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Critiques de Gou Tanabe (382)
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Dans l'ab..

Bien qu’ayant peu d’appétence pour la science fiction j’avais envie depuis longtemps de découvrir l’univers de Lovecraft. Voilà qui est fait avec ce manga issu d’une trilogie revisitant les chefs-d’œuvre de l’écrivain de Rhode Island. Je dois dire que même si cette lecture ne m’a pas transformée en une inconditionnelle du genre elle fut une très bonne expérience. D’abord par la capacité à restituer un univers aussi imaginatif qu’effrayant du mankata Gou Tanabe. Ensuite par son habilité avec des dessins exclusivement en noir et blanc, entre cauchemars et hallucinations, à faire naître un sentiment de grand malaise chez le lecteur. J’ignore si Dans l’abîme du temps de Gou Tanabe est proche de l’œuvre de Lovecraft mais ce que je sais c’est que mêlant des thèmes qui lui sont chers, que sont le voyage dans le temps et le transfert de personnalité, c’est une immersion totale dans un univers devenu un lieu de terreur pour les humains, et c’est assez effrayant (comme si un minuscule virus, venant dont on ne sait où, menaçait la terre entière 😷🥴).
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : L'appel d..

Après avoir fouillé un peu du côté de Junji Ito, je continue mon exploration du manga horrifique en allant cette fois vers l’œuvre de Gou Tanabe, principalement connu pour ses adaptations de H.P. Lovecraft (en tout cas en Occident, j’ignore totalement ce qu’il en est au Japon). Il faut dire aussi que ses mangas en grand format avec couverture de cuir sont particulièrement attrayants !



Gou Tanabe s’attaque ici à l’une des plus célèbres œuvres de Lovecraft, L’appel de Cthulhu – le genre d’œuvre tellement intégrée à la culture populaire et qui a donné lieu à tant d’adaptations et de réinterprétations que j’ai l’impression de la connaître par cœur, même si (à ma grande honte) je ne l’ai toujours pas lue…



Une des grandes difficultés pour adapter Lovecraft, c’est que l’horreur qu’il met en scène est principalement basée sur la suggestion, ce qui la rend difficile à exprimer visuellement. Mais l’auteur s’en tire admirablement bien et ses scènes en pleine page révèlent une maîtrise technique à couper le souffle. (J’avais éprouvé une impression semblable à la lecture de La cité oblique, de Christian Quesnel, dans un style toutefois complètement différent : cela m’invite à nuancer légèrement ma position et à me dire que l’horreur lovecraftienne s’adapte sans doute très mal en prises de vue réelles, mais qu’elle peut être visuellement très intéressante à travers le filtre d’un illustrateur…)



Côté scénario, par contre, je ne peux pas comparer avec la nouvelle d’origine, mais l’ensemble m’a paru un peu académique, comme si l’auteur s’efforçait de coller le plus possible au texte de Lovecraft sans trop se donner de libertés. Une impression peut-être accentuée par le fait que j’ai lu cette œuvre peu après celle de Junji Ito, qui s’aventure sur des terrains beaucoup plus… bizarres.
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : L'appel d..

Gou Tanabe est un mangaka fin connaisseur des récits d'horreur, et il a rapidement trouvé sa voie en adaptant de grands classiques de la littérature fantastique. Et avec les créations de celui a changé à jamais le visage du genre horrifique, il a trouvé un incroyable terrain de jeu où exprimer sa passion et ses ambitions…

H.P. Lovecraft a toujours été réputé inadaptable or Gou Tanabe livre ici un formidable voire un incroyable travail d'adaptation. Car il réussit le tour de force de transformer un récit indirect presque parfait en excellent récit direct ! Cela a certes un coût. le récit d'origine équilibrait ses trois parties, alors qu'ici "L'Horreur d'argile" et "Le Récit de l'inspecteur Legrasse" ne servent que de rampe de lancement à "La Folie surgit des flots". En effet le massacre du bayou n'est ainsi qu'un coup de semonce par rapport à une rencontre du 3e type déjà élaborée dans Dagon et qui sera perfectionnée dans Les Montagnes hallucinées et Dans l'Abîme du temps… Dans la dernière partie qu'on pourrait renommer « Tintin à R'lyeh », l'auteur réussit un nouveau tour de force en rendant visible l'indicible dans un survival de très haute qualité (notamment en jouant avec les lois de la physique, avec par exemple une splendide mais flippante architecture non euclidienne). OMG j'ai eu des flashbacks des récits lovecrafiens de Dan Abnett pour la franchise Warhammer 40000 (de grandes heures de supracoolitude dans l'Espâce) !!! Pour ne rien gâcher l'auteur s'améliore nettement sur l'un de ses rares points faibles, à savoir le charadesign : ici les personnages transpirent tellement la peur et l'angoisse qu'on a les jetons rien qu'en les regardant…

C'est presque dommage qu'on ait raté le coche de fin ouverte en ouroboros, car sinon c'était « nec plus ultra ». En conclusion, je n'ai qu'une chose à dire : putain à quand les adaptations à l'écran bordel de merde !!!
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Les Monta..

Comme vous le savez l'intertextualité est mon dada donc je suis obligé d'écrire que tout commence en 1838, quand Edgar Allan Poe surprend tout le monde en publiant "Les Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket", une histoire inachevée racontant une exploration polaire aux frontières du réel : c'est un choc culturel qui marque Jules Verne, Jorge Luis Borges, Gaston Bachelard et Howard Phillips Lovecraft... Le Maître de Providence qui a révolutionné le genre fantastique reprend et transcende le récit d'origine pour le transposer dans son propre imaginaire horrifique : c'est un nouveau choc culturel qui inspire John W. Campbell, Christian Nyby, John Carpenter et Gô Nagai…

Le récit d'HPL se veut une suite directe de celui d'EAP, mais les variations sur le thème sont désormais tellement nombreuses qu'il faut bien connaître toute les œuvres concernées pour identifier les apports de tel ou tel auteur dans les nouvelles versions de ce qu'il faut bien appeler un Mythe (et ici malgré tous les codes du récit d'exploration à l'ancienne, impossible de ne pas être plonger dans le film d'horreur moderne de John Carpenter) : l'homme qui confronté à l'inconnu se retrouve confronté à lui-même ! Et "Dans les Montagnes hallucinées" c'est loin du soutien et du réconfort de la civilisation qu'en 1931 des pionniers à la fois aventuriers et intellectuels, quelque part les meilleurs des leurs, découvrent dans la douleur que l'homme est immensément loin d'être la mesure de toutes choses, qu'il n'a pas été crée par Dieu à son image et placé au centre d'un univers créé pour son bon plaisir, non face à l'immensité du temps et de l'espace ils ne sont qu'une espèce parmi d'autres et que l'humanité est loin d'être la plus évoluée ou même la plus dangereuse ! A l'image des Martiens de H.G. Wells qui faisaient subir aux Anglais ce que les Anglais avaient fait subir aux Aborigènes d'Océanie, les Choses Très Anciennes d'Antarctique font subir aux Américains que ce que les Américain ont fait subir à leurs découvertes : des tests, des expériences, des dissections et des vivisections... Mais HPL va plus loin encore en s'inspirant du Mythe de Frankenstein avec des êtres antédiluviens à la fois bourreaux et victimes : tout pouvoir rencontre un jour un pouvoir plus grand encore, et en jouant aux apprentis sorciers les Choses Très Anciennes ont donné vie aux créatures qui allaient anéantir leur civilisation toute entière...



Après les médiocres romans graphiques d'Ian Culbard, les mangas de Gou Tanabe sont un véritable retour aux sources du mythe : le Japon est un terre de prédilection pour la culture horrifique, et le mangaka très discret semble s'être spécialisé dans les adaptations de qualité de classiques du genre.

Nous sommes dans l'entre-deux-guerres, et les expéditions se succèdent vers le Pôle Sud pour combler sur le continent blanc les derniers blancs des cartes du monde... Nous suivons celle de l'Université Miskatonic du Massachusetts, financée par la fondation Nathaniel Derby Pickman, quatre professeurs, seize étudiants diplômés, leurs assistants et cinquante cinq chiens qui partent avec deux bateaux et quatre avions. Tout se passe bien, et après avoir établi leur base sur les pentes du volcan Erebus l'équipe du Professeur Lake s'envole pour découvrir un chaîne de montagnes noires, et à l'intérieur des cavernes de celles-ci les reliques de formes de vie inconnues jusqu'à ce jour propres à bouleverser l'Histoire de la Terre ! La découverte aurait eu le même retentissement sur la biologie que les découvertes d'Einstein en avaient eu sur les mathématiques et la physique, si elles ne correspondaient pas à d'inquiétants mythes archéens qui finissent par revenir à la vie...

Le tome 2 de 340 pages est tout aussi fidèle et tout aussi bien dessiné que le premier, et on suit une quête de savoirs blasphématoires : et au-delà des nuages Pabodie et Danforth découvrent sur un haut plateau isolé au centre de l'enfer blanc l'ultime bastion des Choses Très Anciennes… La curiosité est un vilain défaut, mais ils ne peuvent s'empêcher d'explorer les ruines cyclopéennes construites par d'autres mains que celles des hommes. Et c'est en décryptant les bas-reliefs qu'ils découvrent l'Histoire et la Culture d'une civilisations antédiluvienne qui n'a rien d'humaine. Il ne s'agit rien de moins que le Mythe de Cluthue raconté par ceux qu'ils l'ont précédé sur Terre et qui ont assisté à son arrivée : nous assistons à une théomachie/titanomachie prenant la forme d'un affrontement dantesque entre ce qui ressemble fort à une Atlantide et à une Lémurie peuplées de créatures bien éloignés des bipèdes anthropomorphes… Au bout de leur quête ils apprennent et comprennent ce qui est arrivée aux Choses Très Anciennes, sauf qu'il est déjà trop tard : leurs bourreaux qui au-delà de l'espace et du temps sont déjà sur leurs traces ! Ils fuient pour leur vie, et celui des deux qui se retournera pour voir de ses propres yeux l'horreur qui les poursuit ne retrouvera jamais la raison...

Je me répète mais la démonstration est faite : plus que jamais le frisson existentialiste d’H.P. Lovecraft plonge ses racines dans le frisson existentialiste d’H.G. Wells : si dans "La Guerre des mondes" les Martiens faisaient subir aux Anglais que ce que les Anglais faisaient subir aux Tasmaniens, ici les Shoggoths dissèquent les Choses Très Anciennes qui dissèquent les humains qui dissèquent les animaux... Quelle est la distinction entre la recherche scientifique et la brutalité sadique ? L’homme n’est donc plus la mesure de toute chose placé au centre de l’univers par un dieu aimant et protecteur, mais une création comme une autre d’un univers qui se moque bien de lui, insignifiante créature face à l’immensité de l’espace et du temps parcourus par des titans à une échelle qui nous dépasse totalement…
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : La couleu..

Ce n'est pas une défaillance de votre téléviseur, n'essayez donc pas de régler l'image. Nous maîtrisons à présent toute retransmission, nous contrôlons les horizontales, et les verticales, Nous pouvons vous noyer sous un milliers de chaînes ou dilater une simple image jusqu'à lui donner la clarté du cristal, et même au-delà… Nous pouvons modeler votre vision, et lui fournir tout ce que votre imagination peut concevoir. Pendant l'heure qui vient, nous contrôlons tout ce que vous aller voir et entendre. Nos partagerons les angoisses et les mystères qui gisent dans les plus profonds abysses... (et si vous ne connaissez toujours pas Howard Phillips Lovecraft je présente largement l'auteur et son oeuvre ici : https://www.babelio.com/livres/Lovecraft-LAppel-de-Cthulhu-Illustre/969228/critiques/1558635)





"La Couleur tombée du ciel" (1927) :

https://www.youtube.com/watch?v=1VmORBsaldM

Décidément HPL adore la narration indirecte... Dans cette nouvelle nous suivons l'enquête de terrain d'un ingénieur de Boston dans environs d'Arkham au sujet de l'installation d'un nouveau barrage réservoir. Il est intrigué par les légendes locales au sujet d'un endroit controversé appelé « la lande foudroyée »... Et c'est ainsi qui apprend de la bouche du dénommé Ammi Pierce la triste et terrible histoire de la famille Gardner.

Un jour un météorite s'écrase sur la propriété de Nahum Gardner, et une armée de scientifiques vient échantillonner la Chose pour en découvrir les secrets (et HPL s'éclate à piocher dans "Modern Science and Materialism" de Hugh Elliott). Alors que les hommes de sciences aboutissent tous à l'Inconnu, Nahum voit la nature se colorer, croître et prospérer avant de changer, évoluer, voire carrément se transfigurer. Puis faune et flore perdent leurs couleurs pour devenir grisaille avant de dépérir et de mourir (ben oui HPL a une légère tendance à spoiler ses propres révélations ^^)... le pauvre Nahum spectateur impuissant des événements voir ainsi disparaître ses champs et ses troupeaux, avant que les membres de sa famille ne deviennent fous ou ne disparaissent. Quand après un silence de deux semaines Ammi Pierce vient aux nouvelles, il découvre un Nahum agonisant qui lui confie qu'il a compris trop tard être victime d'un vampire stellaire mais aussi où se trouve la tanière de ce dernier... Lui et les autorités passent la ferme au peigne fin, avant d'assister médusés au décollage du vampire stellaire pour l'espace intersidéral d'où il est venu (enfin une partie du vampire stellaire, car quelque chose est resté, et c'est pour cela qu'Ammi Pierce et le narrateur flippent à mort que le cauchemar ne recommence un jour).

Relecture aussi efficace que la lecture. Ici HPL s'inspire de "The Book of the Damned" de Charles Fort pour aborder le classique du choc des civilisation entre terriens et aliens qui remonte à "La Guerre des mondes" de d'H.G Wells. Après la force de la nouvelle est aussi sa faiblesse à savoir sa longueur et son rythme : après toutes les bonnes descriptions des mutations de l'environnement, la partie humaine du récit est précipitée et on aboutit directement ou dénouement (imaginez le même récit avec une narration directe comme dans les thrillers). On pense tout de suite aux ravages de la radioactivité, et HPL s'est directement inspiré du scandale des filles du radium pour décrire le calvaire de la famille Nahum (alors que Pierre et Marie Curie avertissait leurs contemporains des dangers du radium, les crevards yankees faisaient bosser des ouvrières avec jusqu'à ce qu'elle en crève : combien de millions de gens auront-ils été empoisonnés par l'hypercapitalisme juste pour se faire plus de pognon?). Mais c'est saisissant de voir que la mort de leur ferme Nahum illustre à la perfection la destruction du Dust Bowl la décennie suivante par les apprentis sorciers de Monsanto (qui va récidiver avec le DDT, le napalm, l'agent orange et ses nombreux dérivés, avant d'inonder le monde de ses très douteuses semences OGM... quand est-ce que l'hypercapitalisme cessera de nous empoisonner ?)

Le récit a beaucoup inspiré : Brian Aldiss avec "The Saliva Tree", Jeff VanderMeer avec "Annihilation", Stephen King avec "Les Tommyknockers" (qui une fois encore trahit son modèle en faisant des aliens anthropomorphiques alors que HPL avait tout fait pour ne pas tomber dans cette facilité) et bien sûr Michael Shea qui a rédigé une suite intitulé "The Colour Out of Time", mais aussi les films "Die, Monster, Die !" (Daniel Haller, 1965), "The Curse" (David Keith, 1987) et "Colour From the Dark" (Ivan Zuccon, 2008)...





"L'Abomination de Dunwich" (1928) :

https://www.youtube.com/watch?v=amcdiiCOoFM

A première lecture c'est l'une des nouvelles lovecraftienne qui m'avait le plus marqué, et à relecture force est de constater que ce n'est plus le cas. La faute sans doute à une narration indirecte où le narrateur omniscient nous met à l'écart avant de tout spoiler (ben oui, le vieux Whateley qui parle de ses petits-fils à qui veut bien l'entendre mure son étable, et en abat les cloison intérieures avant d'acheter à la chaîne des têtes de bétail que personne ne revoit jamais : d'après mes souvenirs Joseph Michael Straczynski avait écrit quelque chose d'assez similaire pour la série animée "Ghostbusters" ^^)...

Dans la ruralité profonde de Nouvelle Angleterre, où dans chaque patelin les familles se divisent en branches saines et en branches dégénérées à cause de la consanguinité, on suit le destin de la famille Whateley dont tout le monde considère le patriarche (à juste titre ^^) comme un sorcier inféodé aux forces cachées derrière les ruines cyclopéennes d'origines amérindiennes ou indo-européennes qui hantent la communauté de Dunwich. Et les choses s'accélèrent quand sa fille albinos accouche d'un père inconnu le 2 février 1913 à 5 heures du matin d'un garçon aux traits étranges et à la croissance inhumaine. le garçon anormalement précoce suit le chemin tracé par son grand-père et cherche à percer les secrets du tristement célèbre Necronomicon (pour évidemment précipiter la fin du monde dans l'espoir de tirer les marrons du feu quand les astres seront propices ^^), et les nuages d'engoulevents semblent observer et juger chaque acte de la famille... Quand l'héritier de la funeste dynastie Whateley meurt dans une tentative désespérée de mettre la main des connaissances interdites, un monstre invisible répand le chaos et la désolation parmi les habitants de Dunwich et un trio d'érudits formé par Henry Armitage, Francis Morgan et Warren Rice collabore avec les habitants menés par Earl Sawyer pour évacuer la population et empêcher l'abomination de rejoindre les ruines cyclopéennes d'origines amérindiennes ou indo-européennes... Car Yog-Sothoth est à la fois la Clé et la Porte ! (remember le Maître des Clés et le Cerbère de la Porte dans "Ghostbusters" ^^)

HPL signe un récit désormais classique mais néanmoins efficace inspiré par "The Great God Pan" et "The Novel of the Black Seal" d'Arthur Machen, et évidemment celui-ci a eu une longue postérité (les jumeaux inhumains faisant par exemple une apparition marquée et marquante dans "Au-delà de la Rivière Noire" de R.E. Howard),





"Le Cauchemar d'Innsmouth" (1931) :

https://www.youtube.com/watch?v=iZwOeRCY6ic

Robert Olmstead est un étudiant qui souhaite réunir observation de terrain et frisson de l'aventure, et c'est ainsi qu'il est magnétiquement attiré par la localité d'Innsmouth de sinistre réputation... Dans son mini road-trip, il interroge employé de chemin de fer, conservatrice de musée, magasinier de petit commerce et quand il écoute le récit de Zadok Allen, clochard nonagénaire toujours en manque d'alcool, les pièces du puzzle semble se mettre en place si tant est que tout cela soit vrai : dans une ambiance plus lourde que jamais dans laquelle la Innsmouth est un personnage à part entière pour ne pas dire une créature qui veut l'engloutir, il apprend d'où viennent les bancs de poissons qui permettent à la ville de survivre malgré la crise, d'où vient l'or qui alimente la fonderie qui permet à la famille Marsh de régner sur elle, d'où vient la tiare que son chef tient absolument à récupérer, et que si la population a naguère été décimée ce n'est pas par une épidémie (OMG un préquel de la nouvelle dans laquelle on nous raconterait la guérilla urbaine entre cultistes et loyalistes et le massacre perpétré par l'invasion des Profonds, cela serait génialissime ! Il va falloir que j'aille fouiller du côté de Robert Price, Stephen Jones, Neil Gaiman, Ramsey Campbell, David Sutton et Kim Newman qui ont poursuivi d'une manière ou d'une autre le cauchemar d'Innsmouth)… Désormais Robert Olmstead en sait beaucoup trop pour son propre bien, et c'est tout naturellement qu'on lui refuse de quitter la ville à la tombée du jour pour mieux s'en débarrasser le nuit. Nous entrons dans le survival et je confesse que la phase indoor est bien plus flippante que la phase outdoor (mais c'est peut-être un héritage de mes parties d'"Alone in the Dark" et de "Resident Evil" ^^)… Et il y a la chute du récit qui n'était sans doute pas nécessaire pour que celui-ci soit réussi mais qui a néanmoins assuré sa célébrité : en reconstituant l'arbre généalogique plein de dégénérescences biologiques du sorcier maudit Obed Marsh, le narrateur continue son chemin du Côté Obscur en apprenant qu'on peut échapper à tout sauf à soi-même !

La nouvelle illustre à la perfection les phobies de l'auteur puisqu'il insère ses tragédies familiales pleines d'internement à l'asile aux héritages de R.L. Stevenson, H.G. Wells et Lord Dunsany, et qu'au final il met en avant ces maux personnels et primordiaux que sont la peur des autres et la peur de soi... D'où les interprétations complètement racistes qu'on peut faire de l'oeuvre, qui ne doivent pas êtres très éloignées de ses pensées parfois nauséabondes... Chinois, Canaques et Polynésiens ne sont pas considérés comme de véritables êtres humains, et ça ce n'est que la face émergée de l'iceberg du racialisme et du suprématisme bien-pensant : grosso modo nous avons un bobo WASP qui se rend dans un ville portuaire pour découvrir avec horreur que sa population s'est mélangée avec des êtres qui ne sont pas considérés comme humains pour donner naissance à des hybrides jugés repoussants, mais comme tout ressortissant d'une nation fondée sur l'immigration lui aussi est peu ou prou semblable aux métisses / hybrides qu'il abhorre... Ah ça on sent bien les tourments des mouvements d'extrême-droite américains confrontés à leurs propres contradictions ! (ce qui invalide complètement les private jokes intellos de Norman Spinrad dans "Rêve de fer", mais ceci est une autre histoire ^^)

Évidement le récit a inspiré films, comics et jeux vidéos et je mentionnerai "Dagon" de Stuart Gordon qui déplace l'action de la Nouvelle-Angleterre étatsunienne en Galice espagnole pour une oeuvre gore certes mais qui se termine par un épilogue à la fois terrifiant et fascinant plus démons et merveilles que jamais, ainsi que le survival vidéoludique "Call of Cthulhu: Dark Corners of the Earth" qui vous permettra d'incarner le fuyard d'Innsmouth pourchassé par toute sa population humaine ou inhumaine...





"Celui qui chuchotait dans les ténèbres" (1930) : https://www.youtube.com/watch?v=VZl9jVp_7EA

HPL est décidément à lui tout seul un pont entre la SF et l'Horreur, qui ici prend la forme d'un récit épistolaire… En effet les folkloriste Albert Wilmarth universitaire du Massachusetts n'est pas d'accord avec Henry Akeley l'érudit du Vermont à propos d'étranges cadavres emportés par de violentes inondations :

- pour l'universitaire urbain, il s'agit de résurgence de superstitions païenne d'origine amérindiennes ou européennes, les légendes rurales anciennes se transformant en légendes urbaines modernes...

- pour l'érudit campagnard, il s'agit d'une preuve de l'existence d'une colonie extraterrestre dans la chaîne montagneuse des Appalaches !

Albert Wilmarth se demande si son correspondant n'est pas fou à lier, mais celui-ci est calme et posé, courtois et cultivé, et c'est le plus sérieusement du monde qu'il étaye sa théorie avec une argumentation issu d'un travail de moine cistercien. Quand arrive par la poste photographies mystérieuses, enregistrement sonores et mystérieux artefact d'origine non humaine celui-ci se met carrément à douter… L'un et l'autre en savent déjà trop, et les aliens qui ne veulent pas que leur existence soient révélée passent à l'action mettent en action : lettres et colis semblent mystérieusement interceptés, et Henry Akeley se met à relater comment sa résidence isolée se retrouve en état de siège… le jour il se repose, se ravitaille et se prépare, etla nuit il combat pied à pied avec les créatures d'outre-monde et les agents humains : entre lui et un funeste destin ne se dresse son chenil de chiens de garde constamment renouveler à la plus grande consternations des habitants qui se demandent pourquoi chaque soir on les entends hurler à la mort entre deux coups de fusils… Puis silence radio… Albert Wilmarth se demande si son correspondant n'est pas mort quand il reçoit une ultime lettre…



Les scientifiques découvrent Pluton, et le narrateur sait que la guerre avec les habitants de l'astre infernal a déjà commencé : il sait car il a vu ! le récit a très bien vieilli, et il aurait pu parfaitement constituer un bon pitch pour les séries télévisées "Au-delà du réel", "La Quatrième Dimension", "Les Envahisseurs" ou "X-Files" (d'ailleurs je crois que cela a été fait par chacune d'entre elle : il n'y a pas de mal à se faire du bien hein ^^), et il est charnière dans le mesure où il pioche chez Arthur Marhen, Robert W. Chambers, et Lord Dunsany, et qu'il a inspiré Fritz Leiber, Brian Lumley et Caitlín R. Kiernan qui l'ont intégré dans leur propre mythologie (Albert Wilmarth aurait ainsi crée une fondation destiné à protéger humiliation des Grands Anciens et leurs séides humains et non-humains : nous basculons dans le monde des chasseurs d'horreurs, dignes héritiers du vénérable professeur van Helsing !).





Lu dans le numéro 4 de l'excellente mais défunte collection Présence du futur, euthanasiée voire assassinée par Serge Brussolo et Gilles Dumay, avec la couverture de l'indescriptible Serge Bihannic, la traduction vintage de Jacques Pépy et une préface courte mais intense de Jacques Bergier. Et relu dans le cadre d'un mini challenge Halloween en 2018 avec les potos des Trolls de Babel ! ^^
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Les Monta..

Comme vous le savez l'intertextualité est mon dada donc je suis obligé d'écrire que tout commence en 1838, quand Edgar Allan Poe surprend tout le monde en publiant "Les Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket", une histoire inachevée racontant une exploration polaire aux frontières du réel : c'est un choc culturel qui marque Jules Verne, Jorge Luis Borges, Gaston Bachelard et Howard Phillips Lovecraft... Le Maître de Providence qui a révolutionné le genre fantastique reprend et transcende le récit d'origine pour le transposer dans son propre imaginaire horrifique : c'est un nouveau choc culturel qui inspire John W. Campbell, Christian Nyby, John Carpenter et Gô Nagai…

Le récit d'HPL se veut une suite directe de celui d'EAP, mais les variations sur le thème sont désormais tellement nombreuses qu'il faut bien connaître toute les œuvres concernées pour identifier les apports de tel ou tel auteur dans les nouvelles versions de ce qu'il faut bien appeler un Mythe (et ici malgré tous les codes du récit d'exploration à l'ancienne, impossible de ne pas être plonger dans le film d'horreur moderne de John Carpenter) : l'homme qui confronté à l'inconnu se retrouve confronté à lui-même ! Et "Dans les Montagnes hallucinées" c'est loin du soutien et du réconfort de la civilisation qu'en 1931 des pionniers à la fois aventuriers et intellectuels, quelque part les meilleurs des leurs, découvrent dans la douleur que l'homme est immensément loin d'être la mesure de toutes choses, qu'il n'a pas été crée par Dieu à son image et placé au centre d'un univers créé pour son bon plaisir, non face à l'immensité du temps et de l'espace ils ne sont qu'une espèce parmi d'autres et que l'humanité est loin d'être la plus évoluée ou même la plus dangereuse ! A l'image des Martiens de H.G. Wells qui faisaient subir aux Anglais ce que les Anglais avaient fait subir aux Aborigènes d'Océanie, les Choses Très Anciennes d'Antarctique font subir aux Américains que ce que les Américain ont fait subir à leurs découvertes : des tests, des expériences, des dissections et des vivisections... Mais HPL va plus loin encore en s'inspirant du Mythe de Frankenstein avec des êtres antédiluviens à la fois bourreaux et victimes : tout pouvoir rencontre un jour un pouvoir plus grand encore, et en jouant aux apprentis sorciers les Choses Très Anciennes ont donné vie aux créatures qui allaient anéantir leur civilisation toute entière...



Après les médiocres romans graphiques d'Ian Culbard, les mangas de Gou Tanabe sont un véritable retour aux sources du mythe : le Japon est un terre de prédilection pour la culture horrifique, et le mangaka très discret semble s'être spécialisé dans les adaptations de qualité de classiques du genre.

Nous sommes dans l'entre-deux-guerres, et les expéditions se succèdent vers le Pôle Sud pour combler sur le continent blanc les derniers blancs des cartes du monde... Nous suivons celle de l’Université Miskatonic du Massachusetts, financée par la fondation Nathaniel Derby Pickman, quatre professeurs, seize étudiants diplômés, leurs assistants et cinquante cinq chiens qui partent avec deux bateaux et quatre avions. Tout se passe bien, et après avoir établi leur base sur les pentes du volcan Erebus l’équipe du Professeur Lake s'envole pour découvrir un chaîne de montagnes noires, et à l'intérieur des cavernes de celles-ci les reliques de formes de vie inconnues jusqu'à ce jour propres à bouleverser l'Histoire de la Terre ! La découverte aurait eu le même retentissement sur la biologie que les découvertes d’Einstein en avaient eu sur les mathématiques et la physique, si elles ne correspondaient pas à d'inquiétants mythes archéens qui finissent par revenir à la vie...

Ce tome 1 de 300 pages est non seulement très fidèle mais aussi très bien dessiné : malgré les dialogues et les monologues, le premier personnage du récit est l'ambiance lourde et pesante qu'on ne voit même pas s'installer tellement la transition de l'aventure à l'horreur est insidieuse : le silence du continent blanc devient étouffant, on sent le froid mordre, on entend le vent hurler, et la peur, l'angoisse, l'indicible et l'innommable arrivent à grands pas ! C'est vraiment du bon boulot, et je peux à peine regretter un charadesign un peu froid, et un phylactère indiquant plein nord alors qu'on se dirige vers le pôle sud... et pour ne rien gâcher les éditions Ki-oon nous offre une version en grand format reliée cuir (qu'on aurait peut-être pu/dû sortir en 1 seul tome) ! A lire et à relire pour les amateurs d'horreur en compagnie des musiques d'Ennio Morricone composées pour le film culte de John Carpenter...
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : La couleu..

Gou Tanabe est un mangaka discret spécialisé dans les adaptations de classiques de la littérature fantastique, et il a trouvé un filon inépuisable en s'attaquant à celle du Maître du Providence alias Howards Phillips Lovecraft. Ses personnage peu expressif sont écrasés par une ambiance lourde et pesant savamment distillé, et leurs visages étranges ne peuvent que manifester la peur et l'angoisse. Et le mangaka réussit encore une fois brillamment l'exercice de style avec "La Couleur tombée du ciel", primée au Festival d'Angoulême en 2020. Et comme l'adaptation du récit est assez voire très fidèle, je vais cannibaliser ma critique du récit originel...





Décidément HPL adore la narration indirecte... Dans cette nouvelle écrite en 1927 nous suivons l'enquête de terrain d'un ingénieur de Boston dans les environs d'Arkham au sujet de l'installation d'un nouveau barrage réservoir. Il est intrigué par les légendes locales au sujet d'un endroit controversé appelé « la lande foudroyée »... Et c'est ainsi qui apprend de la bouche du dénommé Ammi Pierce la triste et terrible histoire de la famille Gardner. (Sauf que Gou Tanabe opte lui pour la narration directe, mais je vais revenir là-dessus un peu plus tard...)

Un jour un météorite s'écrase sur la propriété de Nahum Gardner, et une armée de scientifiques vient échantillonner la Chose pour en découvrir les secrets (et HPL s'éclate à piocher dans "Modern Science and Materialism" de Hugh Elliott). Alors que les hommes de sciences aboutissent tous à l'Inconnu, Nahum voit la nature se colorer, croître et prospérer avant de changer, évoluer, voire carrément se transfigurer. Puis faune et flore perdent leurs couleurs pour devenir grisaille avant de dépérir et de mourir (ben oui HPL a une légère tendance à spoiler ses propres révélations)... le pauvre Nahum spectateur impuissant des événements voir ainsi disparaître ses champs et ses troupeaux, avant que les membres de sa famille ne deviennent fous avant de mourir ou de disparaître sans laisser aucune trace. Quand après un silence de deux semaines Ammi Pierce vient aux nouvelles, il découvre un Nahum agonisant et délirant qui lui confie qu'il a compris trop tard être victime d'un vampire stellaire mais aussi où se trouve la tanière de ce dernier... Lui et les autorités passent la ferme au peigne fin, avant d'assister médusés au décollage du vampire stellaire pour l'espace intersidéral d'où il est venu (enfin une partie du vampire stellaire, car quelque chose est restée, et c'est pour cela qu'Ammi Pierce et le narrateur flippent à mort que le cauchemar ne recommence un jour).

Ici HPL s'inspire de "The Book of the Damned" de Charles Fort pour aborder le classique du choc des civilisation entre terriens et aliens qui remonte à "La Guerre des mondes" de d'H.G Wells. On pense tout de suite aux ravages de la radioactivité, et HPL s'est inspiré du scandale des filles du radium pour décrire le calvaire de la famille Nahum (alors que la famille Curie mettait en garde contre les dangers du radium, les crevards yankees faisaient bosser des ouvrières avec jusqu'à ce qu'elle en crève : combien de gens auront-ils été empoisonnés juste pour faire de l'argent ?).

Mais c'est saisissant de voir que la mort de la ferme Nahum illustre à la perfection la destruction du Dust Bowl la décennie suivante par les apprentis sorciers de Monsanto (qui va récidiver par la suite avec plein de saloperies dangereuses pour tous les êtres vivants avec le DDT, le napalm, l'agent orange et ses nombreux dérivés, avant d'inonder le monde de ses très douteuses semences OGM... quand est-ce que l'hypercapitalisme et l'ultralibéralisme cessera de nous empoisonner ?)





J'avais écrit concernant la nouvelle :

« Après la force de la nouvelle est aussi sa faiblesse à savoir sa longueur et son rythme : après toutes les bonnes descriptions des mutations de l'environnement, la partie humaine du récit est précipitée et on aboutit directement ou dénouement (imaginez le même récit avec une narration directe comme dans les thrillers) ».

« Show, don't tell ! » dit l'adage américain. L'ingénieur de Boston n'est qu'un passeur de témoin, et finalement tout est vu à travers les yeux d'Ami Pierce et de Nahum Gardner qui assistent à toutes les étapes successives de l'influence néfaste et pernicieuse du vampire stellaire (sous que seul l'un d'entre eux vit à cause de la créature et est lui aussi soumis à son influence). Mis en scène sous nos yeux cela a vachement plus d'impact que les sempiternels « indicible » et innommable » : on voit bien chaque élément de la flore et de la faune croître et se multiplier, puis muter bizarrement puis horriblement, avant de dépérir et de pourrir… Dans la nouvelles originelle, la phase humaine était traitée au pas de course alors que Gou Tanabe prend plus de temps pour développer l'affaiblissement physique et psychique des membres de la famille Gardner qui finissent par sombrer un à un dans la folie parce leur instinct de survie se rebelle contre leur morte programmée (car le vampire stellaire vident petit à petit leur santé physique et psychique avant de sonner l'hallali quand il a fini de se gaver). On s'attarde donc sur la déchéance, avec la folie, l'affaiblissement puis le pourrissement (des phobies de l'auteur américain dont le père est mort de la syphilis et qui est mort du cancer), c'est assez pour ne pas dire très glauque avant le cataclysme qui clôt le récit (pourtant je reste persuadé qu'on aurait pu aller encore plus loin dans cette voix). Encore une fois force est de constater que l'homme persuadé d'avoir été créé par Dieu et placé au centre de l'univers par lui pour le gouverner n'est finalement pas grand-chose par rapport à ce qui hante les profondeurs insondables de l'espace et du temps… Mais le mangaka n'oublie pas de mettre un taquet à ses vieux amis, car les classes aisées citadines se moquent des classes modestes avant de se rendre compte que leurs préjugés de classe non seulement les a fait passer à côté de la plus grande découverte de l'humanité mais a aussi provoqué la mort horrible de toute une famille (gageons qu'un DRH de chez General Electrics, de chez Auchan ou de chez Danone en aurait rien eu à secouer dans les deux cas s'il n'y avait pas eu de pognon à se faire). Rien à faire, vu les récentes déclaration de plusieurs mangakas je n'arrivent pas à m'enlever de la tête que Gou Tanabe a essayé de faire des allusions à la catastrophe de Fukushima...





Je sais que je radote, mais je rappelle que le récit a beaucoup inspiré : Brian Aldiss avec "The Saliva Tree", Jeff VanderMeer avec "Annihilation", Stephen King avec "Les Tommyknockers" (qui une fois encore trahit son modèle en faisant des aliens anthropomorphiques alors que HPL avait tout fait pour ne pas tomber dans cette facilité, mais la parenté est encore plus patente avec l'adaptation de Gou Tanabe) et bien sûr Michael Shea qui a rédigé une suite intitulé "The Colour Out of Time", mais aussi les films "Die, Monster, Die !" (Daniel Haller, 1965), The Curse (David Keith, 1987) et "Colour From the Dark" (Ivan Zuccon, 2008)...



PS: prochaine étape pour le duo HPL / Gou Tanabe ? "L'Appel de Cthulhu" !
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Celui qui..

MANGA HORREUR / FANTASTIQUE.

Gou Tanabe est un mangaka fin connaisseur des récits d’horreur, et il a rapidement trouvé sa voie en adaptant de grands classiques de la littérature fantastique. Et avec les créations de celui a changé à jamais le visage du genre horrifique, il a trouvé un incroyable terrain de jeu où exprimer sa passion et ses ambitions… Et ici Gou Tanabe qui est déjà sur les chemins de la perfection livre une magnifique prestation ! Si avec "Dagon" on peut rester sur sa fin, avec "Celui qui hantait les ténèbres" il explore les très nombreux champs de la peur...
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Les Monta..

Le monde Antarctique a toujours fasciné car encore trop peu exploré de nos jours de par ses conditions climatiques extrêmes et il n'est pas étonnant que Howards Philipps Lovecraf , précurseur de l'horreur et de l'épouvante tout comme Edgar Allan Poe précurseur en son temps mais incompris jusqu'après sa mort, ait voulu s'y aventurer. Il est bien connu que c'est l'inconnu qui fait peur alors le terrain était tout trouvé pour ce maître en la matière.



Ici, nous suivons une équipe d'explorateurs montée par quatre membres de l'université Miskatomic qui ont décidé d'aller combler les trous "blancs" de la carte de notre monde en s'aventurant sur les terres arctiques. Nous sommes alors en 1931 et pour ces scientifiques de renom, qui ont décidé d'unir leurs forces, chacun spécialisé en son domaine est bien décidé à apporter des réponses sur ce territoire qui fascine encore de nos jours d'ailleurs. Cependant, bien qu'extrêmement bien préparés et avec un équipage extrêmement bien entraîné aux pires conditions qui soient, il sont loin d'imaginer ce qui les attend sur place. C'est le Professeur Lake qui, intrigué par d'étranges stries dans de la roche faisant penser à une forme de vie méconnue jusqu'à présent, décidera de détourner le plan de départ et de s'aventurer, avec onze autres membres de l'équipage, sur des terres jusqu'alors inexplorées. Trop curieux, trop ambitieux, il ne s'attend pas encore, lui non plus, à ce qu'il va découvrir une fois sur place car cela dépasse l'entendement, même pour un esprit aussi bien préparé que le sien. Tous les secrets que nous réservent (encore) le monde et l'univers sont-ils réellement prêts pour être mis au grand jour ? N'aurait-il pas mieux fallu que certains restent dans l'ombre ? Cependant, cela, l'esprit humain ne peut pas le concevoir et Lake et ses hommes vont malheureusement en payer le prix...



Un ouvrage adorablement adapté par le mangaka Gou Tanabe qui met réellement à l'honneur toute la monstruosité de l'esprit (dérangé ou de génie ?) de Lovecraft ! Un dessin en noir et blanc comme pour tout manga qui se respecte mais vraiment très bien travaillé et à cela, je ne peux que l'en remercier de remettre à l'ordre du jour les écrits fantastiques de ce grand nom de la littérature fantastique que je me dois de découvrir plus en détail ! C'est une promesse que je me fais à moi-même et espère bien la tenir tout en vous encourageant à en faire de même !
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Dans l'ab..

MANGA SCIENCE-FICTION / HORREUR

Le professeur d'économie Nathaniel Peaslee a un malaise durant un cours donné à l'université… Et il se réveille 5 ans plus tard pour découvrir que durant tout ce temps il étudié en autodidacte tous les savoirs possibles et imaginables avec un don des langues inouï, des talents mathématiques hors du commun et une incroyable mémoire eidétique avant de partir en explorations aux quatre coins du monde. Pour ses médecins il s'agit d'un de dédoublement de la personnalité, pour sa femme qui est partie avec leur fille et leur fils aîné il s'agit cas d'usurpation d'identité, pour le père et le fils cadet c'est un mystère et ils se reconvertissent l'un et l'autre dans la psychologie pour le résoudre. Ils traversent la WWI, les Années Folles et la Grande Dépression pour découvrir que ce mystère s'est reproduit siècle après siècle depuis des générations et des générations. Mais c'est quand ils se font une raison et qu'ils acceptent que tout cela est le fruit de leur imagination, un ingénieur australien vient leur prouver qu'ils avaient raison et que la réalité dépasse la fiction !



Étrange homme qu'H.P. Lovecraft capable de créer indéfiniment autant de démons que de merveilles, capable de magnifiques démonstrations d'humanité comme de faire l'apologie de criminels contre l'humanité. "Dans l'Abîme du temps" (traduction maladroite de "The Shadow Out of Time") parue en 1935 est la dernière nouvelle du Maître de Providence, pierre angulaire du genre horrifique qu'il a révolutionné avant de le marquer à tout jamais de son empreinte. Il s'agit un peu de son testament, qui est à la fois le remake et la suite des "Montagnes hallucinées". On retrouve l'expédition dans un lieu reculé voire inaccessible de la planète, la découverte d'une civilisation antédiluvienne pas si disparue que cela, ainsi que l'horreur indicible qui a causé leur perte et qui pourrait causer la perte de l'humanité (sans parler du Professeur Dyers survivant de l'expédition polaire qui ici aide Nathaniel Peaslee à comprendre et à aller de l'avant avant d'achever sa quête de vérité). Alors certes la mise en place du récit est différente mais comme d'autres inspiré du film "Berkeley Square" et de la nouvelle "The Shadowy Thing" : on associe transfert d'âmes et voyages dans le temps et on reconnaît "L'Affaire Charles Dexter Ward" et "Le Monstre sur le seuil", ainsi que plusieurs oeuvres majeures du pape du space opera Edmond Hamilton (on va dire que ces tropes ont fait les beaux des genres de l'imaginaire à l'époque où il n'y avait pas de frontières entre les genres de l'imaginaire). Ensuit il reprend ses thématiques favorites mais avec une inflexion optimiste peu courante dans la mythologie qu'il a façonnée de ses propres mains…



La peur de soi :

Nathaniel Peaslee ne se reconnaît plus, plus il enquête sur lui-même et les 5 années qu'il a perdues et moins il se reconnaît… Sa perception du temps est étrange, et les incroyables visions qui assaillent ses rêves débordent sur la réalité. Qui est-il ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? Quel est le vrai et le faux entre celui qu'il a été, celui qui l'a remplacé pendant 5 ans et celui qu'il est aujourd'hui. Notre narrateur ne sait plus s'il fou ou saint d'esprit, où la frontière entre la réalité et ce que son esprit peut inventer, et à un moment s'il est encore humain...



La peur de l'autre :

L'autre c'est l'ennemi, et l'ennemi c'est l'horreur. Les exceptions sont rares dans la bibliographie de l'auteur, et donc d'autant plus marquantes (l'alien perdu en croisade contre les abominations de la Constellation du Taureau, le zombi qui ignorait qu'il était un zombie, le mystérieux sorcier saxon venu du passé). Dans "Les Montagnes hallucinées" les créatures venues du passé n'interagissaient pas directement avec les humains, les traitant comme les humains auraient traité n'importe quelle « espèce inférieure », et même si on apprenait leur histoire et leur destin où elles passaient de maîtres à esclaves, de bourreaux à victimes, elles étaient plutôt moralement neutres par rapports aux autres créatures du mythe elles carrément maléfiques… Dans le présent récit, les créatures venues du passé décrites du manières plutôt positives : des purs esprits en quête de savoir, observant sans intervenir mais défendant la terre contre les envahisseurs octopodes ou reptiliens avec les technologies venues de toutes les civilisations du passé et de l'avenir. Mais tout pouvoir rencontre un jour un pouvoir plus grand, et on prend parti pour elles quand elles affrontent des créatures d'outre-espace encore plus éloignées de nous qu'elles dans l'échelle de l'évolution, et qu'elles choisissent la fuite plutôt que la guerre à outrance. En plus dans leur exode elles auraient pu parasiter l'humanité ce qui nous aurait donné une Histoire Secrète bien paranoïaque que Philip K. Dick aurait adorée, mais elles ont choisi d'habiter la race coléoptère qui succédera à la race humaine (encore une fois l'auteur rend hommage à H.G. Wells et à "La Machine à explorer le temps")...



La peur de l'inconnu :

Chez H.G. Wells comme chez H.P. Lovecraft l'homme n'est plus l'être créé par Dieu à son image qui règne sur une planète créée pour lui et placée au centre de l'univers, mais une espèce comme les autres qui apparaît, évolue et disparaît comme les autres… Mais entouré voire cerné par d'autres espèces bien plus vieilles, bien plus intelligentes et bien plus évoluée que l'humanité. Dans la mythologie créée par l'auteur elles sont le plus souvent malveillantes, et prêtes à écraser les êtres humains comme des insectes dès que les astres seront propices. Mais ici on nous dépeint des explorateurs et des chercheurs plongés dans une éternelle quête de savoir, suivant une éthique stricte et rigoureuse et appliquant une diplomatie claire : ne pas être agresseur et ne pas être agressé… le narrateur les découvre eux et leurs ennemis, et s'ils ne parvient pas à révéler l'ultime vérité à l'humanité c'est peut-être mieux ainsi. Alors certes l'humanité n'est pas grand-chose, et si elle n'est pas seule elle n'a pas forcément que des adversaires indicibles et incommensurables totalement étrangers à notre mode de pensée. Malgré tous les jets de SAN qu'il aura dû effectuer, il trouve ainsi une forme d'équilibre donc de sérénité !





Alors j'ai été très bavard sur l'oeuvre d'H.P. Lovecraft mais que penser de l'oeuvre de Gou Tanabe ? Elle est de qualité, très fidèle et très respectueuse, pleine de bonne volonté et d'humilité. Dans "Les Montagnes hallucinés", les explorateurs étaient un peu les hobbits dans le "SdA" de JRR Tolkien : ils étaient là pour les lecteurs soient à la fois spectateurs et acteurs du drame… Ici le récit est plus intimiste, et nous suivons de manière très touchante la quête d'un père et d'un fils qui veulent découvrir la vérité pour reconstruire leur famille. le mangaka prend tout son temps pour mettre en scène leurs questions, leurs doutes et leurs peines durant les 27 années de tortures psychologiques que subit le narrateur : la mise en scène est très travaillée et très soignée, et pour rien gâcher l'ambiance et le rythme qui s'en dégage sont parfait. Après je ne suis complètement convaincu par ses graphismes en particulier le charadesign, mais le sentiment d'étrangeté qui s'en dégage colle parfaitement aux univers et aux ambiances lovecraftiennes. Par contre les dialogues / monologues sont excellentes : les échanges entre Peaslee et Dyers sont denses et intenses, le monologue final est ciselé de main de maître, et il y a ce passage sur l'Allemagne où on dézingue subtilement mais clairement les accointances douteuses entre le régime nazi et le Maître de Providence. Pour terminer, je n'ai qu'un chose à dire : vivement le prochain ! (car oui, il y a encore d'autres adaptations d'H.P. Lovecraft par Gou Tanabe !)
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Les Monta..

Si l'on m'avait dit un jour que je deviendrais accro aux mangas, je ne l'aurais jamais cru et pourtant, ce fut bel et bien le cas avec cette adaptation de Gou Tanabe des ouvrages du maître de l'horreur Howard Phillips Lovecraft. Dans ce deuxième volet des "Montagnes hallucinées" et alors que la moitié des hommes de l’expédition du Professeur Lake, partie en reconnaissance derrière ce qu'il décrit "les montagnes noires" est portée disparue, deux hommes se distinguent dans cette suite et fin de cette grandiose adaptation : il s'agit du Professeur Dyer et de son assistant Danforth. Alors que tout contact radio a été rompu entre les deux équipes, les deux hommes décident de s'aventurer à leur tour sur place pour tenter, sans grand espoir de retrouver les éventuels survivants ou du moins, en espérant retrouver le matériel que les hommes avaient emportés avec eux, de comprendre ce qu'il s'est réellement passé. A force de toujours vouloir percer l'inexplicable et ce qui n'aurait jamais dû être révélé aux yeux humains, l'Homme, dans sa trop grande curiosité et arrogance de toujours tout expliquer de manière rationnelle s'expose lui-même à de grands dangers et c'est ce que Lake et ses hommes ont fait ici. Il ne faut pas toujours tout vouloir expliquer de manière scientifique et à être trop curieux, l'on finit parfois par en payer le prix. Si certaines choses doivent restées cachées et inexpliquées, c'est qu'il y a souvent une raison (pas toujours certes mais avec Lovecraft, oui...). Dyer et Danforth vont d'ailleurs avoir leur explication mais à quel prix....?



Alors qu'une seconde mission se prépare pour aller à son tour percer les mystères que protège l'Antarctique, Dyer sait à tout prix qu'il oit s'y opposer mais comment ? Quels mystères veut-il à tout prix préserver et pour quelles raisons étranges et mystérieuses ? Se pourrait-il que cela ait un lien avec ce qui est décrit dans l'ouvrage le "Neronomicon" jalousement ou au contraire volontairement ? conservé sous clé dans une partie de la bibliothèque de l'université pour laquelle nos scientifiques travaillent ? Que peut contenir cet ouvrage et se peut-il que les horreurs qu'ils relatent s'avèrent exactes ? Alors, mythe ou réalité ? Se peut-il qu'une autre entité que celles d'origines humaine ou animale et inconnues ait survécu et ait précédé l'homme sur cette terre ? Serez-vous assez fou pour vous lancer dans l'aventure ? Je ne peux que vous le conseillez mais je vous aurai prévenu, ce ne sera pas sans risque et il se pourrait fort bien que tout ce que vous étiez persuadé de savoir jusqu'à présent soit remis en question ! Etes-vous prêts à remettre toute explication rationnelle en question et à vous plongez dans les ténèbres les plus obscures ? Oui ? Alors, c'est part...que l'aventure commence pour vous !
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : L'appel d..

Avec "L’Art de Lovecraft – L’Appel de Cthulhu", les éditions Soleil nous offrent un artbook consacré aux plus sombres recoins du pinacle de la culture horrifique…



Le Maître de Providence qui a allègrement mélangé fantastique et science-fiction pour atteindre les sommets de la culture horrifique n’a jamais été un écrivain très visuel dans la mesure où il usait et abusait de vagues adjectifs… Ce qui laisse toute liberté à ses successeurs pour mettre en scène son héritage !



Après une très intéressante introduction anonyme, l’ouvrage est divisé en 8 parties :

- « Savoir Interdit » est dédiée à tous ces livres maudits dont la lecture nécessite des jets de SAN...

- « Visiteurs » est dédiée aux destructeurs de l’humanité, autrement dits aux créatures et aux cultistes du Mythe

- « La Loi et le Désordre » est dédié aux défenseurs de l’humanité, les autorités, la pègre, l’Agence Blackwood (les érudits de l’Université de Miskatonic étant étrangement absents)

- « Étranges passe-temps » est dédiée aux actions des Forces du Mal...

- « Les Profondeurs » est dédiée à Cthulhu et à sa nombreuse progéniture...

- « Expéditions » est dédiée aux actions des Forces du Bien...

- « Le Roi en Jaune » est dédiée aux artistes qui sont passés du Côté Obscur…

- « La Chaos Rampant » est dédiée à Nyarlathotep figure majeure du Mythe…



Bon les illustrations sont toutes tirées du Jeu de Cartes à Collectionner de Flight Fantasy Game (mises à part quelques « vieilleries » de Chaosium), que je connais suffisamment pour écrire noir sur blanc que ce n’est pas forcément les meilleures illustrations qui ici sont mises en avant… Émergent quand même les illustrateurs Patrick McEcoy, Daarken, Michael Komarck, Jean Tay, Katherine Dinger, Miguel Coimbra, Matt Dixon, John Gravato ou Torstein Nordstrand. Et sans aucune surprise c’est encore le frenchy Marc Simonetti qui survole les débats : c’est ça, la « french touch » ! (mais attention, tout ce qui est français n’est pas génial car on a aussi on longue et vieille tradition de grosses bouses par chez nous) Et c’est quand même du gâchis toutes ces pages découpées en deux avec d’un côté 3 illustrations en petit format et d’un autre côté leurs crédits quasiment sur fond blanc : on ne pouvait pas privilégier les visuels avec 2 illustrations voire 1 illustration par page ???
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : L'appel d..

Une vraie découverte, l’œuvre de Lovecraft en …mangas ! Dix volumes à ce jour.

Publié en 1923 dans le magazine Weird Tales, L'Appel de Cthulhu est non seulement l’un des plus grands textes de Lovecraft, mais aussi la pierre fondatrice du « mythe de Cthulhu »

Ici le texte est repris par Gou Tanabe, auteur de manga exerçant son art surtout dans le registre de l'horreur et de l'adaptation d'œuvres littéraires. Les dessins sont tout bonnement incroyables et bouleversants, le livre s’ouvre et se lit donc à l’envers comme il se doit, la reliure évoque un vieux cuir rouge brun, et c’est aux éditions Ki-Oon.

Une pépite dans ma bibliothèque, un vrai roman graphique -pour ceux qui aiment bien sûr- qui souligne parfaitement l’ambiance SF.
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Le cauche..

MANGA HORREUR / FANTASTIQUE.

Gou Tanabe est un mangaka fin connaisseur des récits d'horreur, et il a rapidement trouvé sa voie en adaptant de grands classiques de la littérature fantastique. Et avec les créations de celui a changé à jamais le visage du genre horrifique, il a trouvé un incroyable terrain de jeu où exprimer sa passion et ses ambitions… Et ici Gou Tanabe qui est déjà sur les chemins de la perfection livre une magnifique prestation ! "Le Cauchemar d'Innsmouth" condensé de toutes les névroses zémouriennes d'H.P. Lovecraft prend une nouvelle dimension sous son coup de crayon...
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : La couleu..

Plongeons-nous au coeur de l'horreur et du paranormal le temps de ce manga à glacer le sang. Tel est le style d'écriture de Lovecraft que je connais assez mal mais que mon mari adore (d'où la fait que j'en ai lu certains volumes mais trop peu encore à mon goût) et à qui je trouve que Gou Tanabe rend admirablement hommage. Certes, il est vrai que l'on a du mal à s'imaginer que cet ouvrage "La couleur tombée du ciel" puisse bien rendre sur un manga en noir et blanc (ce qui est paradoxal à mon sens pour le mot couleur) et pourtant, c'est bel et bien le cas.



Ici, nous découvrons le récit de Ammi Pierce pour un jeune homme chargé d'étudier le terrain pour la construction d'un nouveau réservoir à Arham, vallée reculée dans la campagne américaine. Si tous le prennent pour un fou, lui, sait ce qu'il a vu il y a environ une cinquantaine d'années de cela et qui a emporté avec lui son regretté ami Nahum, sa femme et ses trois enfants. Ceux-ci vivaient alors tranquillement dans leur ferme et les récoltes qu'ils cultivaient leur permettaient de vivre chichement mais convenablement. Tout bascula le jour où un météore s'écrasa en plein milieu du terrain de Nahum. Si la première chose que pensa à faire ce dernier fut celle de prévenir les autorités afin, pensait-il, de faire analyser cette "chose" par des scientifiques et de faire progresser la science, il n'imaginait pas qu'avec cet événement exceptionnel, sa vie et celle des siens allait sur sa fin. Comment ? Voilà tout ce qui nous est narré ici et nous emmène vers un au-delà qui plongera le lecteur au plus profond de l'horreur mais aussi de l'inexplicable.



Un ouvrage extrêmement bien rendu du point de vue graphique et une histoire entraînante, comme seul Howard Phillips Lovecraft pouvait le faire (auteur que je rapprocherais d'Edgar Allan Poe - excusez-moi pour cette comparaison grossière et que certains d'entrevous jugeront peut-être grossière - que je connais mieux et qui m'a toujours passionné pour ces "histoires extraordinaires" ! A découvrir et à lire (ce que je ne manquerai pas de faire si cela m'est possible) en version originale !
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Le cauche..

MANGA HORREUR / FANTASTIQUE.

Gou Tanabe est un mangaka fin connaisseur des récits d’horreur, et il a rapidement trouvé sa voie en adaptant de grands classiques de la littérature fantastique. Et avec les créations de celui a changé à jamais le visage du genre horrifique, il a trouvé un incroyable terrain de jeu où exprimer sa passion et ses ambitions…

Et ici Gou Tanabe est déjà sur le chemin de la perfection en livrant une magnifique prestation, en développant en plusieurs dizaines de planches des passages que Lovecraft et ses névroses zémouriennes résumait en quelques pages. La peur de l'autre, la peur de soi : on peut échapper à tout sauf à soi-même, poussière d'étoile livrée à elle-même face à l'immensité du cosmos !
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Le cauche..

Le cauchemar d'Insmouth est l'une de mes nouvelles préférées de Lovecraft, c'est aussi l'une des premières que j'ai lues il y a plus de trente cinq ans.



Je l'ai en outre, relue pour la énième fois récemment.

C'est dire que j'ai lu ce manga avec un intérêt soutenu.



Car il s'agit d'un manga et, c'est un peu le soucis avec les adaptations des textes de Lovecraft par Gou Tanabé, le manga ne fait pas du tout partie de ma culture de lecteur et, même après avoir lu la plupart des volumes précédents, je continue d'avoir un peu de mal avec le sens de lecture et le découpage des planches.



C'est le seul bémol, qui ne concerne d'ailleurs pas la qualité de l'oeuvre, mais une difficulté personnelle à entrer dans le récit (je dois parfois relire une page prise dans "le mauvais sens" !).



Pour le reste, c'est un sans faute, Tanabé a adapté fidèlement Lovecraft, j'ai retrouvé le texte si souvent lu, et l'auteur a particulièrement bien rendu le "masque d'Insmouth" ainsi que le décor décrépit et inquiétant de cette ville portuaire bien plus proche de l'océan que d'un simple point de vue géographique.



J'attends le tome 2, et je félicité l'éditeur Ki-oon pour la qualité de ses publications (Ha ! Cette reliure en similicuir !)
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The Outsider - Recueil

MANGA FANTASTIQUE / HORREUR.

Gou Tanabe davantage dessinateur que scénariste semble prendre tout cela comme des exercices de style. Ses contes russes sont graphiquement immatures avec un charadesign éloigné du mainstream de la Planète Manga certes, mais finalement assez simple Dans "Ju-Ga" où l’encre joue un rôle déterminant, les graphismes sont nettement plus aboutis avec un très joli travail sur le noir. Et rétrospectivement, on peut voir l’adaptation de Lovecraft comme une rencontre du 3e type entre un dessinateur japonais du XXIe siècle et un auteur américain du XXe siècle : le talent de Gou Tanabe a explosé, et depuis lors il n’a cessé de s’améliorer !
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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : Les Monta..

Lourde hérédité et généalogies engluées : celles (littéraire, puis cinématographique puis romanesque graphique) d'un monstre livré à lui-même devant survivre à la glace des pôles.



On se souviendra d'une image : celle d'une poursuite effrénée d'une créature hideuse, ivre de ressentiment, errant sur la banquise... suivie de près par son propre créateur angoissé, fouettant sans cesse ses chiens de traîneau, tel un Sisyphe auquel son rocher dysmorphique aurait échappé...



Tout commença donc par le lumineux roman (publié anonymement en 1818) de Mary W. SHELLEY : "Frankenstein or The Modern Prometheus"/ "Frankenstein ou le Prométhée moderne", avec son procédé narratif de récits enchâssés nous relatant « la création par un jeune savant suisse, Victor Frankenstein, d'un être vivant assemblé avec des parties de chairs mortes. Horrifié par l'aspect hideux de l'être auquel il a donné la vie, Frankenstein abandonne son « monstre ». Mais ce dernier, doué d'intelligence, se venge par la suite d'avoir été rejeté par son créateur et persécuté par la société. [...] le cadre général est celui d'une tentative d'exploration polaire par Robert Walton ; à l'intérieur se situe l'histoire de la vie de Victor Frankenstein, recueilli par l'explorateur sur la banquise ; enfin, cette dernière recèle la narration faite à Frankenstein par le monstre, en particulier des tourments qu'il a endurés. » [Source : article/œuvre WIKIPEDIA]



Suivra en 1928 la nouvelle (véritablement percutante et anxiogène) de John Martin LEAHY : "In Amundsen's Tent" / "Sous la tente d'Amundsen" (sa première publication sera pour le fameux mensuel "pulp" "Weird Tales" dont Lovecraft deviendra vite l'un des "fournisseurs" vedettes) : une tête coupée trouvée congelée aux abords d'un campement déserté, reflet d'une horreur sans nom qui a "sans doute" trouvé refuge sous la toile de tente de Roald Amundsen, "vainqueur" du Pôle Sud un certain 14 décembre 1911... "Mais qu'est-ce donc ?" ou plutôt : "Qui va là... ?" Ah, si on le savait, justement ! L'angoisse est d'autant plus forte, nourrie de cette lourde incertitude identitaire...



Suivra la longue nouvelle (ou court roman) de Howard Phillips LOVECRAFT : "At the Mountains of Madness" /"Les montagnes hallucinées"/ "Montagnes de la folie", rédigée en février et mars 1931 (sa première publication en 3 livraisons aura lieu en 1936 dans le mensuel "pulp" "Astounding Stories", après avoir été déclinée par l'exigeant Farnsworth Wright, rédac-chef de "Weird Tales".



Puis paraîtra le (toujours fabuleux) court roman "Who goes there ? / "La Chose" / "La bête d'un autre monde" de John W. CAMPBELL publié en 1938...



S'ensuivra le film de Christian NYBY, "The Thing from Another World" / "La chose d'un autre monde" (1951), très "cheap" illustration du court roman précédent : sacrifiant malheureusement le côté métamorphique incessant de la monstruosité échouée dans la glace du pôle Sud, venue des étoiles...



Le chef d'œuvre de John CARPENTER : "The Thing" / "La Chose" viendra s'imprimer sur nos rétines horrifiées en 1982, sur une solide partition d'Ennio Morricone : ce film assassiné à sa sortie par les 4/5ème de la critique internationale BCBG/prétentiarde s'imposera — à juste titre — au fil des années et des éditions (VHS, DVD, Blu-Ray) comme un "classique" du cinéma d'épouvante...



Carpenter s'inspirera encore des œuvres de "son" cher LOVECRAFT — toujours aussi talentueusement, humblement et respectueusement — pour son "Prince of Darkness" / "Prince des Ténèbres" en 1987 (une chose venue des mêmes "Âges Obscurs" survivant en son bocal-linceul d'eaux verdâtres dans la crypte d'une église désaffectée) et un peu plus ironiquement en son "In the Mouth of Madness" [titre faisant allusion aux fameuses "Mountains" antarctiques de HPL] / "L'Antre de la folie" de 1994...



Une "prequel" (truffée d'acteurs norvégiens donnant la réplique à un casting américain) du précédent film, toujours nommé "The Thing" — tout aussi inventive visuellement que son illustre modèle — sera réalisée par Matthijs VAN HEIJNINGEN Jr. en 2011.



Passons vite sur quelques "adaptations bédéesques" globalement bien peu inventives de Lovecraft et arrivons vite au travail de "création visuelle" (perfectionniste et hallucinatoire) de Gou TANABE : Les Montagnes hallucinées / 狂気の山脈にて publié aux éditions Enterbrain (Tokyo) en 2016 — ouvrage qui sera traduit en français par Sylvain Chollet et, publié en deux tomes pour la collection "Les chefs d'oeuvre de Lovecraft" aux éditions Ki-oon en 2018 et 2019.



Et nous y voilà... Nous ouvrons ici les pages d'un magnifique et exigeant travail de totale "re-création" de l'univers lovecraftien, déjà si profondément original...



Beaucoup plus qu'un "hommage" rendu à l'univers du prétendu "reclus" de Providence... Récusons à ce propos l'imbécilité crasse (et bien vite "pensée") d'un sous-titre d'essai biographique tel que "H.P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie" : on sait désormais combien Lovecraft "vivait" intérieurement comme extérieurement de ses centaines de liens épistolaires et de ses voyages incessants... [Cf. le merveilleux travail de "son" biographe S.T. JOSHI qui remettra à ce sujet les pendules à l'heure dans les deux tomes de son prodigieux "Lovecraft. Je suis Providence"].



C'est peu dire que TANABE est fidèle à LOVECRAFT : il entre dans la psyché lovecraftienne tel un reptile dans une mare glauque... Son perfectionnisme dépasse l'entendement... L'équipe pluridisciplinaire du professeur William Dyer rappelle exactement les compétences réunies (idéales pour affronter "scientifiquement leur découverte) par la chair-à pâtée de "La Chose" : l'excellent "casting" du film de CARPENTER... La paranoïa qui rôde, incarnée ici par le biologiste de l'Université Miskatonic d'Arkham, le jeune et ambitieux professeur Lake... (Souvenons-nous que la biologiste de "Prince des Ténèbres" du même CARPENTER sera l'une des premières vampirisée par le Démon venu d'un autre monde) : ces pauvres biologistes seront donc toujours "en première ligne", hélas...



Merveille des contrastes du noir-et-blanc, dégradés magiques des grisés, sens du cinémascope (tout autant miraculeux et travaillé que dans "The Thing") : on peut affirmer sans crainte que TANABE Gô est un immense artiste.



Le tome 2 des "Montagnes" nous le confirmera, associant en duo aux yeux toujours épouvantés le narrateur "Dyer" [textuellement : "Teinturier"] et son jeune assistant Danforth pour ce long (et fort beau) "Voyage au bout de la folie polaire"...

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Les chefs-d'oeuvre de Lovecraft : L'appel d..

Le professeur Angell est décédé et son neveu a hérité de ses possessions. Parmi elles, il trouvera, dans une étrange caisse fermée à clé, un ensemble de documents, de coupures de presses, et une tablette d'argile regroupés sous le titre "LE CULTE DE CTHULHU". Commencera alors une terrible enquête dont l'homme aurait préféré ignorer les résultats...



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Culte, emblématique, magistral ? Que dire de plus ?

Faisons comme si. Comme si tout n'avait pas déjà été dit sur ce récit, sur cet auteur.



Tout d'abord, il convient de noter que le narrateur de ce récit (le neveu d'un célèbre scientifique, professeur émérite en langues sémitiques) ne sera pas l'acteur principal des évènements mais simplement le témoin, l'enquêteur qui recoupera les récits et recueillera les témoignages d'autres que lui.

En ce sens, la trouvaille est géniale car on peut se questionner sur la santé mentale de cet homme. C'est une chose récurrente dans l’œuvre de Lovecraft que la folie du narrateur, ou les doutes sur l'état de son esprit. Mais, pour le coup, dans L'Appel de Cthulhu, une telle suggestion n'est pas proposée par le narrateur lui-même.



Nous avons donc notre narrateur qui va enquêter sur un faisceau d'informations qui vont, au fur et à mesure des récits rapportés, former un tout indéniable dont il ne pourra que prendre acte.



Parmi ces récits dans le récit, trois principaux forment les temps forts de cette nouvelles : les délires oniriques d'un artiste sensiblement dérangé, l'opération de forces de police dans les bayous de Nouvelle-Orléans, et la sortie en mer fatale de marins vers l'endroit au monde le plus éloigné de toute terre...



Durant ces trois récits, Lovecraft va faire monter l'angoisse crescendo, commençant par l'analyse rationnelle, basculant vers l'incompréhensible car trop forte coïncidence, et terminant par le face à face avec l'horreur cosmique la plus indicible...



La plume de Lovecraft est pour beaucoup dans l'ambiance qui se dégage du récit et lui donne sa couleur malsaine et sa répugnance. L'auteur part du principe que les forces qu'il décrit et auxquelles ses personnages ont affaire ne sont pas de ce monde et, de ce fait, ne répondent pas à ses logiques. Du coup, au lieu de tenter de décrire l'indescriptible, il multiplie les suggestions, les descriptions, précisant qu'on ne peut justement pas les décrire, les oxymores et les tournures syntaxiques frappantes.

Ce n'est pas pour rien que les "fans" de Cthulhu (si l'on peut dire) ne sont jamais d'accord sur l'image du Grand Prêtre (et oui, c'est aussi un prêtre, pas seulement un Dieu), car Lovecraft le désigne tour à tour comme un dragon à tête de "squid" , "octopus" ou "cuttlefish" (calamar, poule/pieuvre, seiche)... Forcément, puisque ce n'est pas descriptible et surtout pas terrestre.



Bref, un récit captivant dans lequel on s'abandonne avec plaisir, pour peu que la traduction soit de bonne qualité.



(Lu en VO - Armez-vous d'un bon dictionnaire ^^)
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