Une cigarette languide au bout d'un poignet tombant est à Marlene Dietrich ce qu'un rude clope serré entre index et pouce était à Humphrey Bogart: une extension de leur personae, pas un accessoire. Dans Shanghai Express, Marlene fume tellement qu'elle crée une épaisse atmosphère de fumée dans son compartiment.
Afin de pourchasser les Indiens fugitifs et les Noirs marrons, on inventa dans l’île de Cuba une superbe machine à ratisser et exterminer : le limier assassin. Sa renommée s’étendit à travers tout le territoire et bientôt on en exporta en grand nombre vers le sud des Etats-Unis, où ils étaient connus sous le nom de Cuban hounds.
Tard dans la nuit, les voitures de distribution de lait filent à travers la ville. À l'aube, on dirait que les rues, la ville leur appartient. Elles traversent ruelles et avenues à une allure constante, sans s'arrêter et bien souvent tous phares éteints. Mais l'une d'elles ne distribue pas de lait. C'est sans doute la plus prudente, elle roule doucement, feux allumés, elle fait des signes à chaque carrefour. C'est peut-être celle qui est tirée par un cheval et qui sillonne toute la ville entre minuit et six heures. Personne n'en sait rien. Tout le monde parle de la voiture du laitier, mais personne ne la connaît. On dit qu'elle sort du sous-sol d'un poste de police et qu'elle transporte un mort — ou deux, ou trois, ou plus. Le mort est toujours un prisonnier politique et avec un peu de chance, il a été tué rapidement. D'autres sont préalablement torturés et leurs parents ont du mal à les identifier à la morgue.
Le Général demanda l'heure et un aide de camp accourut lui chuchoter : "l'heure que vous voudrez, monsieur le Président."
J'aurais pu dire beaucoup de choses à Virginia sur la vie et la mort et d'abord lui raconter comment j'avais, à douze ans, sérieusement contemplé l'idée du suicide parce que je croyais avoir échoué à l'examen d'entrée en sixième et comment j'avais, assis près d'une fenêtre, envisagé d'y accéder en montant sur les pupitres et en me précipitant dans le vide. Mais je n'étais pas là pour faire des révélations à Virginia ni même pour lui dire comment les femmes me sauvaient invariablement de la mort lorsque, sorti de chez moi déprimé, doutant de tout et obsédé par le suicide, la seule vue d'une jupe, d'une paire de seins et d'une paire de jambes (j'hésiterais aujourd'hui à qualifier cela d'harmonieux) changeait mon état d'âme et faisait de l'almost Hamlet d'alors une ébauche (jamais venue à bien) de Don Juan.
Vous m'excuserez, dit-elle, mais je dois continuer ma lessive.
Elle termina, rentra dans la maison et se prépara un café. Elle le but debout, dans l'embrasure de la porte, regardant l'air se matérialiser dans les draps.
Le lendemain, bien avant dix heures, j'étais assis place Cadenas, au centre de l'université, face aux bureaux d'inscription. J'aimais l'atmosphère paisible de la placette, avec les moineaux qui sautillaient autour du banc, citadins ailés, vivaces, timides et téméraires à la fois. En attendant Carmina, il me vint l'idée d'une nouvelle que j'écrivis plus tard sur le thème de l'attente et de l'amour.
La main est le seul détail vivant. Appuyé contre le mur, la main semble douée de vie. On ne voit pas le bras et il se peu que la main soit morte elle aussi. Peut-être est-ce la main d'un témoin, alors la tâche sur le mur serait son ombre et l'ombre d'autres gens.
Le mort est toujours un prisonnier politique et avec un peu de chance, il a été tué rapidement. D'autres sont préalablement torturés et leurs parents ont du mal à les identifier à a morgue.
Dans quel autre pays au monde y a-t-il une province appelées Matanzas, Tueries ?