— Monsieur le directeur...
— Monsieur l’inspecteur ?
— Pourriez-vous me donner la raison qui explique que nous avons été envoyés pour examiner cette affaire ? L’inspecteur Lazare et moi-même appartenons à la Brigade des mœurs, vous savez.
— Eh ouais, continua le vieux policier dans un accès de colère égrillarde. Notre boulot à nous, c’est les filles de joie, les maisons de passe et les pissotières. Alors c’est vrai, pourquoi on écope de vos histoires de tigres ?
Le directeur détacha les lorgnons de son nez et les frotta sur la manche de sa redingote avec une sorte de frénésie.
— Sachez que quand j’ai téléphoné à M. Du Tellier, l’un des directeurs de la préfecture de police, qui se trouve être un parent de mon épouse, il a semblé immédiatement convaincu que cette affaire relevait, disons, de votre périmètre d’intervention.
— Ah oui ? Et quel rapport entre nous et ce truc ? demanda Lazare.
— J’ai compris, l’interrompit Blèche.
Lazare tourna son visage boudiné en direction de son collègue, mais déjà Blèche avait regagné l’air frais.
— T’as compris ? répéta Lazare.
— À la bonne heure, reprit le directeur d’une voix plus forte, haussant le ton à mesure que l’inspecteur s’éloignait. Je vous laisse donc le soin d’examiner les lieux et de nous retrouver le forban qui s’est livré à ces horreurs.