Explorez l'univers fascinant de Gertrude Stein et Pablo Picasso à travers notre toute nouvelle exposition « Gertrude Stein & Pablo Picasso - L'invention du langage ».
Découvrez comment leur amitié a façonné le cubisme, un mouvement artistique révolutionnaire du 20 siècle. Plongez dans les oeuvres emblématiques de Picasso, les écrits de Stein, et explorez comment ces deux esprits novateurs ont influencé des artistes tels qu'Andy Warhol, Jasper Johns, et bien d'autres.
Cette exposition est une immersion totale dans le langage visuel et littéraire de ces deux génies créatifs.
Ne manquez pas cette expérience unique au Musée du Luxembourg à Paris du 13 septembre 2023 au 28 janvier 2024.
« Gertrude Stein & Pablo Picasso - L'invention du langage »
du 13 septembre 2023 au 28 janvier 2024
au Musée du Luxembourg - 19 Rue de Vaugirard, 75006 Paris
Infos et réservation :
https://museeduluxembourg.fr/fr/billetterie
Abonnez-vous pour plus de détails sur cette incroyable exposition artistique !
https://www.youtube.com/channel/UCyAiVPzrW_o5PuNl6UH3JNg
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Tout le monde s'assit et commença à manger le riz à la valencienne et le reste, du moins ils commencèrent aussitôt que Guillaume Apollinaire et Rousseau eurent fait leur entrée, ce qu'ils firent au bout de peu d'instants, et au milieu des applaudissements frénétiques. Comme je me rappelle bien leur entrée !
Rousseau, un Français petit et pâle, avec une petite barbe, comme tous les Français qu'on voit n'importe où, Guillaume Apollinaire avec ses traits fins et exotiques, ses cheveux noirs et son beau teint. Quelqu'un d'autre, peut-être Raynal, je ne me rappelle plus, se leva et l'on porta des toasts, puis tout à coup, André Salmon, qui était assis à côté de mon amie et discourait solennellement de la littérature et de voyage, sauta sur la table, qui n'était point trop solide, et débita un éloge et des poèmes improvisés. A la fin de son discours, il saisit un grand verre et avala tout ce qu'il contenait, puis aussitôt, il se mit à divaguer, car il était complètement ivre, et il commença à chercher querelle aux gens. Les hommes le maîtrisèrent, tandis que les statues vacillaient sur leurs socles. Braque, qui était un grand fort diable, saisit une statue dans chaque bras, et les protégea ainsi, tandis que le frère de Gertrude Stein, un autre grand fort diable, protégeait le petit Rousseau et son violon. Les autres, avec Picasso en tête, parce que Picasso, tout petit qu'il soit, est très fort, poussèrent Salmon dans l'atelier de devant et l'y enfermèrent à double tour.
Le café, lorsque vous l'avez terminé, il vous donne encore le temps de réfléchir. C'est beaucoup plus qu'une simple boisson, c'est un instant qui passe. Pas comme un moment ordinaire, mais comme un événement, un lieu d'être, même pas comme un lieu, mais comme quelque part en vous. Il vous donne le temps, non pas des heures non réelles ou des minutes, mais une chance d'être vous-même, et de prendre une seconde tasse.

Les Stein dirent à M. Vollard qu'ils voulaient voir des paysages de Cézanne, et qu'ils lui étaient adressés par M. Loesser de Florence. "Ah oui", dit Vollard, d'un air guilleret, et il se mit à circuler dans la pièce ; puis il disparut derrière une cloison qui se trouvait au fond de la boutique, et on l'entendit monter lourdement un escalier. Après assez longtemps il revint, tenant à la main une petite toile qui représentait une pomme, mais la majeure partie du tableau n'était pas peinte. Tous trois examinèrent le tableau avec grand soin. "Seulement, voyez-vous, dirent-ils, ce que nous voulions voir c'était un paysage. - Ah oui", soupira Vollard, et il prit un air encore plus guilleret. Au bout d'un instant il disparut à nouveau, et cette fois revint avec un tableau, qui représentait un dos ; c'était une toile magnifique sans aucun doute, mais le frère et la soeur n'en étaient pas encore à comprendre bien les nus de Cézanne et ils revinrent à la charge. Ils demandèrent à voir un paysage. Cette fois, après une pause encore plus longue, Vollard revint avec une très grande toile sur laquelle était peinte un très petit fragment de paysage. "Oui, c'était bien cela qu'ils voulaient, dirent-ils, un paysage, mais ils souhaitaient une toile plus petite qui fut entièrement couverte de peinture. "C'est quelque chose comme cela, dirent-ils, que nous désirerions voir." Pendant ce temps, la nuit, qui tombe tôt l'hiver à Paris, était venue, et, à ce moment, une vieille femme de charge descendit l'escalier du fond ; en s'en allant, elle murmura : "Bonsoir, Monsieur, bonsoir, Madame", et elle sortit sans bruit ; puis, au bout d'un instant, une autre vieille femme de charge descendit le même escalier, susurra : "Bonsoir, Messieurs et Dames", et disparut silencieusement par la porte. Gertrude Stein éclata de rire et dit à son frère : "C'est une plaisanterie, il n'y a pas de Cézanne. Vollard monte là-haut, et il dit à ces vieilles femmes ce qu'il faut peindre, il ne nous comprend pas, et nous ne le comprenons pas, elles peignent vite quelque chose, et il nous l'apporte, et c'est un Cézanne." L'un et l'autre furent alors pris d'un insurmontable fou rire. Au bout de quelque temps ils se calmèrent et une fois de plus expliquèrent qu'ils voulaient voir un paysage de Cézanne.Ils expliquèrent que ce qu'ils voulaient voir c'était un de ces merveilleux paysages jaunes d'Aix tels que Loesser en possédait plusieurs. Une fois de plus Vollard sortit et cette fois il revint avec un merveilleux petit paysage vert. C'était ravissant, cela couvrait la toile entière, et cela ne coûtait pas très cher. Ils l'achetèrent tout de suite. Plus tard Vollard expliqua à tout le monde qu'il avait reçu la visite de deux Américains toqués, qui riaient tout le temps ; ça l'avait beaucoup agacé, mais à la fin il découvrit que plus ils riaient plus ils achetaient, alors il s'était mis à attendre qu'ils rient pour leur vendre quelque chose.
Il y a des femmes qui toutes leur vie, restent des enfants. Quant aux hommes, c'est encore plus fréquent, toute leur vie subsiste un courant d'enfantillage. Chez certaines femmes, il reste une petite fille barbouillée, chez d'autres, une petite fille douce et timide, ou bien une petite menteuse.
Mais Mrs Federner avait un esprit et une langue qui noircissent les choses. Pas jusqu'au noir, bien entendu, mais juste gratter et frotter un peu de saleté. Elle aurait pu faire en sorte que le visage du Tout-Puissant apparût boutonneux et un peu grossier et elle faisait toujours ainsi avec ses amis, bien que nullement avec l'idée de se mêler de leurs affaires.
Pour un esprit bourgeois, mais épris pourtant de variété, rien ne peut offrir plus d'attrait qu'une tendance à l'originalité, maintenue dans les limites de la respectabilité conventionnelle, une originalité, pourrait-on dire, bien habillée et mise en valeur. C'est là que la jeune fille de classe moyenne parviendra à approcher la distinction nonchalante que donne la naissance. Si l'originalité va plus loin, elle devient trop dangereuse pour que la même jeune fille se risque à la poursuivre. Elle pourrait en effet, s'y laisser bien prendre, qu'on ne la reconnaîtrait plus; on l'assimilerait à ces pauvres gens, qui ne sont pas eux-mêmes parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement.
Jamais une jeune personne munie d'une solide tradition bourgeoise ne se mettra dans ce cas.
J’aime une chose simple mais elle doit être simple par le biais d’une complication.
Il y a des millions et des millions d'hommes de chaque type, et chacun d'eux diffère de tous les autres par la quantité de personnalité qu'il a réellement en lui, et le mélange de tous les autres types d'êtres.
Sophie et Pauline étaient bonnes l'une pour l'autre. Sophie, la plus forte des deux soeurs, avait, ainsi qu'il arrive souvent, peur de la maigre. Ce n'est oas l'âge qui donne à une soeur de l'autorité sur une autre soeur, c'est un pouvoir que l'une a sur l'autre, et presque toujours, c'est la plus forte qui a peur de la plus maigre. Car, elle offre plus de surface aux coups d'épingles.
... aux yeux des Français, le fait d'être un étranger et le fait de résider en France ne sont pas très différents. Il y a tant d'étrangers, et pour les Français les seuls qui aient une réalité sont les étrangers qui habitent Paris et la France.