunesse ils essaient quand même de profiter au maximum ,——-swing, swing , swing ——



Cette jeunesse insolente , avide de plaisirs dans un Paris occupé rit derrière la peur, fait la nique à l'occupant à sa manière , sème la panique dans les théâtres et les salles de cinéma , y pousse des cris d'animaux , dépose une gerbe le 11 novembre sous l'arc de triomphe, arbore par provocation et solidarité l'étoile jaune , barbouille le V de la victoire un peu partout , perturbe , se rebelle, s'enflamme sur fond de musique déferlante de Django Reinhard à Charles Trenet à Yves Montand et bien d'autres ....



La bande son virevoltante nous accompagne jusqu'à plus soif, au coeur d'un fait de société, ignoré, ces Zazous, qui seront traqués par les nazis, pourchassés par les collabos, rejetés par la résistance mais l'Histoire n'est pas si simple .....



L'auteur rend hommage à ces adolescents sur fond de Jazz , aux accents exaltés de comédie musicale, qui ne veulent pas tant « changer la vie »qu'empêcher qu'on ne « leur confisque leur jeunesse .... »



Amitiés et amours, confrontations , explorations d'histoires compliquées et torturées , condamnations à mort, assassinats , rafles , restrictions, rumeurs infernales , bombes ,dénonciations , petites histoires mêlées à la Grande Histoire , ce roman recense le réel où la lâcheté côtoie l'inconscience, l'innocence et la lâcheté, la cruauté ....et la belle figure de Josette , jeune orpheline forte dont le destin transcendera les autres . N'en disons pas plus ...

Un livre tendu,vivant, émouvant , poignant , sous la botte allemande surtout dans les dernières parties , gorgé de références culturelles: films , ouvrages, musique , pièces de théâtres , spectacles à Paris, quotidien en guerre ..

Attention: la surabondance musicale peut fatiguer ou énerver ...

«  On ne gagne la guerre qu'avec des chansons . »



Emmanuel D'astier de la Vigerie .



«  Il faut du swing.

Le swing n'est pas une mélodie

Le swing n'est pas une maladie

Mais aussitôt qu'il vous a plu

Il vous prend et n'vous lâche plus . »



Johnny Hess, Je suis swing ..















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Pierre Benoit : Le romancier paradoxal

Géraaaaaaaard.. il faut que je te parle !

J'ai été trop bon avec toi quand tu publiais tes fredaines grand format.

Fais attention, Géraard, tu es sur une pente savoveu... sevonneu... savonneuse !

Aujourd'hui, c'est un petit livre qu'il te faut, mais demain tu publieras que des Sagas.

Gérard écoute ton vieux lecteur qui te dit de laisser tomber tes romances insipides, écrites pour le Prisunic.

Trouve encore un auteur peu connu, Dekobra ou Guy des Cars peut-être ?, et apprend nous l'essentiel comme tu as su le faire là.

Car finalement, tu t'en sors plutôt bien de cette biographie.

Je savais peu de choses à propos du petit Pierre Benoit, et ma curiosité, affutée dans les diverses salles d'attente au contact de Gala (Dali ne joue aucun rôle ici), a été comblée.

Aucunes maitresses n'a été oubliées...ni la description des différentes demeures et des nombreux voyages.

Même la maladie était au rendez-vous (sa pauvre femme), et son chagrin admirable...

Finalement c'était un bon petit gars le Pierrot ! et les envieux de véritables peaux de vache...

Pour te prouver mon enthousiasme je vais même me fendre d'une liste de ses livres ! pour le feeling et te faire comprendre ce qu'est un roman...

Ah, elle est jonie la jeulesse !

Heureusement qu'on vous a pas attendus en 40, elle aurait été belle la France aujourd'hui !



Post-scriptum .

Toute ressemblance avec un sketch n'est pas fortuite.
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Une jeune fille en feu

En vous engageant dans cette lecture, vous quitterez notre époque et nos mentalités pour partager les mœurs médiévales quand le viol était pratique courante et pour suivre la vie de “Christine l’admirable”.



Était-elle démoniaque ou sainte ? Elle subira toutes les épreuves pour tenter de répondre à cette question.

Au final, elle sera une femme libre, opposée aux pratiques ecclésiastiques dictées par les hommes.



Gérard de Cortanze nous fait prendre conscience que l’Eglise a toujours maintenu la femme sous le joug de l’homme car si Adam a ”accouché” d’Eve, cela démontre la supériorité de l’homme sur la femme !

Cinq diablesses signent alors la révolte contre l'ordre ecclésiastique en revendiquant le droit de vivre librement leur religion : “Non, la femme n'est pas celle qui a provoqué tous les malheurs de l'humanité. Les Pères de l'Eglise ont tort ! Vos prêtres, vos maris ont tort !”



Pour faire vivre son roman, l’auteur utilise des tournures et un vocabulaire désuet qui servent l’immersion dans cette histoire : “J’ai, bien caché, dans un coffre de l'évêché, protégé par force ferrures, moraillons et autres auberons, un certain Conciliator que notre homme a fait publier à Venise.”



Il sait nous passionner avec le récit de ce que vivent ces femmes en donnant une modernité à cette histoire due aux revendications “féministes” de celles qui “portent haut le cri des femmes, le cri de leur foi, leur volonté d’existence, leur appétit de vivre, leur inébranlable fierté…”

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Laisse tomber les filles

J'ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération « masse critique spéciale» et je remercie vivement Babelio et les éditions Albin Michel qui m’ont permis de le découvrir



Dans ce roman, l'auteur nous propose de suivre le parcours de quatre jeunes gens : Antoine, François, Lorenzo et Michèle durant une période s'étalant de 1963 à 2015.



On va retrouver les années Yéyés et leur insouciance, avec tous les standards musicaux de l'époque, l'assassinat de JFK, la montée en puissance d'un nouveau média : la télévision, puis Mai 68, les grèves, les manifs, le conflit des générations, le bac et ensuite, chacun sa route. Les copains « qu'on n'oubliera jamais » s'éloigne, avec des vies différentes, des non-dits, même des secrets.



« Sa génération est celle de l'émergence quais-mécanique d'une nouvelle classe d'âge qui est aussi un nouveau groupe social : les adolescents – filles et fils de la prospérité. le mot existe depuis plusieurs siècles, « adolescent », mais n'a jamais été utilisé dans ce sens. » P 14



Gérard de Cortanze a choisi de s'étendre sur les années 60 (année par année, voire mois par mois au début), sur 290 pages, puis se livre à des sauts dans l'espace marqués par quelques évènements : les années Mitterrand, la Perestroïka de Gorbatchev, la chute du mur de Berlin… le seul lien étant les brèves rencontres entre les protagonistes.



Chacun a suivi une trajectoire, ou une fuite en avant qui lui est personnelle : François dans la drogue, Lorenzo, mon personnage préféré, qui écrit des pages et des pages, rêvant sa vie plutôt qu'il ne la vit, pour faire « son grand livre » …



Je n'ai pas accroché avec le personnage de Michèle, la petite bourgeoise par excellence, qui couche avec tout le monde, au nom de la liberté et du féminisme, et ne pense qu'à elle.



Je pense que ce livre sera vécu de manière différente selon l'âge des lecteurs : nostalgie ou non des yéyés, des années Mitterrand, des espoirs déçus, ou rétrospective amusante et gaie, où les tubes joyeux peuvent fasciner pour ceux qui n'ont pas vécu cette époque.



Je suis d'accord avec l'auteur sur le fait qu'on a vraiment cru que le monde allait changer, plus de liberté, d'égalité, de fraternité et surtout qu'on allait pouvoir le changer par nous-mêmes. Je garde aussi le même souvenir du retour sur terre après mai 68 : la vie a repris son cours, avec les études comme objectif et devoir de réussir pour réaliser par procuration les rêves des parents.



Je me pose quand-même une question : est-ce que tous les baby-boomers sont désabusés, plus ou moins dépressifs, nostalgiques ? C'est un peu l'impression que j'ai eue en fermant le livre…



La première partie m'a plu, car il a fait remonter un parfum d'enfance et une certaine nostalgie du temps qui passe mais j'ai trouvé les personnages trop caricaturaux, donc j'ai passé un bon moment, tout en gardant un avis mitigé, ce n'est donc pas un véritable emballement, alors que le thème m'intéressait.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Laisse tomber les filles

Ce livre n'est pas un roman, mais s'apparente plus volontiers à un documentaire sur une époque. Les relations de trois garçons et une fille qui débutent à l’époque des yéyés servent de prétexte pour nous asséner des statistiques à toute page ou des listes de chanteurs. Les dialogues sonnent faux. J’ai manqué de persévérance et jeté l’éponge après une centaine de pages. Salut les copains…
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L'an prochain à Grenade

Le lecteur qui espère lire une grande et belle histoire d'amour impossible entre deux héros de confessions différentes peut passer son chemin. Quant à toi lecteur de Levy-Provençal, d'André Clot ou de Juda Halévi, grâce à ce roman de Gérard de Cortanze, déjà auteur de l'excellent le goût de Grenade, tu te perdras avec bonheur à Sefarad.

L'histoire s'ouvre sur l'amour que se portent Gâlâh la juive, fille du général Samuel Ibn Kaprun de l'armée de l'émir de Grenade et Halim le poète musulman. Lors du massacre des juifs de la ville en cette fin d'année 1066, 4000 personnes sont assassinées (le vizir juif Joseph Ibn Nagrela fut crucifié durant les émeutes). La vie relativement paisible des juifs d'Espagne sous le règne des royaumes de Taïfa se termine avec l'arrivée des Almoravides et des Almohades. Nos amoureux parviennent à s'enfuir. Commence alors une longue errance. Réfugiés dans d'autres villes, puis pourchassés à nouveau, Gâlâh et Halim ne trouvent aucun havre de paix.

Mais nous ne sommes ni dans La juive de Tolède de Feuchtwanger , ni dans La judía más hermosa de Fernando García Calderón. La relation entre nos deux héros passe rapidement au second plan, faisant place à près de mille ans d'histoire. La belle Gâlâh a en effet reçu de son père une khomsa qui lui permet de traverser le temps, qui la transforme en juive errante, à l'existence morcelée, façonnée par les fuites, les rencontres, les nouveaux apprentissages, dans un but unique, consigner l'histoire du peuple juif, de la Hollande aux Etats-Unis, de Séville à Treblinka.

le projet de Gérard de Cortanze, nourri de nombreuses et riches lectures est ambitieux, trop peut-être. La première partie centrée sur l'Espagne, de Garmata al-jawid, Grenade la juive, à l'Inquisition, de l'expulsion des non-chrétiens au destin des marranes est remarquable. L'auteur parvient à synthétiser des siècles d'histoire tout en rendant perceptible et émouvant le quotidien aliénant des juifs espagnols. Mais lorsque Gâlâh parcourt le monde à travers les âges -"S'il savait qu'elle est une foule, un peuple. S'il savait que tant de siècles l'accompagnent."- la narration se dilue dans les nombreux événements égrainés par l'auteur . On regrette qu'il se soit éloigné de la péninsule ibérique, qu'il ait si rapidement évoqué le destin des juifs portugais si proche de celui des Espagnols.

Malgré ces quelques réserves, L'an prochain à Grenade est un plaidoyer salutaire pour la tolérance et un beau roman sur l''exil, le déracinement, la volonté farouche de garder en mémoire sa terre natale. "Adiós Granada, Granada mía, yo no volveré a verte mas en la vída". Car aujourd'hui, que reste-t-il de Sefarad? Un roman à lire en écoutant Reinette l'Oranaise.
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Laisse tomber les filles

Je me faisais une joie de lire l'ouvrage de Gérard de Cortanze, pensant vibrer à l'évocation de cette période bénie des dieux, cette tranche des Trente Glorieuses au cours de laquelle la France médusée découvrait qu'elle devait désormais compter avec un nouveau groupe social : les Jeunes !



Je suis né en 1952 et j'ai deux frères nés en 1949 et 1944 qui m'ont entraîné avec eux dans cette époque fabuleuse.



Hélas, ma déception fut à la hauteur de mes attentes. Non pas que le travail de romain de Gérard de Cortanze soit en cause, mais simplement parce que je ne me suis pas reconnu dans les événements et les faits qu'il rapporte.



Du fait d'abord, de la construction de l'ouvrage que j'apparente à un OLNI, hésitant entre le roman-fiction, le roman-reportage et le roman-documentaire.

Au fil de leurs dialogues, les protagonistes du «roman» (?) se mettent soudain à échanger des données statistiques, sur l'évolution du nombre de lycéens, le taux d'équipements des foyers français en téléphones, ce qui donne des conversations pour le moins le moins surréalistes et difficilement crédibles.



Les préoccupations des héros semblent contradictoires et peu cohérentes.

Michèle, lit Paul Nizan et part en Italie en écoutant Rita Pavone sur la radio de la 4CV...



Certaines images ne m'ont pas sembler pas refléter la réalité, comme par exemple :

«Les Rolling Stones ça n'a rien à voir. Mick Jagger porte une veste de tweed informe, Brian Jones un pull qui lui tombe jusqu'aux genoux. Bill Wyman une longue veste à carreaux, Charlie Watts un jean et une chemise noire, Keith Richards un costume de velours. Aucune unité.»



Je me suis précipité sur ma discothèque pour regarder totutes les pochettes de mes vinyles, sur ma bibliothèque pour refeuilleter différents ouvrages sur les Stones. rien de tel…



L'ouvrage nous assène une compilation de paroles de chansons, mêlant allègrement Joan Baez, les Stones, les Who, les Mamas and Papas, Scott Mac Kenzie, et j'en passe.



Il ressemble par moments à une copie du fameux Spécial Pop publié en 1967

https://www.babelio.com/livres/de-Noblet-SPECIAL-POP/827069



Un aspect gênant du récit, est l'intrusion, dans les différents contextes rapportés, de la voix de Gérard de Cortanze, celle de 2018, qui interfère avec les voix des différents personnages et met dans leur parole des analyse souvent postérieures à ce qu'ils sont en train de vivre.

Ainsi, écrire qu'au soir du 10 mai 1981, Michèle (l'héroïne) ne peut s'empêcher de penser aux relations de Mitterand avec le peu reluisant Roger-Patrice Pelat, ou à ses amitiés d'avant guerre avec les membres de la Cagoule, ne me parait pas refléter l'état d'esprit de le plupart des électeurs de François Mitterrand au soir de son élection.



J'arrête, au risque de me cortanziser…mais je ne peux m'empêcher de noter que Gérard de Cortanze se remercie lui-même dans les remerciements en fin de l'ouvrage. Diable !

Il manque à son récit, le souffle, la légèreté, l'impertinence, la foi dans l'avenir, l'espérance, l'outrance de ce que le témoin de cette époque a pu vivre ou imaginé de vivre.

J'en oublie de remercier Babelio et Albin Michel pour cet envoi !
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Attention au départ !

J'ai eu ce petit opuscule de 7 nouvelles touchant les transports publics, un an avant sa publication, en inédit hors commerce, offert lors d'une campagne "mille et une nuits", en 2000. , j'imagine ?



Une nouvelle pour chaque jour de la semaine !



Des courts textes de Marie Desplechin, Olivier Rolin, Irène Frain, Jean-Marie Rouart, Gérard de Cortanze, Didier Daeninckx, et Dominique Noguez. Des nouvelles aux tons les plus divers, accompagnées de citations d'humoristes, Sylvie Joly, Jean-Michel Ribes, Jean-Marie Gourio

Un petit livre idéal et distrayant, justement pour accompagner un de vos trajets en train ou métro...
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L'an prochain à Grenade

Le 31 décembre 1066, les musulmans de Grenade, soulevés par un agitateur qui a semé les graines de la discorde depuis des mois, déferlent dans la ville dans le but d'éradiquer la population juive coupable de tous les maux. Gâlâh, fille de Samuel ibn Kaprun, Nagid et Hadjib de l'émir Abdar al-Fikri, ne doit la vie sauve qu'à sa présence dans la maison d'Halim, son amant musulman. Sentant venir le drame, son père lui a confié le livre où il consigne depuis toujours les évènements qui touchent son peuple, ainsi qu'une khomsa, pierre magique qui donne la vie éternelle. Gâlâh a 14 ans et c'est l'âge qu'elle aura pour toujours. Immortelle, dépositaire de la mémoire du peuple juif, elle va ainsi fuir les massacres, de l'Andalousie où elle est née jusqu'à la Pologne, en passant par la Turquie, les Pays-bas ou New-York.





Il faut beaucoup de courage pour arriver au bout de ce pensum indigeste ! Visiblement Gérard de CORTANZE s'est documenté et il n'est pas décidé à laisser perdre le fruit de ses précieuses recherches. Elles sont donc étalées sur 400 pages sans considération pour le pauvre lecteur dupé par un titre et une 4ème de couverture alléchants. Bien sûr, on ne peut nier l'intérêt de montrer la persécution dont a été victime le peuple juif à travers les siècles. Partout ce n'est que massacres, tortures, pogroms, persécutions, exterminations. Difficile dans ces conditions pour la pauvre Gâlâh de trouver un refuge. Où qu'elle soit, les juifs tentent de s'intégrer mais au moindre souci dans la vie de la ville, ils servent de bouc émissaire. A l'origine de tous les mots, ils sont partout et toujours persécutés. Il était sûrement bon de le rappeler et de montrer que la haine et la violence dont ils sont les victimes remontent à la nuit des temps. Mais pourquoi l'avoir fait au détriment du romanesque ? Avec Gâlah, l'auteur tenait un beau personnage de femme qui méritait mieux qu'un seul rôle de témoin de tous les drames qu'elle traverse. Il n'a pas su lui donner corps, la rendre proche. C'est bien dommage, mais cette dénonciation de la barbarie, de l'intolérance, de la noirceur de l'âme humaine pêche par un manque de souffle et une accumulation d'informations. Intéressant mais trop savant.
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