L'artiste, en ne se préoccupant que de vouloir son oeuvre belle, par là même la veut juste, par là même lui fait exprimer la vie. Il ne réalise la justice qu'en réalisant la beauté. Son effort n'est pas de ciseler des phrases, d'évoquer des formes sans vie, sans lueur, sans sincérité. C'est d'y mettre le souffle qui les anime. Ce souffle, c'est la pensée, ce souffle, c'est l'idéal.
Les faux artistes n'ont pas de mission. Leur mission est nulle. Elle consiste à éterniser le règne de la laideur. La sincérité leur manque. L'art pour l'art ne parvient pas à découvrir la beauté de la forme ; l'art social ne parvient pas à découvrir l'harmonie de la pensée. Là n'est pas l'art. En disant que l'art a une mission, on ne supprime pas la forme de l'art, on l'exige ; on n'en fait pas le défenseur d'idées quelconques: on retrouve simplement sa pensée déformée par les étiquettes, les écoles et les médiocres.
Quel idéal vivant se dégage de l'art ? Quel idéal est réalisé par l'œuvre d'art ? Cette réalisation n'est qu'une découverte. Cet idéal découvert est humain, rien qu'humain. C'est la pensée de l'art invariable dans ses formes, ses manifestations, ses transformations. Il est en chaque action de la vie, en chaque pensée de l'homme. Proposons à l'humanité la réalisation de l'idéal de l'art. C'est la réalisation de l'art, de l'œuvre en harmonie avec la vie.
L'idéal est réalisé par l'art dans la vie. L'art, c'est l'idéal de la vie découvert. L'art se confond avec la vie, il devient la vie même, puisqu'il est la vie comprise et sentie. L'art découvre l'idéal dans la vie, et parce qu'il le découvre il est lui-même cet idéal vivant. Réaliser l'art, c'est pour l'humanité réaliser l'idéal qui émane de la vie. C'est le découvrir.
L'art est spontanéité. Conception, — exécution, — l'oeuvre d'art forme un tout. Elle jaillit des profondeurs même de l'être. Elle est le reflet vivant de la personnalité. Elle est la continuation et le résumé de la vie dans un esprit créateur.