"J'ai perdu mon corps" a reçu le Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes, le Prix du jury et le Prix du public au Festival d'Annecy. Pour nous en parler : son réalisateur, Jérémy Clapin, et le romancier et scénariste Guillaume Laurant, qui l'a co-écrit.
La Grande table Culture d?Olivia Gesbert ? émission du 4 novrembre 2019
À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
Abonnez-vous pour retrouver toutes nos vidéos : https://www.youtube.com/channel/¤££¤16Abonnez-vous6¤££¤6khzewww2g/?sub_confirmation=1
Et retrouvez-nous sur...
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture
Twitter : https://twitter.com/franceculture
Instagram : https://www.instagram.com/franceculture
+ Lire la suite
Il faut dire que la durée d'une vie d'homme est un peu bâtarde : trop longue pour ne vivre que dans l'instant et trop courte pour tout miser sur la durée. L'homme est un éphémère qui dure. S'il ne veut pas se brûler prématurément les ailes dans les plaisirs immédiats, ni sacrifier sa vie à construire un "bonheur" dont il n'aura pas le temps de profiter, il doit accepter un compromis fondamental.
Durant ses douze premières années, ses parents s'étaient échinés à lui inoculer le virus de la langue française. À quatre ans, ils lui lisaient L'Éducation sentimentale pour l'endormir.
Pourquoi faut-il perdre ce que l'on a de plus cher pour en mesurer tout à coup la valeur ?
Ce qui peut arriver de pire à une main, c'est de perdre le reste du corps, dont elle est une part, essentielle, mais non vitale.
Après trois mois à cuver ferme à Fleury-Mérogis, une assistante sociale orienta le furoncle Sam vers une cure de désintoxication. Il bifurqua alors des Alcooliques aux Ayatollahs Anonymes. Il réapparut barbu, extrémiste, érémiste et apprenti imam dans un ancien garage Simca transformé en centre culturel islamique.
L'oncle Samir, le furoncle Sam, comme Naoufel le surnommait dans son carnet en simili-croco, à cause de son acné purulent et de son penchant pour le whisky, les Lucky Strike et les double cheeseburgers, buvait comme un trou normand.
L’autre s’appelait Benaïche. On le surnommait Big Ben, non pas à cause de sa carrure, mais parce qu’il était la reine des cloches.
Alors une idée folle me vient tout à coup : et si l’heure était venue pour mon destin de s’accomplir ? Sortir du coma pour aller retrouver le reste de mon corps. Voilà une ambition à la mesure de mon orgueil !
Il pratiquait la télé à haute dose, le gavage par le vide.
Le représentant de Jéhovah entreprit alors d’énumérer toutes les choses incroyables obtenues dans la vie en priant son patron.