L'homme insista, estimant les réponses insuffisantes. Jean Markale sortit alors de ses gongs, se leva excédé et lança :
"La poésie Monsieur, c'est comme quelque chose à quoi je pense, ça ne s'explique pas, ça se sent."
L'homme battit des ailes, les replia sur son nid et couva sa réflexion. Un silence irréel s'empara de la salle et le débat fut clos.
Demain tu partiras
libre de tes chaînes.
Rien ne s’oubliera
de ce moment ultime.
Ton âme ouvrira la route
à la tranquillité de l’autre rive,
je m’habillerai de noir
et passerai par la rue des souvenirs.
L’instant givrera mes lèvres
l’heure sera seule
le ciel nu, hagard peut-être.
J’aurai les paupières baissées
le cœur penché sur les roses rouges
fraîchement cueillies
et mes vers en cercle
ne seront que lunes d’ennui.
Sans but ficelé de mots engourdis
je suivrai tes premiers instants de résignation.
Je serai le joint
entre la vie l’inconnu
et le droit d’asile.
Parmi les fleurs déjà flétries
pris dans le voile du sommeil
retiré dans les charmes
de ce triste automne,
père et mère
je vous nourrirai d’amour.
Ce jour-là, il rentra chez lui heureux bien que les ventes fussent modestes. Ecrire et lire étaient essentiels, la vérité finalement ne se trouvait-elle pas là ?
La marge
c'est ce qui
tient les pages
du livre de la vie
Brumal
Est ce matin
Au travers des feuilles ridées ;
Il ne nous reste que des mots et des promenades à partager mais ça suffit pour vivre encore.
Dans le jardin,
le regard imagine
les mains dépaysent,
l'âme en est
l'ouvrière.
Dans le marais,
trop de silence
ricoche
sur la petite voix
d'une mer intérieure.
Instant bizarre où, recoiffant
mes haies, mes bosquets,
libre penseur j'héberge
l'anarchie de mon âme.
Un jardin en fleurs
n'aime pas être dérangé.