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Citation de Charybde2


Loïc Eonet, capitaine des dragons de la Garde impériale de Napoléon Ier, terminait sa collation, composée de deux tranches de pain de campagne dur, de soupe de légumes, de restes de saucisson, d’un morceau de fromage et d’un pichet de vin rouge de Bordeaux, quand un soldat appela à la porte de la cellule de pierre où il avait installé son quartier général et l’informa que les sentinelles annonçaient l’arrivée d’un bateau. Eonet prit aussitôt son sabre réglementaire, mit sa capote, se couvrit la tête de son bicorne et sortit dans la cour, en faisant résonner sur les pavés les talons de ses bottes de cavalerie.
Il ne parvenait pas à s’habituer aux modestes échos que chaque son provoquait dans cette cour de forme ovale, ceinte par trois niveaux de galeries en pierre avec des arcs en plein cintre, qui, de l’intérieur, donnaient à la construction l’aspect d’un colisée romain au lieu d’évoquer ce qu’elle était en réalité : la forteresse secrète la plus précieuse de l’Empereur des Français.
De l’extérieur, en revanche, fort Boyard – ou le « navire de pierre », comme l’appelaient les soldats – valait chaque lingot d’or investi dans sa construction. C’était un château armé de canons aux murs lisses, avec un rez-de-chaussée et deux étages. Ses trois rangées de fenêtres grillagées cachaient, dans certains endroits, les portes des casemates des canons et, dans d’autres, les quartiers de la troupe.
Cette masse grisâtre en forme d’anneau elliptique avait été dressée au milieu de la mer sur un cordon d’enrochement artificiel que des maçons de la région avaient construit sur un banc de sable appelé la longe de Boyard. Depuis cet emplacement stratégique, à l’entrée de la rade des Basques, sur la côte occidentale française, la garnison pouvait surveiller le passage de tous les navires entre les deux îles les plus proches : la minuscule île d’Aix, d’à peine trois kilomètres de long, située au nord-est et l’énorme île d’Oléron, de plus d’une trentaine de kilomètres, au sud-ouest.
Durant les jours de brouillard, la forteresse se fondait dans la brume. De loin, son imposante masse de pierre couleur d’ambre gris pouvait se confondre avec un îlot ou un tas de rochers géant entouré d’eau. La nuit, avec ses torches et lanternes éteintes, elle était complètement invisible. Ces caractéristiques la transformaient en un piège mortel pour n’importe quel bateau voulant entrer sans prévenir dans la baie : l’hypothétique navire envahisseur serait reçu à brûle-pourpoint avec des tirs nourris d’artillerie lourde qui, à une distance précise, entraînerait de grandes pertes au sein de l’équipage, en échaudant n’importe quel attaquant.
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