Le rayonnement de la prose de l'écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov est confirmé par son roman «Physique de la mélancolie» (2011, paru en français aux éditions Intervalles en 2015), lauréat du Prix Jan Michalski de littérature 2016.
Sous-titres en français
... lorsque ma femme est partie, j’ai perdu la moitié de mon passé, en fait, mon passé tout entier.
Le passé ne se joue qu’à quatre mains, au moins quatre mains.
Si nous ne sommes dans la mémoire de personne, existons-nous vraiment ?
Moins il y a de mémoire, plus il y a de passé.
Nous sommes l’apocalypse du monde. Également, en ce sens, notre propre apocalypse.
… de quoi avons-nous le plus peur, en réalité, de la mort ou du fait de mourir…
Il y a des mots qui, brusquement, ouvrent des portes inattendues vers d’autres temps.
Il n'est pas nécessaire de rechercher l'extraordinaire, répondit Gaustine. Le temps ne se niche pas dans l'extraordinaire, il se cherche un endroit silencieux et tranquille. C'est dans un après-midi insignifiant que tu découvriras des traces d'un autre temps. Un après-midi durant lequel il ne s'est rien passé d'extraordinaire, rien sinon la vie même...
« Personne n’a encore inventé de masque à gaz ni d’abri anti bombes contre le temps , »
Gaustine , Abritemps, 1939.
« Quand le quotidien se transforme t- il en Histoire ? »
Du bonheur? Le bonheur dure aussi peu de temps que du lait au soleil, qu'une mouche en hiver et qu'un crocus au début du printemps. Son dos est aussi fragile que celui d'une libellule. Ce n'est pas une jument à enfourcher pour galoper au loin. Ce n'est pas une pierre angulaire sur laquelle bâtir son Église et son État. Le bonheur n'entre pas dans les manuels d'histoire (on y trouve les batailles, les progroms, les félonies et l'assassinat sanglant d'un archiduc), ni dans les chroniques, ni dans les annales.