AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Guillaume Nail (33)


Que la nuit soit d’été ou l’automne hâtif, les vignes vêtues de rouge et inquiètes des gels, que les saules se languissent, pieds secs, ou grenouilles à cœur joie, nos sœurs le savent, et nos frères le martèlent. Tu dois craindre le courant qui te happe.
Puis, furtif, t’engloutit.
Commenter  J’apprécie          280
On le sait, pourtant.
Héritée de nos mères, de nos pères, c'est la rumeur qui coule dans nos gènes et infuse, sur les pentes des coteaux comme aux plaines du Maine, des berges de l'Authion en corniche angevine, alluvions et roseaux, bras morts et plein lit, c'est cette rengaine avide, bruit lancinant qui attend, au crépuscule là-bas, vers l'estuaire, un monde.
Que la nuit soit d'été ou l'automne hâtif, les vignes vêtues de rouge et inquiète des gels, que les saules se languissent, pieds secs, ou grenouilles à coeur joie, nos soeurs le savent, et nos frères le martèlent. Tu dois craindre le courant qui te happe.
Puis, furtif, t'engloutit.
Commenter  J’apprécie          220
Et la Loire suit son cours. Dormante et râpeuse, charriant les poissons et les corps. Elle arrive à la mer, un garçon dans ses bras.
Commenter  J’apprécie          121
5.4.3.2.1. Ignition... Ça y est, on allait toucher la lune.
Tu parles.
On est partis depuis au moins vingt minutes et les vaches et les collines dé lent toujours dou-ce-ment... Tellement doucement qu’il faut coller le nez à la vitre et loucher sur les voies pour comprendre qu’on avance vite. Moi qui espérais un bolide...
Commenter  J’apprécie          100
Comme un goût de moisi dans la bouche.
Emjie frotte chaque dent, brosse à poils durs et crache. Le mince filet de bave s’écoule lentement. Puis plonge vers le néant. Elle imbibe d’alcool un coton, tapote. L’effluve mentholé pique le palais, agace ses gencives, au tour de la langue maintenant. Emjie râpe, astique, s’arrache la peau pour faire partir ce PUTAIN DE GOÛT FAISANDÉ qui envahit ses narines, inonde son corps fatigué. Elle déglutit. Ça brûle dans sa bouche.
Emjie lève la tête, son reflet dans le miroir. Ses cernes ont viré jaune cadavre. Non, pas cadavre : vaseline périmée, plutôt. Elle approche sa main, souffle, puis inspire par le nez. Toujours ce même goût de moisi. La saveur du sang dans sa bouche, métallique. Elle a frotté trop fort.
Alors Emjie attend, le regard fixe.
Aller au bout de cette tristesse qui perce ses pupilles.
Ça vient…
Commenter  J’apprécie          50
" Note pour plus tard: Est- il logique de faire entrer un mouton galeux chez soi quand on ne veut pas contaminer son troupeau?"
Commenter  J’apprécie          40
- Tu boudes ?
Surtout ne pas répondre... Regard noir, sourcils froncés et mâchoire serrée. Juste ma canine qui dépasse. Parfaite panoplie de la fistonne qui a toutes les raisons d'en vouloir à ses parents.
Commenter  J’apprécie          40
Oui (...), Pierre se garde tout seul ; pas le choix. Vous bossez jusqu'à pas d'heure, chacun dans votre coin, pour vous retrouver le moins possible face à face, dans la même pièce que votre mariage naufragé. Vous croyez sincèrement qu'un enfant de sept ans et demi, presque trois quarts, est heureux de prendre son car seul, faire chauffer son lait, préparer son goûter - seul, seul, seul - en attendant que vous daigniez rentrer ?
Commenter  J’apprécie          30
Ils cul-sèchent leurs bières et avalent le repas en un rien de temps. Puis, repus, l'heure vient de siester un peu. Les minutes s'égrènent. Tof observe, discrètement. Benoît ronflote dans les herbes couchées, arrimé à son sac. Pauline bouquine, Le Lys dans la vallée. Gus fume en se caressant le nombril, un peu de poussière s'est accumulée au creux. Alanguis dans un coin, Kevin et Timothée tripotent leur téléphone. Farid, comme d'hab, joue à la crapette avec Pierre -toujours collés à leur jeu de cartes, ces deux-là. A l'ombre, les autres somnolent.
Commenter  J’apprécie          30
L'eau sourd, patiemment. Le sable se détache et vient lécher les bords, un tourbillon se forme ; s'effondre sous le poids, emporte le sable, l'eau se brume, rien n'est clair.
Et la Loire suit son lit. Dormante et râpeuse, charriant les poissons et les corps. Elle arrive à la mer, un garçon dans ses bras.
Un poisson a sauté, happant un moustique au passage. Il replonge aussitôt. Un léger plouf.
Le moustique englouti. Puis plus rien que la surface plane de l'eau. Et le calme...Le ciel se fond au fleuve, masse noire immense qui enveloppe jusqu'aux berges.
Que la mer avale.
Commenter  J’apprécie          30
En surface tout est plan. Août, le liquide dormant, en apparence seulement, est devenu sable par endroits, blanc laiteux à variante terre de Sienne, falun piqueté, et partout l’eau tarie. Un leurre, oui, car en réalité ça vit, là-dedans, là-dessous. Là-côté. Sous la lumière crue, yeux plissés, observer suffit pour comprendre que le flot vibre et s’agite. L’eau coule, plus loin, les ridules contorsionnent, jouent de la lumière et dansent avec les graves, ce tronc échoué et l’aigrette qui s’envole. Ça sourd, flux contraires sans qu’on l’explique vraiment. Partent en biais, souterrains, stagnent en flaque mais surgissent ailleurs, inopinés. La Loire, aimable et sauvage, indomptée.
Commenter  J’apprécie          30
On le sait pourtant. On ne se baigne pas dans la Loire. Mais Gus Gustave ne s'y baigne pas, il s'y fond. Il devient le fleuve, son eau, coule avec elle et le cours l'emporte vers l'estuaire.
Page 145.
Commenter  J’apprécie          20
_ Tu veux qu'ils cristallisent comme chez Stendhal ?
_ Voilà, oui. Qu'ils cristallisent.
_ En tout cas, moi, je cristallise. De ton absence.
Madou n'avait pas su quoi répondre., elle le trouvait relou de lui mettre la pression. D'autant que Stendhal lui rappelait son professeur de lettres. "La littérature sauve la vie, rien de moins."
Commenter  J’apprécie          10
Elle part demain à l'aube. Aube.Aubrac. On verra bien.
Commenter  J’apprécie          10
Bon, donc je les écoutais me parler du bois, et puis des poignées – métal ou laiton, chêne ou châtaigner ? Comme si je choisissais des étagères Billy chez Ikea, tu sais les trucs bas de gamme, là. Et c’était tellement bizarre, d’être à la fois dans le concret – quelle plaque on prend, qu’est-ce qu’on marque dessus – à maman et papa ou à mon père et ma mère. Des détails aussi cons que ça, tu vois. Genre, je me rappelle, Balou qui me demande, pour le marbre, tu préfères gris ou rose… Que des choses hyper matérielles. Alors qu’en réalité, on parlait en permanence de deux êtres abstraits, deux absences. Oui c’est ça. Mes parents, pfft. Envolés. Deux manques intangibles.
Commenter  J’apprécie          10
La Loire, aimable et sauvage, indomptée.
Un martinet frôle la grève puis repart vers les arbres. Peut-être une hirondelle. Éclair fugace, difficile de trancher.Et la lumière, partout, insistante.
page 119.
Commenter  J’apprécie          00
Toi déjà, tu savais, que la vie est fébrile, qu'à quoi bon les lignes droites, confort et insipides, quand tous les creux attendent, en embuscade, les écarts qui inquiètent, sinueux qui émerveillent. Qu'il faut savoir saisir et s'emparer, jouir tout entier de ces ciels étoilés et ces lumières de Cézallier, qui jamais plus ne voudront briller.

Mais attends.

Tout cela pour plus tard, pas trop vite.

Laisse-moi remonter les heures, d'abord, je ne veux rien oublier.
Commenter  J’apprécie          00
Fou, comme cette bande de rois du monde dont j’étais si flatté de faire partie me devient sordide. Je m’accroche péniblement pour maintenir la tête hors de l’eau en m’agrippant à notre fil rouge. Un tricard tout juste bon à gribouiller ses cartes.
Envie de chialer.
Commenter  J’apprécie          00
Je bricole un laïus vite fait. Elles abondent alors zou, le grand saut.
Toi, au premier rang, assis.
Ton front pâle
l’arcade de tes sourcils.
Ma vue brouille, est-ce que je vire blanc ? Les idées fuient et mon cerveau se vide,
le dessin de tes yeux tes cils,
la fine arête de ton nez,
je perds mon corps, le fil ; l’image tangue et mon souffle court, le sol vacille, je recule d’un pas, deux,
tes cheveux, le duvet de tes bras,
l’ombre, soudain, le mur qui obstrue. D’un même élan, les filles s’alignent entre moi, toi, vous, elles prennent le relais.
Commenter  J’apprécie          00
Nous les filles, on est nulles pour se repérer, croit bon d’ajouter June.
Le pire, c’est qu’elle ne plaisante pas. En s’avançant le long des ruelles étroites, on se concerte. Comme le bled n’est pas grand, l’idée de Karima est de tout miser sur la dimension historique. Je trouve ça limite dommage, quand on sait la richesse des paysages mais bon. C’est pas comme si j’étais force de proposition.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Guillaume Nail (301)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plats préférés des personnages de BD

Je suis surnommé ainsi en raison de mon « œil crevé », j'ai été créé par E. C. Segar en 1919. Ma force peu commune est due à mon plat préféré...

Brocolis
Carottes
Épinards en boîte
Hamburgers
Lasagnes
Miel
Piranhas
Sangliers
Sardines à l'huile
Vache qui rit

10 questions
96 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , repas , plats , bande dessinée , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..