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Critiques de Grégory Mardon (183)
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La vraie vie

Ce livre est peut-être une critique de la vie actuelle avec une présence trop forte des écrans et du monde virtuel dans nos vies au détriment du réel. Mais qu’est-ce que le réel au fond ?



Jean dans la vraie vie est agent municipal dans une petite bourgade un peu paumé. Le soir et quand il a un moment il devient Olivétom et il surf, mais pas sur l’eau, sur internet. Il passe des heures à naviguer d’un site à un autre, des sites d’infos aux sites pornos en passant par les réseaux sociaux, les sites de jeux en ligne ou les tchats.

Autour de lui, on ne comprend pas vraiment ce monde et on aimerait qu’il soit davantage dans le réel.

D’ailleurs, peut-être que le retour d’une jeune femme du village, Carine, va lui donner envie de passer plus de temps dans le réel… A moins que son pote de jeu en ligne Vieilletruievolage ou un étrange correspondant qui ne parle que par publications de photos interposées Timfusa ne le retiennent dans le virtuel.



Ma la vie n’est pas un jeu et parfois la réalité nous rattrape très cruellement…



Ce petit ouvrage emprunté à la bibliothèque de la Cité des Sciences à Paris était sympa à lire. J’ai aimé le dessin et les personnages.

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Le travail m’a tué

"On en fera un bon cheval de course" ou comment presser un jeune ingénieur pour en tirer tout son jus. C'est pas Omar qui l'a tué mais Renault, tout le monde l'a compris. Le pire, c'est que la victime de ce harcèlement au travail s'appelle Carlos. A l'heure où ce roman graphique était dessiné, je ne sais pas si Carlos GOSHN s'était fait arrêter, mais on comprend en lisant ces pages les terribles méthodes de ces dirigeants qui veulent avant tout favoriser les actionnaires ainsi que leur portefeuille.

On peut transposer cette entreprise à d'autres, comme La Poste, ou d'autres... Je comprends la volonté de cet homme de donner tout ce qu'il a, il aime son métier, ses supérieurs lui rappellent son âge, les objectifs toujours plus hauts, et lui il s'enferme.

J'aime ces ouvrages qui reviennent sur des faits de société injustes et les décortiquent. Ils sont plus faciles à lire qu'un livre et dans ce cas, je pense que beaucoup d'entre nous reconnaitront la pression du travail sur nos vies.
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La femme papillon

Grégory Mardon se met en scène pour un récit totalement hallucinant dans un genre comics à la demande du directeur des éditions Futoropolis Sébastien Gnaedig qui joue son propre rôle. C'est presque une mise en abyme avec un côté assez rigolo.



J'ai bien aimé cette audace et cette autodérision mais cela va par la suite un peu plus loin. On ne pourra pas lui reprocher un manque d'originalité même si parfois la réalité peut rejoindre la fiction.



Le dessin coloré est toujours aussi impeccable car véritablement lisible pour le lecteur qui arrivera à suivre. Et puis, il y a toutes ces références qui ancrent ce récit dans notre époque moderne et qui nous parle. J'ai toujours aimé ce côté moderniste et dépoussiérant dans la bd qu'incarne cet auteur d'un genre nouveau loin des habituelles icônes élevées au rand de dieu. Lui, il se moque bien du résultat des ventes car il se présente d'ailleurs comme un auteur loser. Non, il a bien saisi toute l'essence de notre époque avec ses enjeux.



Un bémol cependant dans la conclusion de ce récit qui a du mal à convaincre. C'est comme si l'auteur ne savait pas où il allait après de bonnes idées de départ. Cependant, ce n'est pas ce que je vais retenir en priorité car j'ai passé un agréable moment de lecture avec cette Butterflywoman qui traduit le besoin d'avoir un super héros dans nos sociétés en perdition. C'est une œuvre pleine de surprises à découvrir !
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Le Teckel, tome 3 : Votez le Teckel

Toute ressemblance.... blablabla

C'est extra... Voici un petit bijou de satyre politique. Tout le monde en prend pour son grade... J'ai beaucoup aimé, bien plus que les 2 premiers tomes.

J'ai l'impression que les auteurs se sont postés dans un bar pendant quelques jours, ont noté toutes les brèves de comptoirs et ont pu alors écrire cette petite histoire.

Un très bon moment de lecture.

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L'échappée

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, qui présente la particularité d'être dénuée de mot, ni dialogue, ni récitatif. Cette histoire a été publiée pour la première fois en 2015, écrite, dessinée et encrée par Grégory Mardon, qui a également réalisé la mise en couleur.



Le soleil se lève sur une grande mégapole qui ressemble fortement à New York. Un homme marié, père de 2 enfants, prend son petit déjeuner dans la cuisine inondée de soleil, avec eux. Il a le regard dans le vide. Les enfants mangent, son épouse s'affaire autour de la table en téléphonant. Elle lui touche l'épaule pour le faire redescendre sur Terre. Il regarde l'heure se rend compte qu'il faut qu'il y aille. Il enfile sa veste, les parents et les enfants prennent l'ascenseur et se séparent sur le trottoir. L'homme fait l'effort de s'éloigner de l'entrée de l'immeuble et de s'insérer dans le flux ininterrompu de piétons. Il éprouve une conscience aiguë de la hauteur des gratte-ciels, du flux de piétons sur le trottoir, du flux de voitures sur la chaussée. Il prend de l'argent au distributeur automatique, donne quelques pièces au sans abri assis à côté, prend un journal au kiosque du coin de la rue, commence à lire le journal en marchant. Il attend sur un quai de métro bondé. Il lit son journal tant bien que mal dans la rame elle aussi bondée.



Au fil des articles, l'homme lit des informations sur un homme politique faisant un discours devant une foule, une manifestation militante, une émeute, l'intervention de forces de l'ordre casquées et armées, une guerre, des victimes civiles, le recours à des bombardements, une pub, la pollution industrielle atmosphérique, un cyclone dévastateur, une pub, l'exploitation des ressources fossiles, une exécution par des fanatiques, une pub, le déversement de d'ordures ménagères en décharge, la pollution industrielle atmosphérique, la pollution des eaux, l'immense trafic routier sans fin, la surconsommation, la violence, l'omniprésence des marques, etc. Il sort du métro, rentre dans un gratte-ciel, prend un dossier que lui tend une secrétaire, s'installe à son bureau d'architecte, passe en revue des plans, des projets, se rend sur un chantier, retourne au bureau jusqu'à tard le soir, passe au club de gym, rentre chez lui, embrasse ses enfants, sort au restaurant puis au spectacle avec sa femme. Ils sortent dans un club branché ensuite, et rentrent enfin chez eux. Il perd une dent en se les brossant avant d'aller se coucher. La nuit, il n'arrive pas à dormir. Le lendemain, un mauvais geste fait que son portefeuille tombe dans un avaloir. Il se met à pleuvoir. Quand il se remet en marche vers son bureau, il éprouve la sensation de ne plus faire partie des gens autour de lui. Au bout d'une rue, il aperçoit l'océan.



En commençant cette bande dessinée, l'horizon d'attente du lecteur se trouve déjà conditionné par 2 paramètres : cet ouvré est publié par Futuropolis, maison d'édition réputée pour son ambition, et il s'agit d'une bande dessinée sans un seul mot, ni dialogue, ni didascalie, ni cartouche de texte. Il voit que cette histoire se déroule sur 220 pages ce qui est rassurant car d'expérience il faut beaucoup plus de cases quand une bande dessinée se prive de l'interaction entre image et texte. Ensuite, le titre (le seul texte : un substantif avec son article) annonce le thème et les premières pages explicitent qu'il s'agit de l'échappée d'un homme du milieu dans lequel il vit. La prise de contact avec la narration qui est donc 100% visuelle se fait avec la couverture : une image d'une grande expressivité, un homme sortant du flux d'individus pressés et qui a déjà commencé son chemin dans un territoire vierge, ici incarné par le blanc de la page. Le lecteur peut déjà observer une première caractéristique étonnante des dessins de Grégory Mardon pour cet ouvrage : les personnages semblent à la fois avoir été représentés rapidement, dégageant une impression de spontanéité, et à la fois ils présentent des particularités les rendant tous singuliers. Ce trait en apparence rapide et souple apporte une vie à chaque individu qu'il soit un premier rôle, un second rôle ou un simple figurant. La simplification du contour des personnages et des traits de leur visage facilite la projection du lecteur en eux, et les rend plus expressifs.



Cette histoire repose autant sur une intrigue (Dans quel endroit arrive l'homme ? Que va-t-il y découvrir ? Par qui et comment sera-t-il accueilli ?) que sur un suspense psychologique (trouvera-t-il un ce qu'il cherche ? Un ailleurs où il peut s'épanouir ?). Tout du long de ces pages, le lecteur perçoit pleinement l'état d'esprit de l'homme quelle que soit la nature de l'émotion qui l'habite : légère hébétude née du ronron anesthésiant et bruit du quotidien, impassibilité pendant la descente en ascenseur avec des inconnus, sourire de circonstance pour dire au revoir aux enfants à l'école, assurance professionnelle sur le chantier, énervement lors de la perte de sa carte bleue, ténacité lors de la lutte contre les ronces, hébétude souriante dans le village parfait, rage animale dans la jungle, etc. Alors même que l'homme n'exprime jamais en mot les ressentis qu'il éprouve et les réflexions qu'il effectue en réaction aux événements, à sa situation, à ce qu'il observe, le lecteur peut suivre le cheminement de sa pensée. Grâce à une narration visuelle élégante et sophistiquée, le lecteur voit l'homme réfléchir, peut même reconstituer des processus mentaux complexes. Afin de s'assurer d'une lecture active, l'auteur met en œuvre un procédé osé à partir de la page 13 pendant une quinzaine de pages. Précédemment, la logique de la succession des cases procède d'un lien de cause à effet directe, essentiellement sur une base chronologique, un moment succédant à un autre, le lecteur n'ayant qu'un effort minimal à fournir pour faire le lien : par exemple l'homme et sa famille dans l'ascenseur suivi par la famille dehors sur le pas de porte de l'immeuble.



À partir de la page 13, le lecteur se retrouve devant des images accolées : d'abord 6 pages en 3 lignes de 2, puis à raison de 9 par pages à partir de la page 25, puis 12 par pages à partir de la page 26, puis 24 par pages à partir de la page 28. Le lecteur doit s'investir un peu plus dans sa lecture pour comprendre qu'il s'agit des thèmes évoqués dans le journal lu par l'homme dans les transports en commun, puis d'une forme d'association d'idées automatique. La narration a insensiblement basculé dans un autre domaine : d'une forme de reportage naturaliste, vers un domaine conceptuel où la juxtaposition d'images en nombre croissant rend compte d'une surabondance, d'une sollicitation sans fin de l'attention de l'individu par des images choisies ou fabriquées par une société dont les médias renvoient une image de violence (conflits de nature diverses) et de surconsommation (publicités sans fin à l'inventivité infinie avec le seul but de provoquer la consommation de l'individu). Le lecteur se retrouve devant le constat de l'hypermodernité (une abondance sans fin, merci Omac), d'un flux incontrôlable toujours plus rapide (que ce soit le flux de piétons, le flux d'informations, le flux de produits créés uniquement pour déclencher l'impulsion d'achats, le flux d'images ou de concepts créés dans le seul but de stimuler les centres du plaisir). Après ces 16 pages, le lecteur a conscience qu'il ne découvre pas seulement un exercice de style (narration exclusivement visuelle), une étude de caractère (la prise de conscience d'un homme quant à son ressenti sur la vie qu'il mène), mais aussi une réflexion philosophique sur la réalité des forces motrices de la société moderne. Ce passage change complètement le ressenti du lecteur sur l'ouvrage, avec le constat de sa dimension philosophique.



Pour autant, le lecteur continue d'apprécier l'histoire au premier degré. Grégory Mardon ne sacrifie en rien la minutie de la narration visuelle par la suite. Il continue de donner vie aux êtres humains (et aux animaux dans la dernière partie) avec une élégance épatante. Il continue de décrire les environnements dans le détail : une belle vue de dessus du salon cuisine de la famille de l'homme, une vision très juste du flux de piétons et de voitures dans la rue, l'étonnant assemblage des personnes en train d'attendre sagement et de manière disciplinée sur un quai de métro, des tapis de course dans une salle de sport en étage, les ronds dans l'eau générés par les gouttes de pluie, les transats alignés sur le pont supérieur d'un paquebot, la forme des vagues dans un océan déchaîné, la granularité de falaises infranchissables, la répartition des petites maisons dans un village à flanc de colline, la luxuriance de la flore dans la jungle. Grâce aux détails, chaque lieu est unique et devient tangible et plausible.



La lecture s'avère d'une facilité épatante : les pages se tournent rapidement et le lecteur éprouve la sensation de progresser à bonne vitesse dans le récit, sans s'ennuyer, sans avoir l'impression qu'il doit passer plus de temps sur les pages, sans que le récit ne se déroule trop vite, sans qu'il sente que la fin arrive de manière précipitée. S'il y prête attention, le lecteur observe que Grégory Mardon met en œuvre un vocabulaire et une grammaire visuelle étendus, sans pour autant être démonstratif. Dans un récit où ce qu'observe le personnage principal revêt une importance capitale, l'artiste réalise 19 dessins en pleine page. Le lecteur les perçoit à la fois comme l'importance que l'homme accorde à ce paysage ou ce spectacle, à la fois comme une invitation à prendre lui aussi ce temps, à la fois comme une petite respiration entre 2 pages de suite de cases. Il y a également 7 dessins en double page, à nouveau une indication de l'importance primordiale de ce moment pour le récit, à la fois un spectacle méritant qu'on lui consacre 2 pages. En termes de composition de pages, Mardon peut passer d'un dessin en double page à 24 cases par page. Il utilise des cases de format rectangulaire ou carré, sans bordure tracée, ce qui est en phase avec le thème de l'échappée. Il réalise une mise en couleurs de type bichromie : vert de gris ajouté au noir & blanc pour la première partie, bleu azur pour la deuxième partie, et vert anis pour la troisième partie.



Parmi les autres caractéristiques picturales, le lecteur peut trouver des ombres chinoises (page 31), l'utilisation d'un pictogramme (pour un phylactère en page 37), de gros aplats de noir pour un fort contraste (par exemple la danseuse en page 40), des contrastes également entre le blanc et la couleur (l'océan en vert / le ciel en blanc en page 53), un travail remarquable sur le langage corporel que ce soit pour l'homme ou pour les autres personnages. Pour ce dernier point, le lecteur remarque que les postures de l'homme varient fortement, avec un registre différent pour chacune des trois parties. Au fur et à mesure de sa progression dans le récit, le lecteur prend également conscience que certains éléments revêtent une signification symbolique. Il en acquiert la certitude avec la forêt de ronces en page 102 & 103, lui rappelant celle de la Belle au Bois dormant. De la même manière les falaises forment un mur infranchissable, l'empêchement de pénétrer dans le site suivant. Rétrospectivement, il se dit que le départ en paquebot de l'homme participe également de la narration d'un conte. Avec cette idée en tête, il comprend que les environnements des deuxième et troisième parties sont plus conceptuels que littéraux, et il devient logique que le récit ne s'attarde pas sur des aspects comme la maladie ou les blessures.



Avec l'idée que le récit agit comme un conte, le lecteur comprend mieux les choix narratifs et l'intention de l'auteur. L'homme cherche à s'échapper de son milieu urbain dont les caractéristiques sont montrées avec limpidité, et mener une autre vie. L'échappée ayant réussi, il peut alors mener une vie dans une société utopique, puis dans un environnement sauvage, une sorte de retour à l'état naturel. Le lecteur participe alors bien volontiers au jeu des comparaisons entre les 3 modes de vie successifs de l'homme. Il observe comment le deuxième environnement lui apporte ce qui lui manquait, dans le premier, et de même avec le troisième par rapport au deuxième. Le thème principal du conte apparaît alors : à la fois celui de l'échappée, mais aussi celui de l'envie, de l'insatisfaction, de l'impossibilité à se contenter de ce qu'on a. L'homme a conscience de ce que lui apporte chaque environnement, mais il ne peut s'en satisfaire. Il éprouve le besoin de découvrir, d'aller voir ailleurs, d'explorer de nouveaux territoires, de conquérir. Grégory Mardon met ce besoin en vis-à-vis d'autres besoins : la sécurité, les besoins affectifs, la sexualité, la faim, l'autonomie… Il laisse le lecteur libre de réagir à ce qui lui est montré, de se comparer à l'homme, de mesurer lui-même ce qu'il a payé pour bénéficier de la situation dans laquelle il se trouve, de ce qu'il souhaite obtenir de plus, tout ça de manière visuelle, sans nombrilisme d'artiste, ni discours académique.



Une bande dessinée sans texte ni dialogue constitue une source de plaisir immédiat irrésistible : lire une histoire sans avoir d'effort à faire pour lire, avec le spectacle des images. Le lecteur se rend compte de l'adresse de Grégory Mardon par l'absence : aucune difficulté de compréhension, tout coule de source et s'enchaîne naturellement, une vitesse de lecture rapide sans être frénétique ou épileptique, et une histoire avec de la consistance. Avec la séquence de ressenti d'une société hypermoderne, il perçoit la nature philosophique du récit, et en a la confirmation avec quelques éléments dont le symbolisme est évident. En plus du plaisir du voyage et des découvertes, il accompagne la réflexion de l'homme sur son état, sur son envie d'avoir envie, sur son besoin de conquérir, se situant lui-même par rapport à ces besoins.
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Leçon de choses

Ne sachant plus que choisir à la médiathèque de mon village, très limitée rayon bd, je me tourne vers le rayon enfants... Et je tombe sur ce livre, dont le dessin de couverture m'interpelle : un homme à tête de lion et un petit garçon qui s'en cache... Que peut bien raconter ce bouquin ?

C'est en fait l'histoire de Jean-Pierre, jeune garçon de 7/8 ans qui vit à la campagne après avoir vécu à Paris.

Nous sommes apparemment dans les années 70/80, et la vie coule doucement, bien différente de la vie à la ville : on y voit tuer les animaux pour se nourrir (lapin, poulet, canard), mais on y assiste aussi à la mise à mort d'un chaton par les enfants, sur un mal-entendu. (Cela peut paraitre violent, mais ayant eu le même genre d'enfance, je me rappelle aussi que lorsque les chattes en étaient à la n-ième portées, mon beau-père les bousillait, contre le mur, ou à l'éther quand il en avait...)

J-P et son copain font des bêtises, jouent, font du vélo, et se lancent des défis, comme celui d'aller vendre des billets de tombola à la famille de moutons noirs de la ville, les Crinchon...

Jean-Pierre vit sa vie de petit garçon, mais les grands font aussi la leur, et quand sa maman ne s'entend plus avec son père, très absorbé par son travail, à tel point qu'on ne voit jamais son visage (un peu comme dans certains vieux comics où l'on ne voit jamais les adultes, juste leurs jambes...), il faut déménager à nouveau...

Un livre attachant, assez rude dans ses propos, mais qui ne se pare pas inutilement de faux semblants, mais qui colle à la réalité, qui sonne juste.

A partir de 8 ans.



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Leçon de choses tome 1

Les éditions Dupuis rééditent discrètement et petit à petit certains des albums publiés à l'origine dans l'excellente collection Expresso, aujourd'hui disparue. Le public peut ainsi (re)découvrir l'un des livres les plus touchants de ce catalogue : la « Leçon de choses » de Grégory Mardon.



Ce récit d’enfance, certainement pétri d’autobiographie, raconte l’arrivée d’un petit Parisien, Jean Pierre Martin, dans un village de campagne au milieu des années 1970. On suit son quotidien : l’école, les balades avec son copain Cyril, la vente de carnets de tombola, les disputes des parents, les mystères que l’enfant ne parvient pas à percer et les bêtises qu’on fait en cachette. Rien de très original, à première vue. Et pourtant, on tremble littéralement d’émotion au fil des pages, tant les histoires de Jean-Pierre nous touchent, tant Grégory Mardon parvient à faire vibrer un émotion palpable dans ces petits riens qui tissent la vie à la campagne.



Pour cela, l’auteur s’appuie sur un dessin tout simple et épuré, de temps à autres ponctué par une trouée dans l’imaginaire des personnages : vision de super-héros, images allégoriques, métaphores visuelles, qui créent l’épaisseur du quotidien. Il recourt aussi avec brio aux images sans texte, parfois trois pages d’affilée, pour faire pénétrer le lecteur dans la solitude de l’enfant qui déambule dans la campagne, les yeux grand ouverts, la tête emplie des questions qui le secouent : papa va-t-il quitter maman ? dois-je avouer les catastrophes que j’ai entraînées sans le vouloir ? C’est d’une richesse inouïe. Car à ces passages troublants de justesse succèdent des anecdotes drôles et mouvementées, des dialogues qui sonnent juste, des portraits de personnages taillés dans la pleine terre, qu’on garde pour longtemps dans sa mémoire, comme chacun des membres de la famille Crinchon, qui habite au bout du village, dont on dit qu’ils sont consanguins et dont tout le monde a peur, ne serait-ce que parce qu’Hervé, l’un des frères, est capable de soulever un tracteur à bout de bras.



Au fil des pages, on n’a qu’un seul regret : que l’album ne dure pas deux ou trois cents pages de plus, tant on voudrait poursuivre la route avec Jean-Pierre et Cyril, tant on aimerait que la vie ne vienne pas troubler cet univers si touchant. Pourtant, la réalité revient sans cesse troubler les joies de l’enfance : le spectre du divorce, le retour à la ville, la fin de l’enfance, autant de coups dur qui viennent marteler le moral du pauvre Jean-Pierre Martin, petit gamin à lunettes, qui ne demande rien d’autre que de voir la vie se poursuivre, à grands renforts de balades à vélo, d’émissions à la télé et de cassoulet frites.
Lien : http://www.actualitte.com/do..
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Dulcie: Du Cap à Paris, enquête sur l'assassina..

Club N°56 : BD sélectionnée

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Comme d'habitude avec Benoit Colombat une enquête très fouillée sur la mort d'une militante anti apartheid pendant la cohabitation Mitterrand/Chirac.



Les hypothèses de l’enquête rappellent bien l'ambiance de l'époque et nous donne toujours autant d'arguments pour se méfier des politiques et de leur prétendue probité...



Le dessin surprenant au départ sert bien l'histoire.



A lire sans modération pour les amateurs d'histoire contemporaine.



JB

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Très documenté, voire fouillé mais les hypothèses, les réalités de l'époque noient malheureusement le propos surtout entre les pages 250 à 300.



Vincent

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Prends soin de toi

Se reconstruire après une rupture amoureuse, un divorce : Achille aménage seul dans un petit appartement d’un petit immeuble assez ancien. Sa vie s’est écroulée, il vit cette séparation comme un véritable crash, l’introduction est une allégorie de cette vie qui s’écroule. Mais le voilà décidé à repartir, ce n’est pas simple, et une lettre d’amour trouvée sous le vinyl devant la porte d’entrée va lui donner un prétexte pour partir, s’évader, se donner un nouvel objectif, rendre sa lettre à son expéditeur d’il y a plus de 40 ans. Sur un scooter, il part de Paris pour Marseille. Le dessin est rond, souple, les paysage bien mis en valeur par une colorisation élégante et lumineuse, le voyage sera bucolique : traversée de petits villages pittoresques, de grandes étendues sauvages, des nuits au camping, la France profonde va le revigorer, mais pas encore le réparer, il faudra plus de temps, peut-être à Marseille ? Le sujet de cette histoire, c’est les regrets, cette lettre est comme un vecteur pour son propre ratage sentimental qui va l’amener à se poser des questions. Les réponses que Grégory Mardon nous propose est une belle leçon de vie, troublante mais radicale, il y a peu d’action, ça raconte juste une évolution, nécessaire et émouvante. J’ai été conquis.
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Le travail m’a tué

On est pris très vite dans le tourbillon de la vie professionnelle du personnage principal, qui nous entrainer à nous poser pas mal de questions: comment peut-on en arriver là? quels sont les grandes étapes débouchant vers une situation aussi tragique? Le dessin est efficace, le trait limpide, une belle surprise.
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Le Teckel, tome 3 : Votez le Teckel

De Paris aux Ardennes en passant par la Bretagne, Guy Farkas laboure la France au service d'une certaine image de la France et de ses valeurs avec pour objectif de les porter à l’Élysée. Pourquoi et comment ce grand et fier homme des seventies tendance giscardo-barbouzo-réac, que nous avions laissé après ses aventures pharmaceutiques désopilantes, s'est-il retrouvé dans cette galère ? Jouet du pouvoir, exploité par une agence de comm, la créature va-t-elle échapper à son créateur ? Peut-on réellement manipuler jean-Pierre Marielle sans que cela l'énerve ? Toujours désopilant, ce tome écrit en 2016, au moment où les candidats à l'élection présidentielle de 2017 restaient incertains, est un régal. La couverture, pastiche de l'affiche de Mitterrand pour l'élection en 1981, annonce la couleur. Hollande, Sarkozy inspirent les personnages du président et du chef de l'opposition cherchant à manipuler ou influencer Farkas. La description du rôle des spin doctors et des techniques de communication au service du politique sont savoureuses. Tout y passe, médias, grands discours politiques (celui de Farkas devant Woinik, dans les Ardennes, est jubilatoire), chantages, débat télévisé... Si Borgen ou Baron Noir vous ont plu mais que vous vous êtes dits que tous ces politiques mériteraient un grand coup pied au derrière, lisez le Teckel vol. 3 !
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Le dernier homme

L'extravagante comédie du quotidien est un ensemble de trois BD avec "Les Poils", "C'est comment qu'on freine" et celui-ci "Le dernier homme" et forme un récit sur la vie, la mort, l'amour... Trois bandes dessinées pleines d'humour, drôles et sensibles à la fois.
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Prends soin de toi

Grégory Mardon est l'auteur dont j'attends patiemment chacune de ses publications car il m'a bien étonné ces dernières années avec notamment Petite frappe ou encore Madame désire ?. Ces oeuvres sont résolument modernes et surtout elles me parlent. Rares sont ceux qui peuvent y réussir. Par ailleurs, le dessin est rempli de grâce jusque dans les décors ou les mouvements. Les personnages sont particulièrement réussis comme à son habitude.



Prends soin de toi est une sorte de fable morale sur un road-trip d'un homme dont la compagne vient de le quitter pour faire sa vie avec un autre. La rupture est toujours un moment délicat à vivre car on ne voudrait jamais se séparer et continuer à vivre ensemble comme si de rien n'était. la vie est fait également de ces grandes contrariétés.



J'ai bien aimé la mission prétexte que cet homme s'est assigné en voulant rendre une vieille lettre non ouverte à son auteur plus de 40 ans après. La conclusion fait du bien et permets de comprendre qu'il faut continuer à vivre coûte que coûte. C'est certes classique dans l'approche mais c'est une lecture agréable qui fait mouche. Bref, un récit d'introspection admirable et plein d'empathie.
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La vraie vie

une histoire qui s'inscrit dans notre époque, où un homme passe sa vie sur les réseaux sociaux en discutant avec de inconnus et en regardant des pornos. Lorsqu'il part travailler, il essaye d'expliquer à ses collègues septiques ce qu'internet lui apporte.

Une histoire assez triste avec une ambiance angoissante, peut-être est pour cela que je ne suis pas vraiment entrée dans l'histoire.
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Les poils, Tome 1

Les poils, c’est important ! Demandez un peu à Gladys pour savoir ce qu’elle en pense… si elle a épousé Fabrice et si elle l’aime d’un amour qu’elle croit indéfectible, ce n’est pas seulement pour sa pilosité simiesque, d’accord, mais quand même : cette chevelure hirsute qui parsème son corps et lui donne un air sauvage d’australopithèque fait partie intégrante de son identité. Lorsque Fabrice décide alors de lui faire la surprise de se raser des pieds à la tête pour sortir leur couple d’une certaine routine pourtant pas désagréable, Gladys pousse un cri de terreur. Non pas que Fabrice imberbe soit immonde, mais parce qu’il ne ressemble plus du tout à son époux, l’éternel homme poilu. Et finalement, c’est plutôt excitant…





Avec ce nouvel homme dans son lit, Gladys oublie sa responsabilité d’épouse fidèle et de mère aimante. Retournée à l’âge d’or adolescent, elle ouvre de nouveau l’œil sur toute forme masculine séduisante passant à sa portée. Dans la rue, chaque homme lui apparaît comme un réservoir de potentialités à explorer. La capture paraît si simple… il suffit de s’asseoir seule à la table d’une terrasse pour faire approcher les éphèbes solitaires. Faillira ? Faillira pas ? L’intrigue se tend autour de ce dilemme dans une progression qui ne semble jamais pouvoir s’assouvir. Les possibilités sont nombreuses : il suffirait d’entrer dans un club privé et de se laisser aborder par les dizaines d’hommes en rut qui attendent leur proie, d’aborder un inconnu dans la rue ou de suivre un collègue séduisant mais mystérieux dans l’espoir de découvrir sa seconde vie… Déstabilisée par l’idée d’avoir pu connaître l’extase avec son mari alors même qu’il ne ressemblait plus à celui qu’elle avait toujours connu, Gladys ne semble plus qu’obnubilée par ce vivier d’hommes inconnus dont elle pourrait s’approcher avec toute l’aisance de sa jeunesse, de son charme et de sa confiance.





Grégory Mardon a construit son album des Poils à l’image de la quête de Gladys. L’action est tendue par la corde du désir : désir de Gladys de connaître d’autres hommes, désir cathartique du lecteur de la voir céder à une impulsion qu’elle avait toujours vivement condamnée. Mais Gladys hésite et semble ne jamais oser dépasser le stade du fantasme. De propositions refusées à possibilités contournées, le désir s’exacerbe et les pages se tournent et s’envolent avec frénésie.





Après la Moustache d’Emmanuel Carrère, les hommes sont une nouvelle fois avertis : vous n’êtes rien de plus que votre moustache, votre barbe ou vos poils. Gare à vous si, en tentant de surprendre votre moitié, vous décidez de leur rendre la liberté : dénudé par la disparition de cette frontière de barbe, la confrontation directe avec la réalité risque d’être brutale…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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L'échappée

Tout est annoncé dans l'illustration de la première de couverture : c'est l'histoire d'un homme qui dévie sa route, change de direction par rapport à la masse, décide sur un coup de tête de sortir de son quotidien.

Vers quels horizons cette échappée va-t-elle l'entrainer ? Va-t-il trouver sa place ?



Une BD muette assez forte, qui m'a vraiment entrainée dans son univers et a su très vite piquer ma curiosité. J'ai aussi aimé être confrontée à l'absence de texte, qui m'a poussée peut-être à porter davantage que d'habitude attention au récit graphique, la narration fonctionnant très bien.





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Sarah Cole

Sarah Cole est une femme que la vie n'a pas réellement gâtée. Elle vit seule avec ses trois enfants dans une pauvre banlieue. Lorsqu'elle rencontre le prince charmant dans un bar à cocktail, on se met à rêver d'une vie meilleure pour elle. Cependant, il y a quelque chose qui cloche car c'est bien trop beau pour être vrai.



C'est une histoire sentimentale un peu bizarre dans le genre attraction malsaine. Ce récit n'a pas convaincu dans son dénouement final un peu creux où demeurent bien des interrogations. Cependant, je dois bien admettre que c'était suffisamment prenant pour aller jusqu'au bout.



En outre, c'est plutôt bien dessiné. Il y a des effets de l'auteur pour enlaidir son personnage féminin en s'attardant sur certains détails ingrats de son anatomie. Par ailleurs, le découpage est précis et la ligne est sobre. Bref, que du bonheur pour une mise en scène efficace.



Au final, c'est une oeuvre originale avec un scénario dramatique qui fait froid dans le dos. Les histoires d'amour se terminent mal en général. Celle-ci semble contre-nature. Le résultat paraissait évident. C'est dommage !
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Les poils, Tome 1

Ce titre forme un triptyque avec C'est comment qu'on freine ? que j'avais beaucoup apprécié et Le Dernier homme que je n'ai pas encore lu. On est censé croiser certains personnages rencontrés. La thématique est celle du couple et de sa résistance par rapport au quotidien.



L'auteur Grégory Mardon explore à sa manière l'intimité d'un couple à savoir Gladys et Fabrice. On découvre progressivement les différentes facettes des personnages. J'aime bien le modernisme qui s'en dégage. Ce titre est toutefois au niveau de l'intrigue un cran en-dessous du second volet de son extravagante comédie du quotidien. Il manque un peu de piquant ce qui est un comble au vu de son titre. C'est clair qu'entrer incognito dans un club privé pour y voir ce qui se passe, tout le monde l'a déjà fait.



Lorsque des personnes se marient, c'est pour la vie. Résister à la tentation est un vrai challenge perdant ou gagnant.
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Incognito, Tome 1 : Victimes parfaites

Il existe des auteurs dont j'aime bien le travail. Oui, cela existe. Grégory Mardon que je suis depuis des années dans ces chroniques sociales en fait partie. Il possède une écriture résolument moderne. Il met en avant des thèmes urbains assez intéressants.



Dans une société assez individualiste, il met en scène un homme qui apparaît invisible aux yeux des autres sauf d'une femme kinésithérapeute. on entre également progressivement das l'intimité de Bérénice qui ne sera pas fort joyeuse avec un frère handicapé. On s'attache à la psychologie des personnages plus qu'à l'action.



Encore une fois, l'auteur nous prouve qu'il est passé maître dans l'art de montrer les choses enfouies. Exploiter les faiblesses des autres est également une manipulation de l'âme humaine. Une histoire aussi surprenante que troublante. Alors, incognito ? Plus vraiment maintenant.
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Vagues à l'âme

J'ai enfin pu trouver ce titre et le lire pour l'apprécier. J'ai été surpris par sa petite taille. C'est un peu dommage que ce mini format car cela ne met pas en valeur la qualité du dessin avec ce noir et blanc crayonné.



Pour le reste, je trouve que c'est très bien construit. On est vite happé par la vie de ce marin que tente de faire découvrir une grand-mère à son petit-fils. Celle-ci est très riche car elle couvre des évènements historiques du XXème siècle: la Seconde Guerre Mondiale et notamment cet épisode malheureux où la flotte anglaise a coulé (par nécessité ?) celle d'une France qui venait de se rendre à l'occupant et tuant au passage près de 1500 compatriotes. La guerre d'Algérie y est également évoquée de manière assez poignante notamment pour les pieds-noirs. J'aime en général ces récits où la petite histoire individuelle rejoint la grande avec son lot de malheur.



J'ai également été surpris par une narration très fluide qui a pour résultat de ne jamais nous ennuyé. Bref, c'est jamais pompeux comme dans tant d'autres bd de ce genre un peu autobiographique quand on parcourt la vie d'un personnage. Ce long flash-back est parfaitement maîtrisé. Une bien belle bd !
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