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Citation de Cielvariable


Le monde est bien plus passionnant quand on ne voit pas seulement de lui ce qu’il daigne nous montrer, mais aussi ce qu’il nous cache. Prenons par exemple l’un de ces arbres qui bordent nos routes. Un arbre n’est pas une cuillère. Pourtant, c’est grosso modo la forme que perçoivent nos yeux : une barre toute droite (le tronc), surmontée d’une forme ovale (les branches). L’œil, face à cette forme, nous dit : “cuillère”. Sauf qu’il y a au moins autant de racines sous terre que de branches s’étirant vers le ciel. Devant cette symétrie, le cerveau devrait donc plutôt clamer quelque chose comme “haltères” ou “bâton de majorette”. Mais non. Le cerveau tire la plupart de ses informations de ce que voient les yeux : il ne se fie que rarement aux illustrations d’une encyclopédie montrant à quoi ressemble un arbre dans son ensemble. Résultat : devant le paysage qui défile, le cerveau commente la forme des arbres en répétant “cuillère, cuillère, cuillère, cuillère”.

Et tandis que nous parcourons ainsi le monde en deux coups de cuillères à pot, nous passons à côté de quantité de choses formidables. Au plus profond de nous, en effet, sous le rempart protecteur de notre épiderme, on ne chôme pas : on écoule, on pompe, on aspire, on écrase, on désagrège, on répare et on réorganise. Toute une équipe d’organes sophistiqués s’active joyeusement, tant et si bien qu’en une heure, un adulte consomme à peu près autant d’énergie qu’une ampoule de 100 watts. Chaque seconde, nos reins filtrent et nettoient soigneusement notre sang – un peu comme un filtre à café, mais à un tout autre niveau de précision. Sans compter qu’en général, nos reins ne finissent pas à la poubelle aussitôt après usage… Et le poumon ? Le poumon, vous dis-je, est si malin qu’il n’utilise de l’énergie qu’au moment de l’inspiration. L’expiration, elle, se fait en mode automatique. Si nous étions transparents, notre poumon nous apparaîtrait dans toute sa beauté et nous pourrions alors voir dans sa masse cotonneuse cette machinerie bien huilée, comme mue par un remontoir. Enfin, qui n’a jamais songé, le cœur gros : “Personne ne m’aime”, alors que ce cœur, justement, entamait sa dix-sept-millième journée de travail de vingt-quatre heures – et aurait bien raison, en entendant ça, de se sentir un peu négligé ?
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