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Critiques de Giovanni Privitera (14)
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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Safi Mohammad un jeune afghan fuit son pays l'Afghanistan pour la France, un exil forcé qu'il nous raconte humblement avec ses mots, ses peurs, ses doutes, ses espoirs... laisser ses racines, sa famille pour vivre ailleurs, mieux, mais seul. Un témoignage de réfugié touchant.
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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Certes du point de vue littéraire ça ne casse pas trois pattes à un canard (de plus j’ai relevé quelques coquilles), mais l’essentiel et le remarquable dans ce livre-témoignage c’est l’authenticité du propos. Le titre est éloquent « Exil Ordinaire », car il s’agit bien d’un voyage « ordinaire » malgré la tragédie humaine qui en est la cause. Un jour de 2015, Safi Mohammad menacé de mort par les Talibans, qui ont déjà assassiné son père, quitte son village d’Afghanistan pour le « paradis » européen (p.21 : parce que ce continent incarne tous les fantasmes de la jeunesse de mon pays). Il traversera, à pieds, en bus, dans des bennes de camion et même en taxi ; l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie, passera par l’Autriche et l’Italie pour finir, 72 jours plus tard à Marseille. Il souffrira parfois de la faim et de la soif, endurera le manque d’hygiène, aura mal aux pieds et sera courbaturé, mal logé, puis incarcéré quelques jours ... Mais ne cherchez pas ici de noyades, de tortures ou de morts atroces. Si les réseaux de passeurs sont bien organisés, ils ressemblent plus à une « économie souterraine » (et humanitaire !) qu’à des mafias sanguinaires. On apprend aussi dans ce récit quelques anecdotes sur la culture des pays traversés (étrangement à rebours d’un de mes livres préférés : L’Usage du Monde de Nicolas Bouvier). Mais après cela on pourra toujours se poser la question : L’Europe et la France peuvent-elles acceuillir toute la misère du monde, en ont-elles vocation ?

À Marseille, Safi, qui travaille aujourd’hui dans la restauration, rencontrera Giovanni Privitera, italien et professeur à Science Po. Aix-en-Provence, qui recueillera son récit et l’aidera à le mettre en forme. 3* pour ce vivant témoignage et remerciements aux éditions Ateliers Henry Dougier (Qui ont pour mission de « donner la parole aux invisibles ») et bien sûr à la M.C. Babélio. Allez, salut.

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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

2015. Crise des migrants en Europe.



Ça fait les gros titres des journaux.

A la télévision, on nous inonde d'images, on nous parle de la jungle de Calais et de Lampedusa. On nous parle des afghans, des syriens, des comoriens qui arrivent en masse. Nos chefs d'état se rencontrent, ratifient des traités et font semblant de se congratuler pour les décisions qu'ils prennent en espérant discrètement que ces fameux migrants préféreront se rendre chez le voisin plutôt que chez eux.



Il y a des élans solidaires que la politique et la justice répriment.

Il y a des idées nauséabondes d'un autre âge qui veulent profiter de la crise.

Il y a des gens qui secourent, qui viennent en aide et qui font des miracles avec les moyens dont ils disposent, des héros dont on ne connaîtra jamais les noms.

Il y a nous devant nos télévisions ou la tête dans nos journaux, à nous dire que c'est bien triste tout ça, que le monde est bien triste.

Mais au fond, est-ce que ça nous empêche de dormir? Une fois qu'à un dîner entre amis on a clamé haut et fort notre indignation et notre solidarité, on s'est resservi un verre ou une part de dessert et on est passé au dernier film vu au cinéma, à nos problèmes de boulot et aux potins du moment.

Et les migrants ne resteront que des anonymes aux visages à peine entraperçus dans un reportage lapidaire, indissociables les uns des autres. Individus, fondus et oubliés dans la foule, qu'on croisera peut-être un jour dans le bus ou le métro mais dont on ne saura rien. C'est plus confortable de ne rien savoir, ça fait moins mal, ça pousse moins à la remise en question aussi.



Heureusement, il existe des hommes comme Giovanni Privitera. Ce dernier est professeur à Sciences Po Aix-en-Provence et bénévole au centre d'accueil pour demandeurs d'asile de Saint-Charles à Marseille où il a rencontré Safi Mohammad, jeune afghan qui a dû quitter son pays et les siens, pour échapper aux talibans. Les deux hommes se sont liés d'amitié, assez en tout cas pour que Safi confie ses rêves au professeur: des rêves tout simples comme celui de s'intégrer, de tomber amoureux et de fonder une famille... Et celui aussi de voir un jour son histoire racontée dans un livre, pour faire comprendre que derrière les chiffres et l'anonymat des reportages se cachent des êtres humains avec un passé, un cœur, des souffrances, de l'espoir. Pour montrer aussi aux autres migrants qu'ils ne sont pas seuls avec leur histoire.



C'est ainsi qu'est né "Exil Ordinaire d'un jeune afghan", d'une rencontre, de l'amitié et du travail de ces deux hommes.



Le récit raconté à la première personne s'attache aux pas et aux sensations, au vécu de Safi Mohammad et suit un cours chronologique. C'est sa voix qui chemine jusqu'à nous, son histoire, ses pensées qu'il a confié à Giovanni Privitera. Ce dernier a parfois intercalé entre les différentes étapes du "voyage" de Safi Mohammad des paragraphes revenant sur leur ouvrage à quatre mains, leur façon de travailler qui apportent un éclairage inédit au récit, une manière supplémentaire de l'appréhender autant que de l'enrichir.



L'histoire de Safi ressemble sans doute à beaucoup d'autres, mais c'est la sienne et rien que pour cela, elle mérite d'être racontée, connue. C'est un exil "ordinaire", sans torture ni bateau laissé à la dérive sur la Méditerranée et pourtant il est tout aussi violent et tragique... Des premières pages qui évoquent les menaces des talibans et le choix de partir quand on sait que c'est probablement pour toujours, aux différentes étapes qui jalonnent ce voyage sans retour, on suit Safi et ses compagnons qui cherchent à partir pour un avenir meilleur, on prend conscience de l'épuisement qui a dû être le leur, de leur courage immense. On mesure les dangers et le coût de l'exil, l'ambivalence des passeurs et la crainte des forces de police. On effleure les angoisses, les insomnies, la méfiance, les amitiés d'un jour... On a le cœur qui se serre devant ce refus conscient de penser à sa famille pour ne pas avoir trop mal et cet espoir d'arriver à bon port. On frémit quand on se rend compte qu'après le voyage, il reste encore la bataille administrative et le regard de ceux qui trient les bons des mauvais migrants. C'est bien connu qu'il y en a de bons et de mauvais, hein...

A la dernière page, on se sent tout petits face à un tel voyage et une telle force.

On a les yeux ouverts aussi. Sur le monde et sur les hommes surtout. C'est exactement ce qu'il nous fallait pour ne plus baisser les yeux en passant devant les foyers de demandeurs d'asile et pour ne plus oublier une fois la télévision éteinte et le journal refermé.



Merci mille fois à Babelio, aux ateliers Henry Dougier et à la masse critique " non fiction" pour le livre et pour ça. Merci à Giovanni Privitera et à Safi Mohammad d'exister et d'être ce qu'ils sont.











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Les Siciliens

Je voudrais remercier Babelio (avec sa Masse Critique) et les Editions Ateliers Henry Dougier pour m’avoir permis de lire « Les Siciliens, Lignes de vie d’un peuple ».



Giovanni Privitera est un Sicilien ayant « émigré » à Marseille. Cette ville, que beaucoup comparent à une ville du Sud de l’Italie (en pointant très souvent les points négatifs). Il enseigne à Science Po, Aix-en-Provence.

Dans son livre, « Les Siciliens, Lignes de vie d’un peuple », il démonte en cinq grands chapitres, notamment, ces idées reçues qui ont la dent longue sur cette île. Il nous montre que la Sicile, avec un passé de 3 000 ans, a beaucoup changé durant les dernières années.

« Il est indéniable que, depuis l’unification italienne, nos conditions de vie générales ont largement progressé. » (page 18).

Il a pris le parti d’aller à la rencontre de ceux qui vivent et « font » la Sicile. Pour cela, il a privilégié de grands entretiens et des « histoires fortes ». Il a choisi, entre autres, des Siciliens comme : Rosa Cassata, présidente d’un mouvement indépendantiste sicilien « Sicilia Libera » ; Salvatore Lupo, auteur d’un livre monumental « Histoire de la mafia » ; « Pascale », le gamin du film Respiro ; U Zi’ Peppe, habitant de Lampedusa.



Cinq grands chapitres donc :



Chapitre 1 : Un continent en miniature



La Sicile, la plus grande des cinq régions autonomes Italiennes, a eu l’apport de différentes cultures. Elle a été envahie par des peuples très différents les uns les autres. Il en résulte un brassage étonnant.



« Quand, au VIIIe siècle avant notre ère, les premières embarcations grecques arrivèrent en Sicile pour la coloniser, les Sicules, les Sicanes et les Elymes peuplaient la région. Ce sont là les traces les plus anciennes laissées par les populations qui ont précédé les Grecs sur l’île… Conjointement à la colonisation hellénique (essentiellement localisée dans la partie centre-orientale du territoire…), les Phéniciens fondèrent l’actuelle Palerme… et occupèrent la partie occidentale de la Sicile. C’est ici, au IIIe siècle avant J.-C., qu’éclata la première guerre punique, entre Rome et Carthage. Les Romains conquirent progressivement toute l’île qui devint ainsi la première des provinces romaines…. Après la chute de l’Empire romain, les Byzantins restèrent près de 250 ans avant que les Arabes, au début du IXe siècle, ne prennent possession de ce qui deviendra l’émirat de Sicile…. Sous domination islamique, Palerme devint la capitale et seule une minorité de la population se convertit à l’islam. Selon les historiens, ce fut une période de prospérité, aussi bien du point de vue économique que du point de vue culturel. Et bien que la conquête normande de la Sicile à la fin du XIe siècle coïncidât avec la période des croisades…, le nouvel Etat normand conserva de nombreux éléments de l’organisation islamique…. A la fin du XIIIe siècle, les Angevins occupèrent la Sicile pendant seize petites années, jusqu’en 1282 quand ils furent renversés par une révolte populaire… Les Aragonais profitèrent de ce soulèvement pour appuyer le peuple contre Charles d’Anjou et ils lui succédèrent jusqu’au début du XVIe siècle… Avec l’arrivée des troupes de Charles Quint, ce fut l’époque de la Sicile espagnole pendant deux siècles. Et, en 1734, après la brève succession des pouvoirs piémontais et autrichiens, les Bourbons s’emparèrent de la Sicile jusqu’à l’unité italienne, l’expédition des Mille menée en 1860 par le général Giuseppe Garibaldi et l’annexion de la Sicile au tout nouveau royaume d’Italie. » (pages 20 et 21).



Ceci a créé un métissage à tous les niveaux : culinaire, architectural, linguistique… Il existe aussi un fossé économique, culturel, social entre le Nord et le Sud. Mais toutes ces influences ont bien été assimilées et elles font partie intégrante de la culture et de l’identité siciliennes.



Chapitre 2 : Confusion d’identité



Chez certains Siciliens, il existe cette idée de nation sicilienne et d’indépendance. Cette indépendance serait la solution pour éviter l’extinction de la sicilianité. Il n’est pas un doux rêve. La Sicile est une île très riche : en matière d’énergies, de production agroalimentaire, de faune, de flore, du pétrole en abondance. Les siciliens pourraient être autosuffisants dans bien des domaines.

Les indépendantistes réclament des écoles bilingues. Ils veulent un enseignement général en sicilien, tout en gardant l’italien comme première langue étrangère.



Chapitre 3 : Théâtralité sicilienne



Cette théâtralité se retrouve dans les meetings politiques, à la messe, les matchs de football, dans la procession pendant la semaine sainte…



« ….tout ici acquiert une dimension théâtrale. La théâtralité sicilienne est l’un des principaux facteurs de la « sicilitude »… Elle fait partie de la condition du Sicilien….c’est dans leur ADN. » (page 66).

« Chez nous, tout est mis en scène. Même la mort…. Nous avons également une tradition de pleureuses professionnelles aux enterrements. » (page 67).



Chapitre 4 : La mafia, excroissance perverse d’une mentalité ?



Dans l’imaginaire collectif international, la Sicile et la mafia ne font qu’un. Mais ceci est un stéréotype, une exagération. Surtout qu’historiquement, la mafia ne caractérise qu’une partie de l’île, la Sicile occidentale. Par exemple, le cinéma a été un bon vecteur de ce stéréotype.



Pourtant une certaine mafia sicilienne, Cosa Nostra, existe bien. Les batailles livrées par les magistrats, depuis les années 70, se sont conclues par une victoire. Celles-ci ont été menées par le célèbre pool antimafia dont faisaient partie les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Ceux-ci en ont payé de leurs vies, victimes d’attentats les visant expressément.

Dans l’histoire de l’Italie de ces vingt dernières années, cette victoire est l’un des succès majeurs.



« Cependant, quand j’affirme que la mafia a été vaincue en Sicile, cela ne signifie aucunement que nous vivons dans le monde du bien, de la moralité et de la justice. Je veux simplement dire que cette bataille a été gagnée. Mais la guerre ne se gagne jamais, puisque personne ne sait ce qu’il adviendra dans le futur. Et, si « mafia » est une façon de dire « actes criminels », « corruption politique », etc…, alors nous n’avons rien gagné du tout. Par contre, si nous prenons le terme dans son acceptation la plus stricte, nous pouvons affirmer que la mafia a été vaincue en Sicile. » (pages 86 et 87).



Chapitre 5 : Rêve américain, rêve européen



L’émigration sicilienne a été un flux ininterrompu vers l’étranger et vers le Nord de l’Italie, depuis un siècle et demi.

Les principaux pays de destinations étaient, alors, les Etats-Unis d’Amérique, l’Argentine, la France, la Suisse. Puis il y a eu la Première Guerre mondiale et la montée du fascisme. Les Siciliens se sont réfugiés en Tunisie, en Libye ou au Maroc.

La misère et l’absence de travail a, aussi, poussé la population à partir. Ils ont émigré aux Etats-Unis encore, la Belgique, l’Australie.



Ceux-ci faisaient des économies et envoyaient ce qu’ils pouvaient à la famille restée au pays. Cette émigration a été bénéfique à la Sicile d’alors et par ricochet à celle d’aujourd’hui. Ces familles se servaient de l’argent d’abord pour se nourrir, puis pour acheter des terres, pour construire, ensuite, leur propre maison ; afin de s’émanciper des grands propriétaires terriens.



Surtout les Italo-Américains, en rentrant au pays, ont apporté de la modernité dans la façon d’envisager l’agriculture. L’identité italienne s’est renforcée, une sorte de sentiment d’appartenance nationale.

L’aspect négatif, aujourd’hui, est la « fuite des cerveaux ». Les jeunes sur-diplômés ne trouvent pas de travail. Mais, ceux-ci partent définitivement et ne feront pas comme leurs aînés. Et puis, la Sicile souffre d’une crise démographique sans précédent. La Sicile est une des régions d’Europe ayant un taux de fécondité le plus bas.



Une île très proche des ports tunisiens et libyens, Lampedusa, est devenue le rêve européen pour tous les migrants qui aujourd’hui fuient l’Afrique et ses régimes dictatoriaux. Ceux-ci trouvent, pour un temps, une terre accueillante. Ce n’est pas sans risque pour eux : passeurs véreux, noyades, morts…. Mais rien ne pourra les arrêter. Symboliquement, la Sicile leur rend ce que ses habitants ont tant cherché ailleurs.



Giovanni Privitera, dans son livre « Les Siciliens, Lignes de vie d’un peuple » est arrivé à nous présenter la Sicile, avec une culture encore authentiquement populaire. Il s’est attardé sur les spécificités du peuple sicilien…. Car méfions-nous des standardisations, de l’universalité, de l’ethnocentrisme.



« Voyager, décaler la perception, dépayser notre regard, désorienter les certitudes. » (page 131).
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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Il avait 23 ans, il se souvient du bruit de la kalachnikov qui a tué son père en pleine nuit . Il se remémore son enfance, ces demi-journées journées partagées entre l’école et le travail dans les champs, son entrée au sein de la police aux côtés des forces occidentales et les menaces de représailles des talibans. Pour eux, Safi était un traître, malgré l’assassinat de son père il ne se soumettait pas.



Pour protéger le reste de sa famille et se protéger lui-même, il lui faut quitter les siens et partir. Premiers contacts avec des passeurs, quelques 10 000 km sur des chemins semés d’embûches, la faim plus prégnante encore que la fatigue, le désespoir puis l’espoir, les amitiés de paille dans les camps de réfugiés… et son regard au loin depuis le haut parvis de la gare Saint-Charles à Marseille. Sa volonté plus forte que tout conduira Safi Mohammad vers ses rêves : apprendre le français, s’intégrer, travailler, fonder une famille… et transmettre son histoire.

Giovanni Privitera, universitaire et écrivain sera son ultime passeur, un ami, celui qui raconte, pas à pas, simplement «Une immersion authentique dans l’univers d’un migrant ordinaire, dans les méandres de l’exil et de l’impossible retour en arrière ».



Maintes fois pendant ma lecture, je me suis révoltée, maintes fois je me suis sentie coupable, installée confortablement pour lire une énième tragédie si bien écrite, comme celles qui font l’actualité, photos à l’appui. On parle maintenant de « l’exil ordinaire d’un jeune afghan »! Effectivement, le parcours de Safi Mohammad est ordinaire, il ne révèle pas de scènes de torture, pas de traversée dans un rafio qui va déverser son chargement en Méditerranée là où nous, touristes, nous baignerons avec délectation cet été, là où sur les plus beaux yachts ces mêmes touristes voyageront avant d’accoster, à quelques encablures des rives où des familles brisées seront débarquées avant d’être dirigés vers les camps de réfugiés.



Au-delà de me révolter contre moi-même de ma douce léthargie, je voudrais croire à nos gouvernants, croire à la force de l’Union Européenne, qui prennent tant de belles décisions pour aider les pays où règne la dictature…



Mon commentaire a finalement pris une autre tournure que le seul avis sur le livre bien documenté et très utile de Giovanni Privitera, mais la littérature, portée par ses lecteurs, a le pouvoir et la force de mener certains combats.



Merci aux écrivains passeurs et à Giovanni Privitera, aux ateliers Henry Dougier qui veulent briser les clichés en racontant la société contemporaine, en donnant la parole à des témoins souvent invisibles et inaudibles. Merci à Babelio pour ses masses critiques non fiction.







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Les Siciliens

L'identité Sicilienne... son histoire, son actualité, son ressenti auprès des Siciliens d'ici et d'ailleurs, un thème qui résonne tout particulièrement après ce voyage où nous avons pu sentir bien des contrastes avec l'Italie "continentale", mais aussi d'une région à l'autre de la Sicile, tantôt tournée vers l'Afrique, tantôt vers l'Europe.



En interrogeant plusieurs Siciliens, l'auteur dresse un portrait complexe des habitants de l'île, loin des clichés et loin de la vision carte postale ou tristement déformée par l'actualité.



On ne peut bien sûr pas ne pas parler de la Mafia, ni des différentes migrations de l'histoire, mais il est aussi question de cuisine, de musique, de langue, de sport... tout ce qui peut construire une identité et comment elle évolue chez les Siciliens partis en Belgique ou à Paris et qui portent désormais un autre regard sur leurs origines et les coutumes de leurs ancêtres.



J'ai appris également des choses que j'ignorais sur l'île, comme l'existence d'une importante communauté Arbëresh en particulier dans le village de Piana degli Albanesi. L'interview de Madame le Maire et des habitants de Lampedusa est un passage particulièrement intéressant.



Un seul reproche à ce livre ? Trop court! J'aurais aimé creuser d'avantage certains thèmes tant ils sont nombreux à être abordés en si peu de pages, le tout de façon très claire et très accessible. C'est en tout cas un ouvrage à conseiller largement!
Lien : https://lecture-spectacle.bl..
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26 mai 1993

Chronique sur : "26 mai 1993" de giovanni privitera.



Genre: témoignage



Pour être tout à fait franche, je dois vous dire que quand j'ai tenu dans mes mains le livre de giovanni je me suis dis : dans quoi je me suis embarquée, un livre sur le foot alors que je ne regarde jamais un match sauf l'équipe de France une fois tous les 4 ans quand j'y pense..



J'ai commencé ma lecture et là j'ai été happé par l'histoire, page après page la magie de l'OM à opérer..

Et c'est avec plaisir que j'ai suivi ce moment de partage vu par les yeux d'un minot..

L'avant, le pendant et l'après de ce grand moment de foot de cette année 93..

J'ai ris avec les anecdotes sur les superstitions des membres de cette famille et de leur cercle d'amis..

J'ai presque frémi en même temps qu'eux quand le coup de sifflet final à retenti...

Je me suis même aperçu que certains noms m'étais très familiers...

C'est un livre plein de douceur, de souvenirs, de moments rares dans une famille semblable à toutes (ou presque) les familles marseillaises...
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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Safi est afghan, Safi est Pachtoun, Safi est policier. Il combat les talibans au côté des américains. Mais quand les Américains partent et que les talibans prennent le pouvoir, il doit fuir. Où ? En Europe bien sûr, cet Eldorado qui fait rêver...

Et commence la fuite, la rencontre et le contrat avec un passeur.

Ce livre écrit à 2 voix raconte sa fuite, d' Afghanistan à Marseille en passant par la Turquie et bien d autres pays, en passant de villes en villes, en camion, voiture, bus et à pied.

Oui ce livre est écrit à 2 voix, celle de Safi bien sûr et celle du narrateur, Giovanni, rencontré à Marseille. Ce dernier l aide à se raconter, à accoucher de ce livre, de son livre.

Il est très bien écrit, le récit est prenant. On souffre au côté de Safi, on espère pour lui.

Aujourd'hui j' avoue que je regarderai différemment les immigrés que je croise dans la rue. Ce livre était nécessaire ( même si c est triste à dire), nous ne savons pas ce qu' ils vivent pour venir ici mais aussi ce qu ils quittent et pourquoi ils le quittent...

Un grand merci à Babelio et aux éditions Ateliers Henry Dougier pour cette belle découverte.

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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Récit de trois années de luttes et de douleurs pour un jeune afghan, Safi, obligé de quitter son pays pour raisons politiques .

Jour après jour, nous suivons les 70 jours nécessaires à son parcours, à pied, voiture, taxi, train de Kaboul à Marseille où il vit . Nous découvrons le passeur en chef, celui de la ville de départ , en fait très bien organisé qui ne laisse qu'un numéro de téléphone et fait le relais avec les autres répartis sur la route. Safi a eu de la chance avec le sien : certes il coûtait très cher mais avait vraiment des contacts partout et ne l'a pas laissé tomber jusqu'à Vintimille.

Il a aussi évité les arnaqueurs, les tueurs dont on entend parler, mais le chemin a été rude jusqu'au port final, choisi un peu par hasard de connaissances migratoires .

Marseille où il vivra dans un camp, essaiera de se faire « dédubliner », les accords de Dublin forçant les migrants à s’enregistrer dans le premier pays où ils sont restés, souvent celui où ils sont arrêtés par la police !il s sont obligés de demander une annulation de cet enregistrement pour faire une demande de réfugié dans le nouveau pays.

L'aide de jeunes étudiants ou enseignants pour parler français , lire et écrire est capitale et au centre de l’intégration.

C'est en cela que le co auteur Giovanni Privitera a été utile à Safi et à d'autres, en les aidant à vivre dans un pays où ils ne maîtrisent pas la langue ni les codes.

Les dernières lignes du livre sont assez révélatrices ! Safi devient ami avec une jeune femme ! Chose totalement impossible dans son pays ni même inenvisageable ! Un pas vers la culture occidentale !

Pas de jugement dans ce livre témoignage, juste des constats et des récits d'épisodes de vie.

Peut être, nous, citoyens d'un pays, peut il nous aider à ouvrir les yeux, à regarder ces migrants d'un autre œil, même si, au regard d'autres récits, Safi a eu de la chance de ne pas être une .. femme, ce qui rend la migration encore plus rudes et dangereuse !
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Les Siciliens

À la croisée de la sociologie, du livre d'histoire et du routard! Traditions, culture, us et coutumes. L'actualité de ce peuple à l'aune de son Histoire raconté avec finesse et sensibilité. Les clichés sont pris à contre-pied; les thèmes sont variés: de l'émigration et des diasporas siciliennes dans le monde à l'immigration et aux enquêtes de terrain à Lampedusa; de l'idée qu'on se fait de la mafia à la réalité; les influences multiples dont a hérité la Sicile, île à la croisée des mondes! La question méridionale, le clivage nord sud et en même temps le profond attachement à l'Italie; la culture foot de ce peuple, les croyances ancestrales... Bref, lisez-le!!
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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Récit poignant!

Un témoignage authentique très original et surtout personnel qui nous sort de la vision monolithique du "migrant" donnée par les médias... et quelques réflexions très fines de l'auteur sur l'exil, les conditions d'accueil, l'hospitalité.

Un livre qui se lit comme un polar.

Je recommande vivement!



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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Reçu dans le cadre de la masse critique Non fiction de Juin 2021. C'est le style de livre que je lis habituellement cependant j'ai eu du mal à accrocher au style d'écriture et je me sentais détacher du récit de jeune afghan quittant son pays et laissant amis et famille derrière lui.

Il nous raconte son périple "ordinaire" à travers de nombreux pays que d'autres avant lui avaient déjà traversés et que d'autres après lui emprunteront.

Une fois arrivée en France, c'est un deuxième voyage qui commence celui de "l'administration française" pour obtenir le statut de réfugié.



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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Voici un témoignage indispensable !!

Safi Mohammad à vécu sous le régime extrême des Talibans : pas d'école, pas de jeux, pas de joie. Plus tard, après le passage des Américains, il devient policier et combat les Talibans, cachés dans l'ombre, mais toujours puissants. Il est leur ennemi. Après deux menaces et l'assassinat de son père, il n'a plus le choix. Il doit fuir.



Pendant 71 jours, et pour un prix exorbitant, Safi va marcher, être entassé avec des dizaines d'autres dans des voitures, se cacher, courir, avoir faim, attendre... tout cela dans la peur. 71 jours d'enfer avec pour but final, le graal, la liberté européenne (la bonne blague...) Arrivé finalement à Marseille, il va rencontrer Giovanni. Ensemble, ils nous racontent.



Ce périple, somme toutes ordinaire pour des milliers de gens, ne peut pas laisser indifférent. Il devrait être mis devant les yeux de tous. Comment peut-on tolérer que des êtres humains subissent de pareils voyages (quand ils n'y laissent pas la vie) pour se voir fustiger et traiter comme des monstres à l'arrivée ?



Je suis institutrice. Au cours des années, j'ai eu plusieurs primo-arrivants dans ma classe auxquels je me suis profondément attachée. Quand je pense à mes élèves qui ont dû vivre quelque chose de similaire, si jeunes, je suis révoltée ! Ce monde est terrible et injuste ! Mais il est encore temps d'ouvrir les yeux. le témoignage de Safi et de tant d'autres existent. Écoutons-les !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Exil ordinaire d'un jeune Afghan

Merci à Masse critique pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.

Nous accompagnons ici le parcours de Safi, jeune Afghan qui fuit son pays car il est menacé de mort.

C'est un récit très intéressant qui nous apprend quel parcours doivent traverser les migrants. Nous voyons là l'autre côté, la vision du migrant et non pas ce que nous voyons aux informations.

A lire si vous êtes curieux du sujet. C'est un petit ouvrage écrit par son professeur de français qui relate brillamment la difficulté de quitter son pays natal, les milliers de kilomètres parcourus plus ou moins facilement et l'arrivée dans la ville finale sans forcément s'en rendre compte en se rendant compte qu'un nouveau parcours semé d'embûches commence, le parcours administratif pour la régularisation.





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