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Citation de Ziliz


Ziliz
18 septembre 2020
Giulia Foïs
(...) Face au mouvement de révolte des lycéennes, qui demandaient lundi à pouvoir venir en classe habillées comme elles l’entendaient, témoignant lui aussi d’un sens aigu de l’époque et de ses enjeux, notre ministre de l’Education nationale a déclaré qu’il fallait, je cite encore : « adopter une position d’équilibre et de bon sens. Il suffit de s’habiller normalement et tout ira bien ». Ah ben ça va pas du tout, ça. Du coup je lui ai écrit une lettre.

« Cher Jean-Mimi,

Depuis le temps que je t’écoute, depuis le temps que je te suis, je suis forcée de me demander si tu n’irais pas à contre sens, en cumulant tout les non sens, avec cette phrase qui n’a pas de sens, quand tu en appelles au bon sens, qui va toujours dans le même sens.
Exemple : si je disais aux policiers qui se plaignent d’être attaqués pour leur uniforme quand ils portent un uniforme, de ne plus porter d’uniforme. Tu me dirais que j’ai tort, et t’aurais raison. De la même façon, Jean-Mimi, posons nous la question : si, dans un collège, ou un lycée, une fille se fait siffler parce qu’elle est en débardeur, il est où le problème : dans le débardeur ou dans le siffleur ?

Alors je sais ce que tu vas me dire : le règlement, c’est le règlement. C’est pas hyper développé comme argument, mais c’est touchant. Oui, j’aime bien ce petit côté légaliste, chez toi. C’est naïf, c’est émouvant, mais c’est un peu à côté de la plaque, en fait. Parce que le règlement, en l’occurrence, il est pas très clair. Je sais pas si tu as eu le temps de le lire, mais en gros, il dit qu’on attend des élèves une tenue correcte. Point. A partir de là, on fait ce qu’on veut. Or bizarrement, on veut toujours un peu la même chose : que les garçons montrent leurs genoux, le bas de leurs cuisses, le haut de leurs fesses, ça, c’est correct. Les filles, ça l’est tellement pas que, régulièrement, on les renvoie chez elles, quand on ne les met pas sous le coup d’une procédure disciplinaire. Si si, je te jure, ça arrive assez souvent. D’où la colère des lycéennes, qui se fait régulièrement entendre depuis le début de MeToo. Depuis trois ans, donc. Mais tu pouvais pas savoir, à l’époque t’étais pas… Ah ben si, t’étais déjà là.

• Mais je sais ce que tu vas me dire : si ça se passe comme ça, c’est qu’il y a une bonne raison.

Oui. Une raison, en tous cas. Toujours la même, invoquée par les chefs d’établissements : les filles doivent faire attention à ne pas distraire, voire à ne pas provoquer les garçons, parce que c’est connu, une fille, ça tente, et qu’un garçon, ça saute dessus. C’est pas neuf neuf, comme idée, c’est pas hyper valorisant pour vous, et pas ultra pratique pour nous vu que c’est même un petit peu pour ça qu’on nous visse, qu’on nous voile, qu’on nous vilipende ou qu’on nous viole depuis la nuit des temps.

• A chaque fois, je dis bien à chaque fois qu’une fille, qu’une femme, est harcelée, suivie, insultée dans la rue ou virée de son lycée, on lui demande comment elle était habillée.

Un Français sur trois pense d’ailleurs qu’elle est responsable de ce qui lui arrive si elle porte une mini jupe au moment où elle est violée. Un sur trois… Mais toi, Jean-Mimi, t’es pas ce Français là, hein. Toi, tu peux pas penser comme ça. Pas à ton poste, non, ça se peut pas. Allez je t’embrasse, allez, j’y crois. »

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• lettre à Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale (article du 17/09/2020)
>> tout l'article : https://www.franceinter.fr/emissions/pas-son-genre
A écouter là : https://www.franceinter.fr/emissions/pas-son-genre/pas-son-genre-10-septembre-2020
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