Geórgios Vizyinós

Sur les monts alentour
C’est l’heure de sérénité,
Les feuilles sur les branches souples
Cessent alors de s’agiter.

Les oiseaux à leur tour
S’endorment, paisibles, par couples.
Patience ! Oh, patience ! Comme eux
Tu fermeras bientôt les yeux.

(La prophétie va s'accomplir. Les deux amants vont mourir tous les deux, mais loin l'un de l'autre .)

L'argent, l'or,
tous ces trésors,
ne sauraient suffire
à nous donner le bonheur et le rire.

Un rocher sur les monts
Songe là, solitaire.
Devant lui passe une rivière
Qui chante une chanson.

L’anémone qui pousse
Du rocher, a ce son,
Tend la fleur de la mousse
Pour saisir la chanson.

Toujours plus penchée, la fleur
S’écarte de son tuteur :
« Mais quel est donc ce chant
Que dit ce fougueux passant ? »

Il chante une douce étreinte
Qui nuit et jour l’attend
Pour le recevoir sans crainte
En sa berge d’argent.

« Ah, puissé-je être moi
Celle qui l’embrassera ! »
Et vers le ruisseau de la folle
De pencher sa corolle.

Mais tant va se penchant
Que l’eau pour la fleur trop forte,
Ses pétales tranchant,
Dans son cours les emporte !

Elle est là maintenant,
Des larmes dans les yeux :
« Pourquoi, mais pourquoi, mon Dieu,
Faut-il aimer un passant, »

(Ce poème intitulé Anémone est de Georgios Vizyinos. Ce sont les personnages d'une des nouvelles qui le récitent)

Même en plein jour il fait sombre
Dans le creux de la forêt.
Mon coeur est dans la pénombre,
Tant il couve de regrets.
Las ! Hélas ! Oh, quel chagrin,
Quel tourment que tu sois loin !
Car l'amour chancelle
Comme une nacelle !

Connais-tu ces verts rivages
où croissent les citronniers?
Où dans le creux des ombrages
embaument les fruits dorés?
Là, c'est là, au Paradis
qu'avec toi je veux partir!

(Il s'agit de la chanson du Mignon dans "Whilhelm Meister de Goethe. Georgios Vizyinos a fait une traduction à sa manière.)

Pour l'atour de la fille
que je marierai,
ni le fil ni l'aiguille
je ne manierai

Le sentiment du péché, le besoin moral d'expier et l'impossibilité de le faire-Quel enfer atroce et impitoyable ce dut être pour elle ! depuis vingt-huit années, cette malheureuse femme se tourmentait sans pouvoir apaiser ses remords ni dans le bonheur ni dans le malheur. Du moment où j'appris cette triste histoire, je concentrai toutes mes pensées sur le moyen de soulager sa conscience, m'efforçant de lui représenter, d'un côté, que son péché n'avait pas été volontaire ou prémédité, et de l'autre, que Dieu, dans son infinie miséricorde et sa justice, ne rend pas le mal pour le mal mais nous juge selon nos pensées et nos intentions. (p.54)

- C'est un homme de bien que ce patriarche, n'est-ce pas ? lui dis-je. Je crois que maintenant , ton coeur a trouvé l'apaisement.
Ma mère garda le silence.
- Tu ne réponds pas mère ? lui demandai-je avec une certaine hésitation.
- Que veux-tu que je te dise , mon enfant ? me répondit-elle alors, pensive. Le patriarche est un saint homme et un sage, il connaît la volonté du Seigneur et tous ses desseins, et il peut pardonner tous les pêchers du monde. Mais que veux-tu, on a beau dire, c'est un moine ; il n'a pas eu d'enfant et il ne peut pas savoir ce que c'est d'avoir tué le sien.