AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Giorgio Agamben (100)


Le pouvoir aujourd'hui n'a d'autre forme de légitimité que l'état d'urgence et partout et continuellement en appelle à lui et travaille en même temps secrètement à sa production (comment ne pas penser qu'un système qui ne peut désormais fonctionner que sur la base d'un état d'urgence ne soit pas également intéressé à maintenir cet état à n'importe quel prix ?).

FORME-DE-VIE, 4 (1993).
Commenter  J’apprécie          612
Giorgio Agamben
“La peur prépare à tout accepter”
Bibliobs
Commenter  J’apprécie          541
Giorgio Agamben
Le cinéma […] est le rêve d'un geste. Introduire en ce rêve l'élément du réveil, telle est la tâche du cinéaste.

MOYENS SANS FINS : Notes sur le geste.
Commenter  J’apprécie          470
Justement parce qu'il détruit la vieille trinité État-nation-territoire, le réfugié, cette figure apparemment marginale, mérite d'être considéré, au contraire, comme la figure centrale de notre histoire politique. Il ne faut pas oublier que les premiers camps furent construits en Europe comme les espaces de contrôle pour les réfugiés et que la succession camp d'internement/camp de concentration/camp d'extermination représente une filiation parfaitement réelle.
(...) La survivance politique des hommes n'est pensable que sur une terre où les espaces auront été ainsi "troués" et topologiquement déformés, et où le citoyen aura su reconnaitre le réfugié qu'il est lui-même.
Commenter  J’apprécie          200
Giorgio Agamben
Comme Michel Foucault l’a montré avant moi, les gouvernements sécuritaires ne fonctionnent pas nécessairement en produisant la situation d’exception, mais en l’exploitant et en la dirigeant quand elle se produit.

(Le Monde)
Commenter  J’apprécie          190
Giorgio Agamben
L'amour espère parce qu'il imagine et imagine parce qu'il espère.
Commenter  J’apprécie          170
Giorgio Agamben
Je travaille toujours dans l'urgence, mais très lentement.
Commenter  J’apprécie          140
Seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle et parvient à saisir en elles la part de l’ombre, leur sombre intimité. Avec ceci, nous n’avons pas encore tout à fait répondu à notre question. Pourquoi le fait de réussir à percevoir les ténèbres qui émanent de l’époque devrait-ils nous intéresser ? L’obscurité serait-elle autre chose qu’une expérience anonyme et par définition impénétrable, quelque chose qui n’est pas dirigé vers nous et qui, par la même, ne nous regarde pas ? Au contraire, le contemporain est celui qui perçoit l’obscurité de son temps comme une affaire qui le regarde et n’a de cesse de l’interpeller, quelque chose qui, plus que toute lumière, est directement et singulièrement tourné vers lui. Contemporain est celui qui reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres qui provient de son temps.
Commenter  J’apprécie          130
J'appelle dispositif tout ce qui a, d'une manière ou d'une autre, la capacité de capturer, d'orienter, de déterminer, d'intercepter, de modeler, de contrôler et d'assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. Pas seulement les prisons donc, les asiles, les panoptikon, les écoles, la confession, les usines, les disciplines, les mesures juridiques, dont l'articulation avec le pouvoir est en un sens évidente, mais aussi, le stylo, l'écriture, la littérature, la philosophie, l'agriculture, la cigarette, les ordinateurs, les téléphones portables et, pourquoi pas, le langage lui-même, peut-être le plus ancien dispositif dans lequel, plusieurs milliers d'années déjà, un primate, probablement incapable de se rendre compte des conséquences qui l'attendaient, eut l'idée de se faire prendre.
Commenter  J’apprécie          130
Giorgio Agamben
Du moment que la peur précède et anticipe la connaissance et la réflexion, il est inutile de chercher à convaincre l’apeuré avec des preuves et des arguments rationnels : la peur est, avant tout, l’impossibilité d’accéder à un raisonnement qui ne soit par suggéré par la peur elle-même. (Qu'est-ce que la peur ?)
Commenter  J’apprécie          120
Pour détruire l'expérience point n'est besoin d'une catastrophe : la vie quotidienne, dans une grande ville, suffit parfaitement en temps de paix à garantir ce résultat. Dans une journée d'homme contemporain, il n'est presque plus rien en effet qui puisse se traduire en expérience : ni la lecture du journal, si riche en nouvelles irrémédiablement étrangères au lecteur même qu'elles concernent ; ni le temps passé dans les embouteillages au volant d'une voiture ; ni la traversée des enfers où s'engouffrent les rames du métro ; ni le cortège de manifestants, barrant soudain toute la rue ; ni la nappe de gaz lacrymogènes, qui s'effiloche lentement entre les immeubles du centre-ville ; pas davantage les rafales d'armes automatiques qui éclatent on ne sait où ; ni la file d'attente qui s'allonge devant les guichets d'une administration ; ni la visite au supermarché, ce nouveau pays de cocagne ; ni les instants d'éternité passés avec des inconnus, en ascenseur ou en autobus, dans une muette promiscuité. L'homme moderne rentre chez lui le soir épuisé par un fatras d'événements - divertissants ou ennuyeux, insolites ou ordinaires, agréables ou atroces - sans qu'aucun d'eux se soit mué en expérience.

C'est bien cette impossibilité où nous sommes de la traduire en expérience qui rend notre vie quotidienne insupportable, plus qu'elle ne l'a jamais été. (pp. 24-25)
Commenter  J’apprécie          81
Giorgio Agamben
Que serait une communauté sans présupposés, sans condition d'appartenance, sans identité? Peut-on imaginer une communauté faite d'hommes qui ne se revendiquent pas une identité (être français, rouge, musulman)? Comment penser désormais une communauté formée par des singularités quelconques, c'est-à-dire parfaitement déterminées, mais sans que jamais un concept ou une propriété puisse lui servir d'identité? L'être qui vient : ni individu ni universel, mais quelconque. Singulier, mais sans identité. Défini, mais uniquement dans l'espace vide de l'exemple. Et, toutefois, ni générique, ni indifférent : au contraire, tel que de toute façon il importe, objet propre de l'amour.
Commenter  J’apprécie          80
Cela veut dire que l'homme porte en soi le sceau de l'inhumain, que son esprit contient en son centre la blessure du non-esprit, du chaos non-humain, atrocement livré à son être capable de tout.
Commenter  J’apprécie          81
C’est dans cette perspective que nous devons envisager la réapparition des camps dans une forme, en un certain sens, encore plus extrême, dans les territoires de l’ex-Yougoslavie. Ce qui se passe là actuellement n’est pas du tout, comme certains observateurs intéressés se sont empressés de le déclarer, une redéfinition du vieux système politique selon de nouvelles dispositions ethniques et territoriales, c’est-à-dire une simple répétition des processus qui ont conduit à la constitution des États-nations européens. Il y a plutôt une rupture irrémédiable du vieux nomos et dislocation des populations et des vies humaines selon des lignes de fuite totalement nouvelles. D’où l’importance décisive des camps de viol ethnique. Si les nazis n’ont jamais pensé atteindre la « solution finale » en mettant enceintes les femmes juives, c’est parce que le principe de la naissance, qui assurait l’inscription de la vie dans le système de l’État-nation était toujours, bien que profondément transformé, en quelque sorte en état de marche. Maintenant, ce principe entre dans un processus de dislocation et de dérive où son fonctionnement devient de toute évidence impossible et où nous devons nous attendre non seulement à de nouveaux camps, mais aussi à des définitions normatives de l’inscription de la vie dans la Cité toujours plus neuves et plus délirantes. Le camp qui s’est maintenant solidement installé en elle est le nouveau nomos biopolitique de la planète. (« Qu’est-ce qu’un camp ? », 1995)
Commenter  J’apprécie          70
Il y a donc deux classes : les êtres vivants (ou les substances) et les dispositifs. Entre les deux, comme tiers, les sujets. J’appelle sujet ce qui résulte de la relation, et pour ainsi dire, du corps à corps entre les vivants et les dispositifs. Naturellement, comme dans l’ancienne métaphysique, les substances et les sujets peuvent se confondre, mais pas complètement. Par exemple, un même individu, une même substance, peuvent être le lieu de plusieurs processus de subjectivation : l’utilisateur de téléphones portables, l’internaute, l’auteur de récits, le passionné de tango, l’altermondialiste, etc. Au développement infini des dispositifs de notre temps correspond un développement tout aussi infini des processus de subjectivation. Cette situation pourrait donner l’impression que la catégorie de la subjectivité propre à notre temps est en train de vaciller et de perdre sa consistance, mais si l’on veut être précis, il s’agit moins d’une disparition ou d’un dépassement, que d’un processus de dissémination qui pousse à l’extrême la dimension de mascarade qui n’a cessé d’accompagner toute identité personnelle.
Commenter  J’apprécie          70
GLOSES MARGINALES AUX Commentaires sur la société du spectacle
1.Stratège.Les livres de Debord constituent l'analyse la plus lucide et sévère des misères et des servitudes d'une société --celle du spectacle, où nous vivons -- qui a étendu aujourd'hui sa domination sur toute la planète.
Commenter  J’apprécie          70
Dans les procès romains, où le ministère public avait un rôle limité, la calomnie représentait pour l'administration de la justice une menace tellement grave que les faux accusateurs devaient porter une marque sur le front comme punition : la lettre K (l'initiale de Kalumniator). Il revient à Davide Stimili d'avoir su montrer l'importance de ce fait pour toute interprétation du Procès de Kafka, que l'incipit représente sans la moindre réserve comme un procès calomnieux ("Il fallait bien que quelqu'un ait calomnié Joseph K. puisqu'il fut arrêté un beau matin, alors qu'il n'avait rien fait de mal"). La lettre K., selon Stimili, qui rappelle que Kafka avait étudié l'histoire du droit romain alors qu'il se préparait à être conseiller légal, n'est donc pas l'initiale de Kafka, selon une opinion commune qui remonte à Max Brod, mais celle de la calomnie.
Commenter  J’apprécie          60
La muséification du monde est aujourd'hui achevée. L'une après l'autre, progressivement, les puissances spirituelles qui définissaient l'existence des hommes – l'art, la religion, la philosophie, l'idée de nature et jusqu'à la politique – se sont retirées docilement dans le Musée. Musée ne désigne pas ici un lieu ou un espace physiquement déterminé, mais la dimension séparée où est transféré ce qui a cessé d'être perçu comme vrai et décisif. En ce sens, le Musée peut coïncider avec une cité tout entière (comme Evora ou Venise déclarées pour cela patrimoine de l'humanité), avec une région (déclarée parc ou oasis naturel) et parfois même avec un groupe d'individus (en tant qu'ils représentent une forme de vie disparue). Mais de manière plus générale, tout aujourd'hui peut devenir Musée à partir du moment où ce terme nomme tout simplement l'exposition d'une impossibilité de l'usage, de l'habitat et de l'expérience.
Commenter  J’apprécie          60
Benjamin dit quelque part que la première expérience que l'enfant a du monde « n'est pas que les adultes sont plus forts, mais qu'il est incapable de magie ». Cette affirmation, faite sous l'effet de la mescaline, n'en est pas moins exacte. Il est probable en effet que l'invincible tristesse dans laquelle sombrent parfois les enfants naisse précisément de cette prise de conscience qu'ils ne sont pas capables de magie. Ce qu'ils nous est donné d'atteindre à travers nos mérites et nos efforts ne peut nous rendre véritablement heureux. Seule la magie en est capable.
Commenter  J’apprécie          60
On peut définir le totalitarisme moderne comme l'instauration, à travers l'état d'exception, d'une guerre civile légale qui permet l'élimination non seulement des adversaires politiques, mais aussi de catégories entières de la population qui semblent ne pas pouvoir être intégrées au système politique. Depuis, la création délibérée d'un état d'urgence permanent est devenue une des pratiques essentielles des États contemporains, démocraties comprises. Il n'est pas nécessaire d'ailleurs que l'état d'urgence soit déclaré au sens technique du mot.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Giorgio Agamben (292)Voir plus

Quiz Voir plus

Des titres colorés

De quelle couleur est la Dame qui rend visite à Oscar dans le roman d'Eric Emmanuel Schmitt ?

Bleue
Blanche
Rouge
Rose

12 questions
6189 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature étrangère , couleurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}