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Critiques de Gô Fujio (30)
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Le bateau-usine (BD)

La littérature engagée, j’aime ça. Quelque soit son support. Ici, c’est roman issu de la littérature japonaise, publié en 1929 (et interdit ensuite), qui est adapté en manga.



L’auteur du roman original est décédé en 1933, d’une crise cardiaque, soi-disant, mais les marques sur son cadavre font tout de suite penser à ses proches qu’il est mort de la torture… Ambiance.



Ce manga parle du capitalisme dans ce qu’il a de plus extrême : pour que les actionnaires gagnent plein de pognon, il faut que des pauvres types crèvent en travaillant dans des conditions épouvantables.



Le rendement, quoiqu’il en coûte ! Voilà le maître mot d’Asakawa, l’intendant du bateau-usine qui pêche des crabes sur la mer du Kamtchtka, rivalisant avec les Russes. Pour l’intendant, c’est une guerre économique contre les Russes.



Coups, menaces, privations, travail dans des conditions terribles, pire qu’au goulag (ou aussi grave), malades obligés de bosser, bouffe infâme, pendant que le capitaine, l’intendant et les autres, se goinfrent de mets succulents, pour aller les vomir ensuite, vu que la mer, parfois, est démontée…



Même les ouvriers, dans leur trou à merde, au fond de la cale, ont bien du mal à garder leur bol de riz dans l’estomac.



Dans ce manga, aucun personnage n’est plus mis en avant qu’un autre. Pas un héros, mais des ouvriers pauvres, qui n’ont pas le choix que de bosser sur ce navire, des hommes qui vont se révolter, tenter de se serrer les coudes pour mettre fin à cette tyrannie.



L’union fait la force, c’est bien connu, mais avant d’y arriver, à cette union, il faudra bien des brimades, bien des coups, bien des morts… avant que les 400 marins ne se rendent compte qu’ils sont bien plus nombreux que l’intendant.



Unir les gens est la chose la plus difficile qui soit, tandis que les désunir est si facile, comme le fera l’intendant, en mettant les pêcheurs et les ouvriers chargés de mettre les crabes en boîte en compétition. Et ça marche toujours !



La seule chose qui ait un prix, sur ce bateau-usine, ce sont les boîtes de crabes, destinées à l’élite, certaines à l’empereur. Dans ces boites de crabes, il y a surtout le sang, la sueur et les morts des ouvriers, des pêcheurs.



L’autre chose qui a de la valeur, c’est le rafiot sur lequel ils naviguent : ce dernier est assuré pour une somme plus élevée que sa valeur. Autrement dit, il rapportera plus d’argent en faisant naufrage qu’en naviguant. Le ton est donné.



Récit d’une descente aux enfers où les pauvres gars embarqués sur cette galère se demanderont, à un moment, s’il n’aurait pas mieux valu mourir au départ. Les conditions de travail vont devenir de plus en plus dures, laissant les ouvriers épuisés, à tel point que les accidents de travail augmentent.



Un manga dont la lecture ne laissera personne indifférent, sauf peut-être les gros actionnaires (hommes ou femmes), qui ne s’enrichissent que sur le dos des autres, telles des tiques sur le dos d’un chien.



Il est à souligner que dans ces bateaux-usines, les intendants étaient des Japonais, qui se comportaient en esclavagiste envers d’autres Japonais, le tout pour le bien du pays. Ce n’était pas le fait d’étrangers donc !



Juste pour rappeler que bien souvent, le Mal vient de ses propres dirigeants, de ses propres intendants, patrons…. et qu’ils sont de la même nationalité que ceux qu’ils exploitent. Le véritable ennemi, ici, c’est le capitalisme et les étrangers ne sont pas responsables.



Diviser pour mieux régner, c’est un classique qui marche toujours. Exploiter les plus pauvres, ceux qui n’ont pas le choix, et les dresser l’un contre l’autre, c’est le combo gagnant pour cet intendant et pour tous les exploiteurs.



Un excellent manga, qui prouve, une fois de plus, que les mangas, ce n’est pas que pour les ados et que ce ne sont pas des "trucs avec des mecs bourrins dedans". Non, ici, c’est juste la mise en image d’un roman qui était lui-même la mise en phrase des horreurs qui avaient lieu dans les bateaux-usines.



Le pire est que ces pratiques ont toujours lieu, quelque part dans le monde, dans d’autres pays, pour que des sociétés fassent de superprofits sur des vêtements, de l’alimentation, le tout, au détriment de gens qu’elles exploitent et de la Nature qu’elles foutent en l’air.



Pas de soucis, tout va très bien, madame la marquise !


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Le bateau-usine (BD)

Mon premier manga à 67 ans!

En 1929 le livre dont est tiré ce manga est censuré .

Son auteur meurt à 29 ans en 1933 sous les coups de la police.

Nous avons ici,"la mer pour décor, et pour thème l'oppression "



Nous sommes au Japon, en 1926, ces bateaux usines sont consacrés à la pêche aux crabes.

Les injustices ,cruautés et mauvais traitements pleuvent sur une main d'oeuvre d'étudiants, d'anciens mineurs, de pêcheurs et de marins..



Un destroyer impérial les escorte.

Il défend le territoire de pêche japonais face aux russes et s' assure que la discipline et les quotas sont respectés à bord du bateau usine



C'est la chronique d'une insurrection qui met du temps à se lever. Il faudra attendre qu'exploités et exsangues ils n'aient plus rien à perdre..



Ce livre est dédié à tous ceux qui ont été sacrifiés pour l'essor du capitalisme japonais.



Une lecture instructive et touchante.
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Le bateau-usine (BD)

Oui, la saison du crabe est arrivée au Québec. Les bateaux sont sortis en mer pour pêcher les crabes qui seront revendus à prix d’or. Mais les conditions de travail, malgré les exigences de la mer, ne seront jamais celles exprimées par Takiji Kobayashi. Nous ne sommes pas dans les années 20 non plus et surtout pas au Japon, où le culte du travail sans fin, du don de soi à l’entreprise et la montée du capitalisme, ont sacrifiés une génération de travailleurs au nom du profit.

Gô Fujio a adapté et dessiné cette œuvre culte du courant marxiste des révoltés victimes d’oppression, du mouvement d’art prolétarien, de littérature prolétarienne. Sous forme de manga, dont le but bien sûr, est d’attirer un lectorat plus jeune, cette forme est très visuelle avec des dessins vraiment chargés. Trop parfois. Et comme souvent dans les mangas, les personnages se ressemblent beaucoup et je m’y perds dans tous ces faciès.

Sauf pour le méchant intendant Asakawa, facilement reconnaissable, toujours en train de battre un employé.

Par contre, la vie des travailleurs est bien représentée. Le port, les pêcheurs, le dortoir, les tonnes de crabes à dépecer, le fond de la cale, un véritable travail de recherche de qualité.

Cette puissante adaptation sous forme de manga a réussi sont but pour ma part, me donner de goût de lire le livre original et vivre cette vie d’enfer à bord du Hakkô-maru, le bateau-usine et naviguer depuis la base d’Hakodate vers la mer du Kamtchatka. Et y déclencher une grève d’enfer…
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Le bateau-usine (BD)

J’ai aimé l’aspect roman social, militant ce ce manga. L’histoire se passe dans les années 20, sur un bateau usine japonais, véritable bagne flottant. C’est un pamphlet contre le capitalisme brutal de l’époque. Mais, quite à passer pour un vieux dinosaure, j’ai beau avoir retenté l’expérience plusieurs fois, j’ai vraiment beaucoup de mal avec les mangas : je trouve le format désagréable à lire, je ne parle pas uniquement du fait de lire à l’envers, il y a aussi le graphisme stéréotypé, les gros plans sur les visages avec la bouche ouverte, le noir et blanc avec ses trames grossières, et aussi les caractères extrêmes des personnages, les méchants et les gentils, usant d’un manichéisme basique, sans nuance. Bref, peut-être que je lirais un jour le roman de Kobayashi dont cette BD est l’adaptation, mais je ne suis toujours pas convaincu par les mangas (c’est quand même la première fois que j’arrive à en lire un jusqu’au bout).
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Le bateau-usine (BD)

akiji Kobayashi publie en 1929 au Japon un roman "Le bateau-usine". L'ouvrage se fera censuré pendant très longtemps. Et l'auteur se fera tué pour l'audace qu'il a eu avec son livre. Il n'a pas dévoilé un secret d'Etat. Par contre, il a osé parlé de ce qui se gardait secret. Malgré un droit du travail assez respecté. Ce dernier avait une vraie existence sur Terre. Mais c'était bien autre chose pour les bateaux-usines où il était exigé de faire du bénéfice le plus rapidement possible. Donc aucune culpabilité à frapper, marquer au fer rouge, menacer les gens avec une armes à feu pour faire avancer la cadence. Si quelqu'un venait à mourir, tant pis. Même l'appel d'un SOS d'un autre navire ne doit empêcher l'usine de tourner. Seulement, à force de souffrance, de douleurs, de fatigue... tous les membres du bateau décide de se rebeller. Le fait de travailler pour la nation et l'empereur atteint ces limites. Uniquement la solidarité entre tous les employés peut changer les choses. Une seule personne suffit à mettre en branle cette force. Elle sera efficace cette lutte des classes contre le capitalisme non-régulé. Une histoire vraie qui mèrite une nouvelle mise en lumière selon Gô Fujio.



Le mangaka décide de mettre le texte en image pour le rendre plus accessible au plus grand nombre. Il n'oublie pas de faire faire une préface et une post-face pour mieux contextualisé le récit. Lui se contente de parler du quotidien en faisant un focus sur la vie de ceux qui travaillent ardemment sur le bateau. Qu'importe son poste, à part capitaine, chacun y va de sa santé physique et mentale. Ceux qui ont participé à cette acte de désobéissance ont propagé un savoir-faire dans d'autres lieux similaires. Leurs vies ont de la valeur. On aurait aimé avoir l'histoire complète et une sorte de guide inspirant pour chaque citoyen du monde entier. Mais le mangaka prend juste ce qui lui semble le plus important. Il utilise aussi les termes courant à bord comme le trou de merde. Ce n'est pas négligeable quand même. Il aurait pu aller plus loin pour faire une adaptation complète comme il en existe tant. Néanmoins, cela à l'avantage d'exister et ne pas laisser insensible.
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Le bateau-usine (BD)

Il s'agit de découvrir l'adaptation d'un roman de Takiji Kobayashi, emblématique de la littérature contestataire nippone. Adapté deux fois au cinéma, cet ouvrage dénonce le phénomène de dévalorisation des travailleurs pauvres. En 2008, suite à la nouvelle crise financière du Japon, la jeunesse s'est réappropriée ce livre, en en faisant le porte-étendard de son mal-être et de la précarité de l'emploi moderne. Il faut savoir que l'auteur du roman d'origine est apparemment décédé dans des circonstances suspectes en 1933, suite à un interrogatoire de police un peu trop violent...



La trame historique est intéressante d'autant que l'on imaginait pas les conditions de travail si dure sur les bateau de pêche des japonais dans les années 30. A vrai dire, peu de manga ont traité de ce sujet. Certes, c'est un monument de la littérature contestataire qui débarque en manga mais cela ne peut que faire du bien pour repérer quels sont les vrais ennemis de l'être humain. Ce n'est pas forcément l'étranger. La vie humaine ne vaut rien face au profit pour malheureusement certains individus. Ceux-ci sont si intelligents qu'ils arrivent à dresser les pauvres contre d'autres encore plus pauvres. Tout ces phénomènes sont parfaitement retracés dans cette oeuvre visionnaire.



Un manga petit par le prix mais grand pour son engagement et sa force idéologique.
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Le bateau-usine (BD)

Le Bateau-Usine c'est d'abord l'usine dans les conditions de travail impitoyables qui appartiennent à une époque. Mais on ne peut s'empêcher de mesurer les changements observés par rapport à notre époque actuelle, les progrès et les non-progrès.

C'est aussi une illustration de la complicité entre le capitalisme et l'impérialisme japonais. On pourra encore rapporter cette question à notre époque actuelle.

C'est enfin la vie à bord d'un bateau, l'isolement absolu, qui empêche d'organiser la riposte des ouvriers, qui éloigne de tout en somme.

Les dessins, même sans caractère particulier, rapportent les faits efficacement.
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Le bateau-usine (BD)

Ah ces masses critiques qui savent si bien attiser notre curiosité !

Merci aux éditions Akata pour cet envoi.

Se retrouver à lire un manga .... ce n'est pas vraiment mon habitude mais, un manga anticapitaliste, monument de la littérature contestataire cela ne se refuse pas.

Bon je me rappelle les commentaires du plus jeune de mes fils .... tu commences par la fin et tu lis les bulles de gauche à droite !

Il suffit de faire attention sinon l'histoire coule nettement moins bien !

Réaliser à quel point il y avait de haine entre deux peuples, les japonais et les russes !

Réaliser à quel point le patronat japonais a été terrorisé par l'idée que la révolution russe allait contaminer le pays du soleil levant !

Réaliser que pour certains, conserver une chaloupe sur une mer déchaînée avait beaucoup plus d'importance que de sauver des vies humaines !

Lire que pour certains, un rafiot rapportera plus d'argent en faisant naufrage, même si l'équipage péri avec !

Découvrir qu'un bateau usine, n'est pas considéré comme un bateau de croisière, ni comme une usine, donc, qu'aucune réglementation ne s'applique !

Surprise, parfois au milieu des planches dépeignant la dure vie des pêcheurs, une reproduction d'une photo avec des vrais hommes, glaçant !

Littérature prolétarienne, apologie du collectif, seul moyen d'action en face d'un patronat très très énergique et pas du tout paternaliste !

Autant la description de vie sur ces bateaux usines dans les années 20 avec les aléas du temps, des bancs de crabes, est très réussie,autant la mise en avant des moyens de lutte contre le capitalisme dans ces conditions l'est beaucoup moins. Aucune marge de manœuvre pour l'individu et ses sentiments individuels. Tout est à la gloire des masses laborieuses qui lorsqu'elles se lèvent entraînent ...

Le livre commence et fini par une description de la fin de vie de Takiji Kobayashi, mort torturé suite à l'écriture de son œuvre qui a été interdite pendant très longtemps.

Une chose est sûre plus jamais je ne mangerai de crabes du kamtchatka !
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Le bateau-usine (BD)

Merci aux éditions Akata et à Babelio pour m'avoir offert le manga "Le bateau usine". Je suis désolé de donner ma critique avec tant de retard.



J'avais lu le roman avant le manga. Et donc la lecture de celui-ci m'a pertubé. Dans le roman, l'équipage marins-ouvriers du bateau usine était un personnage unique, anonyme et totalement solidaire. Seuls le contre-maitre et le capitaine avaient une identité. Cela donnait une grande dimesion aux raisons et à la force du combat des grévistes.



Dans le manga, les leaders, et les autres membres, des grévistes sont identifiés graphiquement. Cela affaiblit le propos. Le personnage du contre-maitre devient carricaturable : dans le roman il était violent et manipulateur; dans le manga, il est déformé et exagéré dans sa violence et ses intrigues. Je me rappelle que le capitaine du roman s'opposait à lui; dans le manga il devient une potiche. En fait, par rapport au roman, tout me parait exagéré dans la violence des cadres, et mal exprimé dans le combat des pêcheurs-ouvriers.



Les dessins me semblent caractéristiques du manga éducatif, exagérant le coté spectaculaire et instructif de l'oeuvre adaptée.



Seul le dossier sur l'auteur m' a vraiment intéressé.

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Le bateau-usine (BD)

"En route pour l'enfer", c'est à peu près de cette façon que commence cette histoire. Le ton est donc donné dès le départ.



Je ne connaissais pas cet auteur, ni son histoire révoltante - c'est le cas de le dire. Et c'est avec un immense plaisir, et beaucoup de colère que j'ai découvert son oeuvre adaptée. L'histoire est déchirante, vous sentez le désarroi de ces ouvriers/pêcheurs/machinistes qui ne sont plus considérés comme des êtres vivants mais comme du matériel alors que le potentiel de rendement ne dépend finalement que de ces hommes. C'était ce que dénonçait Takiji Kobayashi, et malheureusement, s'il était né à notre époque, il aurait encore de quoi écrire à ce sujet...



L'adaptation en manga est une bonne idée. le but était de rendre ce récit accessible aux plus jeunes: je pense que c'est réussi. D'autant plus que les illustrations de Gô Fujio sont travaillées et réalistes, très suggestives aussi. Mais j'ai tout de même envie de lire le roman dont est tiré ce manga, pour avoir plus de détails, peut-être pour en apprendre encore davantage.



Comme pour chaque Masse-critique, je remercie Babelio pour m'avoir permis de découvrir une nouvelle oeuvre. Et merci aux éditions Akata d'avoir publié en français ce manga judicieux.
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Le bateau-usine (BD)

On suit le quotidien désespérant de une équipe de marins et de pêcheurs, embarqués sur un rafiot déglingué, vestige de la guerre Russo-japonaise qui avait eu lieu 10 ans plus tôt. Tous sont constamment brimés, surmenés, affamés par l'intendant sadique et malhonnête, seul maître à bord qui tyrannise tout le monde et dirige même le capitaine. Un passage marquant: l'intendant refuse que le capitaine aille porter secours à un autre navire de la même compagnie en perdition, au motif que le temps c'est de l'argent et qu'il est là pour défendre l'intérêt financier des capitalistes qui le payent, contre lequel la vie de 300 marins n'a aucune importance. (...)



L'auteur, venu des classes aisées, a découvert le syndicalisme un peu par hasard et pris fait et cause pour les sans grades dont il se fait porte-parole. Son roman est basé sur des faits réels: les rafiots complètement rouillés, les traitements inhumains faits aux travailleurs, les vols entre navires pour augmenter artificiellement sa productivité auprès de l'armateur, les pots-de-vins aux militaires, tout cela n'a pas été inventé mais sort d'une enquête minutieuse menée auprès des prolétaires de Hokkaïdo. On y trouve également quelques informations très intéressantes sur les suites de la guerre Russo-Japonaise, bref, c'est passionnant - même si Zola parait optimiste à côté.



Un détail intéressant à signaler: le livre a été publié initialement en 1929, donc en pleine période de crise économique, et est ressorti au Japon en 2008, donc en pleine période de crise, avec un succès tel que le terme "kanikôsen" ( le titre n japonais), est devenu synonyme de "travail pénible et /ou précaire et/ou mal payé", signe que les classes défavorisées du Japon actuel, celles dont comme par hasard on ne parle jamais car ça ferait désordre de reconnaître que le chômage et les baitô vont croissant ( petit travail d'appoint réservé en théorie aux étudiants mais de plus en plus occupé par des travailleurs précaires). Bref, passionnant.
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Le bateau-usine (BD)

On aime les titres engagés chez Akata, difficile de faire plus engagé que le Bateau-Usine de Gô Fujio, adaptation d’un roman du même nom de Takiji Kobayashi paru à la fin des années 20 et dénonçant les ravages du capital. Je ne suis pas forcément une adepte de ce genre de titre, ce qui explique ma découverte si tardive, mais la curiosité m’a tout de même poussée à le lire.



Bilan, ce titre est un manga à la narration dynamique qui se lit donc très facilement malgré un rythme parfois inégal qui donne l’impression de manquer de transitions fluides entre les différents chapitres. Le déroulé est un peu classique lui, simple et sans fioriture, on sent que c’est une adaptation. D’ailleurs les dessins sont assez moyens eux aussi, ils manquent d’originalité et font assez quelconque. Ce titre aurait très bien pu se trouver sans dépareiller dans la collection des classiques de Soleil.



Mais que trouve-t-on dans ce titre ? Détaillons un peu l’histoire. Tout d’abord le mangaka qui a adapté ce roman a eu la bonne idée de jouer sur une double temporalité : le présent et le passé où vivaient ces marins-ouvriers exploités. Malheureusement, il n’exploite pas assez ce jeu de va-et-vient temporels alors que cela aurait pu dynamiser son récit.



Non, il préfère s’ancrer dans le passé, celui de la vie quotidienne à bord d’un bateau de pêche japonais au début du XXe siècle. Les conditions de vie décrites sont très dures, rien n’est épargné à ces hommes qui sont forcés de travailler et de subir les mauvais traitements de leurs supérieurs pour une paye de misère. L’auteur insiste beaucoup sur la noirceur qui capitalisme galopant et l‘injustice que cela fait concrètement sentir aux travailleurs. C’est incarné dans la figure de l’intendant, qui est une vraie raclure, mais aussi chez un médecin croisé le temps d’une page qui fait preuve de beaucoup de lâcheté.



Face à cela, l’auteur met donc en avant une valeur indispensable dans ce type de situation : la solidarité. Les oppressés doivent mettre leur mécontentement en commun pour essayer de gagner quelque chose. On voit ainsi la colère monter de plus en plus et les ouvriers s’organiser petit à petit, aussi bien en débrayant au début, qu’un faisant grève et se mutinant ensuite avec plus ou moins de réussite. La mise en scène est belle, elle, car on ressent très bien la profonde colère de ces masses soumises et leur aspiration à la liberté. C’est très puissant. Ils luttent, parfois échouent, mais se relèvent toujours pour lutter contre l’oppression.



Le bateau-usine est donc un titre intéressant pour découvrir un petit pan méconnu de l’Histoire japonaise. Il ne nous apprend rien sur les méfaits du capitalisme ou alors il faut être bien naïf. Par contre, la préface et la postface qui reviennent sur les conditions d’écriture du roman originel sont un bon complément. A lire pour tous les curieux d’Histoire sociale.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Le bateau-usine (BD)

A lire absolument. Une plongée rude, parfois trop rude, dans le monde des bateaux usine pêcheurs de crabe en mer d'Okhost, au large du Kamchatka. La vie précaire, la violence de ce monde et la révolte. Un récit bouleversant et dont on ne sort pas indemne de ce grand écrivain mort trop jeune, sous la torture par le gouvernement japonais.
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Le bateau-usine (BD)

Extrait :

Encore un titre qui a fait beaucoup parler de lui, le Bateau-usine est une adaptation du roman du même nom, écrit par Takiji Kobayashi. D’abord censuré, le roman finira par faire le tour du globe et rencontrera une popularité grandiose, même aujourd’hui, alors même que celui-ci date de 1929. Décliné sous plusieurs formats, cinéma, romans et aussi manga, l’ouvrage connait de nombreuses vies, tout en restant d’actualité. Comme indiqué dans l’ouvrage, le manga n’a pas pour but de remplacer le roman de base, c’est pourquoi, je compte bien me le procurer également afin d’en lire ses pages, ainsi qu’un autre ouvrage évoqué dans le manga.



TW : Châtiments corporels, Maltraitance, Violence



Le style graphique est assez simple, mais suffit amplement à décrire l’environnement misérable dans lequel évoluent les différents personnages. La cruauté des supérieurs ne m’étonne guère, je dirais même qu’ils sont parfois assez similaires à ceux d’aujourd’hui, la matraque en plus. Par contre, j’ignorais que les bateau usine étaient d’anciens navire URSS ! Je pensais que c’était des vieux bateaux dont personne ne voulait, mais en plus d’être vieux, ils ne sont même pas japonais. Ce titre me rappelle aussi un truc que je me répète souvent, mais que j’ai quand même tendance à oublier : quand une chose semble trop belle, c’est qu’il y a anguille sous roche… Dans le cas présent, les recruteurs vendent le travail sur les bateaux comme le meilleur moyen de réussir sa vie, que les travailleurs montent les échelons, etc… Alors que ce n’est évidemment que du vent. C’est ainsi que beaucoup se font avoir, notamment de jeunes étudiants ayant des problèmes financiers.



Celui qui dirige, ce n’est pas le capitaine du bateau, mais un « moyen » placé dans l’entreprise qui le loue. Il ne se gêne pas pour maltraiter, manipuler, punir, menacer les travailleurs afin d’avoir un meilleur rendement. Il va même jusqu’à envoyer le bateau en eau Russe, afin de pêcher encore plus. D’ailleurs, le titre évoque aussi la pêche intensive d’une certaine manière ? Chose que font encore certains pays, même envers des espèces menacées (Dauphins, Requins, Baleines). Les conditions de travail sont épouvantables, même malade il faut travailler, les morts sont jeter à la mer comme s’ils n’étaient rien. Petit à petit, les consciences s’éveillent et un germe de rébellion voit le jour. Comme ils le disent si bien, les riches ne vivent que grâce à ceux qui sont en dessous, donc s’ils ne font rien, le riche n’aura rien. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui, notamment avec les politiques qui vivent au crochet des autres tout en faisant n’importe quoi (et pas qu’en France). D’ailleurs on peut aussi faire le rapprochement en France, avec les jeunes qui ne souhaitent plus faire d’heures supplémentaires gratuitement et à qui on reproche d’être feignant… On a ouvert les yeux, car oui, les patrons en profite surtout dans certains domaine, comme en cabinet d’expertise par exemple, 2H de supp tous les jours pour X salariés, largement de quoi embaucher quelqu’un en plus, mais l’employeur ne le fera pas puisque le boulot est fait gratuitement. Tout ça parce que : « si on a un souci il est compréhensif » mais, c’est juste la base ça ??



[...]
Lien : https://sunread26.wordpress...
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Le bateau-usine (BD)

C’est un beau geste d’avoir dessiné version manga ce livre pour lequel l’auteur a perdu la vie. Malheureusement je crois que cet ouvrage est toujours d’actualité, les conditions des ouvriers dans certains navires battant pavillons de pays peu scrupuleux restent déplorables et les caméras n’y sont pas les bienvenues.
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Le bateau-usine (BD)

En empruntant ce livre à la médiathèque, j'ignorais complètement qu'il était issu d'un roman, écrit par Takiji Kobayashi. L'auteur a été torturé et tué pour avoir participé au mouvement prolétarien japonais. Ce roman, classique de la littérature japonaise et du mouvement prolétaire, a été adapté en manga afin de le rendre accessible aux plus jeunes.



Nous sommes dans les années 20 au Japon, en plein essor industriel, où nous allons suivre plus de 400 japonais qui vont travailler sur le bateau-usine pour pêcher des crabes qui seront revendus très chers. Seulement, les conditions de travail seront terribles - et encore, le mot est faible ! Cadences inhumaines, maltraitance physique et psychologiques, les esclaves sur ce bateau n'ont pas la possibilité d'exprimer leur colère. Malades et épuisés, ils vont tout de même avoir la force, grâce à quelques meneurs, de se rebeller contre les dirigeants.



L'horreur de ce récit est illustré par Gô Fujio, et c'est à peine croyable tant c'est abominable... Les personnages ne sont même pas traités comme des êtres vivants, c'est déchirant de lire ça. C'est révoltant. Les événements s'enchaînent, les dessins sont bruts, ce qui m'a permis de vraiment m'imprégner l'histoire.



Je connais peu de choses sur l'histoire du Japon, et j'ai eu envie d'en apprendre plus sur le mouvement prolétarien, donc j'aimerais bien, à l'occasion, lire le roman qui a inspiré ce manga.
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Le bateau-usine (BD)

(LX971) Si ce manga one-shot présente une qualité graphique incontestable (mais un peu plate à mon goût) et un sujet historique poignant qui dénonce l'exploitation inhumaine sur un bateau de pêche, dans un Japon en pleine compétition avec la Russie dans les années 20, j'avoue malgré tout que je n'ai pas vibré ni été happé par le récit. Au final, très peu d'émotions ressenties en dépit d'un sujet révoltant censé nous prendre aux tripes. du coup, suis assez perplexe pour le Prix...

(YR971, élève 2nde LGR) J'aime un peu. Le rythme du récit est agréable et le graphisme en noir et blanc donne une impression d'ancienneté et en même temps de modernité. Pourquoi pas en lycée.
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Le bateau-usine (BD)

Un livre coup de poing on est avec ces hommes qui sont de réels esclaves dans ce bâteau usine. Un livre nécesaire mais dont on ne ressort pas indemne.



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Le bateau-usine (BD)

Lu en 2017. Ce manga est une adaptation d'un grand classique de la littérature japonaise des années 1920 : le "Bateau-usine" de Takiji Kobayashi (mort torturé pour avoir soutenu et participé au mouvement culturel prolétarien).

C'est le récit de l'une de ces embarcations pour l' "enfer" qui nous est conté : le traitement inhumain, les sévices, la peur de mourir, l'épuisement, la maladie, mais aussi la solidarité, le courage, la révolte... Un témoignage historique fort et une adaptation en forme d'hommage émouvant, illustrés par une iconographie dense et réaliste !
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Le bateau-usine (BD)

Japon. 1933. Autour du corps de Takiji Kobayashi, 30 ans, des personnes s'interrogent sur son livre " le bateau-usine", qui a entraîné la torture et la mort de son auteur. Ce manga est en effet une adaptation du roman publié en 1929 et censuré pendant de nombreuses années.



A Hakodate, des hommes embarquent sur le bateau de pêche, qui va se rendre au Kamtchatka, proche de la frontière des eaux soviétiques. Sous l'autorité de l'intendant Asakawa, les hommes vont être traités comme des animaux. Les conditions de travail sont harassantes, les hommes sont battus, mal ou pas soignés, exploités au nom d'une rentabilité inhumaine. Les conditions météorologiques ne sont pas respectées, pas plus que les règles d'assistance à un bateau en difficulté (est illustré l'épisode du naufrage réel du Chichibu Maru en 1926). On a le sentiment de se trouver sur un bagne flottant.



Mais les dessins ne m'ont pas totalement convaincue, notamment au niveau des visages et expressions et j'ai regretté qu'il ne s'agisse pas d'une adaptation fidèle du roman original.



Ceci étant, cette dénonciation de l'exploitation de l'homme par l'homme est intéressante d'un point de vue autant historique que social, et ce manga m'a donné envie de découvrir le récit original.





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