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Lisbonne au coeur de Guillaume Le Blanc
La nuit lisboète coule dans mon corps. Dormir est devenu une opération réservée aux dieux. Je récite à haute voix des vers de Pessoa. "Un éclat de rire de jeune fille retentit dans l'air du chemin. Elle a ri des paroles de quelqu'un que je ne vois pas. Il me souvient d'avoir entendu. Mais si l'on me parle maintenant d'un éclat de rire de la jeune fille du chemin, je dirai : non les montagnes, les terres au soleil, le soleil, la maison que voici et moi qui n'entends que le bruit silencieux du sang qui bat dans ma vie des deux côtés de ma tête." Je m'endors en pensant au gardeur de troupeaux, Fernando Pessoa. Je suis venu à Lisbonne, je me l'avoue seulement maintenant, pour tous les écrivains que j'aime. J'ai accepté ce travail de serveur, moi qui aurais ri il y a quelques années si l'on m'avait dit qu'un jour je serais serveur, pour être près de Pessoa, d'Antunes, de tous les écrivains qui forment une pile à côté de mon lit et m'aident à traverser la nuit. |