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3.97/5 (sur 36 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1975
Biographie :

Guillaume Duval est rédacteur en chef du magazine Alternatives Économiques. Ingénieur des Arts et Métiers (Bordeaux 1975) de formation, il a travaillé pendant plusieurs années dans l'industrie allemande.
Il est l’auteur de « Made in Germany, le modèle allemand au-delà des mythes » aux éditions du Seuil, « La France d'après : rebondir après la crise » aux éditions Les Petits Matins, « Sommes-nous des paresseux ? Et trente autres questions sur la France et les Français » aux éditions du Seuil, « Le libéralisme n’a pas d’avenir » ainsi que « L’entreprise efficace, la seconde vie du taylorisme », aux éditions La découverte.

Source : http://alternatives-economiques.fr
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Cette vision très déséquilibrée de la place des femmes explique aussi la tolérance de la société allemande vis-à-vis de la dualisation croissante du marché du travail et du creusement des inégalités de revenus. (...)

Cette glaciation touchait en particulier le rôle des femmes. Le Kaiser Guillaume II avait popularisé, au début du XXe siècle, une allitération pour définir sa vision de la place des femmes dans la société allemande : Kinder, Küche, Kirche, les enfants, la cuisine et l'église, les 3 K.
(...) après la saignée de la Seconde Guerre mondiale, la question démographique était prioritaire dans la reconstruction de l'Allemagne. On était alors revenu aux "fondamentaux" : les "3 K".
Et cela, bien que politiquement les femmes allemandes aient acquis le droit de vote dès 1919 à l'occasion des débuts sociaux-démocrates de la République de Weimar, alors que les Françaises avaient dû attendre 1944.

Depuis les années 1960, les choses ont beaucoup changé bien sûr, et le mouvement féministe allemand a été à bien des égards plus actif et plus constant que son homologue français.

Il n'empêche : la société allemande porte encore aujourd'hui de nombreux stigmates de ce passé. Elle est nettement moins égalitaire encore que la société française sur le plan des rapports hommes-femmes.

(...) les femmes allemandes occupent toujours une proportion un peu plus faible de l'ensemble des emplois qu'en France. Mais surtout, derrière ces taux globaux qui semblent plutôt rassurants se cachent des réalités nettement moins réjouissantes pour nos voisines du fait de la nature de ces emplois et de leur niveau de rémunération.
Tout d'abord 30% des femmes françaises occupent un emploi à temps partiel (contre 6,5% des hommes), une proportion stable depuis une quinzaine d'années. Tandis qu'en Allemagne cette proportion est de 45% (contre 9% chez les hommes), un pourcentage en forte progression : il n'était "que" d'un tiers en 1995.

(...) C'est l'effet en particulier du développement exponentiel des "petits boulots" payés moins de 400 euros par mois qui bénéficient d'un statut particulier permettant de ne payer que très peu de cotisations sociales. (...) En résumé donc, depuis vingt ans, la réduction du temps de travail a été au global équivalente en Allemagne et en France, mais elle s'est traduite outre-Rhin par une nette aggravation des différences entre hommes et femmes. Alors qu'en France cet écart est resté stable du fait d'une résistance plus forte au développement du temps partiel féminin.
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Le texte Blair-Schröder de 1999

En attendant, l'admiration que vouait un Gerhard Schröder arrivant tout juste aux affaires à un Tony Blair bien installé au 10 Downing Street, et dont la réputation dépassait déjà largement les frontières du Royaume-Uni, se traduisit par la publication dès juin 1999 d'un manifeste commun, "La voie en avant pour les sociaux-démocrates européens, propositions de Gerhard Schröder et de Tony Blair", auquel Lionel Jospin se gardera bien de se joindre.
Relu aujourd'hui, ce texte possède le charme d'une époque définitivement révolue (du moins il faut l'espérer) après les crises financières de 2001-2002 et 2008-2009. (...)

Il y avait cependant dans ce rapprochement une asymétrie fondamentale entre Tony Blair et Gerhard Schröder. Le premier, en communicant accompli, savait la différence qui existe toujours entre les discours qui n'engagent que ceux qui les écoutent et les actes d'un dirigeant politique désireux de se faire réélire.
Malgré tous ses vibrants plaidoyers sociaux-libéraux, notamment à usage externe, il a finalement mené en Grande-Bretagne même une politique très classiquement social-démocrate. Il a porté le niveau des dépenses publiques de 39% du PIB en 1998 à 48% en 2008, avec notamment des hausses très importantes en matière d'éducation, de transports ou de santé. Il n'a pas non plus exercé réellement de pression à la baisse sur le coût du travail. (...)
Tony Blair instituera également un salaire minimum au Royaume-Uni et cela à un niveau assez élevé, ce que Gerhard Schröder se gardera bien de faire en Allemagne. (...) Ce n'est pas ainsi cependant que le comprit son disciple allemand. Celui-ci fit au contraire siennes les thèses du social-libéralisme avec la foi ardente du nouveau converti et mit par la suite un point d'honneur à suivre scrupuleusement les recommandations de leur texte commun avec une rigueur toute germanique ...

Tony Blair et Gerhard Schröder faisaient cependant face à des situations très différentes. Le premier héritait d'un pays où les services publics étaient exsangues après deux décennies de purge conservatrice, tandis que le second devait gérer les conséquences tardives de la réunification qui avaient gonflé un peu les dépenses publiques et plus nettement encore les dettes (...)

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De fortes inégalités salariales

Mais ces différences de salaires ne sont pas seulement dues aux écarts de temps de travail : rapporté à l'heure de travail, l'écart moyen de salaire entre hommes et femmes était de 23% en Allemagne en 2010, l'un des plus élevés d'Europe, contre 16% "seulement" en France, juste en dessous de la moyenne européenne.

Le niveau particulièrement important des écarts de rémunération entre hommes et femmes en Allemagne tient en particulier à la forte concentration des hommes dans les secteurs les mieux couverts par la négociation salariale collective de branche, et notamment l'industrie manufacturière dont la main-d'œuvre était encore en 2011 masculine à 73% outre-Rhin (70% en France). Tandis que les femmes dominent dans les branches les moins protégées par la régulation collective des salaires comme les hôtels, cafés, restaurants, où elles occupent 58% des emplois (contre 49% en France).

D'où des salaires de misère dans un pays qui ne dispose pas d'un Smic : en 2011, près de 3 millions de salariés allemands (pour l'essentiel des femmes en réalité) travaillaient pour moins de 6 euros de l'heure. De façon significative, les activités de services les mieux régulées sur le plan des rémunérations, comme les banques et la finance, ou encore l'administration publique, sont par contre plutôt moins féminisées en Allemagne qu'en France : les femmes allemandes occupent en effet 51% des emplois du secteur de la finance contre 57% en France, et 48% des emplois de l'administration publique contre 51% en France.

Le développement rapide des emplois à bas salaires essentiellement féminins a ainsi tiré vers le bas les prix des services en Allemagne dans les années 2000. Les chiffres d'Eurostat sont très parlants : alors que les niveaux de prix sont restés quasiment identiques en France et en Allemagne entre 1999 et 2011 pour les biens, l'écart sur les prix des services marchands, qui étaient déjà inférieurs de 4% outre-Rhin en 1999, est montré à 13% en 2011 ...

Cette forte pression que les prix des services a joué un rôle indirect mais néanmoins déterminant dans l'amélioration de la compétitivité-coût de l'industrie allemande : elle a rendu tolérable en effet la stagnation prolongée des rémunérations des hommes employés dans le secteur industriel car leur pouvoir d'achat réel n'a été que peu entamé, vu la très faible évolution du prix des services. D'autant que la rapide extension de l'emploi féminin, même mal payé et à temps très partiel, contribuait dans le même temps à accroître malgré tout les ressources globales des ménages.
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Peu de femmes dirigeantes

Cette subordination des femmes allemandes sur le marché du travail se retrouve au sommet des entreprises : selon les chiffres de la Commission européenne, elles ne représentaient en 2012 que 16% des membres des conseils de surveillance des sociétés allemandes cotées (contre 22% en France). C'est un peu mieux cependant que la moyenne européenne qui n'est que de 14%, les pays scandinaves affichant sans surprise les meilleurs scores sur ce plan.

Selon une étude du cabinet de conseil Grant Thornton, les femmes allemandes ne fourniraient par contre que 13% des cadres dirigeants des principales entreprises, cotées ou non, contre 21% en moyenne dans les 40 pays du Nord et du Sud qui constituent ce panel et 24% en France.
Il n'y a, selon ce cabinet, qu'au Japon où cette proportion soit encore inférieure.

En Europe, de façon inattendue, c'est en Italie que cette proportion serait la plus importante avec 36% de femmes dans le top management.
Tous les pays émergents affichent des pourcentages de femmes nettement plus élevés que l'Allemagne (et la France) dans leur management : 46% en Russie, 31% en Turquie, 27% au Brésil, 25% en Chine.
Il n'y a guère que l'Inde à être encore presque aussi misogyne que l'Allemagne en la matière avec seulement 14% de femmes parmi ses cadres supérieurs.

Ce n'est pas cependant une spécificité du secteur privé : c'est aussi le cas dans la haute fonction publique. La situation des femmes allemandes y est encore moins favorable que celle de leurs homologues françaises, pourtant fort peu satisfaisante : selon les données rassemblées par la Commission européenne, les Allemandes n'occupaient que 11% des postes de haut fonctionnaire de rang 1 en 2001 et 17% seulement des postes de rang 2 contre respectivement 17 et 33% pour leurs collègues françaises (pour une moyenne européenne de 30 et 39%, les pays les mieux placés étant notamment ... la Grèce et l'Espagne où les femmes occupent quasiment la moitié des postes administratifs les plus élevés ...).

Comme partout, cette position secondaire des femmes sur le marché du travail est très liée en particulier à la question des enfants et de leur éducation.
Mais celle-ci tient en Allemagne une place nettement plus centrale encore qu'ailleurs à cause de la faiblesse des infrastructures de garde : en 2009, seuls 18% des enfants allemands de moins de 3 ans étaient gardés dans une structure formelle (crèche, halte-garderie ou équivalent, dont 12% seulement pendant plus de trente heures par semaine), contre 41% en France (dont 25% plus de trente heures).

Plus de deux tiers des jeunes enfants allemands sont gardés exclusivement par leurs parents, contre moins de la moitié pour leurs homologues français.
Même en Italie, le pourcentage d'enfants gardés dans des institutions formelles collectives est sensiblement supérieur et, en Europe, il est en moyenne de 27%.

Rompant avec plus d'un siècle de tradition conservatrice, le gouvernement dirigé par Angela Merkel a cependant adopté en 2007 une loi censée garantir à tous les enfants allemands le droit à une place en crèche à partir de leur seconde année à compter de 2013. Même si l'ampleur des problèmes démographiques explique pour une bonne part un tel revirement, il n'est pas indifférent que ce soit une femme originaire de l'ex-RDA qui ait pris une telle initiative, malgré de très fortes réticences au sein de son propre parti : l'Allemagne de l'Est était en effet sur le plan à la fois du travail des femmes et de l'éducation des jeunes enfants beaucoup plus proche de la France que de l'Allemagne de l'Ouest, comme toutes les anciennes républiques socialistes ...
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Dans ce contexte, l'ancienne capitale, Berlin, elle-même divisée entre Berlin-Ouest et Berlin-Est, se trouve enclavée en pleine zone d'occupation russe.
En 1949, la zone d'occupation des pays occidentaux devient la République fédérale d'Allemagne. Même s'ils veulent absolument réunifier à terme le pays, les Allemands de l'Ouest eux-mêmes n'ont aucune envie de se doter d'un Etat central fort, après deux guerres mondiales qui ne leur ont apporté que ruines et morts. Et les puissances d'occupation ne veulent de toute façon pas entendre parler de la reconstruction d'un Etat allemand puissant, susceptible de déclencher un jour de nouveaux troubles en Europe.

La nouvelle entité fait donc une large place aux dix Länder qui constituent alors cette République fédérale (...) Significativement, la capitale du nouvel Etat est installée dans une ville secondaire, Bonn (320 000 habitants) (...) qui n'avait jusque-là joué aucun rôle dans l'histoire allemande.

En 1989 la chute du mur de Berlin et la décomposition du bloc soviétique rendent possibles la réunification allemande. Celle-ci se réalise, en pratique, en intégrant purement et simplement les territoires de l'Est au sein de l'organisation préexistante de la République fédérale qui compte désormais seize Länder. Principale différence : Berlin redevient la capitale de l'Allemagne.

Sur le plan des relations franco-allemandes, ce n'est pas cependant une différence mineure : au lieu d'être située à 200 km de la frontière française, la capitale allemande se trouve désormais à 800 kilomètres (et à 100 kilomètres en revanche de la frontière polonaise). Le centre de gravité politique du pays a basculé par la même occasion de l'ouest du continent vers l'Europe centrale et de la Rhénanie catholique vers la Prusse protestante.

(...) Bref, les rois de France avaient déjà consacré quelque six cents ans à rogner les ailes de leurs nobles et à centraliser pouvoirs et richesses à Paris avant de passer le relais à Napoléon Bonaparte et aux républicains qui ont continué cette œuvre avec beaucoup d'énergie pendant quasiment deux cents ans de plus. Tandis que les Kaisers allemands n'ont guère pu consacrer à ce travail que quarante-trois années entre 1871 et 1914 ... Guère plus que les quelque quarante années que nous venons de passer à essayer - timidement - d'inverser la vapeur en décentralisant l'organisation des pouvoirs en France.

Paradoxalement, ce qui fut longtemps perçu comme un handicap - y compris aux yeux des Allemands eux-mêmes - se révèle au bout du compte un avantage décisif dans le contexte d'une mondialisation et d'une construction européenne où les petits Etats et les pays très décentralisés tirent nettement mieux leur épingle du jeu que les grands Etats centralisés comme la France ou le Royaume-Uni.
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Les Allemands sont plus "écolos" que les Français. C'est une affaire entendue, même si elle ne va pas sans certaines contradictions (usage encore répandu du charbon pour la production d'électricité, préférence pour les grosses cylindrées fortement consommatrices de carburant ...) et cette attention plus grande à la nature et à l'environnement remonte loin dans l'histoire allemande.

Cette sensibilité particulière a des conséquences importantes pour l'objet principal de ce livre : les contraintes supplémentaires que les Allemands se sont imposées depuis trente ans dans ces domaines sont un des ressorts essentiels du rebond actuel de l'industrie allemande. Celle-ci est, en effet, de ce fait mieux préparée que les autres, et notamment que l'industrie française, aux fortes exigences environnementales qui se généralisent progressivement sous la pression d'une crise écologique qui s'aggrave.

Le concept d'écologie lui-même avait d'ailleurs été inventé par un Allemand, Ernst Haeckel, en 1866, médecin et philosophe, qui fit connaître la théorie de l'évolution de Charles Darwin en Allemagne. L'amour de la nature tint aussi une place centrale dès le début du XIXe siècle chez nos voisins dans le cadre du puissant mouvement littéraire et musical du romantisme allemand. (...)

Des auteurs, inconnus chez nous, mais qui eurent un grand retentissement en Allemagne, comme Ludwig Klages avec son ouvrage "L'Homme et la Terre", publié en 1913, développèrent très tôt des thèses qu'on qualifierait aujourd'hui d' "écologie profonde" (...)
En Allemagne, comme ailleurs mais sans doute davantage encore qu'ailleurs, cette sensibilité écologique avait en effet, au départ, une tonalité franchement conservatrice, voire réactionnaire : la nostalgie de la nature vierge, belle et bonne, détruite par l'industrialisation. Une idéologie profondément étrangère en particulier au mouvement ouvrier, puissant en Allemagne dès la fin du XIXe siècle, mais qui partageait fondamentalement, tant du côté social-démocrate que communiste, le projet prométhéen du capitalisme de maîtrise et de transformation de la nature au service de l'homme. Ce n'est que récemment, dans la foulée de Mai 1968, que ce type de préoccupation est apparu, en Allemagne comme ailleurs, comme une problématique de "gauche".
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Le diplôme ne fait pas tout

Le système éducatif et le mode d'insertion des jeunes dans le monde du travail constituent une des différences les plus frappantes entre l'Allemagne et la France. Ils se caractérisent en effet outre-Rhin par la prédominance de l'apprentissage et par une proportion particulièrement faible de jeunes poursuivant des études universitaires.

Le rôle majeur joué par l'apprentissage est connu et fréquemment envié en France. On ne peut pas comprendre cependant l'efficacité du système de formation initiale allemand si on ne prend pas en compte en même temps le fonctionnement du marché du travail lui-même. En Allemagne, les emplois industriels - et plus généralement les métiers manuels - sont nettement plus valorisés socialement qu'en France. De plus, de réelles possibilités de promotion interne sont ouvertes aux jeunes qui ont démarré leur vie professionnelle dans le cadre de l'apprentissage, ce qui est très loin d'être le cas chez nous. Ce sont ces caractéristiques du marché du travail qui font que ce système est accepté par la société allemande. (...)

Le rôle déterminant que joue aujourd'hui encore l'apprentissage en Allemagne entretient un rapport étroit avec un sujet que nous avons déjà évoqué : le poids persistant des "corporations" dans la vie sociale allemande. Cela rend aussi difficile la comparaison des systèmes d'un pays à l'autre car les mêmes mots recouvrent des réalités très différentes : en France, "apprenti" signifie volontiers "jeune taillable et corvéable à merci", qui balaie et fait le café, même si ces réalités évoluent. L'apprenti en Allemagne est intégré à des structures très encadrées et régulées dans le cadre des branches professionnelles. Leur statut est d'autant plus protégé que ces apprentis, loin d'être une population marginale de laissés-pour-compte du système scolaire, forment le gros de la jeunesse allemande.
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Le refus de l'étatisme

Davantage encore que les arguments à proprement parler environnementaux, notamment ceux concernant les déchets radioactifs dangereux pendant des milliers d'années dont ne sait pas quoi faire, c'est cela surtout que la plupart des Allemands ne supportent pas : le nucléaire implique nécessairement le règne de l'étatisme dans la sphère énergétique. Or, pour nos voisins, l'étatisme, surtout dans des domaines à fortes potentialités militaires, porte un risque majeur : celui du retour aux folies du XXe siècle. Tandis qu'en France cet étatisme est au contraire le plus souvent perçu, à droite comme à gauche, comme garant d'indépendance nationale et d'un souci du long terme et d'égalité ...

Suite à l'accident de Fukushima, les Allemands viennent donc de décider pour la seconde fois (note de l'auteur, en bas de page : la première remontait à 1999, mais Angela Merkel avait remis en cause cette décision en 2010) de sortir définitivement du nucléaire civil, qui représentait jusque-là 23% de leur capacité de production d'électricité, d'ici à 2022. Alors que les autorités françaises, dans leur majorité, et encore plus les grands acteurs du secteur, continuent de miser sur cette technologie pour l'avenir. Ils espèrent toujours faire du nucléaire un des fers de lance de la reconquête industrielle du pays.

C'est autour des questions de conversion écologique de l'économie et de transition énergétique qu'on peut, et qu'on doit, relancer le processus d'intégration européenne, mais, sur ce chemin, la question du nucléaire reste et restera une pierre d'achoppement difficile à contourner dans les relations franco-allemandes ...
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Cette forte tradition d'émigration, combinée à l'absence prolongée d'un Etat allemand à proprement parler, contribue à expliquer une des différences les plus marquantes entre la France et l'Allemagne : en matière de droit de la nationalité, le droit du sang a eu longtemps un caractère très prépondérant chez notre voisin, comme un moyen en particulier de préserver les liens entre les Allemands d'Allemagne et leurs nombreux cousins de la diaspora partis s'installer dans le vaste monde.

Ce n'est que très tardivement - en 200, avec l'arrivée du premier véritable gouvernement de gauche de toute son histoire - que l'Allemagne a introduit une dose de droit du sol dans son code de la nationalité.

Tandis que la France, qui n'a jamais été vraiment un pays d'émigration, est au contraire devenue bien avant l'Allemagne un pays d'immigration. Du coup, elle a aussi, comme les Etats-Unis et pour les mêmes raisons, privilégié très tôt le droit du sol pour l'acquisition de la nationalité française.
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Bref, sur le terrain de la place des femmes, comme sur nombre d'autres, l'Allemagne, traditionnellement conservatrice, diffère en réalité profondément de la Scandinavie social-démocrate, bien que les Français assimilent souvent ces deux espaces. Et pour en revenir au cœur du sujet de cet ouvrage : les succès de l'économie allemande - qui reste très largement une affaire d'hommes du haut en bas de la hiérarchie - reposent pour une part non négligeable sur la subordination persistante des femmes outre-Rhin. Cela permet en effet aux hommes de l'industrie de travailler plus longtemps qu'en France tout en bénéficiant de services bon marché produit par des femmes mal payées. De plus, cela a permis jusqu'ici de limiter les dépenses publiques, les services correspondants restant pris en charge par les femmes dans le cadre domestique. Avec toutefois comme conséquence un déséquilibre démographique très marqué qui menace à terme l'avenir du pays ...
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