Tous les jours, il y a des mortes. Certaines filles, plus sentimentales que moi, prennent la peine de les traîner dans un coin, pour les entasser. Moi, j'en ai une, de morte. Ma morte. Elle tombe sur mon épaule, je la redresse, elle retombe, je la relève à nouveau, ah ça, pour m'énerver elle m'énerve! Mais je la garde, ma morte, je la conserve précieusement, je me dis qu'un jour ils vont bien finir par nous ouvrir, nous donner à manger, quelque chose, n'importe quoi. Et alors, je leur dirai: " Mais non, elle dort ma copine, donnez-moi sa part!" Voilà où j'en suis. Voilà ce que je suis devenue.