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5/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Trani (Pouilles) , le 14/11/1912
Mort(e) à : Rome , le 30/09/2001
Biographie :

Giovanni Macchia (1912-2001) est un écrivain et critique littéraire italien qui enseigna longtemps la littérature française en Italie et passe pour l'un des plus grands connaisseurs d'Europe en ce domaine. Lauréat du prix Bagutta en 1980 et du Grand prix de la Francophonie en 2000, il a consacré de nombreux essais à la culture française, en particulier à des auteurs tels que Baudelaire et Proust.

Source : wikipedia fr et it
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’imposition sur les vieilles structures détruites [de Paris] d’une ligne géométrique [Hausmanienne] qui prolongerait dans une longue perspective des séries de maisons toutes pareilles, pouvait réussir simplement à cacher, mais non à détruire l’autre ville désordonnée, pleine de ferments, populeuse et séduisante. Spontanéité sociale ou rationalisme despotique et froid ? Blanqui n’avait pas de doutes en ce domaine. L’absolutisme, lorsqu’il oublie un instant les fureurs de la guerre, est pris par la fureur de détruire et reconstruire. Les projets immobiliers de Hitler, inoubliables pour quiconque y a jeté un regard fugitif, comme l’indique Canetti, démontrent un parallélisme entre construction et destruction. Toutes les bouches vénales – remarquait Blanqui – avaient célébré en chœur les grands travaux qui renouvelaient le visage de Paris ; quant à lui, il ne voyait rien de si triste que cet immense remue-ménage de pierres provoqué par le despotisme, en dehors de toute spontanéité sociale.
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Le soir de ce terrible 18 juillet 1898, lorsque Zola apprit que la cour d’assises de Versailles l’avait condamné à un an de prison, il n’eut même pas le temps de rentrer chez lui embrasser pour la dernière fois son chien Pimpin qu’il adorait. Poussé par ses amis Clemenceau et Labori, muni d’une mallette contenant quelques objets et son appareil photographique, il prit incognito le train à la gare du Nord et partit pour l’Angleterre.
« Exil » est un terme qui appartient au langage un peu soutenu et qu’on rencontre dans les manuels scolaires. C’est comme la mort. Ce sont toujours les autres qui meurent, disait Duchamp. Mais l’exil de Zola ne fut pas marqué de hauts faits et ne connut aucune grandeur. L’écrivain était l’un des si nombreux exilés modernes qui fuient leur pays pour échapper à la prison. Seul, dans un pays qu’il n’aimait pas, sans connaître un mot d’anglais, il voyagea sous un faux nom, se faisant appeler tantôt Pascal, tantôt Beauchamp, ou encore Richard. Plongé dans un silence inhumain qui succédait au tintamarre parisien, au procès, aux caricatures vulgaires, il craignait toujours d’être reconnu, suivi, arrêté. Il se mit à changer de logement, émigrant vers des zones toujours plus lointaines et inhabitées. Ses rares amis, par leurs égards excessifs envers sa personne, ne le tranquillisaient certes pas. S’il se rassurait dans les moments de calme en se disant que les agents français n’avaient pas le droit d’opérer en territoire étranger, voilà que ses amis affectueux lui conseillaient de prendre toutes les précautions possibles pour échapper aux recherches, car le danger existait et pouvait naître des lettres et des gens qui seraient arrivés de France jusqu’à lui.
Les photographies que, cédant à son irrépressible manie, il parvint à prendre aussi en Angleterre sont avant tout un singulier document de vie. Elles respirent l’atmosphère de cet exil : le silence, la peur, la suspicion, et aucune reconnaissance pour le pays qui le recevait. Il y a plus de désespoir accumulé dans ces images que dans tout ce qu’il déclarait ouvertement dans ses lettres et dans ses notes.
La photographie devient ici une confession indirecte. Personne mieux que Mallarmé, a écrit Cecchi, n’a exprimé la tristesse d’un éveil londonien en évoquant le fracas des boulets de charbon qu’une servante matinale déverse dans un seau de fer. Personne mieux que Zola n’a exprimé, dans ces vues timides et modestes, la mélancolie de certaines rues anonymes de Londres, semblables et différentes, si proches et si lointaines, que seuls égayent de tristes petits hôtels et l’ombre sans beauté des clochers d’église.

Peut-être ces photographies furent-elles prises le dimanche. De Nittis avait peint les dimanches londoniens déserts. Dans ces photos aussi, les rares passants, le grincement d’une charrette, le trot lent d’un cheval éveillent en l’heure estivale des échos longs et profonds. Souvent même les chevaux sont immobiles, au repos. Le landau d’un bébé ou la voiturette d’une vieille dame paralytique ont du mal à rouler sur les dalles disjointes du trottoir. On perçoit dans toutes ces photographies une grande circonspection, comme si le photographe voulait voir sans être vu. Le grand Londres et ses merveilleux paysages industriels lointains.

« Je vis au désert. Je ne vois absolument personne, je passe même trois ou quatre jours sans même ouvrir les lèvres, servi par des muets. » La photographie, fille de ce silence, sert à communiquer avec la petite humanité muette et sans sourires qui passe dans ces rues. Quelques rares fois, les images semblent se dissoudre dans leur compacité et dévoiler un secret. C’est la résurrection soudaine du monde qu’il a quitté, le paisible monde familier des sentiments, du travail, des douces habitudes. Derrière une fenêtre, entre les rideaux relevés, dans un intérieur à la Vuillard, on aperçoit une femme qui lit. Quatre « vierges britanniques », quatre demoiselles anglaises compassées à bicyclette, le font penser à Jeanne. Il y a en Zola un amour continu, fidèle, poignant, pour l’intimité familiale. Il pleura comme un enfant lorsqu’on lui écrivit que son chien Pimpin était mort. Et ce n’est pas un hasard si, dans cette « détresse morale absolue », dans cette « grande angoisse » de Londres, il commença d’écrire le roman de la famille, de l’éternité de la famille : Fécondité. […]
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Baudelaire, dans l’article qu’il prépara sur Madame Bovary l’année même de sa parution, a conféré à cette scène [l’opération du pied-beau] un relief encore plus grand que celui que lui avait donné Flaubert. Après l’opération manquée, « une colère noire », écrit Baudelaire, « depuis longtemps accumulée et refoulée, éclate chez sa femme ; dans toutes ses fibres. Les portes claques ; le mari interdit, stupéfié, qui n’a su donner aucune jouissance spirituelle à l’imagination exaltée de sa femme, est relégué dans sa chambre. Il est en pénitence, le coupable, l’ignorant ! Et Madame Bovary, la désespérée, s’écrie, comme une petite Lady Macbeth accouplée à un capitaine incapable : « Ah ! que ne suis-je au moins la femme d’un de ces vieux savants chauves et voûtés, dont les yeux abrités de lunettes vertes sont toujours braqués sur les archives de la science ! Je pourrai fièrement me balancer à son bras ; je serais au moins la compagne d’un roi spirituel ; mais la compagne de chaîne de cet imbécile qui ne sait pas redresser le pied d’un infirme ! oh ! » ».

Ce bref monologue, comme nous la lisons dans Baudelaire, est déclamé avec la voix terrible de la déception et de la colère par un personnage qui réalise finalement, à travers le destin d’un autre, sa propre défaite. Ces mots, ce ton, cet accent, en font un personnage de tragédie, au centre d’une situation sur le point d’éclater. Mais vous chercheriez inutilement ce monologue dans le roman. Il n’existe pas.
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faux
partiellement exact: le roman se passe en 1869, peu avant la guerre
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