J'ai toujours retenu une phrase de l'emblématique capitaine de l'équipe de France de rugby des années 80, Jean-Pierre Rives : "Le ballon, c'était juste un prétexte pour se retrouver entre copains". J'adhère totalement à cette philosophie. J'ai toujours préféré les relations humaines à ce qu'on faisait, même si la musique me passionnait. Que reste-t-il au final ? Quelques heures de musique, dont je suis très fier, mais ce n'est rien à côté des amitiés fortes que j'ai vécues. Le fait qu'on ait accompli un truc hors norme n'a fait qu'accentuer ces relations. Ces millions de disques vendus, tous ces concerts, ces voyages n'auraient eu aucune saveur si j'avais été seul.
Je paraîtrai insensé à certains, mais je vois toujours le verre à moitié plein, même s'il ne reste qu'une goutte au fond. Les épreuves sont là pour faire de nous des êtres meilleurs, et je ne raterais cette occasion pour rien au monde. La maladie est une nouvelle aventure. Même si je ne la souhaite à personne, elle vaut le coup d'être vécue.
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Je ne sais pas comment terminer, alors je vais m'auto-citer (je suis plus à ça près), dans une lettre adressée à ma fille alors qu'elle avait trois ans : "Depuis que tu sais parler, je te répète : C'est quoi le plus important, ma fille ? Et tu n'as de cesse de me répondre : C'est l'amour papa.
Qui ne fondrait pas en entendant ces mots avec ta petite voix ? C'est cela que je veux transmettre à ta sœur et toi. Tant qu'on aime, on est heureux, tant que ton cœur bat fort, tu vis."
Ils étaient contre l'assimilation culturelle et prônaient entre autres la parabole de la pâte à modeler. Si l'on prend plusieurs barres de couleurs différentes, censées représenter les cultures et qu'on les mélange, on obtient une belle boule multicolore. Mais si l'on continue de la malaxer, on se retrouve avec une boule grise et moche. Les cultures peuvent cohabiter, mais si elles s'assimilent, le résultat ne ressemble plus à rien.
Depuis que je me suis penché sur le sujet, j'ai la conviction que les personnes handicapées ont énormément à apporter à l'humanité, en particulier les déficients mentaux ou les neuroatypiques (autistes). Le monde a besoin de gens dépourvus d'intérêts, de stratégie, de vice. Côtoyer ces personnes rend meilleur, c'est une certitude.
Pendant cette période, il m'est arrivé de planer dans les couloirs de la réa. Je ne sais par quel maléfice, mon esprit voguait dans le service. [...] Lorsqu'il est venu dans ma chambre quelques instants plus tard, je lui ai dit : "Alors, il était bon ce jambon à l'os?" Il a répondu : "Comment tu sais ?" Pour me rassurer, je me suis dit que j'avais dû l'entendre parler de ce plat dans le couloir.
Ce que j'ignorais, c'est que la majorité des types qui faisaient la sécu à Miami Beach étaient des Arabes de la banlieue parisienne. On était un peu chez nous.
Chaque grande ville a son odeur, Le Caire, Dakar, même Marseille, sauf qu'on ne s'en rend plus compte quand on y vit.
On sait qu'on a quelque chose, mais on n'a pas de nom. Sans nom, pas de traitement. Remarque, pour la SLA, ce n'est pas bien grave, il n'y en a aucun.
Comme disait Paul McCartney, nous avons quand même incontestablement réussi une chose : on ne s'est pas ennuyés.
Mais on passe sa vie à perdre. Ses parents, ses rêves, ses illusions, ses amis, ses amours, ses cheveux, son groupe. Qu'il en soit ainsi.
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