Ce premier tome, assez court (environ 160 pages) nous présente donc Nanao et Machi. Le premier est très clairement le personnage principal du récit, et a pour particularité d’être un chat de gouttière qui a connu la vie au sein d’un foyer avant de se retrouver dans la rue. Il garde d’ailleurs de cette époque son collier à clochette qui lui valent d’être stigmatisé par les autres chats. Machi est le seul à être réellement son ami, en partie du fait qu’ils soient très jeunes tous les deux.
Ainsi, on verra que la vie n’est vraiment pas rose pour ces chats de gouttière, qui doivent quotidiennement chercher un abri pour dormir, en particulier lors des longues nuits d’hiver. De même, si des humains leurs servent à manger, se nourrir reste très compliqué et la faim les guette constamment, au point où Nanao se dit que « Cinq ans, c’est l’âge à partir duquel on s’estime heureux d’être encore en vie ». Un constat bien triste sachant qu’un chat en bonne santé peut sans soucis vivre trois fois plus longtemps s’il a un foyer.
De ce fait, une des thématiques au cœur du récit est la difficulté de vivre dans la rue pour les chats. Cette difficulté venant du fait que le monde que les humains ont bâti n’est pas fait pour les animaux sauvages. J’y vois ici une parenté thématique avec Félin pour l’autre, une série dont je parle à chaque nouvelle sortie. Cependant, on est ici dans une vision bien plus triste des choses, avec une emphase plus importante sur les émotions et un côté très amer, alors que Félin pour l’autre est un manga plutôt positif (et raconté du point de vue de l’humain, ce qui fait toute la différence). Mais je ne peux m’empêcher de trouver qu’il y a une belle complémentarité entre les deux œuvres.
Et si l’on se focalise sur le point de vue de Nanao, les humains sont quand même de la partie, notamment avec le personnage de Narita qui déteste les chats (nous apprenons pourquoi dans ce premier volume), et son frère Kippei, qui au contraire est accro à ces petites boules de poil. On sent déjà que les rapports qui vont se tisser entre ces humains et les chats seront au cœur du récit, mais je ne vais pas en dire plus ici. Sachez simplement qu’en dehors de ces personnages, on a également l’occasion de voir un autre homme dont le comportement envers les chats est des plus horribles, occasionnant une séquence qui m’a vraiment fait frissonner.
Car le récit est déjà riche en émotions, en particulier pour quelqu’un qui, comme moi, aime les chats et les animaux en général. Ces émotions viennent à la fois de l’esthétique globale du titre, que je trouve très soignée, mais également d’un travail d’identification très poussé vis-à-vis des chats, et en particulier de Nanao. On partage très bien ses peines et ses difficultés, et il serait compliqué de ne pas ressentir une forte empathie vis-à-vis de lui. Ainsi, je suis ressorti très touché de cette lecture, et j’ai vraiment hâte de lire les deux autres tomes, en espérant qu’ils soient aussi réussis que ce premier volume.
En résumé, Le Chat aux sept vies est un petit coup de cœur qui permet de très bien démarrer cette nouvelle année de lecture. En traitant avec intelligence de la thématique de la vie des chats dans la rue, Gin Shirakawa arrive à nous faire partager le quotidien et les difficultés de Nanao. De plus, l’esthétique globale du titre rend parfaitement justice à ces boules de poil et devrait terminer de convaincre les amoureux des chats de se lancer dans cette série courte. Mais même les autres devraient y jeter un œil, car au-delà d’un bon manga animalier, il s’agit d’un excellent manga tout court !
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