Lire, c'est aussi s'évader et combler le vide affectif.
(p. 127)
En tant que damné et maudit, le sujet pratique une poésie du vice qui dépasse le cadre de l'œuvre littéraire. La luxure conjugue la sexualité, la violence et la mort, tandis que le mensonge et la paresse définissent la poésie comme un somnambulisme démoniaque, narcotique et mortifère.
(p. 134)
Sans doute Rimbaud fait-il partie des auteurs français les plus commentés. L’œuvre fascine, mais l’homme n'est pas en reste. Sa précocité, ses virtuosités, ses textes, son caractère et son destin sont pour ainsi dire uniques dans l'histoire des lettres françaises : il n'y a guère qu'Isidore Ducasse pour lui disputer la palme de l'originalité. Les épithètes sont légion, qui tentent de cerner le personnage : prodige, génie, voyant, mystique, voyou, drogué, scatologue, communard, homosexuel, négrier, trafiquant d'armes, météore, fulgurance et autres aérolithes.
En se faisant négociant, Rimbaud met en place une poétique nouvelle où, plus que jamais, l’écriture et l’existence s’inscrivent dans une même démarche de réparation narcissique à l’endroit de la mère et du père.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’échange scriptural demeure une chose capitale pour Rimbaud. S’il abandonne la littérature, il n’abandonne ni la lecture, ni l’écriture, bien au contraire : il accordera à l’une et à l’autre une place essentielle dans sa nouvelle vie.
(p. 126)