Séduire, c'était attendre, savoir faire attendre, créer l'espace du manque afin que le rêve s'y projette. C'était surtout le verbe, le discours charmeur, les mots fallacieux. De nos jours, les relations entre les hommes et les femmes ont évolué sur un mode radical puisque, dans les pays occidentaux, les rapports sexuels sont souvent immédiats, le langage se réduit au minimum des SMS, l'attente n'existe plus et le temps est fini avant même que d'avoir débuté.
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Combien de séducteurs, de Don Juan, ne fonctionnent-ils uniquement que pour se convaincre qu'ils plaisent à leurs mères? Chaque démonstration ne dure que le temps d'un instant, la conquête terminée il ne leur reste plus qu'à recommencer puisque leurs mères ne les ayant pas aimés, "elles" ne les aiment pas non plus.
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Demeurèrent alors toutes les questions : comment ne pas faire de mal aux patients ? Comment ne pas les brutaliser en les aidant à mieux se comprendre ? Tout au long de son œuvre si importante, l'obsession permanente de Ferenczi est de protéger le patient de ses propres manifestations contre-transférentielles, ce qui supposait donc de les maîtriser et même de savoir en tirer profit : qui d'autre que lui s'est confronté avec ce courage à ce problème fondamental enfoui par la confrérie sous les affirmations fallacieuses de « neutralité » ?
(Préface de "Confusion de langue entre les adultes et l'enfant : le langage de la tendresse et de la passion", suivi du "Rêve du nourrisson savant" et d'extraits du "Journal clinique" de Sándor Ferenczi)
Nos avons une relation beaucoup trop narcissique à notre apparence qui nous empêche de ressentir notre corps de l'intérieur. Ce narcissisme nous incite à être insatisfaits de notre image. D'où les plaintes incessantes sur les kilos en trop, les centimètres qu'il faudrait avoir en plus, etc. Renouer avec la sensorialité nous soulage de la lourdeur de l'apparence. En réintroduisant une dialectique entre le soi et l'extérieur, elle nous décentre de nous-mêmes et nous permet d'oublier un peu nos petits défauts physiques.
Dans le hors série du magazine "Psychologie" n° 74 de décembre 2022 et janvier 2023.
Séduire, c'est tirer quelqu'un à l'écart, le dévier, le détourner d'un parcours initialement prévu. Étymologiquement, "séduction" vient du latin seducere, qui se subdivise en ducere, "conduire, tirer" et en se, "soi".
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Ferenczi décrira donc deux processus névrotiques essentiels étayant à nouveau la réalité de la séduction chez l'enfant, à savoir d'une part l'identification à l'agresseur, d'autre part la prématuration psychique face à la folie adulte et au terrorisme de la souffrance.
(Préface de "Confusion de langue entre les adultes et l'enfant : le langage de la tendresse et de la passion", suivi du "Rêve du nourrisson savant" et d'extraits du "Journal clinique" de Sándor Ferenczi)
Le repentir du peintre est ce remords, ce regret venu il ne sait d'où, de représentations inconscientes probables, de son sens esthétique sûrement, qui le conduisent à effacer, sur sa toile, les traces d'un premier mouvement qu'il n'assume pas dans un second temps.
(Préface de "Confusion de langue entre les adultes et l'enfant : le langage de la tendresse et de la passion", suivi du "Rêve du nourrisson savant" et d'extraits du "Journal clinique" de Sándor Ferenczi)
Sabourin souligne que Freud dit à son élève Hilda Doolitle, deux mois avant le décès de Ferenczi : « Je n'aime pas être la mère dans un transfert ; cela me surprend et me choque toujours un peu, je me sens tellement masculin. »
(Préface de "Confusion de langue entre les adultes et l'enfant : le langage de la tendresse et de la passion", suivi du "Rêve du nourrisson savant" et d'extraits du "Journal clinique" de Sándor Ferenczi)
Séduire c'est faire rêver l'autre, et cette part de rêve ne peut éclore que dans le temps de l'absence, hors de la vue.
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S)asperger de parfums capiteux masque l'odeur corporelle.
Idéal quand on n'est pas sûr de soi.
Le parfum donne du corps à qui en manque.
Dans le hors série du magazine "Psychologie" n° 74 de décembre 2022 et janvier 2023.