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Citation de Pecosa


Néanmoins, le juge se répandit en invectives contre ce prétendu serviteur de Dieu, aussi arrogant qu'un baron de l'ancien temps, qui avait à son service des individus comme ce Surfareddu et qui faisait tuer les gens pour quatre olives. Il voulait qu'on remette l'assassin mort ou vif, et le chanoine jurait les grands dieux qu'il n'y comprenait rien. Il s'en fallut de peu que le juge ne l'accuse d'être le complice, l'instigateur du meurtre, et ne fasse passer les menottes. Pendant un moment, ils crièrent ainsi, allant et venant sous les orangers tandis que le médecin et le greffier accomplissaient les formalités devant le mort étendu sur les sacs vides. Puis on se mit à table à l'ombre des arbres, à cause de la chaleur, et les femmes prièrent monsieur le juge de manger un morceau parce qu'il se faisait tard. La cuisinière se démena: macaronis, ragoûts de toute sorte; ces dames elles-mêmes se mirent en quatre pour que le repas soit à la hauteur de l'évènement. Le juge s'en lécha les doigts. Puis le greffier poussa un coin de la nappe et rédigea en hâte un procès-verbal de dix lignes, avec la signature des témoins et tout le reste, pendant que le juge sirotait son café, préparé à la machine pour la circonstance. Les paysans observaient la scène de loin, à moitié cachés derrière les orangers. Enfin le chanoine en personne alla chercher une bouteille de vieux muscat qui aurait ressuscité un mort. Quant à l'autre, on l'avait enterré sous le vieil olivier malade. Le juge reçut une gerbe de fleurs des mains des femmes, qui placèrent aussi dans les besaces de la mule deux beaux paniers de fruits choisis, pour le greffier; et le chanoine les raccompagna jusqu'au bout du chemin.
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