Les étrangers se demandaient fréquemment pourquoi les insurgés se battaient aussi férocement pour la région, pour une ville délabrée, peuplée de quelque cinq cent mille habitants, qui était pourtant considérée comme le coeur spirituel du pays. La réponse à cette question se trouve en partie dans un coffre d'argent, lui-même protégé par deux coffres de bois, dissimulés aux yeux du public dans un autel fermé, en plein centre de Kandahar.
Quelqu'un m'a un jour parlé des cartographe d'antan, aux prises avec les espaces vides sur leurs cartes en vélin, avec des endroits où nul n'avait mis les pieds. Ils dessinaient des monstres au-delà du monde connu et inventaient des histoires de lions, de serpents et de basilics qui dévoraient les voyageurs imprudents, ainsi que l'annonce la plus célèbre de ces inscription :"Ici sont dragons".
C'est la première fois, depuis que l'ONU compile ces chiffres, que le nombre de civils tués sur le champ de bataille dépasse celui des victimes des autres actes violents (comme les attentats à la bombe), ce qui montre que les insurgés gagnent de l'assurance puisqu'ils hésitent de moins en moins à attaquer de front les forces du gouvernement plutôt que de faire appel à la guérilla.
Il y a de cela des années, à l'époque où l'attention des États-Unis était tournée vers l'Afghanistan, j'ai été convié à une rencontre au quartier général de la CIA.
Dans les années qui ont suivi 2001, cette terre est devenue une fourmilière d'espions, de travailleurs de l'humanitaire et autres expatriés ambitieux.