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Critiques de Grégoire Kauffmann (26)
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L'enlèvement

En 2018 avant d'écrire ce livre, Grégoire, 50 ans aujourd'hui et historien -fils de Jean-Paul- désirait avant tout répertorier et classer tous les documents du comité de soutien à son père avec l'aide de Yann Potin, son ami archiviste. Remisés dans une malle, il s'est alors pris de trouble lors de leur exhumation, et c'est ainsi qu'il décide d'en livrer un témoignage écrit, interrogeant ses souvenirs associés aux nombreux articles présents, archives de l'INA et notes personnelles de sa mère. C'est le récit de 3 années, pour lui et son frère Alexandre, cadet de 2 ans, d'une aventure à la fois douloureuse, mais pleine de rebondissements, qui les ont fait passer de l'enfance heureuse et insouciante à une préadolescence bouleversée. Malgré tout protégés par le soutien d'une mère responsable, cette mère, Joëlle Brunerie-Kauffman, qui se mit en totale disponibilité pour créer, entretenir et porter le combat jusqu'à la libération de son mari, le père de ses enfants. Enlevé à Beyrouth par un commando du Jihad islamique téléguidé par le Hezbollah libanais, sous l'influence de l'Iran (pour l'affaire Eurodif), Jean-Paul, otage au Liban de 1985 à 1988 est le sujet constitutif du document, or, il n'y apparaît qu'en filigrane.

À l'enlèvement de son père, Grégoire a 11 ans. Dans la narration, il revient sur les 3 années qui suivent l'enlèvement, mêlant ses souvenirs d'enfant et de préadolescent à son analyse d'historien. Certains anecdotiques, cependant médiatisés : la disparition de Philippe de Dieuleveult au Zaïre (la chasse au trésor), l'emballage du pont neuf par Christo, et d'autres plus personnels : son entrée pistonnée (puis celle de son frère), à Henri IV. Mauvais élève, il dit « C'était impossible qu'on aille bien ». N'est jamais éthique le comportement des journaux à sensation : Paris Match, quand il s'agit du vol et de la diffusion de clichés familiaux intimes ! Plus politique, il s'attaque à l'ombre portée de Mitterrand, Roland Dumas, dénué d'empathie, voire même de respect envers les proches. Mais il y eut les soutiens actifs des pairs dont L'évènement du jeudi et JF Khan, celui du Journal télévisé de 20 heures sur Antenne 2 où chaque soir était rappelé le nom des otages. Il y eut la présence agissante des amis, de la famille et la combativité inépuisable de Joëlle. de par son activisme, son mari était devenu un « diamant ». Wahid Gorgji, alors diplomate d'Iran lui aurait déclaré : « Vous avez eu tort. Votre mari, c'était personne, on pouvait l'échanger contre un plat de lentilles. Maintenant, vous en avez fait un diamant et c'est plus cher ».

Entre 1985 et 1987 à Paris, le Hezbollah libanais multipliera les attentats meurtriers, ce qui ne fait qu'intensifier la tension chez les familles d'otages, car le nombre a augmenté : Jean-Louis Normandin, Philippe Rochot, Aurel Cornéa, Georges Ancel, puis Camille Sontag et enfin Roger Auque (journalistes), s'ajouteront aux précédents : Jean-Paul Kauffman, Michel Seurat (sociologue, mort en 1986), Marcel Carton et Marcel Fontaine (diplomates).

C'est aussi la période de cohabitation Mitterrand-Chirac et l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 1988. Qui de la droite (Pasqua-Marchiani) ou de la gauche (Védrine-Dumas), a le plus manigancé par intérêt politicien pour aboutir à la libération de chacun ?

Car l'histoire n'a pas encore livré tous ses secrets, archives verrouillées à l'historien G. Kauffman. Il y a une immense opacité sur les contreparties qui ont été exigées pour la libération des otages, souligne Grégoire Kauffmann. La France a négocié avec l'Iran, mais on ne sait pas exactement sur quoi elle a transigé.

Fin heureuse du sinistre feuilleton le 4 mai 1988. Fin de la commémoration festive du retour le 4 mai 2018, manifestation célébrée par les otages, les amis, voire même Jean-Charles Marchiani, reçu comme un membre de la « famille » !


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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L'enlèvement

Grand moment de lecture.



Excellent travail d'historien, réalisé 30 ans après les faits, à partir des archives du Comité de soutien Les Amis de Jean-Paul Kauffmann, par son fils Grégoire.



Toute une époque restituée, ses nombreux enlèvements et attentats, ses luttes politiques, ses trahisons, ses marchandages, ses polémiques. L'envers du décor de la lutte des Amis. Portraits acides de nombreux politiques. Description absolument formidable du caractère du patron de JPK, Jean François Kahn.



Histoire intime aussi, familiale. Portrait de l'épouse en pasionaria qui remue ciel et terre pour sauver son mari, tout en continuant d'idéaliser ses enfants qui évoluent mal sans leur père, parqués à Henri IV, avec tout le gratin, dont les personnages d'autres drames, qui ont donné lieu à d'autres livres...



Les cassettes du père otage, ses lettres merveilleuses. Jean-Paul Kauffmann dont le caractère se marie très mal avec tout ce barnum qui lui a sûrement sauvé la vie, au point que pendant 30 anniversaires de sa libération il restera relativement en retrait. 30 ans pour digérer cette horrible expérience.



En complément il faut lire:

- La maison du retour, JPK, Flammarion.

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L'enlèvement

L'enlèvement de KAUFMANN, j'étais encore une enfant quand cela a eu lieu et je ne m'en souviens pas. Pourtant, le sujet interpelle car toujours présent dans nos actualités.

Le début est prometteur pour devenir très long, même trop long en description, en manifestations qui s'essoufflent, en courriers et menteurs administratives, juridiques et politiques. Écrit par son fils, on ne retrouve pas assez les sentiments de l'enfant à cette époque, trop peu à mon goût.

Je ne cherchais pas du mélo mais quelque chose de poignant qui, au final, s'essouffle rapidement et rend la lecture de ses innombrables pages fastidieuse.

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L'enlèvement

Je le reconnais, j’ai ouvert ce livre en craignant d’y trouver un pensum historique. Eh bien non ! S’il est bien, en effet, le résultat d’un travail d’historien consciencieux – toutes les informations sont sourcées par des renvois en fin d’ouvrage – l’auteur a su le rendre passionnant. Très vite, il nous plonge dans la vie, autour d’une tragédie atroce, celle d’un père enlevé à ses proches par des fanatiques religieux. Bien sûr, pour les personnes de ma génération la mémoire de l’affaire est toujours vive, et la lecture est marquée de cette singularité, mais la qualité de la construction et de l’écriture en fait un ouvrage intéressant pour tous.

On voit vivre un petit monde, celui de la bourgeoisie intellectuelle de gauche parisienne, attachant par son altruisme, son amour de la liberté, son engagement émancipateur pour la cause des femmes, son refus du racisme, mais aussi agaçant lorsqu’il n’hésite pas à user de ses réseaux pour que les enfants soient admis dans un établissement scolaire de prestige, en dépit de leur lieu de résidence. Autour d’un personnage d’exception, une femme de force, d’amour et de foi en l’humanité.

Avec talent, l’auteur parvient à transformer trois années de vie en un roman vrai. Il dresse le portrait des acteurs, donne corps à l’intrigue, rend l’émotion palpable, met en scène les rebondissements, provoque les larmes et les rires.

Le narrateur a la cinquantaine aujourd’hui, et il regarde avec une lucidité émouvante l’enfant qu’il était hier. Sans rien cacher de la candeur qui était la sienne - et celle de son frère, mais non plus des tourments de son adolescence dans le contexte d’incertitude et de souffrance qu’on peut imaginer. Il règle au passage ses comptes avec le collège d’élite où on l’avait finalement accepté, comme si son statut de « fils d’otage » lui ouvrait des droits particuliers, et donne des coups de griffes à l’entre soi cultivé par ce petit monde de privilégiés, au point que le panache blanc du lycée Henri IV en est passablement terni.

On trouve dans L’enlèvement les combats d’une époque et toutes les tensions qui maillent une société : la loyauté, les trahisons, la lâcheté, le cynisme de certains politiques, le dédain même d’un pape ; et aussi le désintéressement, la grandeur et la fidélité dans les moments de doute, tous ces passages poignants qui prennent le lecteur aux tripes. Ce livre nous plonge dans la complexité des relations humaines, révélée par un récit qui rend compte avec

une sensibilité vibrante d’une histoire aussi exceptionnelle que douloureuse, dont l’évocation du dénouement, anniversaires longtemps fêtés avec chaleur, finit par lentement s’effacer comme les souvenirs d’une vie, au point que cet effacement fait naître le désir d’en inscrire la trace dans une œuvre littéraire. Si l’on devait illustrer la magie de la littérature, comme transsubstantiation du réel en imaginaire, L’enlèvement pourrait servir d’exemple.

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L'enlèvement

L'auteur est le fils du journaliste et écrivain Jean-Paul Kauffmann, qui fut retenu otage au Liban de 1985 à 1988, pendant quasiment trois ans. Grégoire était alors un tout jeune adolescent. En se fondant sur les archives familiales et des témoignages de premières mains, il nous raconte ici la bataille qui fut menée par les proches de Jean-Paul, à commencer par son épouse Joëlle, pour mettre fin à sa détention.

On découvre une épouse investie totalement dans cette cause, une inlassable combattante, faisant feu de tous bois et pouvant frapper à n'importe quelle porte susceptible d'être efficace. On y découvre aussi des hommes politiques soit indifférents (Roland Dumas), soit méprisants (Charles Pasqua), soit même manipulateurs et intéressés, tel Jacques Chirac et les siens allant jusqu'à contrarier ou retarder la libération des otages à des fins bassement politiques. On y découvrira aussi l'impact de cette situation sur les deux jeunes frères Kauffmann qui en souffriront au point de mettre en péril leurs études.

Un témoignage passionnant sur un épisode qui toucha et émut les Français pendant de si nombreux mois.
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L'enlèvement

Je n'ai que des souvenirs flous des années 1985, je me rappelle pourtant bien du rappel quotidien des otages aux infos.

Et là j'ai découvert l'envers du décor. L'histoire est menée de telle façon que je découvre les différentes facettes des problèmes d'une famille d'otage. L'impuissance, sauf quand on s'appelle Joëlle Kaufmann. L'angoisse, le devoir de continuer à vivre.

Un peu de honte me poursuit d'avoir accordé aussi peu d'attention aux médias, cela me paraît injuste, et en même temps qu'aurais-je pu faire ?
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L'enlèvement

L'auteur avait 11 ans et son frère Alexandre 9, lorsque leur père, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, fut enlevé, le 22 mai 1985, par le Hezbollah à Beyrouth.



Dans son ouvrage, Grégoire Kauffmann, reconstitue cet événement dramatique dans son contexte historique et familial. Comment sa mère, Joëlle Brunerie, gynécologue et féministe, son frère et lui ont vécu cet épisode angoissant de leur existence.



La nouvelle de la disparition de son père, dès son arrivée au Liban, entre l'aéroport et son hôtel, ne fut connue bien plus tard. de même que celle du sociologue Michel Seurat, qui était à bord du même vol. Dans un premier temps, la consigne était de ne rien entreprendre pour ne pas compromettre des pourparlers avec les autorités et des médiateurs à Beyrouth.



Deux mois auparavant, le 22 mars 1985, les diplomates français Marcel Carton et Marcel Fontaine avaient été enlevés par le Jihad islamique, une cellule clandestine du Hezbollah dans ce noeud de vipères qu'était Beyrouth à l'époque et des tractations secrètes étaient sûrement en cours dans la capitale libanaise.



Relativement vite, sa mère créa cependant le groupe "Les Amis de Jean-Paul Kauffmann", avec à sa tête l'architecte-urbaniste Michel Cantal-Dupart, qui a tenu le 6 juin suivant sa première conférence de presse.



À partir de ce moment, la vie devient "une tempête de faits, de visages nouveaux, de flashs d'infos qui crépitent, de téléphone qui sonne encore et encore, le ballet d'adultes en pleine fièvre avaient remplacé la vie d'avant" pour les Kauffmann juniors.

"Les moments d'intimité qui nous réunissent, Alex, ma mère et moi, s'ourdissent à l'écart du grand cirque." Note l'auteur à la page 77.

Mais, l'ombre de l'absence du père s'incruste de plus en plus. Il y a ses livres et ses vêtements qui traînent...



Joëlle Kauffmann-Brunerie déclarera à ce propos à France Culture, le 10 mars 1988, deux mois avant la libération de son époux : "Dans les tout premiers jours, j'ai essayé de leur faire supporter leur chagrin en leur disant : mais c'est une aventure, vous verrez, Jean-Paul va revenir dans quelques semaines et il nous racontera. J'essayais d'exploiter le côté... Tintin, de l'affaire."



N'empêche que l'absence inquiétante de leur père a constitué pour Grégoire et Alex Kauffmann une rude épreuve, comme il ressort avec beaucoup de tact du récit qu'en a fait l'auteur.



Je rappelle que Jean-Paul Kauffmann a été finalement libéré le 4 mai 1988, au bout de 3 longues années de captivité, qu'il a évoquée dans son ouvrage "La maison du retour" paru en 2007.

Michel Seurat, par contre, est mort en captivité de maladie grave et de manque de soins. le Hezbollah a annoncé sa mort le 5 mars 1986. Il avait à peine 38 ans.

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L'enlèvement

Un livre surprenant à bien des égards, pas totalement de l'histoire mais complètement de la littérature, si on attribue à celle-ci comme rôle principal de faire revenir les souvenirs ou même les défunts. On appréciera donc les effets subtils de narration (usage de citations, de la 3e personne..) pour mettre ces souvenirs en perspective et nous les faire revivre, à nous qui nous souvenons aussi de nos années 80. Eh oui, c'est ici une histoire intime qui s'inscrit, de manière inattendue, dans les fracas de l'histoire et de notre histoire, les trois devenues communes dans quelques petits portraits qui s'affichaient au journal de 20h (à l'époque de la carte du monde de Peters, vous savez, celle où le sud est plus grand). Et cet enroulement durement subi de l'intime et du contexte est superbement, pudiquement aussi, mené.
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Hôtel de Bretagne

Pendant plusieurs jours je m'étais demandé: "intéressant, mais indigeste" ou bien "indigeste mais malgré tout, intéressant"

Et finalement j'ai abandonné un peu avant la fin.



Le fils Kauffmann, historien, a fait une recherche pour tirer au clair certains actes de son grand père maternel (ex militaire et architecte , Pierre Brunerie) , chef de la Résistance pour la ville de Quimperlé.

Là comme ailleurs, lorsque "l'omelette s'est retournée" comme on dit en espagnol, que la défaite des allemands était actée, il y a eu des actes de vengeance (surtout contre les femmes) pas toujours très glorieux...



Alors oui, lire ce bouquin m'intéressait, car je connais plutôt bien les lieux, je vis à 13 kilomètres, ma mère fut lycéenne à Quimperlé juste à la fin de la guerre, et puis cet aspect de la seconde guerre mondiale n'est pas si souvent évoqué en fait.



Alors bravo pour tout le boulot, bravo pour chercher au-delà de l'histoire officielle.

Mais ça part dans tous les sens, on ne sait plus qui est qui, les notes sont en fin de bouquin et pas en bas de page, mais il n'y a pas le lexique utile qui permettrait de retrouver ses repères , il faut faire des tas d'aller-retour, l'auteur raconte sa quête et ses impressions à mesure qu'il avançait dans ses recherches,

Moi si je suis obligée de passer plus de temps à retrouver de qui on me parle que d'avancer dans ma lecture, je finis par me lasser car ça devient une corvée...

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L'enlèvement

Le fils ainé de Jean Paul KAUFFMANN , otage au Liban pendant 3 ans dans les années 1980, , raconte à la fois son adolescence durant cette période et l'enfermement de son père détenu par un groupe islamiste en se référant aux archives trouvées dans une de ses maisons familiales et aux multiples rendez vous interview réunions donnés par sa mère omniprésente dans les médias avec son comité de défense.

Les priorités politiques et les tractations diplomatiques entre Etats priment une fois de plus sur l'intérêt du citoyen même s'il s'agit d'un journaliste ayant exercé son métier dans un pays en guerre.
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L'enlèvement

Enfant, je me rappelle du journal de 20 heures avec les portraits et les noms des otages au Liban : Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, Marcel Fontaine, Marcel Carton . Le fils du journaliste Kauffmann historien nous livre 38 ans plus tard son vécu en tant que fils d'otage. L'annonce tardive en mai 1985 du Quai d'Orsay à leur propre famille de la disparition à Beyrouth au départ puis de l'enlèvement par le Jihad islamique de Jean-Paul Kauffmann et Michel Seurat (ce dernier mourra en captivité ). Le comité de soutient avec l'investissement incroyable de sa mère Joëlle Kauffmann . Témoignage personnel historique des années 80 avec ses médias, ses repères culturels et générationnels , la scène politique française avec Mitterand, la gauche, le parti communiste puis plus tard Chirac .
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L'enlèvement

La réussite du livre vient de ce tableau aux couleurs tragicomiques qui ridiculise, dans le style d’Offenbach, les travers du milieu intellectuel post-soixante-huitard, qui a conservé une puissance de mobilisation malgré son embourgeoisement.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'enlèvement

Aujourd’hui je vais évoquer L’enlèvement récit intime passionnant de Grégoire Kauffmann. Cet historien est notamment l’auteur d’Hôtel de Bretagne. Ces deux ouvrages l’impliquent directement puisqu’à chaque fois il sonde un pan du passé familial. Et cette fois il est directement l’un des protagonistes des faits racontés. Dans les deux cas, sa mère, Joëlle Brunerie Kauffmann n’est que modérément favorable au projet.

L’enlèvement évoque une période sombre avec de de nombreux kidnappings de français, notamment des journalistes, au Liban. Le protagoniste absent (et assez étranger à l’histoire racontée) est Jean-Paul Kauffmann, envoyé spécial de L’événement du jeudi qui est enlevé avec un chercheur, Michel Seurat, sur la route de l’aéroport à la ville. Son fils ainé, Grégoire explique sa façon de procéder ; avec un ami archiviste il se rend dans la maison familiale landaise, trois décennies après les faits et ouvre un coffre qui se révèle un formidable trésor. Il précise : « tirés d’un sommeil trentenaire, les papiers du comité de soutien se révèlent être une corne d’abondance. Censés traduire la vaste mobilisation suscitée par ma mère pour faire libérer Jean-Paul Kauffmann et ses compagnons d’infortune, ils disent bien davantage que cette seule action militante. » L’historien s’appuie sur les journaux, les reportages télévisés, les notes et les souvenirs de ceux qui ont œuvré à la libération des otages. Le 22 mai 1985 (en réalité quelques jours plus tard lorsque la nouvelle du rapt est rendue publique) la vie de Grégoire, de son frère Alexandre et de sa mère est bouleversée. Dans ce récit touchant et précis il relate les trois années d’absence du père. L’enlèvement est un document exceptionnel par ses sources sur la mobilisation déployée à l’origine d’un grand mouvement de solidarité nationale (qui n’est pas exempt de polémiques). Il rapporte les différentes étapes émotionnelles (les espoirs, les fausses nouvelles, le désespoir, la combativité) jusqu’à la libération plusieurs années après le ravissement. Malgré elle Joëlle Kauffmann devient une icône très présente dans les médias pour que jamais les otages ne soient oubliés. L’enlèvement ce sont trois ans d’un cauchemar avec le doute, la peur, l’angoisse. Il est passionnant de relire les faits après quelques années pour raviver la mémoire et se souvenir des débats et des tensions autour de ces événements qui étaient pendant longtemps chaque jour à la une de l’actualité (notamment avec la scansion des noms des retenus au début de chacun des journaux d’Antenne 2). Grégoire Kauffmann raconte aussi les années 1980 et la jeunesse d’un garçon en pleine adolescence, sans père. Incontestablement il admire sa mère et lui voue un grand respect pour son dévouement (la gynécologue a arrêté de travailler pour tout faire pour obtenir la libération de son mari). Et sans concession il parle de lui, de la baisse de ses résultats scolaires, de son désir des filles, de ses émois, de son arrivée au collège Henri IV (précédemment il était inscrit dans un établissement moins prestigieux où régnaient des bandes qui le harcelaient ; il n’hésitait pas à se bagarrer) où il fréquente des fils et filles de. Ces années sont évidemment inoubliables et difficiles. Il évoque ses souvenirs avec pudeur, conscient de l’importance de les confronter aux archives et aux témoignages.

L’enlèvement est un récit personnel et universel. L’auteur a vécu au plus près ces longs mois d’absence, sans nouvelles de son père devenu un pion dans l’imbroglio complexe des différents groupuscules libanais en présence. Il trouve le ton juste entre autobiographie et document historique. Trois niveaux de lecture sont imbriqués : la crise des otages au Liban avec les enjeux politico-diplomatiques, l’histoire personnelle de l’auteur, l’histoire du comité de soutien mené par sa mère et plus largement l’histoire des années quatre-vingt.

Voilà, je vous ai donc parlé de L’enlèvement de Grégoire Kauffmann paru aux éditions Flammarion.


Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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L'enlèvement

En 1985, le journaliste Jean-Paul Kauffmann est enlevé au Liban. Trente-cinq ans après, son fils historien raconte l’enlèvement dans un livre sensible et documenté. Impressionnant.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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Hôtel de Bretagne

La guerre, l’occupation allemande, la Résistance, la Libération.

Lors de trop rares échanges, j’ai entendu mes parents, bretons du Centre Bretagne, raconter cette période.

Période troublée où les passions exacerbées les plus nobles comme les plus viles s’exprimaient loin de l’image gaullienne d’une France unie dans la lutte armée.

Hôtel de Bretagne est l’histoire « d’une famille française dans la guerre et l’épuration ».

Elle débute par l’exécution sommaire d’Adolphe Fontaine par des maquisards.

Mais on perçoit très vite que les motivations de ce meurtre relèvent plus d’inimitiés personnelles que de supposées collusions avec l’occupant.

Experts dans l’art du double-jeux, ces soldats de l’ombre, incontestablement résistants, sont aussi affairistes si l’occasion se présente et usent des pouvoirs qu’ils se sont arrogés pour réquisitionner sous la menace des armes les populations apeurées.

Dénoncées par les victimes, ces exactions ne seront que très rarement ou faiblement sanctionnées par la Justice tant l’esprit de corps au sein des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), le poids des notabilités locales sont prégnants.

Grégoire Kauffmann dépeint sous une forme presque romanesque mais avec la rigueur de l’historien ces évènements tragiques. Il cite ses sources et n’hésite pas à questionner le rôle de certains dirigeants FFI du Finistère sud dont l’un d’entre eux n’est autre que son grand-père.

Ce remarquable ouvrage a éclairé d’un jour nouveau mon regard sur la Résistance.

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L'enlèvement

Grégoire Kauffmann relate l’affaire des otages français au Liban dans laquelle fut impliqué son père, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, prisonnier du Hezbollah, à Beyrouth.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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L'enlèvement

Le 22 mai 1985 le journaliste Jean-Paul Kauffmann est enlevé au Liban avec le sociologue Michel Seurat. Grégoire, son fils, mêle l'analyse d'archives à ses souvenirs de collégien pour faire la chronique du combat pour leur libération.
Lien : https://www.lhistoire.fr/liv..
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L'enlèvement

Il s’agira d’organiser par le texte une confrontation entre ces archives [...] et les souvenirs de l’enfant qu’il était alors. C’est cela qui fait l’intérêt du livre, habile tressage de ce que l’auteur a perçu sur le moment et de ce qu’il recompose aujourd’hui, grâce aux documents et aux lectures.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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L'enlèvement

Le père, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, est resté otage du Hezbollah au Liban entre 1985 et 1988. Dans “L’Enlèvement”, son fils, Grégoire, devenu historien, mêle souvenirs intimes et portrait de la France de ces années-là.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Hôtel de Bretagne

Enquête d’un petit-fils sur son grand-père et sur l’histoire de Quimperle durant la seconde guerre mondiale. Il est historien et il y a cette histoire de collaborateur exécuté à la libération qui est parfois évoqué dans son entourage. Il va enquêter auprès de sa famille et compulser des archives dont celles de la famille. Il va interviewer de nombreux témoins encore en vie et essayer d’en retrouver d’autres pas toujours avec succès. Il y a de nombreux noms ce qui embrouille parfois le récit, mais permet de comprendre (un peu) ce qui s’est passé à Quimperle et tout ce qui a été en jeu à la libération. On s’aperçoit aussi que personne n’est vraiment tout blanc ou tout noir. La couleur grise est de mise.

Grégoire Kauffmann a essayé d’être le plus objectif possible par rapport à ce grand-père dont il a réussi à dérouler la vie depuis sa naissance à sa mort… Il ne cache rien. Il n’excuse rien.
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