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Tous nos corps : Histoires ultra-courtes de Guéorgui Gospodinov
L’être humain n’est pas fait pour manger seul.
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Tous nos corps : Histoires ultra-courtes de Guéorgui Gospodinov
L’être humain n’est pas fait pour manger seul.
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Tous nos corps : Histoires ultra-courtes de Guéorgui Gospodinov
La haine nous attendra toujours à proximité. Là où l'on est né. La terre natale est là où sont nos ennemis. |
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Physique de la mélancolie de Guéorgui Gospodinov
Tu expires le mot, il est si léger, tu gonfles ses voiles et l'envoies vers le port de l'autre.
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Physique de la mélancolie de Guéorgui Gospodinov
C'est ça que j'ai envie de décrire, cette sensation de mélancolie, d'épuisement du sens, qui, d'un coté, peut-être une sensation pénible, mais qui, de l'autre, peut-être aussi un sentiment lumineux. L'homme triste, c'est l'homme pensant, l'homme triste, c'est l'homme contemplant. Je pense que, lorsque l'on raconte une mélancolie, elle devient plus lumineuse. C'est la mélancolie non racontée qui est une mélancolie pesante.
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Tous nos corps : Histoires ultra-courtes de Guéorgui Gospodinov
Dans le sommeil et dans la mort, chacun entre seul, mais jusqu’à la porte, il est bon d’être avec quelqu’un.
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Un roman naturel de Guéorgui Gospodinov
[Mon père] lisait régulièrement un vieux manuel pour fleuriste amateur, que j'utilise moi aussi. De ces livres qui vous disent que le lotus est la fleur préférée des Égyptiens et que la patrie de la tulipe est l'Asie. En fait, c'était justement ce genre de faits qui l'intéressaient : « Le poireau fait partie de l'emblème du pays de Galles », lisait mon père, et c'était comme si le pays de Galles lui-même fleurissait dans son jardin. Et lorsqu'il mettait du poireau sur la table, c'était un symbole, un signe héraldique. Dans les écailles amères et chevelues se cachaient des histoires, c'était l'Histoire elle-même qui y dormait. Rien n'était uniquement ce qu'il paraissait être. C'est ainsi qu'il maintenait l'équilibre du monde par sa relation au poireau. Il savait que quiconque ne se comporte pas avec respect à table à l'égard du poireau attente à l'honneur du pays de Galles. Et voilà un prétexte pour que le pays de Galles proteste, de manière tout à fait justifiée d'ailleurs, et qu'on en arrive à un conflit. Aussi mon père bénissait-il toujours le pays de Galles lorsqu'à sa table apparaissaient des tiges de poireaux. Avec tact et diplomatie, il demandait des excuses de la part de tous ceux qui, par incompétence et ignorance, ne savaient pas ce qu'ils mâchaient réellement. C'était sa mission. Et tant qu'il était vivant, il parvenait à maintenir de cette manière l'équilibre fragile du monde.
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Un roman naturel de Guéorgui Gospodinov
Si tu peux supporter l'odeur de ta petite amie en train de chier devant toi sans que ça te dégoûte, si tu l'acceptes comme ta propre odeur, parce qu'on n'est pas dégoûté par son odeur, ça veut dire : tu restes avec cette femme. Vous comprenez ? On peut appeler ça le grand amour, son unique moitié, la Femme avec un grand F, avec laquelle on pourra tenir au moins plusieurs années, etc. C'est ça. Ces choses-là, ça ne se produit pas si fréquemment. Seulement une fois. Et c'est ça le test.
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L'alphabet des femmes de Guéorgui Gospodinov
Le monde s'avéra bien plus ennuyeux qu'il ne promettait de l'être. Il fallut se rendre à l'évidence : les musiciens de Brême ne tapaient pas la brème mais venaient d'une ville portant ce nom. Quant au lac Titicaca, il n'avait rien à voir avec notre gros mot préféré. Et les Indiens ne vivaient pas en Inde, et Goïko Mititch ( acteur bulgare qui jouait le rôle d'Indien dans les films de l'époque communiste) n'était pas un Peau-Rouge, etc., autant de déplorables faits. Et pour finir, il y avait toujours quelqu'un pour venir reconnaître le cadavre de ce qui nous entourait. "Premiers pas" P.63
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L'alphabet des femmes de Guéorgui Gospodinov
Le premier livre avec lequel j'ai appris à lire était les " Mémoires sur les insurrections bulgares".[...] Elles sont trop courtes ces premières années d'enfance de lecture heureuse, quand nous sommes encore des lecteurs du jardin de l'Eden. p.58/59 |
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L'alphabet des femmes de Guéorgui Gospodinov
Il se sentit terriblement vieilli et bougeait ses jambes avec peine. Il ferma les yeux à dessein en passant devant les vitres de la salle d’embarquement pour ne pas voir subitement dans leur reflet ses cheveux devenus blancs ainsi que ses épaules rentrées, des épaules de vieillard. A chaque pas il comprenait plus clairement qu’il lui était impossible de rentrer chez lui, auprès de sa femme à la jeunesse inaccessible. Et qu’il ne pourrait jamais lui raconter ce qu’il avait fait durant ces cinquante années d’absence.
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Le président de la Confédération suisse est membre ..#.. .