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Contre le travail de Giuseppe Rensi
Imaginons qu’un coquillage pensant émerge pour la première fois des profondeurs océaniques et offre ses valves à la lumière. Supposons qu’il sache ne pouvoir rester que peu de temps au sein de l’univers immense et bigarré et qu'il devra bientôt retourner à jamais au cœur des abysses obscurs de la mer. Comment pourrait-on justifier à ce coquillage qu’il lui incombe, non par nécessité, mais par devoir moral, d’employer ces quelques instants au travail ? Comment ne pas soutenir que son essence même, en tant qu’entité spirituelle et pensante, exige qu’il se consacre à la contemplation du spectacle grandiose qui se présente à lui pour un bref instant ? Et comment pourrait-on louer la grandeur morale de ce coquillage et lui reconnaître une spiritualité supérieure s’il dédiait ce bref moment au travail et non à la contemplation ? Or, l’homme n’est pas différent de ce coquillage qui surgit l’espace d’un instant à la surface de la vie et disparaîtra incontinent dans les abysses.
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