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Citation de Charybde2


Je suis perdu dans Zanzibar, égaré sur le bas-côté de l’Afrique. C’est par où, l’aventure ? Les murs de la vieille ville sont usés par le soleil, les façades coloniales s’effritent en silence. « L’hôtel est juste à côté », m’indique le vendeur de pastèques, seul être vivant croisé dans la torpeur de l’après-midi. Il faut longer un rempart défoncé par la végétation tropicale puis tourner à droite, sous une forêt de fils électriques dénudés. Je pousse la lourde porte cloutée, la matrone fait ses ongles derrière son comptoir, le prix des chambres est affiché en dollars. J’écope de la numéro dix : une cellule blanche, carrée, avec un plafond zébré de poutres en cocotier, un lit large comme un hippopotame et une petite ouverture encombrée de fils de fer, où s’entremêlent les rayons du soleil. Il fait 35 degrés, le ventilateur est cassé.
Dans l’avion, je pouvais encore imaginer les lions et les éléphants au pied de baobabs centenaires, comme dans un paradis terrestre. En atterrissant à Dar es-Salam, le jardin d’Éden s’est fané : fournaise sur le tarmac, cohue à la douane, effluves d’ordures brûlées… Vite ! Un billet pour Zanzibar ! Trente minutes plus tard, je monte à bord d’un bimoteur dix places, à peine plus long qu’une estafette. Le pilote tourne deux boutons, lève une manette, et nous voilà en l’air, à suivre notre ombre en forme de croix sur locéan Indien. Pas longtemps. Le coucou tangue à droite, à gauche, puis ricoche en douceur sur le piste clairsemée de touffes d’herbe. Les autres passagers disparaissent bientôt derrière une haie de cocotiers, je me retrouve seul dans le hangar du hall d’accueil. Tout seul. Il y a bien un tas de bagages, dans un coin, mais personne pour les réclamer – abandonner ses valises dès l’arrivée, ne serait-ce pas une belle idée de voyage ? J’hésite. Il faut dire que mon sac n’est pas bien chargé : une chemise, deux tee-shirts, deux caleçons, quelques affaires de toilette, une carte de l’Afrique, un appareil photo, trente bobines de film, une lampe torche, un canif, un rouleau de scotch et un tube de crème solaire. Non, je ne suis pas encore prêt pour le dénuement total. Je garde mon baluchon et me laisse happer par la lumière.
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