(…) Ceux qui ne nous apprécient pas ne font qu’augmenter notre propre estime. les gens se moquent de ce qu”ils ne comprennent pas, de ce qui leur fait peur.
Dans la vie, il y a des choses qu'on peut choisir et d'autres qu'il faut accepter comme elles viennent. La vie est tellement plus grande que nous. Elle est compliquée, pleine de mystères... [...]
La seule chose qu'on peut toujours choisir, c'est d'aimer. Aimer sans se poser de questions.
Grand-père disait toujours que le jeu est une chose sérieuse et, le prenant au pied de la lettre, j'ai commencé à répéter à Gio, jusqu'à l'épuisement : - Tu dois marquer un but. Tu ne dois pas faire de faute. Tu ne dois pas être content quand c'est moi qui marque un but. Tu ne dois pas te rouler par terre quand tu tombes. Tu ne dois pas cueillir des fleurs quand tu joues. Si tu te trompes, tu dois être désolé. Tu ne dois pas prendre la balle avec les mains. Tu ne dois pas danser. Tu ne peux pas te tromper de but. Tu ne peux pas me passer la balle, nous sommes adversaires. On ne gagne pas tous les deux. Ne t'arrête pas pour regarder les nuages. Tire plus fort. Et puis non, bon sang, tu ne peux pas te cacher dans les buissons pour m'attaquer par surprise,but ne peux pas faire ça parce que je sais bien que tu es là, je te vois !
_ Spécial ?, a répété Chiara.
_ En quel sens, spécial ?, ai-je demandé.
_ Dans le sens, a dit papa, qu’il sera… différent. Affectueux, d’abord. Très. Très. Très. Et puis souriant et gentil. Et tranquille. Et avec…, ses rythmes à lui.
J’ai levé un sourcil :
_ Ses rythmes à lui ?
_ Et il aura d’autres choses spéciales qui lui seront propres et que nous ne savons pas encore, a souri maman.
_ Donc c’est une bonne nouvelle ?, a demandé Chiara.
_ Ce n’est pas seulement une bonne nouvelle, a dit papa, sérieux. _Il a plissé le front de manière rigolote, et la voiture a commencé à se gonfler et à se dégonfler comme si elle respirait avec nous. _C’est bien plus, a-t-il dit. C’est une nouvelle époustouflante. _ Puis il s’est tourné et a allumé la radio.
- Que grâce à eux, j'ai commencé à me plaire. J'ai commencé à remercier Dieu de ne pas m'avoir fait comme ça, comme ceux qui se moquaient de moi. Ils s'en sont moins bien tirés : ils sont nés sans coeur. J'ai même commencé à remercier Dieu pour ce chromosome en plus.
Parfois, je me mets à imaginer la quantitié de soucis qui a dû assombrir l'esprit de nos parents, toutes ces années. Et si ces nuages étaient porteurs de pluie, on ne l'a jamais su : on n'a pas reçu une goutte. Maman et papa se sont toujours pris la pluie pour nous.
Au cours de ces trois années, la relation entre Gio et moi avait complètement changé. Plus exactement, ce n’est pas le rapport entre lui et moi qui avait changé mais le rapport entre lui, moi et le monde. À l’école primaire, je n’avais jamais eu de problème à laisser Gio envahir le territoire de ma vie occupé par mes copains d’école, mes amis et, en général, tout ce qui était extérieur à la famille. Au collège, par contre, c’était devenu un problème.
En le regardant se rouler sur le carrelage et rire comme s'il lui était arrivé la chose la plus drôle du monde, je me suis dit que Gio, avec tous ses problèmes, avait un talent particulier : Il savait créer une histoire différente avec chacun.
Le fait est que Giovanni était vraiment bizarre. Et plus je grandissais, moins j'en comprenais la raison. J'avais l'impression d'être redevenu petit, quand je demandais à mes parents une explication pour chaque situation.
La musique était en train de faire ce qu'elle sait faire de mieux : éliminer les différences. J'ai pensé que devant deux amplis nous sommes tous égaux. La musique entre dans les corps et les corps réagissent.