Le docteur Tristan n’était pas un mélancolique. La mélancolie naissait d’un regret, d’une nostalgie. Il fallait, pour être mélancolique, croire un peu en la vie, et imaginer qu’on y avait perdu quelque chose. Tristan accordait assez peu de prix à la vie, cette invention que les hommes se construisent pour pouvoir se vanter de choses qui continuaient pourtant à leur échapper. L’espoir et la peur constituaient les deux fragilités entre lesquelles l’homme persistait à se perdre.