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3.55/5 (sur 74 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Milan , le 26/06/1977
Biographie :

Giulio Cavalli est écrivain, journaliste et dramaturge.

Son roman, "À l’autre bout de la mer" ("Carnaio", 2019), le premier publié en France, a été sélectionné par de nombreux prix, dont le prestigieux prix Campiello.

Giulio Cavalli vit depuis 2007 sous protection policière pour son engagement dans la lutte antimafia.

son site : https://www.giuliocavalli.net/
page Facebook : https://www.facebook.com/cavalli.giulio/?ref=page_internal
Twitter : https://twitter.com/giuliocavalli


Source : www.editions-observatoire.com
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27 juin 2023 #LaSveglia Un ministro della Repubblica che in un’intervista delegittima in un colpo solo la stampa e la magistratura per difendere una sua collega è un capolavoro di berlusconismo nell’anno primo dopo Berlusconi. Il ministro alla Guerra Guido Crosetto lo fa evocando “dossier confezionati” da “pezzi di istituzioni” per “far male al governo”. Anzi, fa di più, avvisando quelli che lui chiama “sciacalli” (ovvero i giornalisti) del rischio di dossieraggio. Crosetto non sa che i giornalisti lavorano con le notizie e dimentica di essere nella delicata posizione di essere l’unico ad avere accesso ai “dossier”. Poche ore prima il vice presidente del Senato Maurizio Gasparri se l’era presa con il giornalista Marco Damilano (parlando di “suoi spartiti da nullità”) e la giornalista Lucia Annunziata accusata di “faziosità, approssimazione e maleducazione”. Tra le altre cose Gasparri è un giornalista.

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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
"D'accord, merci Peppe, ils étaient contents de pouvoir s'éclipser, on s'en occupe demain, ce n'est pas possible vraiment, quelle affaire, on'a jamais vu une chose pareille, et pardonnez moi l'expression mais quel foutu merdier, vraiment quel foutu bordel cette histoire, quand il faut il faut, c'est un peu grossier mais tu as bien cerné le probleme, oublie aussi Peppe, on règle ça ensemble demain, Lino, aide ton père à se distraire parce que cette histoire va le rendre malade. Saut à tous. Salut."
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Le premier cadavre, on le trouva fiché entre les rochers, les plus bas, au début du ponton. Il portait une chemise à gros carreaux rouges et bleus tout effilochée avec juste les deux derniers boutons attachés, et un survêtement court, de footballeur, peut-être d’une équipe importante, rendu transparent et immatériel par la chaleur, le sel, le soleil. Pas de chaussures.
Giò rentrait de la pêche. Il était cinq heures et quarante-deux minutes. Il avait regardé sa montre pour récapituler les tâches liées à l’accostage, au débarquage du poisson, à la glace insuffisante et se dire qu’aujourd’hui encore il arriverait trop tard au marché, ratant les acheteurs matinaux qui en général ont les poches les plus pleines. Ainsi, il se rappelait exactement l’heure, les minutes et presque la position de la trotteuse : cinq heures quarante-deux. Et une bonne douzaine de jurons contre la vieillesse qui nous ralentit en tout, même dans la pêche.
Quand il vit ce dos flotter tel un requin privé d’aileron, les cheveux bouclés, il regarda autour de lui, naturellement, comme s’il était l’assassin, sans penser un instant qu’il pouvait être le sauveur. Personne. Il n’y avait personne, autour. « Et pourquoi n’avez-vous pas essayé de le réanimer, de vérifier s’il était encore vivant ? » lui demanda-t-on au commissariat. Il réfléchit une minute les yeux agrippés à la moisissure qui se formait au plafond, puis il fixa le commissaire au visage plus dur que l’acajou et lui expliqua que dans la mer il n’y a que les morts qui flottent. Les poissons morts, les algues mortes, les objets mort-nés comme les sacs en plastique qui se prennent dans les hélices et bon Dieu que ça l’énerve quand le moteur commence à bafouiller, les pêcheurs égarés puis morts, les mouettes foudroyées, les moustiques noyés : si tu flottes, ou tu es mort ou tu es un objet, dans la mer. Le commissaire avait fini par l’admettre.

(INCIPIT)
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Si quelqu'un ose dire qu'ici, à DF, nous obligeons les personnes à exercer le métier que nous décidons en vertu de l'autorité du gouvernement, cela signifie qu'il n'a pas compris comment va le monde, qu'il n'a pas compris que l'économie est la somme de la politique car elle encastre les nombres, les naissances, les morts, les hommes, les femmes et les compétences dans un cadre qui ne peut se permettre de céder d'aucun côté, bravo président, lançaient ceux qui l'écoutaient, toujours avec ce foutu oui oui de la tête, sceau des pires directives de l'Histoire, puis Andrea Bussoli se remettait à cataloguer : les débats pour défendre la musique classique ou populaire, alors qu'il avait suffi de supprimer la musique, les débats entre ceux qui revendiquaient des salaires plus élevés et ceux qui, au contraire, voulaient les faire baisser, des échanges pénibles qui lacéraient le tissu social et affaiblissaient l'État, expliquait Andrea Bussoli, n'est-ce pas la liberté d'être exempt de tout conditionnement et ne pas avoir de pensées intrusives au long de la journée ? oui oui, opinait-on, n'est-ce pas la liberté de ne pas devoir se donner la peine de décider, mais de suivre simplement le cours des choses établies ? oui oui, n'est-ce pas la liberté de ne pas avoir à choisir mais de pouvoir tranquillement se consacrer à une vie dont tous les éléments sont déjà mis en bon ordre par quelqu'un qui en prend la responsabilité? oui oui encore, et n'est-ce pas la liberté que le droit d'avoir des occupations qui ne nous tombent pas dessus par surprise de sorte qu'elles ne deviennent jamais des préoccupations? oui oui, et le président Bussoli ajoutait que la décision de balayer toutes les formes d'expression artistique, ne serait-ce que dans la construction d'une phrase au cours d'une discussion, avait été prise parce que l'art avait été largement utilisé par ceux qui n'avaient pas le courage de défier ouvertement le gouvernement
et qui, les chacals, recouraient à ces vulgaires moyens détournés, les artistes ne sont-ils pas des agitateurs cachés derrière un métier factice ? oui oui, faisait-on, et les artistes ne répandent-ils pas un venin enrobé de miel pour sembler agréable ou, pire, désirable ? oui oui, bien sûr, d'ailleurs j'ai moi-même lu, il en va de ma mission de président, quelques livres pour mieux connaître l'ennemi et j'y ai trouvé des histoires qui remettaient en cause l'idée d'agir tous ensemble, des livres qui mènent à croire que tout n'est pas vrai dans ce qui est vrai et qui incitent à s'emberlificoter dans des raisonnements destructeurs voire autodestructeurs, oui oui, c'est immonde, j'ai aussi vu des films qui voudraient nous convaincre qu'une femme peut devenir notre unique raison de vivre, comme si un État pouvait compter sur le produit intérieur brut des baisers amoureux, dégoûtant, oui oui, et j'ai vu des tableaux qui incitaient à se vautrer dans la mélancolie comme ces égarés que nos pères et les pères de nos pères ont eu la chance de voir disparaître grâce au vaccin, haranguait Andrea Bussoli, on devrait nous faire ériger un monument pour avoir éliminé le fléau du débat, vous ne croyez pas ? bien sûr, bien sûr, sans parler enfin des tueries, des homicides, de la férocité des hommes envers d'autres hommes et de l'immense gabegie judiciaire, avec le vaccin nous avons pu nous débarrasser de ce fastidieux défilé de vieilles perruques, avo- cats, juges et magistrats qui mettaient des années à décider si quelqu'un était coupable ou pas, n'est-ce pas merveilleux un monde dans lequel il n'y a plus ni tribunaux, ni procès, ni homicides, ni persécutions ? bien sûr, bien sûr, on devrait l'expliquer à ces voyous des Brigades sentimentales qui voudraient nous replonger dans le chaos en jouant les guérilleros, selon vous un monde dans lequel on peut interférer parce que tout n'est pas établi, ordonné et signé sur papier timbré est-il un monde régulier ?
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Quand l'humanité s'en va, même le vrai devient un luxe : non par ignorance, comme on pourrait le penser, mais par un mélange empoisonné des priorités.
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J’en ai gagné des prix avec mes restaurants. J’en ai eu des satisfactions. La première fois que j’ai ramené mon cul dans une cuisine à DF, la frisella – du pain sec et de la tomate – était considéré comme un plat gastronomique, des fèves on buvait même le bouillon et il suffisait que le poisson soit mort pour être mis sur la table. Une ville de primitifs, vraiment. J’aime ma ville, que ce soit clair, je suis resté ici alors que mes camarades de classe fanfaronnaient en m’envoyant des cartes postales de Rome, de Milan, de Palerme, l’un d’eux a même fini à Londres. Bande d’idiots. Depuis six mois maintenant ils frappent à la porte, les salauds, pour profiter de DF. Trop facile. Ruffini a très bien fait de bloquer les entrées : nettoyer ses chiottes pour y faire chier les autres c’est se manquer de respect et, si à présent la ville est devenue pour beaucoup un mirage, c’est à nous d’en profiter. Bordel. Autrement dix citoyens sur dix n’auraient pas voté oui au référendum du mois dernier pour refuser les demandes de domicile et de résidence.
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La cuisine c'est comme la vie : ce qui est universellement détestable avec le temps devient acceptable et finit par être désirable. () je lui ai raconté l'histoire des anguilles, sauf que les gens du coin qui avaient grandi là, nous les avons retirées du menu pour éviter de devoir chaque fois implorer les clients de les goûter et un beau matin j'ai eu l'idée d'appeler ce plat spécialité locale, nous l'avons écrit comme ça, en italique, sur le menu plastifié parce que je déteste les traces de gras, alors ces imbéciles de clients allaient serrer la main du cuisinier et me félicitaient. C'étaient les crétins dégoûtés des années précédentes.
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Ottavio Prazio, je le connais bien. Ces dernières années il nous est arrivé de déjeuner ensemble au port, Prazio est un nostalgique, quelqu’un qui célèbre le fascisme plus pour le folklore que par conviction, un brave type, il a une grande gueule mais il ne tordrait pas la patte d’une mouche, gentil avec tout le monde, il offre toujours à boire, distribue des caresses aux gamins, rejette les poissons à la mer, il a payé la communion de ses petits-enfants, on l’appelle le duce mais c’est un surnom comme le pêcheur, le grand-père ou le gros.
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Morts. Un tapis de corps amassés comme des sacs, des dizaines, peut-être une centaine de corps chevauchés pas la mer qui hachurait le rivage, les visages des uns sur le torse des autres, un pied qui dépassait sans qu’on puisse deviner le reste, enlacés telles des couleuvres, étalés sans os, en filets, avec des tee-shirts et des pantalons légers rongés par l’eau et raidis par le soleil, des cadavres de personnes, des hommes, jeunes et identiquement musclés comme s’ils avaient été élevés en batterie, puis, jugés matures, livrés par la mer.
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Tu m’expliques que les personnes changent. Ce n’est pas ça : les personnes s’agrippent pour ne pas glisser trop bas, et mon mari a accepté de devenir le gardien des abîmes les plus sombres.
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Au début de cette tragédie, quand ceux-là ont commencé à arriver, personne n’a voulu nous donner un coup de main. Personne. Écrivez-le en majuscules : l’État à qui nous avons versé des milliards de taxes pendant des années nous a abandonnés à notre triste sort et, quand nous avons décidé de nous débrouiller seuls, il a réagi comme une femme trompée. Ça vous semble normal ?
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