Citations de Graeme Simsion (127)
Rosie a ouvert la porte du taxi. Je voulais qu'elle parte, mais elle avait encore quelque chose à dire.
- Don, je peux te poser une question ?
- Une seule.
- Tu me trouves séduisante ?
Gene m'a expliqué le lendemain que j'avais commis une erreur. Facile à dire : ce n'était pas lui qui était assis dans un taxi après une soirée de surcharge sensorielle absolue en compagnie de la plus belle femme du monde. J'ai cru bien faire. J'ai repéré la question piège. Je voulais que Rosie m'apprécie et je me suis rappelé ses propos passionnés sur les hommes qui traitent les femmes comme des objets. Elle me mettait à l'épreuve pour savoir si je la considérais comme un objet ou comme une personne. La réponse pertinente était évidemment la seconde.
- Je ne sais pas. Je n'ai pas fait attention, ai-je répondu à la plus belle femme du monde.
La femme s'appelait Bethany et son profil internet ne mentionnait pas qu'elle était végétarienne. Conscient que la qualité du repas serait capitale, j'avais emprunté à la bibliothèque un ouvrage de recettes récent intitulé "Du groin à la queue" et prévu plusieurs plats à base de différentes parties du cochon : cervelle, langue, mésentère, pancréas, rognons, etc.
Les végétariens et les végétaliens peuvent être incroyablement contrariants.
J'ai trente-neuf ans, je suis grand, en bonne santé et intelligent, j'occupe une position sociale relativement élevée et je touche un salaire supérieur à la moyenne en tant que professeur associé. En toute logique, un grand nombre de femmes devraient me trouver attirant. Dans le règne animal, je n'aurais pas de difficulté à me reproduire.
Quand on réalise qu'on veut passer le reste de sa vie avec quelqu'un, on veut que le reste de sa vie commence le plus tôt possible.
- Dom, je peux te poser une question ?
- Une seule.
- Tu me trouves séduisante ?
(…)
- Je ne sais pas. Je n’ai pas fait attention, ai-je répondu à la plus belle femme du monde.
Dépression, trouble bipolaire? TOC? et schizophrénie ? Les points d'interrogation sont d'une importance capitale : à part celui évident, de dépression, aucun diagnostic définitif n'a jamais été posé. Ce n'est pas faute d'effort de la profession psychiatrique pour m'intégrer dans une catégorie réductrice.
Toute ma vie, on m'a reproché d'être incapable d'éprouver des émotions, comme si c'était fondamental.
Tu as déjà eu une activité sexuelle ? lui demande Gene
-Bien sûr. Mon médecin y est tout à fait favorable… Seulement, c’est plus compliqué quand on ajoute une deuxième personne
Je me suis rappelé la règle de base voulant qu'en compagnie d'une femme, on la fasse parler d'elle.
Toutes les recherches montrent que, s'agissant de consommation d'alcool, les risques pour la santé sont supérieurs aux bénéfices. Mon argument personnel est que les bénéfices pour ma santé mentale sont supérieurs aux risques. L'alcool semble à la fois me calmer et me mettre de bonne humeur, une combinaison paradoxale mais plaisante. Et il réduit mon malaise en société.
- Tu as trouvé l'épouse parfaite, lui ai-je fait remarquer. Extrêmement intelligente, très belle et, en plus, elle accepte que tu aies des rapports sexuels avec d'autres femmes.
Gene m'a suggéré de ne pas féliciter Claudia personnellement pour sa tolérance [...].
Il est généralement admis que les gens apprécient les surprises : ce qui explique les traditions liées à Noël, aux anniversaires et autres fêtes. D'après mon expérience, l'essentiel du plaisir revient à l'auteur de la surprise, alors que la victime est souvent obligée de feindre, à l'improviste, une réaction positive à un objet indésirable ou à un événement imprévu.
Qui aurait pu croire que deux personnes aussi dissemblables formeraient un couple aussi réussi ?
Pourquoi nous concentrons-nous sur certaines choses aux dépens des autres ? Nous sommes prêts à risquer notre vie pour sauver quelqu'un de la noyade et pourtant nous refusons de faire un don qui pourrait éviter à plusieurs dizaines d'enfants de mourir de faim.
Je crois aujourd'hui que l'on pourrait imputer la quasi-totalité de mes problèmes au fait que mon cerveau n'est pas configuré comme celui de la majorité des êtres humains.
Je travaillais mes pas de danse quand Gene est entré dans mon bureau.
- Il me semble que les statistiques de longévité reposent sur des mariages avec des femmes vivants, Don.
Il faisait allusion au squelette que j'utilisais pour m'entraîner. Je me l'étais fait prêter par l'Institut d'anatomie et personne ne m'avait posé de question. A en juger par les dimensions du pelvis, il s'agissait certainement d'un squelette de sexe masculin, ce qui était sans importance pour mes exercices. J'ai expliqué sa fonction à Gene, en lui montrant du doigt la scène du film Grease affichée sur le mur de mon bureau.
Filant vers la ville dans une Porche rouge conduite par une très jolie femme, avec cette chanson dans les oreilles, j'ai eu l'impression d'être au seuil d'un autre monde. J'ai reconnu cette sensation qui n'a fait que s'accentuer quand il s'est mis à pleuvoir et que la capote s'est coincée, nous empêchant de la remonter : c'était celle que j'avais déjà éprouvée en contemplant la ville après le Repas du Balcon, puis quand Rosie avait noté son numéro de téléphone sur un bout de papier. Un autre monde, une autre vie, proche mais inaccessible.
- Don, je payerai quelqu'un pour nettoyer ta salle de bains.
J'ai rappelé à Gene - une fois de plus - que toutes les femmes de ménage, à l'exception peut-être de la Hongroise qui porte une jupe courte, commettaient des erreurs. La Hongroise à jupe courte, qui avait été la femme de ménage de Gene, avait disparu à la suite d'un problème entre Claudia et lui.
- Je vais te donner le numéro de portable d'Eva. Ne lui parle pas de moi, c'est tout.
- Et si elle m'interroge? Comment veux-tu que je réponde sans parler de toi?
- Explique-lui simplement que tu prends contact avec elle parce qu'elle est la seule femme de ménage à faire du bon boulot. Et si elle te parle de moi, ne dis rien.
Bien qu'oncologue, il n'avait semble-t-il pas diagnostiqué son propre cancer, un scénario qui n'a rien d'exceptionnel : les êtres humains sont souvent aveugles à ce qu'ils ont sous le nez et que les autres jugent évident.