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3.5/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Norvège
Biographie :

Gunnhild Øyehaug, née le 9 janvier 1975 à Volda, est une poétesse et écrivain norvégienne.

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Bibliographie de Gunnhild Oyehaug   (1)Voir plus

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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Pour peu que nous prenions soin de le regarder, et que nous sachions qu’il est âgé de quarante-trois ans, que nous le voyions porter un jean et un sweat à capuche ainsi que des Adidas bleues, nous pouvons penser qu’il tente avec l’énergie du désespoir de paraître plus jeune qu’il ne l’est en réalité. Mais nous pouvons aussi penser qu’il se fiche éperdument de donner l’impression qu’il tente avec l’énergie du désespoir de paraître plus jeune qu’il ne l’est en réalité : il aime porter un sweat à capuche. Il s’en contre-tape, Kåre, de donner l’impression qu’il a les deux pieds dans la crise de la quarantaine. Les sweats à capuche correspondent à l’homme qu’il est et a toujours été. Il ne porte pas de chemise sous un costume. Ça ne lui viendrait même pas à l’idée. S’il doit assister à un enterrement en jean et en sweat à capuche, il le fait, Kåre. Il nous faut à ce stade ajouter que ses Adidas flambant neuves sont complètement raccord avec l’apparence qu’il veut donner : tout doit avoir, de préférence, une touche un peu usée, un peu trop portée. Son sweat à capuche, il a l’air un peu râpé ; et son jean, idem, en plus d’être noir, de faire rock’n roll sur les bords.
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Elle lui a donné le désir ardent de la serrer dans ses bras et de la soulever délicatement du sol comme si elle était une plume. Ensuite, la lecture de la scène avec les momies lui a fait chaud au cœur : et dire qu’elle, cette jeune femme adorable, est capable d’écrire une scène pareille où une attirance magnétique apparaît entre une femme jeune et un homme plus âgé qu’elle – cela signifiait-il qu’elle était attirée par les hommes plus âgés qu’elle ? Puisqu’il était, du haut de ses cinquante et un ans, plus âgé qu’elle. Pouvait-elle être attirée par lui ? Voilà l’une des nombreuses pensées sous-jacentes qui poussaient Robert à s’intéresser encore plus au scénario de Linnea, lequel portait sur une relation en devenir entre une jeune femme et un homme plus âgé. Or, là, quand il fait ce rêve éveillé où il la serre dans ses bras, le sujet du film commence légèrement à le tourmenter. A-t-elle vécu personnellement la scène qu’elle décrit ?
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Elle est ce genre d’étudiante en littérature qui a, accrochée sur son mur, la photo d’un théoricien de la littérature, photocopiée dans un manuel scolaire puis fixée au mur à l’aide d’un bout de pâte à coller blanche qui transparaît à travers en haut de la feuille. Elle est aussi ce genre d’étudiante en littérature qui a, également accrochée sur son mur, la reproduction de la peinture des tournesols par Van Gogh sous prétexte qu’ils signifient quelque chose pour elle, qu’ils ont pour elle une signification (rapport au jaune et au grotesque, à l’épanoui et au fané, à « la vie » et à « la mort », à ce côté désespérant dans leur façon de se tordre dans le vase, en dressant leur visage absurde et borgne). (Rapport à leur solitude tellement grande, et en même temps à leur disposition tellement grotesque dans le vase.) Et elle a tellement de choses qu’elle voudrait exprimer, Sigrid, à quelqu’un qui sera bien sûr enclin à l’écouter.
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Elle a tressailli, ou quasi, en découvrant une autre personne. Dans cette pièce bleue et obscure, à peine éclairée, peuplée de momies exhibées de toutes parts en position debout derrière des parois vitrées et de deux autres en position couchée placées pour leur part à l’intérieur d’une vitrine dans le milieu de la pièce, cet être humain lui paraissait extrêmement vivant et tangible. Il avait des cheveux blancs coupés court, une barbe également blanche et également courte, mais des sourcils toujours foncés et qui plus est broussailleux. Il a levé les yeux vers elle puis l’a regardée comme si elle était quelque chose qui se déroulait très, très loin au fond de l’horizon, comme quelque chose qu’il entrapercevrait, et sa façon de baisser la tête sur la sur la vitrine après avoir tout juste remarqué sa présence le rendait incroyablement attirant, trouvait et sentait Linnea. Il paraissait porter le poids du monde sur ses épaules.
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Quand elle était petite, à défaut d’avoir la sensation d’un contact avec les gens, Sigrid se liait aux choses de la nature. Elle se liait avec la montagne derrière la maison, et surtout avec les étoiles, avec les étoiles au-dessus de la montagne la nuit. Elle s’asseyait dans son lit placé juste à côté de la fenêtre, le menton sur l’appui de cette même fenêtre, et elle regardait la montagne, souvent toute blanche parce que c’était comme qui dirait un peu souvent l’hiver quand elle s’asseyait comme ça dans son lit, à regarder la montagne d’une blancheur étincelante, à regarder le Grand Chariot briller au-dessus de la montagne et se déplacer lentement sur la crête. Elle regardait également les autres étoiles, elle les regardait poudroyer et chatoyer, à croire qu’elles étaient vivantes. Et là, quand elle les regardait comme ça, elle pensait : elles me comprennent.
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Elle s’est quand même parfois demandé si ce ne serait pas Scarlett Johansson, l’actrice qui joue le rôle de Charlotte, et non le film qu’il adore, et elle a sombré dans le trente-sixième dessous car elle ressemble tellement peu à Scarlett Johansson. Elle a par exemple des seins moitié moins gros. Elle a même un cinquième de ses seins. Quand elle a commencé à en avoir, elle les regardait sous la douche en se réjouissant à l’idée qu’ils grossissent – sauf qu’ils n’ont jamais grossi. Ça a été une des plus grandes déceptions dans la vie de Sigrid. Elle était sous la douche à treize, à quatorze, à quinze, à seize, à dix-sept ans, et elle pensait : quand j’aurai dix-huit ans, ils seront sûrement plus gros que maintenant. Or, à dix-huit ans, toujours sous la douche : des seins tout aussi riquiqui qu’à treize. Et elle a dû l’accepter, pas le choix !
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Et elle voit qu’elle n’est pas d’une beauté à couper le souffle, elle voit au contraire qu’elle a des cheveux bruns trop ébouriffés et des sourcils trop broussailleux, des lèvres pas assez pulpeuses et une mine chiffonnée. En plus elle porte le gros pull qu’une tante destinait à un oncle mais qu’elle a complètement raté, tricoté à la main avec une laine marron clair et pelucheuse qui lui donne l’allure d’une ourse en peluche. Il tombe évidemment sous le sens qu’un pull beigeasse et trop grand pour celle qui le porte n’a pas le même effet qu’une chemise d’homme trop grande : dedans, elle n’a l’air ni adorable ni vulnérable, elle a juste l’air grosse et sotte. Quoique, son absence de vulnérabilité et… allez, d’adorabilité, s’explique peut-être par le fait qu’elle n’est pas pieds nus.
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« Avoue que c’est quand même bizarre, on a l’impression que d’une certaine manière elle s’est mise en scène. Et c’est absolument génial si tu prends, c’est un exemple, la scène d’ouverture où on voit Charlotte, de dos, allongée sur un lit, mais on ne voit qu’un bout de son dos et de ses fesses jusqu’au début des jambes, elle porte une petite culotte transparente, et là le titre du film apparaît, en trois mots comme qui dirait séparés, d’abord « Lost », ensuite « in » qui vient se poser environ au milieu des fesses de Charlotte, et enfin « Translation », un peu plus loin, et… oui, je veux dire… la façon qu’ont les mots d’apparaître, leur façon de glisser sur l’écran avant de pâlir et de disparaître, eh bien figure-toi que Sofia Coppola est PILE pareille.
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Pourquoi ne pas bambocher et picoler, se déhancher et se déchaîner, se tortiller et surtout se désentortiller de soi-même. Ça, se désentortiller de soi-même, il s’était acharné à le faire du mieux possible. Puis sa grand-mère était morte. Comme si l’univers décrétait : dorénavant, tout ce qui est toi meurt. Et il pense donc à présent : par moi ils vont dans l’éternelle douleur ! Voilà ce qu’il a fait ! Il n’a pas été fidèle à lui-même. Ce n’était pas à une porte de l’Enfer que Dante faisait allusion par ces mots, pense-t-il tandis qu’il se tient devant la tombe. Dante faisait allusion aux actions par lesquelles on s’illustre. Le MOI dans ces actions. Quel est le moi en lui ? Le moi en lui est le tremblement.
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À cause de ces rêves éveillés qu’il fait, totalement banals mais non moins inaccessibles pour ceux qui comme lui les font, notamment de la serrer dans ses bras et de la soulever délicatement du sol comme si elle était une plume, de lui chuchoter des choses à l’oreille et dans ses cheveux ; à cause de tout ça, à cause des rêves éveillés qu’il fait sur cet instant où elle aussi lui dira, avec ses yeux scintillants, qu’elle l’aime et qu’elle l’a aimé dès le premier jour ! et que ce n’est pas grave que son film ne se fasse pas, mais bon – à cause de tout ça, il n’a rien dit. Mais aujourd’hui il va le dire.
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